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Amiot-Tamisier – 2 Corinthiens 5

L'ESPÉRANCE DE LA RÉCOMPENSE ÉTERNELLE FAIT QUE LA MORT N'EST PAS À CRAINDRE ♦ L'UNIQUE DÉSIR DE PAUL EST DE RÉCONCILIER DIEU ET LES HOMMES

5 Nous savons en effet que si cette tente, notre demeure terrestre, vient à être détruite, nous avons dans les cieux une maison qui est l'œuvre de Dieu, demeure éternelle non faite de main d'homme. [1-5. Saint Paul unit deux comparaisons, celle de la demeure et celle du vêtement. La mort nous inspire une répugnance instinctive ; nous souhaiterions occuper notre demeure céleste, c'est-à-dire être mis en possession de notre corps glorieux, sans avoir à dépouiller préalablement notre corps corruptible. Les épreuves présentes nous accablent, et malgré que la mort y doive mettre terme, nous ne la voyons pas venir sans appréhension. Mais le désir mis en nous par Dieu de posséder un corps immortel sera un jour satisfait : le don de l'Esprit-Saint nous en apporte l'assurance. Comparer I, 22.] 2 Cependant nous gémissons, à la vérité, dans l'ardent désir de revêtir par-dessus l'autre notre habitation céleste, 3 bien qu'assurément, l'ayant revêtue, nous ne devions pas nous trouver nus. [3. Le verset 3 est difficile. Nous croyons, avec le P. Allo, que l'Apôtre insiste simplement sur le caractère transitoire, et donc en somme négligeable, de l'état de nudité de l'âme séparée du corps. Il paraphrase ainsi le verset : « Nous désirerions être vêtus de notre corps glorieux par-dessus le corps présent, quoique nous soyons bien sûrs, une fois établis dans notre état définitif. soit sans mourir, soit après la mort, de n'être plus jamais trouvés dans cet état de nudité qui nous épouvante, mais dont nous devrions penser, pour échapper au trouble et à la répugnance, qu'il ne sera que temporaire ».] 4 Oui, aussi longtemps que nous sommes dans cette tente, nous gémissons, accablés ; nous ne voudrions pas nous dévêtir, mais revêtir par-dessus l'autre le second vêtement, afin que ce qu'il y a de mortel en nous soit absorbé par la vie. 5 Or, c'est Dieu qui nous a formés pour cette destinée, lui qui nous a donné les arrhes de l'Esprit.

6 Nous sommes donc toujours pleins de courage, sachant bien qu'habiter dans ce corps c'est rester en exil loin du Seigneur, [6-10. Fortifié par l'espérance, le chrétien surmonte courageusement l'appréhension de la mort. (Comparer Philippiens I, 21, 23). Il ne faut pas craindre d'affronter la mort pour habiter sans plus tarder avec le Seigneur ; la mort est en réalité une délivrance. Que l'échéance en soit lointaine ou prochaine, notre unique préoccupation doit être de plaire au Christ, devant qui nous comparaîtrons alors pour être traités selon nos mérites : précieuse affirmation du jugement particulier.] 7 car c'est dans la foi, non dans la claire vision, que nous cheminons.… 8 Nous sommes donc pleins de courage, et nous préférons sortir de ce corps pour aller habiter avec le Seigneur. 9 Aussi, soit que nous restions dans ce corps, soit que nous en sortions, nous avons à cœur de lui plaire. 10 Car tous tant que nous sommes, il nous faudra comparaître devant le tribunal du Christ, afin que chacun reçoive ce qu'il a mérité pour ce qu'il aura fait étant dans son corps, soit en bien, soit en mal.

11 Ainsi pénétrés de la crainte du Seigneur, nous nous employons à convaincre les hommes. Pour ce qui est de Dieu, nous lui sommes intimement connus, et j'espère que, dans vos consciences, nous le sommes aussi pareillement. 12 Nous n'allons pas recommencer à nous faire valoir devant vous, nous voulons seulement vous donner sujet de vous montrer fiers de nous ; vous aurez ainsi de quoi répondre à ceux qui tirent gloire de ce qui paraît et non de ce qui est dans le cœur. 13 Si nous avons déraisonné, c'était pour Dieu ; si nous sommes raisonnables, c'est pour vous. [13. Saint Paul a pu sembler déraisonnable dans son zèle, son enthousiasme, son émotion ; mais c'est pour Dieu qu'il agissait ainsi, et cette attitude était justifiée.]

14 L'amour du Christ nous presse. Nous tenons assuré, que si un seul est mort pour tous, tous aussi sont morts. [14-15. Toute l'humanité est solidaire du Christ : elle est morte en droit avec lui et, par sa résurrection, elle a reçu virtuellement une vie nouvelle avec lui  : comparer I Corinthiens XV, 21-23. Chaque croyant doit mourir au péché et vivre effectivement de cette vie supérieure, libéré de toute attache égoïste et ne vivant que pour le Sauveur. Comparer Romains VI, 11 ; Colossiens III, 1-3.] 15 Et il est mort pour tous afin que les vivants ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux.

16 Aussi désormais ne connaissons-nous plus personne avec les yeux de la chair. S'il fut un temps où nous avons connu le Christ avec les yeux de la chair, ce n'est plus ainsi que nous le connaissons maintenant. [16-17. Dans ces conditions, il n'y a plus à attacher d'importance au fait d'avoir connu le Christ durant sa vie mortelle. Seules comptent désormais les relations spirituelles avec le Rédempteur, la participation à sa vie glorieuse, d'où résulte un renouvellement total qui fait de chacun une nouvelle créature.] 17 Si donc quelqu'un est dans le Christ, c'est une créature nouvelle ; ce qui était ancien est passé ; voici qu'il s'est fait du nouveau. 18 Tout cela vient de Dieu, qui nous a réconciliés avec lui par le Christ et nous a confié le ministère de la réconciliation. 19 Car, dans le Christ, c'était Dieu qui se réconciliait le monde, ne tenant plus compte aux hommes de leurs péchés et mettant sur nos lèvres le message de réconciliation. 20 Nous sommes donc les ambassadeurs du Christ ; c'est comme si Dieu exhortait par nous. Nous vous en conjurons au nom du Christ, réconciliez-vous avec Dieu. 21 Celui qui ne connaissait pas le péché, il l'a fait péché pour nous, afin que nous devenions en lui justice de Dieu. [21. Phrase d'une énergie extraordinaire : Dieu a fait péché pour nous le Christ innocent ; il l'a chargé de toutes nos fautes, a fait peser sur lui la malédiction qu'elles méritaient (Galates III, 13), et par un merveilleux échange, déchargés de toutes malédictions, nous devenons en lui justice de Dieu, nous participons à la justice divine.]

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