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Bible en français courant – Esther 1

Esther

Le livre d'Esther raconte comment une communauté juive a été délivrée de la menace d'extermination qui pesait sur elle. L'histoire se passe à l'époque où les Perses étendaient leur domination sur tout le Proche-Orient, depuis l'Inde jusqu'à l'Égypte. Un nombre important de Juifs, dont les familles avaient été exilées en Babylonie, n'étaient pas rentrés dans leur pays après la chute du pouvoir babylonien (en 539 avant J.-C.). Ces Juifs rencontraient souvent l'hostilité des peuples au milieu desquels ils se trouvaient, car ils vivaient selon leurs lois et leurs coutumes propres, différentes de celles des autres. En nous décrivant le conflit entre Haman, le premier ministre du roi Xerxès, et Mardochée, le fonctionnaire juif, le livre d'Esther nous en fournit une illustration dramatique. La manière dont Esther, dirigée par Mardochée, devient reine de Perse et parvient ainsi à écarter le danger qui menace son peuple, rappelle que les tentatives visant à détruire le peuple juif ont toujours été vouées à l'échec. Ici, le jour fixé pour l'extermination des Juifs devient celui de la défaite et du massacre de leurs ennemis. La date de ce jour correspond à celle d'une fête juive, la fête des Pourim, célébrée au printemps avant la fête de la Pâque. L'histoire racontée dans le livre d'Esther explique l'origine de cette fête.

Le livre d'Esther met en valeur le nationalisme et le désir de vengeance des Juifs à un point qui peut étonner ou troubler le lecteur. Il faut y voir une réaction de défense contre le rejet dont les Juifs étaient victimes en pays étranger. Le racisme et le rejet des autres entraînent en général des réactions de ce type et l'histoire d'Esther montre une fois de plus comment la violence produit la violence. Par ailleurs, au moment où le livre a été écrit, c'est-à-dire à une époque où les Juifs avaient perdu tout espoir d'indépendance nationale, il voulait rappeler à ceux-ci de quelles grandes délivrances ils pouvaient être l'objet.

Le banquet du roi Xerxès

1 L'histoire rapportée ici est arrivée au temps du roi Xerxèsa, celui qui régna sur cent vingt-sept provinces, de l'Inde jusqu'à l'Éthiopie. [a Il s'agit vraisemblablement de Xerxès Ier, qui régna sur l'empire perse de 486 à 464 avant J.-C. Ce roi est aussi connu sous le nom d'Assuérus.] 2-3 Au cours de la troisième année de son règne, le roi, installé dans son palais royal de la citadelle de Suse, organisa un banquet pour tous ses hauts fonctionnaires et ses ministres ; il réunit auprès de lui les officiers de l'armée de Perse et de Médie, les gouverneurs et les chefs des provincesb. [b La citadelle de Suse était distincte de la ville elle-même (voir 3.15 et 8.14,15). Le palais royal se trouvait dans la citadelle. Suse, située à l'est de Babylone, était la résidence d'hiver des rois perses et l'une des trois capitales de l'empire. — l'armée de Perse et de Médie comprenait les troupes des différents peuples composant l'empire perse.] 4 Il leur montra les richesses magnifiques et le luxe éclatant qui faisaient la gloire de son règne. Les festivités durèrent très longtemps, six mois au total. 5 A la fin de cette période, le roi offrit également un banquet aux gens de toutes conditions, riches ou pauvres, qui se trouvaient dans la citadelle de Suse. Cette fête se déroula pendant une semaine dans les jardins du palais. 6 Des tentures de lin blanc ou violet étaient suspendues par des cordelettes blanches et rouges à des anneaux d'argent fixés sur des colonnes de marbre. On avait placé des divans d'or et d'argent sur le sol recouvert d'une mosaïque de dalles jaunes, blanches, nacrées et noiresc. [c des divans d'or et d'argent : les convives mangeaient étendus sur des divans (voir Amos 6.4). — La signification de plusieurs des mots hébreux employés dans ce verset est incertaine.] 7 Les boissons étaient servies dans des coupes d'or, de différentes formes. Le vin coulait à flot et était offert avec une générosité toute royale. 8 Chacun pouvait boire sans contrainte, car le roi avait ordonné à tous les serviteurs du palais de satisfaire les désirs de ses hôtes. 9 De son côté, la reine Vasti avait organisé un banquet pour les femmes à l'intérieur du palais de Xerxès.

Disgrâce de la reine Vasti

10 Le septième jour du banquet, le roi Xerxès était égayé par le vin. Il appela les sept eunuques spécialement attachés à son service : Mehouman, Bizta, Harbona, Bigta, Abagta, Zétar et Karkas. 11 Il leur ordonna de lui amener la reine Vasti portant la couronne royale. Il désirait montrer à ses hauts fonctionnaires et aux autres gens présents combien la reine était belle. Elle était en effet d'une beauté remarquable. 12 Les eunuques transmirent l'ordre du roi à la reine, mais celle-ci refusa de venir. Le roi fut saisi d'une violente colère. 13 Il consulta ses experts, car les affaires royales étaient toujours réglées avec l'aide des spécialistes du droit et des usages. 14 Parmi ces conseillers les plus proches du roi se trouvaient Karchena, Chétar, Admata, Tarsis, Mérès, Marsena et Memoukan, sept hauts fonctionnaires de Perse et de Médied ; ils avaient la confiance du roi et occupaient les postes les plus élevés de l'empire. [d de Perse et de Médie : voir 1.3 et la note.] 15 Le roi leur dit : « Moi, le roi, j'ai envoyé mes eunuques donner un ordre à la reine Vasti et elle n'y a pas obéi. D'après la loi, quelle peine faut-il lui appliquer ? »

16 Memoukan déclara alors au roi et à ses hauts fonctionnaires : « La reine Vasti a fort mal agi non seulement à l'égard du roi, mais aussi à l'égard de ses hauts fonctionnaires et même de tous les hommes qui vivent dans les différentes provinces de l'empire. 17 En effet, toutes les femmes vont apprendre le comportement de la reine et elles se mettront à mépriser l'autorité de leurs maris. Elles se justifieront en disant : “Le roi avait ordonné qu'on lui amène la reine Vasti et celle-ci a refusé de venir !” 18 Aujourd'hui même, les épouses des hauts fonctionnaires de Perse et de Médie vont être au courant de la conduite de la reine, elles se permettront de répliquer à leurs maris et le mépris des femmes suscitera la colère des hommes. 19 Si sa Majesté le roi le juge bon, qu'il veuille promulguer un décret interdisant pour toujours à Vasti de se présenter devant lui et attribuant le titre de reine à une femme qui en sera plus digne qu'elle. Ce décret royal devra figurer parmi les lois de Perse et de Médie qu'on ne peut pas annuler. 20 Lorsque cette décision sera connue dans toutes les parties de l'immense empire, chaque femme aura des égards pour son mari, qu'il soit important ou modeste. »

21 L'idée plut au roi et à ses hauts fonctionnaires, et le roi suivit le conseil de Memoukan. 22 Il fit envoyer dans toutes les provinces des lettres rédigées selon le système d'écriture et dans la langue des peuples qui y vivaient. Elles disaient que tout homme doit être maître dans sa maison et y imposer l'usage de sa langue maternellee. [e et y imposer l'usage de sa langue maternelle : l'ancienne version latine porte ici et que ceci soit divulgué dans la langue de chaque peuple.]

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