chapitre précédent retour chapitre suivant

Bible en français courant – Habakuk 1

Habacuc

Le livre d'Habacuc nous montre le visage d'un prophète dans un temps de crise : c'est un homme qui souffre du malheur des autres, dénonce le mal, en appelle à Dieu et se réjouit lorsqu'il reçoit sa réponse. Ce livre a vraisemblablement été écrit vers la fin du 7e siècle et au début du 6e siècle avant J.-C., au moment où les Babyloniens imposent leur domination sur le Proche-Orient et où la communauté israélite s'interroge anxieusement sur son avenir et sur ses rapports avec Dieu.

Dieu répond à son prophète en lui transmettant un message pour ses contemporains et les hommes de tous les temps : être fidèle à Dieu, voilà ce qui permet à l'homme de vivre (2.4) et d'attendre avec confiance que Dieu intervienne (chap. 3).

Dans les temps difficiles, on a souvent fait appel au livre d'Habacuc pour retrouver cette certitude. Dans la prédication que l'apôtre Paul adresse aux premières communautés chrétiennes, la fidélité de l'homme envers Dieu prend la forme de la foi dans le Dieu de Jésus-Christ (Rom 1.17 ; Gal 3.11 ; voir aussi Hébr 10.38).

1 Message que Dieu a révélé au prophète Habacuc.

Le prophète appelle Dieu au secours

2 Jusqu'à quand, Seigneur,
vais-je t'appeler au secours
sans que tu m'écoutes,
et vais-je crier à la violence
sans que tu nous en délivres ?

3 Pourquoi me fais-tu voir tant d'injustice ?
Comment peux-tu accepter
d'être spectateur du malheur ?
Autour de moi je ne vois qu'oppression et violence,
partout éclatent des procès et des querellesa.

[a Autre traduction lorsqu'il y a procès, les querelles sont les plus fortes.]

4 La loi n'est pas appliquée,
la justice n'est pas correctement rendue,
le méchant l'emporte sur le juste
et les jugements sont faussés.

La réponse de Dieu : invasion des Babyloniens

5 « Fixez vos yeux sur les nations, dit le Seigneur.
Soyez saisis d'étonnement.
De votre vivant une œuvre va être accomplie,
une œuvre telle que vous n'y croiriez pas
si quelqu'un vous la racontaitb.

[b Ce verset est repris en Act 13.41 sous la forme qu'il a dans l'ancienne version grecque.]

6 Je fais venir les Babyloniensc,
ce peuple cruel et déchaîné ;
ils parcourent le vaste monde
pour s'emparer des terres d'autrui.

[c L'empire néo-babylonien dura de 626 à 539 avant J.-C. et s'étendit à tout le Proche-Orient, notamment sous le règne de Nabucodonosor.]

7 Ils sont terrifiants et redoutables,
dans leur orgueil ils décident seuls de leurs droits.

8 Leurs chevaux sont plus rapides que les léopards,
plus agiles que les loups qui chassent le soir.
Arrivant de loin, leurs cavaliers bondissent,
ils volent comme l'aigle qui fond sur sa proie.

9 Ils viennent tous semer la violence,
ils regardent avidement devant euxd,
ils rassemblent des prisonniers
innombrables comme les grains de sable.

[d Autre traduction leurs visages sont ardents comme le vent d'est.]

10 Ils traitent les rois avec mépris,
ils se moquent de ceux qui gouvernent.
Les forteresses ne les impressionnent pas :
ils élèvent des remblais de terre
et s'emparent de chacune d'elles.

11 Ils passent comme un ouragan,
ils se précipitent ailleurse,
eux qui font un dieu de leur propre force. »

[e Sens possible d'un texte hébreu difficile ; autres traductions Bien que l'esprit ait changé, ils continuent de commettre des crimes ou Alors leur ardeur se renouvelle et ils poursuivent leur route.]

Nouvel appel du prophète à Dieu

12 Depuis toujours, c'est toi qui es le Seigneur,
tu es mon Dieu, le vrai Dieu qui ne meurt pasf.
Seigneur, mon rocher protecteur,
tu as choisi et affermi ce peuple ennemi,
pour qu'il exécute ton jugement sur nous.

[f qui ne meurt pas : d'après une ancienne tradition juive ; texte hébreu nous ne mourrons pas.]

13 Mais tes yeux sont trop purs
pour supporter la vue du mal,
tu ne peux pas accepter
d'être spectateur du malheur.
Alors pourquoi regardes-tu sans rien dire
ce que font ces gens perfides ?
Pourquoi gardes-tu le silence
quand les méchants détruisent
ceux qui sont plus justes qu'eux ?

14 Pourquoi traites-tu les hommes
comme les poissons et les bestioles
qui n'ont personne pour les diriger ?

15 Les Babyloniens capturent les gens
comme le poisson pris à l'hameçon,
ils les ramènent dans leurs filets.
Ils en ont une joie immense ;

16 ils offrent des sacrifices à leurs filets,
ils brûlent du parfum en leur honneur,
car c'est grâce à eux qu'ils peuvent manger
une nourriture abondante et savoureuse.

17 Ne cesseront-ils jamais de tirer leurs épéesg
pour massacrer sans pitié les autres nations ?

[g leurs épées : d'après un manuscrit hébreu d'Habacuc trouvé à Qumrân ; texte hébreu traditionnel leur filet.]

chapitre précédent retour chapitre suivant