chapitre précédent retour chapitre suivant

Bible en français courant – Malachie 1

Malachie

Le livre de Malachie a été écrit dans la première moitié du 5e siècle avant J.-C., presque un siècle après que les Juifs sont rentrés de Babylonie, où ils avaient été exilés du début du 6e siècle jusqu'en 538 avant J.-C. Après le retour d'exil, la communauté israélite avait peu à peu sombré dans l'indifférence et le découragement. Trente ou cinquante ans avant la prédication du prophète Malachie, les Israélites avaient suivi les appels d'Aggée et de Zacharie et reconstruit le temple de Jérusalem (de 520 à 515 avant J.-C.). Mais depuis lors, l'espoir d'un renouveau national sous l'autorité du gouverneur Zorobabel a été déçu, et la réforme d'Esdras (peut-être vers 440 avant J.-C.) n'a pas encore eu lieu. La situation religieuse et la situation morale se sont dégradées : le culte est négligé (1.6-14), à l'occasion des offrandes on trompe Dieu (3.6-11), les prêtres ne sont plus à la hauteur de leur mission, et la loi que Dieu a donnée à son peuple n'est plus respectée (2.1-16).

Pour le prophète, ce bilan est l'occasion d'exhorter les prêtres et le peuple à un changement radical, en leur rappelant l'amour de Dieu (1.1-5) mais aussi la proximité de son jugement et de sa venue (2.17—3.5 ; 3.13-24). Il leur annonce l'envoi par Dieu de son messager (3.1) et d'un prophète comme Élie (3.23). Dans les évangiles de Matthieu et de Luc cette promesse de Malachie est rapportée à Jean-Baptiste, chargé de préparer la venue de Jésus (Matt 17.11-13 ; Luc 1.17).

En s'élevant avec force contre la dégradation de la vie religieuse et morale de son temps, le livre de Malachie prépare la communauté croyante à rencontrer son Dieu. C'est à cette rencontre qu'il nous invite encore aujourd'hui.

1 Message que le Seigneur a adressé aux Israélites par l'intermédiaire de Malachiea. [a Le nom Malachie signifie mon messager (voir 3.1). On estime que ce prophète a dû apporter son message vers les années 480/460 avant J.-C., c'est-à-dire vingt ou trente ans avant l'arrivée de Néhémie à Jérusalem (voir la note sur Néh 1.1).]

C'est Israël que le Seigneur a choisi

2 Le Seigneur déclare à son peuple : « Je vous aime. » On lui demande : « Où est la preuve de ton amour ? » Le Seigneur répond : « Ésaü n'était-il pas le frère de Jacobb ? Pourtant j'ai aimé Jacob [b Ésaü est l'ancêtre des Édomites, ennemis traditionnels des Israélites, voir par ex. Ézék 25.12-14 ; Joël 4.19 ; Abd 10-15 ; Ps 137.7. Jacob est l'ancêtre des Israélites, voir Osée 12.4 et la note.] 3 mais j'ai repoussé Ésaüc. J'ai dévasté la région montagneuse d'Ésaü, et j'ai livré son pays aux chacals du désert. [c j'ai aimé Jacob mais j'ai repoussé Ésaü : voir le développement de Rom 9.6-16 où cette phrase est citée et commentée.] 4 Ses descendants, les Édomites, peuvent bien dire : “Nous avons été écrasés, mais nous allons rebâtir nos villes en ruine.” Moi, le Seigneur de l'univers, je déclare ceci : Qu'ils reconstruisent, je démolirai leur œuvre. On leur appliquera ces surnoms “le pays où règne le mal” et “le peuple contre lequel le Seigneur est sans cesse irrité”. 5 Vous, les Israélites, vous verrez tout cela et vous vous exclamerez : “Le Seigneur manifeste sa puissance même au-delà des frontières d'Israël !” »

Un culte indigne du Seigneur

6 Le Seigneur de l'univers déclare ceci aux prêtres : « Un fils a des égards pour son père et un serviteur pour son maître. Ne suis-je pas à la fois votre père et votre maître ? Alors pourquoi n'avez-vous ni égards ni respect pour moi ? Vous me méprisez et vous demandez : “En quoi t'avons-nous méprisé ?” 7 Vous apportez sur mon autel des aliments indignes de moid et vous dites : “En quoi offensons-nous ta dignité ?” Eh bien, c'est en traitant mon autel avec désinvolture ! [d Ces aliments sont indignes du Seigneur parce qu'ils ne sont pas offerts selon les règles, voir par ex. v. 8 et Lév 22.17-30 ; Deut 15.21.] 8 Quand vous amenez un animal aveugle, boiteux ou malade pour me l'offrir en sacrifice, pensez-vous que ce soit correct ? Si vous offrez un tel animal au gouverneur, croyez-vous qu'il sera satisfait et prêt à vous accorder des faveurs ? Je vous le demande, moi, le Seigneur de l'univers. 9 Maintenant, essayez donc de me supplier, moi, votre Dieu, pour que je sois favorable à mon peuple. Pensez-vous que je vais vous écouter avec bienveillance après ce que vous avez fait ? Sûrement pas ! 10 Il vaudrait bien mieux que l'un de vous ferme les portes du temple ; alors vous n'iriez plus allumer pour rien du feu sur mon autel. En effet, je n'ai aucun plaisir à vous voir et les offrandes que vous me présentez ne me sont pas agréables, je le déclare, moi, le Seigneur de l'univers. 11 D'une extrémité de la terre à l'autre, des gens de toutes nations reconnaissent ma grandeur. Partout on brûle du parfum en mon honneur et on m'apporte des offrandes dignes de moi. Oui, les nations reconnaissent ma grandeur, je le déclare, moi, le Seigneur de l'univers. 12 Mais vous, vous la bafouez en considérant que l'autel du Seigneur n'est pas digne de respect et qu'il ne rapporte riene. [e qu'il ne rapporte rien : autre traduction on n'y trouve que des aliments méprisables. Il y a là sans doute une allusion à la part des sacrifices qui revenait aux prêtres et dont ils trouvent qu'elle n'est pas importante ou intéressante.] 13 Vous dites même : “Quelle corvée !” Vous n'avez que du mépris pour moi, le Seigneur de l'univers. Vous m'offrez des animaux volés, boiteux ou malades. Comment pourrais-je accepter de telles offrandes, je vous le demande ? 14 Malheur au tricheur qui a des bêtes saines dans son troupeau et qui met de côté un animal taré pour me l'offrir en sacrifice ! Malheur à lui, car je suis un grand roi dont toutes les nations redoutent la puissance, je le déclare, moi, le Seigneur de l'univers ! »

chapitre précédent retour chapitre suivant