chapitre précédent retour chapitre suivant

Grande Bible de Tours – 2 Samuel 2

David, sacré roi à Hébron, règne sept ans sur la tribu de Juda. Isboseth, fils de Saül, est établi roi des autres tribus. Combat entre l'armée de David et celle d'Isboseth. David demeure victorieux.

2 Après cela, David consulta le Seigneur*, en disant : Irai-je dans quelqu'une des villes de Juda ? Le Seigneur lui dit : Allez. David dit encore : Où irai-je ? Le Seigneur lui répondit : A Hébron*.

David savait bien qu'il régnerait, mais il ignorait à quelle époque et en quel lieu. C'est pour cela qu'il consulte le Seigneur. L'homme pieux se laisse en tout conduire par la volonté de Dieu.

Cette ville était alors la principale des villes de Juda, les Jébuséens étant encore maîtres de la forteresse de Jérusalem.

2 David y alla donc avec ses deux femmes, Achinoam, de Jezrahel, et Abigaïl, veuve de Nabal, du Carmel.

3 David y conduisit aussi tous ceux qui étaient avec lui, chacun avec sa famille ; et ils demeurèrent dans les villes* d'Hébron.

C'est-à-dire dans les bourgades des environs.

4 Alors les hommes de Juda vinrent à Hébron, et y sacrèrent David*, afin qu'il régnât sur la maison de Juda. En même temps on rapporta à David que les habitants de Jabès-Galaad avaient enseveli Saül.

Samuel avait déjà sacré David, et indiqué par là le choix que Dieu en avait fait ; maintenant le peuple marque par ce nouveau sacre qu'il le met en possession de ses États. (ESTIUS.)

5 Il leur envoya aussitôt des messagers, et leur fit dire : Bénis soyez-vous du Seigneur, vous qui avez usé de cette miséricorde envers Saül, votre seigneur, et l'avez enseveli.

6 Le Seigneur vous le rendra selon sa miséricorde et sa vérité* ; et moi-même je vous récompenserai de l'action que vous avez faite.

Selon sa vérité, c'est-à-dire selon la vérité des promesses qu'il a faites de récompenser les bonnes œuvres.

7 Que vos mains se fortifient, et soyez hommes de cœur ; car, quoique Saül, votre seigneur, soit mort, néanmoins la maison de Juda m'a sacré pour être son roi.

8 Mais Abner, fils de Ner, général de l'armée de Saül, prit Isboseth, fils de Saül, le conduisit par tout le camp,

9 Et l'établit roi sur Galaad, sur Gessuri, sur Jezrael, sur Éphraïm, sur Benjamin et sur tout Israël.

10 Isboseth, fils de Saül, avait quarante ans lorsqu'il commença à régner sur Israël ; et il régna deux ans*. Il n'y avait alors que la seule maison de Juda qui suivit David.

Il régna deux ans en paix, sans guerre avec David, et cinq autres années pleines de troubles et de guerres.

11 Et David demeura à Hébron sept ans et six mois, n'étant roi que de la tribu de Juda*.

David ne commença à régner paisiblement sur Israël et sur Juda que sept ans et demi après la mort d'Isboseth.

12 Alors Abner, fils de Ner, sortit de son camp, et vint à Gabaon avec les gens d'Isboseth, fils de Saül.

13 Joab, fils de Sarvia, marcha contre lui avec les troupes de David, et ils se rencontrèrent près de la piscine de Gabaon. Les armées, s'étant approchées, restèrent en présence : les uns étant d'un côté de la piscine, et les autres de l'autre côté.



COMBAT DES CHAMPIONS D'ISBOSETH ET DE DAVID.

14 Alors Abner dit à Joab : Que quelques jeunes gens s'avancent, et qu'ils s'exercent* devant nous. Joab répondit : Qu'ils s'avancent.

A un combat singulier, afin qu'on puisse juger par le succès de quel côté penchera la victoire. Cet usage était assez fréquent dans l'antiquité.

15 Aussitôt douze hommes de Benjamin, du côté d'Isbaseth, fils de Saül, parurent et se présentèrent ; il en vint aussi douze du côté de David.

16 Chacun d'eux saisit la tête de son adversaire*, et lui enfonça son épée au travers du corps, et ils tombèrent morts tous ensemble ; et ce lieu s'appela le Champ des Vaillants, en Gabaon.

Peut-être à la façon des gladiateurs, qui portaient à cet effet un filet à la main.

17 Il se livra aussitôt un rude combat ; et Abner fut défait avec ceux d'Israël par les troupes de David.

18 Les trois fils de Sarvia, Joab, Abisaï et Asaël, étaient à la bataille. Or Asaël était extrêmement agile à la course, égalant la légèreté des chevreuils qui habitent les forêts.

19 Il s'attacha donc à poursuivre Abner, sans se détourner ni à droite ni à gauche, et sans le quitter jamais.

20 Abner, regardant derrière lui, lui dit : Est-ce vous, Asaël ? Il répondit : C'est moi.

21 Abner lui dit : Allez à droite ou à gauche, et attaquez quelqu'un de ces jeunes gens, et prenez ses dépouilles. Mais Asaël ne voulut point cesser de le poursuivre.

22 Abner répéta encore : Retirez-vous, ne me suivez pas davantage, de peur que je ne sois obligé de vous percer de ma lance, et qu'après cela je ne puisse plus paraître devant Joab, votre frère.

23 Mais Asaël méprisa ce discours, et ne voulut pas s'éloigner. Abner donc, retournant sa lance, le frappa dans l'aine, et le perça d'outre en outre. Il mourut sur-le-champ ; et tous ceux qui passaient par ce lieu où Asaël était tombé mort, s'arrêtaient.

24 Mais Joab et Abisaï continuant à poursuivre Abner qui fuyait, le soleil se coucha lorsqu'ils arrivèrent à la colline de l'aqueduc, qui est vis-à-vis de la vallée, au chemin du désert de Gabaon ;

25 Et les enfants de Benjamin se rallièrent auprès d'Abner ; et, réunis en une seule troupe, ils s'arrêtèrent sur le sommet d'une éminence.

26 Alors Abner cria à Joab : Votre épée frappera-t-elle jusqu'à l'extermination ? Ignorez-vous que le désespoir est dangereux ? N'est-il pas temps enfin de dire au peuple qu'il cesse de poursuivre ses frères ?

27 Joab lui répondit : Vive le Seigneur ! si vous eussiez parlé plus tôt, le peuple se serait retiré dès le matin, et aurait cessé de poursuivre ses frères*.

Les deux chefs montrent un égal empressement pour épargner le sang des ennemis, qu'ils appellent des frères. Les Hébreux, en effet, ne formaient qu'une seule famille, issue d'Abraham et de Jacob. Ce sentiment fraternel donnait à leurs guerres civiles un caractère de ménagement et de douceur qu'on ne trouve chez aucune autre nation.

28 Joab fit donc sonner la retraite, et toute l'armée s'arrêta, et cessa de poursuivre Israël et de le combattre.

29 Or Abner et les siens marchèrent par la campagne toute cette nuit ; et, ayant passé le Jourdain et traversé tout Béthoron, ils revinrent à leur camp.

30 Joab, étant revenu de la poursuite d'Abner, assembla toute l'armée ; et il ne manqua, du côté de David, que dix-neuf hommes, sans compter Asaël.

31 Mais les gens de David frappèrent, du côté de Benjamin et de ceux qui étaient avec Abner, trois cent soixante hommes, qui moururent*.

Ce petit nombre de morts fait voir qu'il y avait eu beaucoup de modération de part et d'autre, même durant le combat.

32 On emporta le corps d'Asaël, et on l'ensevelit dans le sépulcre de son père, à Bethléhem. Et Joab, ayant marché toute la nuit avec ceux qui étaient avec lui, arriva à Hébron au point du jour.

chapitre précédent retour chapitre suivant