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Bible de Jérusalem – 1 Maccabées 16

Victoire des fils de Simon sur Kendébée.

16 Jean monta de Gazara et avertit Simon son père de ce que Kendébée était en train d’accomplir. 2 Simon appela alors ses deux fils les plus âgés, Judas et Jean, et leur dit : « Mes frères et moi, et la maison de mon père, nous avons combattu les ennemisf d’Israël depuis notre jeunesse jusqu’à ce jour, et nos mains ont réussi à sauver Israël maintes fois.

f « les ennemis » 1 Ms grec, lat. ; « les guerres » grec. — Ce Jean est Jean Hyrcan, qui succédera à son père en 134. — Les paroles de Simon rappellent le testament de Mattathias, 2.49s. Cf. également 2.66 ; 12.15 ; 13.3 ; 14.26, 36.

3 Maintenant je suis vieux, tandis que vous, par la miséricorde du ciel,g vous êtes d’un âge suffisant : prenez ma place et celle de mon frère et partez combattre pour notre nation, et que le secours du Ciel soit avec vous. »

g Littéralement « par la miséricorde », la précision est sous-entendue, cf. 2.21.

4 Puis il choisit dans le pays vingt mille combattants et des cavaliers qui marchèrent sur Kendébée et passèrent la nuit à Modîn. 5 S’étant levés le matin, ils s’avancèrent vers la plaine. Et voici qu’une armée nombreuse venait à leur rencontre, fantassins et cavaliers, mais il y avait un torrenth entre eux.

h Peut-être le wadi Qatra, qui passe à 1 km au nord de Qatra, entre Modîn (à 25 km) et Azôtos (v. 10, à 13 km).

6 Jeani prit position en face des ennemis, lui et sa troupe, et, voyant que la troupe craignait de traverser le torrent, il passa le premier. À cette vue, ses hommes à leur tour passèrent après lui.

i Le sujet n’est pas exprimé, mais cela ne peut être Simon, cf. v. 3.

7 Il divisa la troupe (en deux corps) avec les cavaliers au milieu des fantassins,j car la cavalerie des adversaires était fort nombreuse.

j Cette tactique était connue des Anciens et permettait de résister à une cavalerie supérieure en nombre. Nous avons ici la première mention de la cavalerie asmonéenne.

8 Les trompettes retentirent et Kendébée fut mis en fuite avec son armée ; beaucoup tombèrent frappés à mort ; ceux qui échappèrent s’enfuirent vers la forteresse. 9 C’est alors que fut blessé Judas, le frère de Jean. Quant à Jean, il les poursuivit jusqu’à ce que Kendébée arrivât à Kédrôn qu’il avait rebâtie. 10 Ils s’enfuirent jusqu’aux tours qui sont dans les champs d’Azôtos, que Jean incendia. Deux mille d’entre eux succombèrent et il retourna en paix dans la Judée.

Mort tragique de Simon à Dôk. Son fils Jean lui succède.

11 Ptolémée fils d’Aboubos avait été établi stratège de la plaine de Jéricho ;k il possédait beaucoup d’or et d’argent,

k Ptolémée avait-il été nommé par Simon à Jéricho comme Jean à Gazara ? En tout cas cette « stratégie » relevait de la Judée, 9.50, et deviendra l’une des toparchies hérodiennes.

12 car il était le gendre du grand prêtre. 13 Son cœur s’enorgueillit ; il aspira à se rendre maître du pays et formait des desseins perfides contre Simon et ses fils pour les supprimer. 14 Or Simon faisait une tournée d’inspection dans les villes du pays, soucieux de ce qui regardait leur administration. Il descendit à Jéricho, lui et ses fils Mattathias et Judas, l’année cent soixante-dix-sept, au onzième mois qui est le mois de Shebat.l

l Janvier-février 134.

15 Le fils d’Aboubos les reçut par ruse dans une petite forteresse, nommée Dôk,m qu’il avait bâtie. Il leur servit un grand banquet et cacha des hommes dans le fortin.

m Au sommet du mont de la Quarantaine, qui domine Jéricho.

16 Lorsque Simon fut ivre ainsi que ses fils, Ptolémée se leva avec ses hommes et, prenant leurs armes, ils se précipitèrent sur Simon dans la salle du festin et le tuèrent avec ses deux filsn et quelques-uns de ses serviteurs.

n En fait, les deux fils de Simon ne furent mis à mort que plus tard. Ptolémée les gardait comme otages ainsi que leur mère, et Jean Hyrcan, pour épargner leur vie, n’osait trop presser le siège de Dôk. Josèphe nous apprend que Ptolémée profita d’une suspension du siège, les tua et s’enfuit à Philadelphie (Ammân).

17 Il commit ainsi une grande perfidie et rendit le mal pour le bien.

18 Ptolémée en écrivit un rapport qu’il adressa au roi, afin de se faire envoyer des troupes de secours et de lui livrer les villes et la province. 19 Il envoya d’autres émissaires à Gazara pour supprimer Jean, et manda par lettre aux chiliarqueso de venir auprès de lui pour qu’il leur donnât de l’argent, de l’or et des présents.

o C’est-à-dire « chefs de mille », cf. 3.55 ; Jdt 14.12.

20 Il en dépêcha d’autres pour prendre possession de Jérusalem et de la montagne du sanctuaire. 21 Mais quelqu’un, ayant pris les devants, avait annoncé à Jean, à Gazara, que son père et ses frères avaient péri, et il dit : « Il a envoyé quelqu’un pour te tuer toi aussi. » 22 À cette nouvelle, Jean fut tout bouleversé ; il arrêta les hommes venus pour le tuer et les mit à mort, car il savait qu’ils cherchaient à le perdre.p

p D’après Josèphe, Jean Hyrcan se réfugia à Jérusalem où il fut bien accueilli par le peuple qui repoussa Ptolémée. Ce dernier dut faire appel à Antiochus qui vint assiéger la ville mais finit par composer avec Hyrcan. À la mort du roi (129), il se rendit pratiquement indépendant. — L’auteur omet tout cela, car son objet se limitait aux exploits de Mattathias et de ses fils.

23 Quant au reste des actions de Jean, ses combats et les exploits qu’il accomplit, les remparts qu’il construisit et ses autres entreprises, 24 cela est écrit dans le livre des Annales de son pontificat depuis le jour où il devint grand prêtre après son père.q

q Des extraits de ces Annales apparaissent dans l’œuvre de Josèphe. La formule rappelle volontairement celles des livres des Rois, cf. par exemple 2 R 10.20, et se comprend mieux si Jean Hyrcan est déjà mort, donc après 104 av. J.-C.

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