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Amiot-Tamisier – 2 Maccabées 7

MARTYRE DES SEPT FRÈRES MACHABÉES ET DE LEUR MÈRE

7 Or, il arriva que l'on prit aussi sept frères avec leur mère, et le roi voulut les contraindre à manger, contre la défense de la loi, de la chair de pourceau, en les faisant déchirer avec des fouets et des lanières de cuir de taureau. [chap. 7. Cet épisode est riche d'enseignements sur l'au-delà ; tous ont la foi, une certitude très ferme en la résurrection future de la chair (v. 9, 11, 14 et 23) ; ce sera une résurrection « pour la vie », ce qui semble bien s'opposer à la résurrection « pour l'opprobre éternel » de Daniel XII, 2 ; par suite, se trouvent ici affirmées les sanctions d'outre-tombe, surtout si l'on met le verset 14 en rapport avec les versets 17 et 19. Il convient seulement de remarquer que cette foi s'inscrit dans le cadre des espérances nationales.] 2 Mais l'un d'eux, qui était l'aîné, lui dit : Que demandez-vous, et que voulez-vous apprendre de nous Nous sommes prêts à mourir, plutôt que de violer les lois de Dieu et de notre pays. 3 Le roi, entrant en colère, commanda qu'on fît chauffer sur le feu des poêles et des chaudières d'airain ; et lorsqu'elles furent toutes brûlantes, 4 il ordonna qu'on coupât la langue à celui qui avait parlé le premier ; qu'on lui arrachât la peau de la tête et qu'on lui tranchât les extrémités des mains et des pieds, à la vue de ses frères et de sa mère. 5 Après qu'il l'eut fait ainsi mutiler par tout le corps, il commanda qu'on l'approchât du feu et qu'on le fit rôtir dans une poêle pendant qu'il respirait encore ; et tandis qu'il était tourmenté, ses autres frères s'encourageaient l'un l'autre avec leur mère à mourir avec courage, 6 en disant : Le Seigneur Dieu voit, et il a vraiment compassion de nous, selon que Moïse le déclare dans son cantique par ces paroles : Il exercera sa miséricorde envers ses serviteurs.

7 Le premier étant mort ainsi, ils amenaient le second pour le faire souffrir en se jouant ; et lui ayant arraché la peau de la tête avec les cheveux, ils lui demandaient s'il voulait manger des viandes qu'on lui présentait, plutôt que d'être tourmenté dans tous les membres de son corps. 8 Mais il répondit en la langue du pays : Je n'en ferai rien. C'est pourquoi il souffrit aussi les mêmes tourments que le premier ; 9 et étant près de rendre l'esprit, il dit au roi : Vous nous faites perdre, ô très méchant prince, la vie présente, mais le roi du monde nous ressuscitera un jour pour la vie éternelle, après que nous serons morts pour la défense de ses lois.

10 Après celui-ci on tortura encore le troisième ; on lui demanda sa langue, qu'il présenta aussitôt, et il étendit ses mains courageusement, 11 et dit avec confiance : J'ai reçu ces membres du ciel, mais je les méprise maintenant pour la défense des lois de Dieu, parce que j'espère qu'il me les rendra un jour ; 12 de sorte que le roi, et ceux qui l'accompagnaient, admirèrent le courage de ce jeune homme qui considérait comme rien les plus grands tourments.

13 Celui-ci étant aussi mort de la sorte, ils tourmentèrent de même le quatrième. 14 Et, lorsqu'il était près de rendre l'esprit, il dit : Il est plus avantageux d'être tué par les hommes, dans l'espérance que Dieu nous rendra la vie en nous ressuscitant ; car, pour vous, votre résurrection ne sera point pour la vie.

15 Ayant pris le cinquième, ils le tourmentèrent comme les autres. Alors regardant le roi, il lui dit : 16 Vous faites ce que vous voulez, parce que vous avez reçu la puissance parmi les hommes, quoique vous soyez vous-même un homme mortel ; mais ne vous imaginez pas que Dieu ait abandonné notre nation. 17 Attendez seulement un peu, et vous verrez quelle est la grandeur de sa puissance, et de quelle manière il vous tourmentera, vous et votre race.

18 Après celui-ci, ils menèrent au supplice le sixième, et lorsqu'il était près de mourir, il dit : Ne vous trompez pas vainement vous-même ; car si nous souffrons ceci, c'est parce que nous l'avons mérité, ayant péché contre notre Dieu ; et ainsi nous nous sommes attiré ces fléaux extraordinaires. 19 Mais ne vous imaginez pas que vous demeuriez impuni, après avoir entrepris de combattre contre Dieu même.

20 Cependant leur mère, plus admirable qu'on ne le peut dire, et digne de vivre éternellement dans la mémoire des bons, voyant périr en un même jour ses sept enfants, supportait courageusement leur mort, à cause de l'espérance qu'elle avait en Dieu ; 21 elle exhortait énergiquement chacun d'eux dans la langue du pays, étant toute remplie de sagesse ; et alliant un mâle courage à la tendresse d'une femme, 22 elle leur disait : Je ne sais comment vous avez été formés dans mon sein, car ce n'est point moi qui vous ai donné l'âme, l'esprit et la vie, ni qui ai joint tous vos membres pour en faire un corps ; 23 mais le Créateur du monde, qui a formé l'homme à sa naissance et qui a donné l'origine à toutes choses, vous rendra encore l'esprit et la vie par sa miséricorde, en récompense de ce que vous vous méprisez maintenant vous-mêmes, pour obéir à sa loi.

24 Or, Antiochus se crut méprisé et reconnut l'inutilité de toutes les insultes qu'il avait faites à ces jeunes hommes ; comme le plus jeune de tous était resté, il commença non seulement à l'exhorter par ses paroles, mais à l'assurer avec serment qu'il le rendrait riche et heureux, qu'il le mettrait au rang de ses favoris et lui donnerait toutes les choses nécessaires, s'il voulait abandonner les lois de ses pères. 25 Mais ce jeune homme se montrant inébranlable à tout, le roi appela sa mère et l'exhorta à sauver son fils. 26 Après donc qu'il lui eut dit beaucoup de choses pour la persuader, elle lui promit d'exhorter son fils. 27 Elle se baissa en même temps pour lui parler et, se moquant de ce cruel tyran, elle lui dit en la langue du pays : Mon fils, ayez pitié de moi, qui vous ai porté neuf mois dans mon sein, qui vous ai nourri de mon lait pendant trois ans et qui vous ai élevé jusqu'à l'âge où vous êtes. 28 Je vous conjure, mon fils, de regarder le ciel et la terre, et toutes les choses qui y sont renfermées, et de bien comprendre que Dieu les a créées de rien, aussi bien que tous les hommes ; 29 ainsi vous ne craindrez point ce cruel bourreau ; mais, vous rendant digne d'avoir part aux souffrances de vos frères, acceptez la mort, afin que je vous reçoive de nouveau avec vos frères dans cette miséricorde que nous attendons.

30 Lorsqu'elle parlait encore, ce jeune homme se mit à crier : Qu'attendez-vous de moi ? Je n'obéis point au commandement du roi, mais au précepte de la loi, qui nous a été donnée par Moïse. 31 Quant à vous, qui êtes l'auteur de tous les maux dont on accable les Hébreux, vous n'éviterez pas la main de Dieu. 32 Car nous, c'est à cause de nos péchés que nous souffrons toutes ces choses ; 33 et si le Seigneur notre Dieu s'est mis un peu en colère contre nous pour nous châtier et nous corriger, il se réconciliera de nouveau avec ses serviteurs. 34 Mais vous, qui êtes le plus scélérat et le plus abominable de tous les hommes, ne vous flattez pas inutilement par de vaines espérances, en vous enflammant de fureur contre les serviteurs de Dieu ; 35 car vous n'avez pas encore échappé au jugement de Dieu, qui peut tout et qui voit tout. 36 Et quant à mes frères, après avoir supporté une douleur passagère, ils sont entrés maintenant dans l'alliance de la vie éternelle ; mais vous, vous souffrirez, au jugement de Dieu, la peine que votre orgueil a justement méritée. 37 Pour moi, j'abandonne volontiers, comme mes frères, mon corps et mon âme pour la défense des lois de mes pères, en conjurant Dieu de se rendre bientôt favorable à notre nation, et de vous contraindre, par les tourments et les châtiments, à confesser qu'il est le seul Dieu. 38 Mais puisse la colère du Tout-Puissant, qui est tombée justement sur tout notre peuple, finir à ma mort et à celle de mes frères ! 39 Alors le roi, enflammé de colère, fit éprouver sa cruauté à celui-ci encore plus qu'à tous les autres, ne pouvant souffrir que l'on se moquât ainsi de lui. 40 Il mourut donc dans la pureté de son innocence, comme les autres, avec une parfaite confiance en Dieu.

41 Enfin la mère souffrit aussi la mort après ses enfants.

42 Mais nous avons assez parlé, et des sacrifices profanes et des excessives cruautés d'Antiochus.

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