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Amiot-Tamisier – Romains 4

CONFIRMATION DE CE QUI PRÉCÈDE PAR LE CAS D'ABRAHAM, JUSTIFIÉ NON PAR LES ŒUVRES DE LA LOI, MAIS PAR LA FOI

[Chapitre 4. Le cas d'Abraham, justifié par la foi dans les promesses divines avant d'avoir reçu la circoncision, montre que la justification par la foi répond à un dessein providentiel constant. Comparer Galates III, 6-20.]

4 Que dire en effet du sort d'Abraham, notre père selon la chair ? 2 Si c'est par ses œuvres qu'Abraham a été justifié, il a sujet de se glorifier. Pas devant Dieu, toutefois. 3 Que dit en effet l'Écriture ? Abraham crut en Dieu et cela lui fut compté comme justice. [3. Citation de Genèse XV, 6.] 4 Or, à celui qui fait une œuvre, le salaire n'est pas compté comme une grâce, mais comme un dû, [4-8. La justification est un don divin essentiellement gratuit, non un salaire exigible en retour de l'accomplissement d'œuvres déterminées. Comparer Galates III, 18.] 5 tandis qu'à celui qui, sans faire aucune œuvre, croit simplement en Celui qui justifie l'impie, c'est sa foi qui lui est comptée comme justice. 6 Ainsi David proclame-t-il heureux l'homme à qui Dieu attribue la justice indépendamment de ses œuvres :

7 Heureux ceux dont les iniquités ont été remises et les péchés recouverts ! 8 Heureux l'homme à qui le Seigneur n'impute pas son péché !

9 Cette béatitude ne concerne-t-elle que les circoncis ou aussi les incirconcis ? Nous venons de dire, en effet : La foi d'Abraham lui fut comptée comme justice. [9-12. La circoncision n'a été pour Abraham que la ratification de la justice obtenue par la foi. Tous ceux qui imitent sa foi sont justifiés comme lui.] 10 Dans quel état lui fut-elle comptée ? Alors qu'il était circoncis ou incirconcis ? Pas quand il était circoncis, mais incirconcis. 11 Et il reçut le signe de la circoncision comme sceau de la justice obtenue par la foi quand il était encore incirconcis. Il devenait ainsi le père de tous ceux qui, sans être circoncis, auraient la foi et se verraient ainsi attribuer la justice ; 12 le père aussi des circoncis qui n'auraient pas seulement reçu la circoncision, mais marcheraient en outre sur les traces de la foi qu'avait notre père Abraham, encore incirconcis.

13 Ce n'est pas, en effet, en dépendance de la Loi qu'a été faite à Abraham et à sa descendance la promesse d'avoir le monde pour héritage, mais en dépendance de la justice de la Foi. 14 Si l'héritage appartenait à ceux qui se réclament de la Loi, la Foi deviendrait sans objet et la promesse sans effet. [14. Si l'héritage promis à Abraham s'obtient par l'observance de la Loi, la foi dans les promesses messianiques et la rédemption par le Christ deviennent inutiles. Voir Galates II, 21.] 15 Or, la Loi produit la colère, et où il n'y a pas de Loi il n'y a pas non plus de transgression. [15-16. La Loi comme telle n'est bonne qu'à provoquer la colère divine en multipliant les occasions de péché. Voir III, 20 et Galates III, 19. Vue hardie et évidemment incomplète sur les effets de la Loi ; plus loin, VII, 7-12, saint Paul montrera qu'en soi la Loi est bonne et sainte. L'héritage d'Abraham (Genèse XVII, 5) n'est obtenu que par la foi et d'une manière entièrement gratuite.] 16 L'héritage vient donc par la Foi, afin que ce soit par grâce, de manière que la promesse demeure ferme pour toute la descendance, non seulement celle qui vient de la Loi, mais aussi celle qui procède de la foi d'Abraham, lequel est notre père à tous, selon qu'il est écrit : Je t'ai établi père de nombreuses nations.

17 Il est notre père aux yeux de Celui en qui il crut, comme le Dieu qui donne la vie aux morts et appelle les choses qui ne sont pas comme si elles étaient. [17-22. Bel éloge de la foi d'Abraham. Voir Genèse XVIII, 15-21 et Hébreux XI, 11-12.] 18 Espérant contre toute espérance, il crut et devint ainsi le père de nombreuses nations, selon qu'il lui avait été dit : Ainsi sera ta descendance. 19 Ce fut sans faiblir dans sa foi qu'il considéra son corps déjà mort — il était dans les cent ans — et le sein de Sara épuisé. 20 En face de la promesse de Dieu, il n'hésita pas et ne se montra pas incrédule ; au contraire, il demeura ferme dans sa foi, rendant gloire à Dieu 21 et pleinement convaincu que ce qu'une fois il a promis, il est assez puissant pour le réaliser. 22 Voilà pourquoi cela lui fut compté comme justice.

23 Or, ce n'est pas pour lui seulement qu'il a été écrit : Cela lui fut compté. 24 C'est aussi pour nous, à qui ce doit être également compté, nous qui croyons en Celui qui a ressuscité des morts, Jésus, notre Seigneur, [24. La foi en la résurrection du Christ, et donc en sa divinité, résumé de la foi chrétienne.] 25 lequel a été livré pour nos péchés et ressuscité pour notre justification. [25. Le Christ est cause méritoire de notre pardon par sa mort, cause exemplaire et efficiente de notre justification par sa résurrection.]

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