chapitre précédent retour chapitre suivant

Bible en français courant – 2 Maccabées 1

Deuxième livre des Maccabées

Le deuxième livre des Maccabées n'est pas la suite du premier du même nom. La plus grande partie constitue en effet un résumé formulé directement en grec d'un ouvrage en cinq volumes rédigé par un certain Jason de Cyrène, écrivain juif de langue grecque. Les événements rapportés dans le deuxième livre des Maccabées s'étendent sur une période qui va de la fin du règne de Séleucus IV, le prédécesseur d'Antiochus IV Épiphane, jusqu'à la mort de Nicanor, le général de Démétrius Ier vaincu par Judas Maccabée en 160 avant J.-C. (voir l'introduction à 1 Mac).

Le but du livre est d'inviter les Juifs d'Égypte à commémorer, eux aussi, la Dédicace du temple de Jérusalem (voir Jean 10.22), reconquis et purifié en 165 ou 164 avant J.-C. par Judas Maccabée.
— Ce but est clairement défini dans la première partie du livre (chap. 1 et 2), notamment dans les deux lettres qu'elle rapporte, adressées par les autorités religieuses de Jérusalem à la communauté juive d'Égypte.
— La seconde partie (chap. 3—7) raconte comment les Grecs ou leurs partisans pillent le trésor sacré et introduisent au temple les cultes païens, comment aussi ils veulent contraindre par la torture les Juifs fidèles à renier leur foi pour adopter les mœurs et la religion grecques.
— Dans une troisième partie enfin (chap. 8—15), le livre rapporte la révolte armée déclenchée par Judas Maccabée, et ses premiers succès contre les troupes grecques, ce qui permit la purification du temple et la restauration du culte juif. Puis il relate de nouvelles victoires de Judas jusqu'à la mort de Nicanor, chef de l'armée de Démétrius Ier.

Le récit est parfois plus complet et plus détaillé que dans la partie correspondante du premier livre des Maccabées, mais les besoins de la composition littéraire et de la démonstration religieuse semblent l'avoir souvent emporté sur l'exactitude historique et chronologique. Deux originalités du livre peuvent être relevées : Judas adresse à Dieu une prière pour les morts et offre même un sacrifice expiatoire en leur faveur (chap. 12). Il voit aussi en vision l'ancien grand-prêtre Onias et le prophète Jérémie, deux saints hommes du passé, intercéder auprès de Dieu pour le peuple en danger (chap. 15). Ces croyances, qu'on ne trouve pas attestées dans l'Ancien Testament hébreu, ne sont pas reçues dans les Églises protestantes.

Première lettre aux Juifs d'Égypte

1 « Les Juifs de Jérusalem et de toute la Judée saluent leurs frères juifs d'Égyptea et leur souhaitent une vraie prospérité. [a frères juifs d'Égypte : des communautés juives s'étaient installées en Égypte au moins depuis l'époque de Jérémie (voir Jér 43.2-7).]

2 « Que Dieu vous accorde ses bienfaits, qu'il se souvienne de l' alliance qu'il a conclue avec Abraham, Isaac et Jacob, ses fidèles serviteurs ! 3 Qu'il vous inspire à tous le désir de l'adorer et d'obéir à sa volonté de tout votre cœur et avec un esprit bien disposé ; 4 qu'il vous rende capables de comprendre sa loi et ses commandements, et qu'il vous accorde la paix ! 5 Qu'il écoute vos prières, pardonne vos fautes et ne vous abandonne pas au moment du malheur ! 6 Telle est la prière que nous lui adressons pour vous, ici et maintenant.

7 « En l'année 169, sous le règne de Démétrius, voici ce que nous vous écrivions : “Nous nous trouvons actuellement plongés dans une profonde détresse, depuis que Jason et sa bande ont trahi la cause de la Terre Sainte et de Dieu, notre Roib. [b l'année 169 de l'ère séleucide correspond à l'année 143 à 142 avant J.-C. (voir la note sur 1 Mac 1.10). — Démétrius : il s'agit de Démétrius II, roi séleucide (voir la note sur 1 Mac 1.8) qui régna de 145 à 138, puis de 129 à 125 avant J.-C. — Jason : voir 4.7-20.] 8 Ils ont mis le feu à la grande porte du temple et tué des innocents. Mais nous avons prié le Seigneur et il nous a entendus. Nous avons pu présenter des sacrifices et une offrande végétale, allumer les lampes du temple et disposer les pains sacrés.”

9 « Et maintenant, nous vous invitons à célébrer pendant huit jours la fête des Huttes, au mois de Kisleuc. [c la fête des Huttes était célébrée au septième mois (septembre-octobre) ; la mention du mois de Kisleu (novembre-décembre) montre qu'il s'agit ici en réalité de la fête de la Dédicace (comparer 10.5-6).]

10 « Écrit en l'année 188d. »

« Les Juifs de Jérusalem et de Judée, le Conseil des anciens et Judas saluent Aristobule, descendant des prêtres consacrés au Seigneur et conseiller du roi Ptolémée, ainsi que les Juifs d'Égypte, et leur souhaitent une bonne santée. [d C'est-à-dire en 124 avant J.-C.]

Deuxième lettre : les Juifs louent le Seigneur après la mort d'Antiochus

11 « Nous remercions Dieu du fond du cœur, car il nous a sauvés de grands dangers. Il a pris notre défense contre le roif [f Il a pris... contre le roi : texte probable ; texte traditionnel : (Nous remercions Dieu) en tant que nous sommes prêts à lutter contre le roi. — le roi : Antiochus IV Épiphane (voir v. 14 et 1 Mac 1.10).] 12 et a chassé lui-même ceux qui étaient venus attaquer la ville sainte. 13 En effet, lorsque le roi Antiochus se rendit en Perse, son armée paraissait invincible ; mais lui et ceux qui l'accompagnaient furent massacrés dans le temple de Nanéa, grâce à une ruse imaginée par les prêtres de la déesseg. [g Nanéa : déesse mésopotamienne, identifiée avec Artémis.] 14 Antiochus était allé dans ce sanctuaire, avec ses conseillers les plus proches, sous prétexte de célébrer son mariage avec la déesse. En réalité, il désirait obtenir comme dot les grandes richesses du temple. 15 Les prêtres de Nanéa les exposèrent, puis Antiochus et quelques personnes de sa suite pénétrèrent à l'intérieur du sanctuaire. Mais, dès que le roi y fut entré, les prêtres fermèrent les portes de l'édifice, 16 il ouvrirent une trappe dissimulée dans le plafond et, de là, ils écrasèrent Antiochus et les siens sous une grêle de pierres. Puis ils découpèrent les cadavres, les décapitèrent et lancèrent les têtes à ceux qui étaient à l'extérieur. 17 Loué soit notre Dieu qui a livré à la mort ceux qui le méprisaient ! Loué soit-il pour tout ! »

Le miracle du feu de l'autel

18 « Le vingt-cinq du mois de Kisleu, nous allons célébrer la fête de la purification du temple. Nous avons donc estimé devoir vous en informer, afin que vous la célébriez vous aussi, de la même façon que la fête des Huttes. A cette occasion, vous vous rappellerez le feu qui est apparu quand Néhémie offrit des sacrifices après avoir reconstruit le temple et l' autelh. [h fête des Huttes : comparer 1.9 et la note. — après avoir reconstruit... : cette affirmation ne correspond pas à ce que nous savons par ailleurs. En effet, l'autel avait été reconstruit vers 538 et le temple vers 515 avant J.-C. D'autre part, l'activité de Néhémie se situe entre 445 et 425 avant J.-C. (pour la reconstruction de l'autel et du temple, voir Esd 3.1ss ; 6.14ss).] 19 En effet, lorsque nos ancêtres furent emmenés en Persei, les prêtres fidèles d'alors prirent du feu de l'autel et le cachèrent secrètement au fond d'un puits asséché. Ils l'y dissimulèrent si bien que personne ne le découvrit. [i emmenés en Perse : il s'agit de l'exil à Babylone ; la Perse désigne ici tout le pays situé à l'est de l'Euphrate.] 20 Bien des années s'écoulèrent. Puis, au moment que Dieu jugea bon, Néhémie fut envoyé à Jérusalem par le roi de Perse. Néhémie chargea les descendants des prêtres qui avaient caché le feu d'aller le rechercher. 21 Ils annoncèrent qu'ils n'avaient pas trouvé de feu, mais seulement un liquide épais ; alors Néhémie leur ordonna d'en puiser et d'en rapporter. Quand on eut tout préparé pour le sacrifice, Néhémie commanda aux prêtres de verser ce liquide sur le bois et la victime disposés sur l'autel. 22 C'est ce qu'ils firent. Au bout de quelques instants, le soleil perça les nuages qui le voilaient et un grand feu s'alluma sur l'autel, provoquant l'étonnement de tous. 23 Pendant que le sacrifice se consumait, les prêtres et toute l'assemblée prononçaient une prière ; Jonatan parlait le premier et les autres, y compris Néhémie, joignaient leur voix à la siennej. [j Ce Jonatan est peut-être le même personnage que le grand-prêtre Yonatan de Néh 12.11. — joignaient leur voix à la sienne : comparer Judith 15.13-14.] 24 Voici quelle était cette prière :

« “Seigneur, Seigneur notre Dieu, c'est toi qui as créé toutes choses. Tu es redoutable, puissant, juste et plein de bienveillance. Toi seul es roi, toi seul es bon,25 généreux et juste, tout-puissant et éternel. Tu as choisi nos ancêtres, tu les as mis à part pour te servir, et tu es prêt à délivrer Israël de tout mal. 26 Accepte maintenant ce sacrifice que nous t'offrons au nom de tout ton peuple, Israël. Protège ce peuple qui t'appartient, et rends-le digne de te servir. 27 Libère ceux des nôtres qui sont esclaves à l'étranger, rassemble-les de tous les pays où ils sont dispersésk. Tourne ton regard vers ces victimes du mépris et de la haine, afin que les peuples reconnaissent que tu es notre Dieu. [k rassemble-les... dispersés : comparer Deut 30.3-5.] 28 Frappe ceux qui nous oppriment et nous humilient avec arrogance. 29 Enracine de nouveau ton peuple dans ton saint pays, comme Moïse l'a annoncél.” [l Moïse l'a annoncé : comparer Ex 15.17.]

30 « Ensuite, les prêtres entonnèrent les chants de louange. 31 Quand le sacrifice fut consumé, Néhémie ordonna de verser le liquide qui restait sur de grosses pierres. 32 Dès que cela fut fait, une flamme s'alluma, mais son éclat fut surpassé par celui du feu qui brûlait sur l'autel.

33 « La nouvelle de cet événement se répandit. Ainsi, on alla raconter au roi des Perses qu'à l'endroit où les prêtres avaient caché le feu, avant d'être déportés, un liquide était apparu, avec lequel Néhémie et ses compagnons avaient brûlé le sacrifice. 34 Après avoir vérifié le fait, le roi fit entourer cet endroit d'une clôture et le déclara sacré. 35 Il en retira d'importants revenus dont il fit profiter ses favoris.

36 « Néhémie et ses compagnons appelèrent ce liquide “nephtar”, ce qui signifie “purification”, mais la plupart des gens le nomment “naphte”m. » [m Les propriétés du naphte, ou pétrole brut, étaient connues depuis longtemps ; l'auteur de ce récit sait également qu'il y avait un culte du feu chez les Perses (voir v. 34).]

chapitre précédent retour chapitre suivant