chapitre précédent retour chapitre suivant

Nouvelle Bible Segond – 1 Samuel 1

Premier livre de Samuel

Samuel

Les deux livres de Samuel sont à considérer comme un seul ouvrage. Leur division répond avant tout à des préoccupations pratiques : la commodité de la lecture exigeait que la longueur des rouleaux ne fût pas excessive. On a donc procédé à un découpage simple, le premier livre s’étendant jusqu’à la mort de Saül, le second étant entièrement consacré au règne de David.

Dans leur traduction grecque, qui remonte selon toute vraisemblance au IIe siècle av. J.-C. (voir LXX), les livres de Samuel sont en outre associés à ceux des Rois qui leur font suite et avec lesquels ils constituent les quatre livres des Règnes.

Suivant la classification hébraïque, les livres de Samuel appartiennent aux « Premiers Prophètes ». Cette appellation est bien préférable à celle, plus traditionnelle dans les Bibles françaises et héritée de la traduction grecque, de « livres historiques » (voir l’introduction à l’Ancien Testament). On se méprendrait en effet à considérer ces textes comme de simples annales de la monarchie israélite et de ses origines.

Les deux livres de Samuel, et le second de manière encore plus évidente que le premier, veulent montrer l’action de Dieu dans l’histoire. Leur intention première est théologique. Mais pour autant ils ne ressortissent pas aux genres mythologique ou légendaire. Ils rapportent les faits historiques avec le souci de la précision, au point de ne pas toujours flatter le portrait des principaux acteurs du drame. Grands personnages comme obscurs comparses y sont peints avec vérité, dans leur dimension tout humaine.

L’ensemble de l’œuvre doit son nom à Samuel, le premier des trois grands personnages (les deux autres étant Saül et David) dont le destin organise la composition littéraire – encore que Samuel n’en soit ni l’auteur, ni le sujet principal (cf. 1Ch 29.29).

1 Samuel

La part réservée à Samuel lui-même n’en reste pas moins considérable, puisque huit chapitres lui sont consacrés (2-3 ; 7-9 ; 11 ; 25 ; 28). Samuel est en effet un personnage hors du commun. Issu, comme le juge Samson, d’une naissance miraculeuse, il est lui aussi un nazir, mis à part dès sa jeunesse pour le service de Dieu (comparer Jg 13.3-7 ; 16.17 avec 1S 1.11-20). A l’instar d’Eli, le prêtre-juge de Silo, il sera serviteur du SEIGNEUR (YHWH) : en sa qualité de prêtre il portera l’éphod et veillera sur le coffre sacré. Ce sera en outre le dernier des grands juges (cf. 1S 2.18 ; 3.1 ; 7.15). A ces qualifications sont encore ajoutées celle de voyant (9.9ss,19) ou de prophète, c’est-à-dire de porte-parole du SEIGNEUR (3.1,20).

Le récit de la naissance de Samuel, comme pour souligner sa future compétition avec le roi Saül (en hébreu Shaoul, le « demandé »), explique le nom de Samuel par la même étymologie : il sera toute sa vie shaoul (= demandé, ou « requis ») pour le SEIGNEUR (1.27-28n).

Le livre montrera par la suite comment les projets humains diffèrent des dispositions de Dieu : le brillant Samuel ne sera ni le roi attendu, ni davantage le prêtre fidèle qui assurera la succession d’Eli (2.35). Mais il reste pour l’histoire celui par qui sont faits les rois.

La crise ouverte et l’appel à la monarchie

Le désir d’instaurer la royauté en Israël et l’exaucement de ce désir ne laissent pas de surprendre. Selon les récits bibliques, en effet, jusque-là Israël n’avait jamais été dirigé que par des chefs charismatiques, de grands inspirés agissant pour une période longue ou courte sous l’impulsion du Souffle ou Esprit divin.

L’épisode cruel de la tentative monarchique d’Abimélek et la vigoureuse satire dont elle fit l’objet de la part de son jeune frère Jotam (Jg 8-9) appartiennent à la génération précédente. Le premier livre de Samuel a parfois des accents de la même tonalité, antiroyalistes ou du moins critiques envers la monarchie (1S 8 ; 10.17-25 ; 12). Comment expliquer cependant le changement de régime ? L’histoire biblique va mettre en avant le péril philistin, que ne saura écarter ni le gouvernement d’une prêtrise corrompue, ni le coffre sacré pris comme fétiche.

Une famille sacerdotale décadente : les Elides

La dignité de la prêtrise, notion très haute en Israël, est tristement discréditée par les agissements des successeurs désignés du vieux prêtre Eli. En effet, les deux fils de ce dernier sont des irresponsables indignes de leur charge. Pour autant qu’il n’appartient pas aux humains de corriger un désordre parmi les prêtres, c’est le jugement de Dieu qui s’exercera directement contre eux (2.25).

La sentence sera en effet prononcée par un homme de Dieu (2.27). Celui-ci annoncera des disparitions prématurées dans la descendance d’Eli, à commencer par celle des deux fils coupables (2.34). L’horrible massacre de Nob s’y profile déjà, où tous les descendants d’Eli, sauf un, périront (chap. 21). Seul Abiathar, le fidèle compagnon de David, survivra. Mais Abiathar sera finalement destitué par Salomon (1R 2.26s).

La place sera désormais libre pour le chapelain de Salomon, Tsadoq (1R 1.32,38). Lui et les siens - les Tsadoqides ou Sadocides, auxquels se rattachaient encore, par l’idéologie sinon par la généalogie, les sadducéens du Nouveau Testament - auront la haute main sur le sanctuaire de Jérusalem pendant 400 ans. Tsadoq est celui dont Dieu disait : Je susciterai pour moi un prêtre sûr ; il agira selon mon cœur et selon mon âme... il marchera toujours devant l’homme qui aura reçu mon onction (1S 2.35).

Le coffre sacré : une aide ou un piège ?

L’inflation de la spiritualité se trahit dans le fétichisme du coffre sacré (l’« arche de l’alliance »). Les traditions rapportées en 1S 4-6 donnent une description très pédagogique de ce qu’il advient de la « religion » quand le rite l’emporte sur la foi vivante. Israël défait s’estime abandonné par YHWH, son Seigneur. Aussi, pour contraindre le Dieu d’Israël à rallier quand même le parti de son peuple en lui octroyant la victoire militaire, on le va quérir, manu militari, dans son sanctuaire de Silo (4.3s). On s’empare donc du coffre de l’alliance, le trône symbolique du SEIGNEUR (YHWH) des Armées qui est assis sur les keroubim (4.4), pour le conduire à pied d’œuvre, sur le champ de bataille, comme on déposerait un chat devant une souris. Mais l’ironie mordante du chroniqueur ne fait que commencer. Car les Philistins entrent dans le jeu de cette mauvaise théologie et considèrent la capture du coffre sacré comme un objectif tactique : ils parviennent à s’emparer du Coffre. Israël est consterné : La gloire est exilée (4.21). C’est alors l’épisode drolatique de la querelle d’influence entre l’idole de Dagôn ou Dagân, le dieu cananéen adopté par les Philistins (5.5n), et le coffre sacré du Dieu des Hébreux, qui se montre tout de même le plus fort. Au bout du compte, le Coffre restitué va occuper une position d’attente, en zone neutre, avant que les nouvelles institutions, celles de David, ne viennent l’établir dans son lieu et dans son honneur, à Jérusalem (6.1-7.1).

Les Philistins, aiguillon de l’union fédérative

Un facteur déclenchant, donc, est désigné pour l’institution de la monarchie en Israël : le péril philistin.

L’histoire biblique avait pu laisser entendre que, dans les débuts, une certaine coexistence pacifique s’était établie entre les habitants du pays, les Amorites ou Cananéens (cf. Gn 9.18n ; 10.16n) et les Israélites (Jg 1.27-35). Les Philistins ne peuvent cependant être assimilés aux Cananéens, puisqu’ils appartiennent aux « peuples de la mer ». Ainsi dénomme-t-on dans les archives égyptiennes ces ethnies nord-balkaniques et chypriotes qui, poussées par les mouvements de population en Europe centrale, déferlent sur la côte orientale de la Méditerranée, depuis l’Egypte jusqu’à la Syrie, vers le milieu du XIIIe siècle av. J.-C. Parmi ces peuples, les Philistins de la Bible ; c’est d’ailleurs de leur nom que dérive celui de Palestine. La notice de Josué 13.3 signale simplement leur présence, ainsi que leur organisation typique en cinq principautés, à l’instar de bien des cités-Etats de l’époque. Le premier livre de Samuel indique à deux reprises leur degré d’avancement technologique, en soulignant qu’ils en sont déjà à l’âge du fer, tandis qu’Israël en est encore à celui du bronze (1S 13.19-22 ; 17.7 ; cf. Jg 1.19).

Nul doute qu’en dépit de l’optimisme hâtif de 1 Samuel 7.13, la déroute des Philistins après l’assemblée du Mitspa n’aura été qu’une péripétie. Car le péril philistin devient alors si pressant que la sécurité des frontières requiert un dispositif de défense nouveau, celui qu’apportera l’institution de la royauté. Celle-ci deviendra le gage, aux côtés d’un ministère prophétique correctement assumé (et Samuel n’y faillira pas), d’une nouvelle et plus grande proximité de Dieu. Le gouvernement du SEIGNEUR (YHWH) deviendra ainsi plus visible puisque le roi sera celui qu’il a lui-même consacré par l’onction.

C’est ainsi qu’au lendemain de son onction royale sur tout Israël,et grâce à la consultation de YHWH qui lui accordera une révélation particulière, David réussira à écarter pour longtemps le péril philistin (2S 5.3,17-25).

Le premier roi : Saül de Guibéa

L’histoire politique avance rarement par mutations brusques. On observe généralement des signes avant-coureurs, puis des résistances et seulement en fin de compte le triomphe de la tendance la plus forte. Ainsi se présentent les chapitres 8 à 12 de 1 Samuel.

Récriminations contre la vénalité des fils de Samuel, indignes d’être juges (tout comme les fils d’Eli, au chapitre 2, étaient indignes d’être prêtres) ; demande d’un véritable roi ; dépit de Samuel. La réaction du prêtre-juge Samuel se manifeste avec la description du droit du roi (chap. 8), sa propre demande de quitus (12.1-5) et la doctrine toute neuve en Israël de la royauté de droit divin (12.6s).

L’avènement du shaoul, le prince « demandé », est rapporté dans un genre littéraire beaucoup plus frais, avec le beau fragment que certains appellent le « conte des ânesses ». L’accent y est mis sur la force du souffle divin qui revêt invinciblement Saül, ce jeune homme de bonne famille, bien nourri (9.1s), bien élevé (9.7), neveu d’un propriétaire aisé (les ânes étaient à cette époque des montures de choix), que tout désignait pour porter le diadème (chap. 9-10).

A Yabesh de Galaad (chap. 11) commence la chanson de geste sur Saül, le roi chevaleresque. Ce n’est pas un hasard si la fin de sa biographie voit réapparaître les mêmes Yabeshites venus décrocher leur sauveur cloué sur la muraille d’une ville égypto-philistine pour lui donner, chez eux, une sépulture digne de l’homme qui avait reçu l’onction du SEIGNEUR (31.8-13 ; 2S 1.14).

Le déclin de Saül...

Saül n’est pas un personnage de second ordre. Le caractère tragique, et à bien des égards énigmatique, de son destin, ne doit pas faire oublier qu’humainement, sans lui, David n’était rien. Son règne a tourné court parce qu’il ne s’est pas toujours montré à la hauteur de la situation : par deux fois c’est son fils Jonathan qui lui a sauvé la mise (1S 13.1s ; 14.13-15). Lorsque, dans une sorte de terreur sacrée, Saül se hasarde à prendre des dispositions d’ordre religieux qui ne sont pas de son ressort (13.12 ; 14.24,38-44), il commet l’erreur de sa vie : il perd à la fois le soutien de Samuel et celui de Dieu.

Toutefois, le récit laisse aussi entrevoir les aspects positifs de son action pacificatrice : après Ammon (chap. 11), ce sont Moab, Edom, Amalec, et bien sûr les Philistins qui sont tenus en respect (14.47).

Mais la petite cour de Guibéa, où les postes de gouvernement sont distribués dans la famille, n’est pas appelée à durer, même si les pages sur Jonathan font regretter qu’il n’ait pas pu prendre la succession de son père après que celui-ci eut sombré dans la démence.

... et l’ascension de David

Une brève notice, en 14.52, annonce l’entrée de David dans le cercle familial : Tout homme vaillant et fort que Saül remarquait, il se l’adjoignait. C’est ce qui advient à David après sa victoire sur Goliath (17.55-58).

Dès cet instant, un malaise s’insinue dans le récit, car le lecteur sait ce que Saül ignore et ignorera toujours : l’élection de David, dévoilée par l’épisode de son onction secrète à Beth-Léhem. Mais entre le choix de Dieu que Samuel est quasiment seul à connaître (1S 16.2,7,12) et la gloire des intronisations futures, à Hébron puis à Jérusalem, bien des péripéties vont encore opposer les deux rois, celui que le peuple avait « demandé » (Shaoul = Saül) et celui qui lui est octroyé selon le cœur de Dieu (13.14).

Les années du mûrissement

Certaines images romantiques du « jeune enfant à la fronde » collent mal à la réalité des récits concernant la corégence secrète de David. Un laps de temps considérable a dû s’écouler entre l’onction de Beth-Léhem et l’apparition du jeune champion sur le champ de bataille d’Ephès-Dammim (16 ; 17). Dès le sommaire de 1 Samuel 18.5, David apparaît comme un valeureux chef de guerre. De fait, sa « royauté » est plébiscitée par le chant des femmes (18.7 ; 23.8), ce qui déclenche chez Saül une jalousie mortelle. Jusqu’à sa mort, Saül gaspillera ses forces à imaginer divers moyens d’éliminer David. Mais ce dernier n’est pas seulement le Bien-Aimé (c’est le sens de son nom !) des foules, il est d’abord celui de Dieu. Aussi bien toutes les intrigues de palais et tous les raids militaires à son encontre sont-ils voués à l’échec.

De son côté, David va mettre à profit toutes ces années de dissidence pour se conquérir un royaume. Il a dû simuler la folie pour s’introduire à la cour philistine du roi de Gath (chap. 21). Là, il va se constituer un commando de près d’un millier d’hommes avec lequel, à la manière d’un Robin des Bois, il se livrera à diverses opérations de redresseur de torts. En distribuant également le butin à tous, il se rend populaire (30.26ss). Rien d’étonnant, dès lors, au ralliement de tout Israël à sa couronne (2S 5). Car l’influence de David est plus étendue que celle du roi en place. Saül, en effet, n’a jamais exercé son autorité que sur quatre tribus : Benjamin (la sienne), Ephraïm, Gad et Manassé.

Si le désastre de Guilboa, avec la mort de Saül et de ses trois fils (1S 31), était inexorable (cf. 28.7ss), il est aussi l’occasion de réaffirmer la dignité royale de Saül. David n’a-t-il pas toujours reconnu en lui l’authentique « messie » du SEIGNEUR (YHWH), celui que Dieu lui-même avait consacré par l’onction (24.7 ; 26.16 ; 2S 1.14) ?

2 Samuel

Le deuxième livre de Samuel poursuit la narration avec l’annonce de la mort de Saül et toutes ses conséquences. Bien loin de se réjouir de la disparition d’un rival devenu un véritable ennemi, David entonne une ode funèbre qui compte parmi les morceaux les plus poignants de la littérature de tous les temps (2S 1.19-27). Cet épisode vient clore une série d’incidents où était en cause le caractère sacré du roi revêtu de l’onction divine.

A Eïn-Guédi, comme déjà dans le désert de Ziph, David avait refusé de porter la main sur la personne royale. Maintenant, quand un pilleur de cadavres vient se vanter d’avoir tué Saül, David le fait immédiatement châtier. Cette loyauté envers Saül va se prolonger dans le comportement de David à l’égard des descendants du roi défunt. Lorsque le fils de Saül, Ish-Bosheth, ou son petit-fils Mephibosheth, seront en danger, David manifestera le même respect pour l’ancienne maison royale, fût-elle tombée en disgrâce.

Sept ans d’incertitudes

Après le désastre de Guilboa, la situation du pays était redevenue précaire. Toute l’œuvre de Saül se trouvait compromise par un fort risque d’éclatement de la petite fédération des tribus du Nord. A ce moment-là, deux hommes ont le réflexe prompt. C’est d’abord Abner, cousin de Saül et général en chef de son armée, qui, sans perdre un instant, installe sur le trône un fils de Saül au curieux nom d’Ish-Bosheth (voir 2S 2.8n) et en déplace les quartiers en Transjordanie, au lieu-dit Les Deux Camps (Mahanaïm), sur le Yabboq.

Mais c’est aussi Akish, le prince philistin de Gath, qui joue David (son allié, cf. 1S 27) contre la maison de Saül. Et voici David qui s’établit à Hébron, la cité des patriarches, également connue comme ville de refuge attribuée aux lévites et chef-lieu du clan de Caleb. Aussitôt les chefs de tout Juda viennent l’oindre comme roi (2S 2.2). Ce sera la deuxième onction de David, après le sacre privé de Beth-Léhem (1S 16.7). Cette onction sera d’ailleurs suivie d’une troisième, cette fois sur toutes les tribus d’Israël, en conclusion d’un processus d’unification mis en place par Abner. Cet homme fort de la cour d’Ish-Bosheth s’apprête en effet à trahir son petit roi falot dans l’intérêt supérieur de David et du peuple tout entier (2S 3). Car la guerre civile sévit entre les partisans des deux princes  ; et le charisme, tellement manifeste chez David, fait complètement défaut à l’autre. Au demeurant, tant Abner qu’Ish-Bosheth vont connaître une fin brutale, sans que David y soit pour rien.

De secrète qu’elle était à Beth-Léhem (1S 16), l’élection de David est maintenant devenue manifeste.

Jérusalem, Ville de David

Pendant tout ce temps-là, l’antique cité cananéenne de Jébus était demeurée une enclave autonome à l’intérieur du territoire occupé par les clans de Juda (tout près de Benjamin) jusqu’à la conclusion, voulue par Dieu, de cette alliance unitaire qui désigne David comme souverain légitime de Juda et d’Israël.

Dès lors, il devenait évident que la capitale ne pouvait demeurer à Hébron, trop judéenne et trop au sud. Un audacieux coup de force va permettre à David de se rendre maître de Jébus-Jérusalem (2S 5.6n). Il sera l’œuvre de Joab, un cousin de David, qui commande l’armée.

Ambitieux et résolu, Joab se porte volontaire pour exécuter le plan imaginé par David. Il s’introduit par surprise à l’intérieur de la forteresse de Jébus, sans doute en passant par le tsinnor (2S 5.6-8 ; 1Ch 11.6 ; voir « Le tsinnor »).

Le coffre sacré à Jérusalem

La section qui s’étend de 2 Samuel 5.23 à 7.22 met successivement le lecteur en présence de trois modes de communication avec YHWH. Un crescendo s’établit en effet depuis la consultation de l’éphod (5.23) jusqu’à la construction de la maison du SEIGNEUR, c’est-à-dire le temple (7.2), en passant par l’étape intermédiaire de l’installation du coffre de l’alliance sous un simple dais de toile (6.17).

Le livre de Samuel fourmille d’allusions au rituel de l’éphod. Cette consultation, fort longue, consistait sans doute en une sorte de tirage au sort. Un certain nombre de jetons appelés ourim et toummim (voir Ex 28.30n), peut-être marqués de la première et de la dernière lettre de l’alphabet hébreu, étaient tirés de façon à donner une réponse positive, négative ou nulle (voir 1S 14.18n ainsi que le v. 37 où le silence de Dieu répond à la faute de Saül ; cf. 1S 10.22 ; 21.10 ; 23.9-12 ; 30.8 et 2S 2.1 ; 5.23 ; 16.23).

On recourait volontiers à l’éphod lorsqu’il était difficile d’accéder au trône symbolique de Dieu : le coffre aux keroubim. Mais David lui préfère la présence du Coffre. Il organise tout un cérémonial liturgique et, à la tête de 30 000 hommes, ramène le Coffre de Qiriath-Yéarim, où il était relégué, à Jérusalem. L’affaire ne s’est pas déroulée sans incident (2S 6.6-9). Finalement, après trois mois d’attente, c’est à Jérusalem l’intronisation du roi véritable : non point David, mais YHWH lui-même. Les accents du psaume 24 peuvent donner une idée de la signification d’un tel événement.

Le chapitre 6 fait écho à l’instruction du Deutéronome (12.1-19) sur le lieu choisi par Dieu pour l’établissement de sa demeure. Il prélude à l’installation définitive du temple voulu par David et construit par Salomon sur l’aire d’Aravna.

Où donc se trouvait l’aire de cet Aravna (le roi déchu de Jébus ? cf. 2S 24.23n) à qui David achète l’emplacement du futur autel du temple ? Très probablement au sommet de la colline où brille aujourd’hui le Dôme du Rocher. Jérusalem, en effet, recouvrira rapidement les deux sites : la Ville de David et l’emplacement du temple de Salomon, que les Chroniques n’hésitent pas à appeler mont Moriya (2Ch 3.1 ; voir Gn 22.2). Désormais, Jérusalem est la capitale spirituelle autant que politique. Elle est prête pour son destin de centre théologique du monde.

Le Dieu qui construit la Maison : 2 Samuel 7

A l’époque de David, aussi bien en Egypte qu’en Assyrie, l’idéologie royale associait la construction d’un temple à la fondation d’une dynastie. On est en droit de supposer que la conversation entre David et Nathan, le prophète de cour, se situait tout d’abord dans cette même perspective.

Mais dans la nuit Nathan a une vision. De la part de Dieu il reçoit un message destiné à David comme aux générations futures : Dieu se refuse à se laisser honorer, fût-ce par la construction d’un palais de cèdre, pour satisfaire la gloriole d’un jeune roi encore mal assuré dans son empire. Le temple ne peut être la chose d’une tribu (v. 7) ; Dieu s’en réserve l’initiative. Mais que David se rassure : la faveur dans laquelle le SEIGNEUR l’a toujours tenu lui vaudra l’assurance de se trouver à la tête d’une dynastie vraiment stable. C’est elle – sa maison – qui sera affermie pour toujours (v. 16). Le chapitre joue sans cesse sur le double sens du mot maison, qui n’y revient pas moins de quinze fois.

La figure idéale de Salomon est nettement perceptible au v. 13. Il sera le descendant pacifique du trop sanglant David (cf. 1R 5.15 ; 1Ch 22.8// ; 28.3). C’est donc à Salomon qu’échoira l’honneur d’être le grand bâtisseur du symbole permanent de la présence de Dieu parmi son peuple. A plus long terme, les messianismes juif et chrétien s’enracineront dans ce message prophétique. Les généalogies de Jésus (Mt 1 et Lc 3) témoigneront encore, vers la fin du Ier siècle de notre ère, de l’importance attachée à l’appartenance de Jésus à la lignée de David (cf. Rm 1.3). Dans les évangiles, du reste, Jésus ne récuse pas le titre de « Fils de David », même s’il en discute la signification (Mc 10.47s// ; 12.35ss//).

Scandale à la cour : l’affaire Bethsabée

Jusqu’ici, l’histoire de David est marquée par une étonnante série de succès. Ouvertement, ou de manière sous-entendue, ceux-ci sont à mettre au compte de son élection : il est le roi choisi et aimé de Dieu. Que va-t-il maintenant advenir du nouveau prince de Juda et d’Israël, roi de Jérusalem, gardien du coffre sacré et fondateur de la dynastie messianique ? Dans le relâchement de la prospérité, livré à lui-même, David va sombrer dans le crime le plus vulgaire : un adultère accompagné d’un meurtre. Cette page ne se raconte pas ; il faut la lire. L’art du conteur y atteint à plusieurs reprises une douloureuse finesse qui témoigne aussi bien de sa sympathie pour David que de sa consternation (2S 11-12).

Mais c’est aussi, comme toujours dans la littérature prophétique, une page de théologie. La parabole judiciaire énoncée par Nathan met complètement hors de cause la jeune femme. Elle était l’unique brebis du pauvre, dont le riche, par foucade ou par bravade, s’est emparé sans réfléchir. On perçoit ensuite, dans l’étrange comportement de David à la mort de l’enfant de l’adultère, les linéaments d’une théologie du pardon, humainement insoupçonnée. Ce pardon fera rentrer David et Bethsabée en légitimité : le jeune Salomon, leur fils puîné, est dès lors habilité à devenir un jour l’héritier de la couronne. Son second nom, Yedidia, revêt la même signification que celui de David, ce qui est un fort indice de sa destinée future (12.24-25n).

Les cheveux d’Absalom

On aurait tort de reporter sur les dynasties orientales du premier millénaire av. J.-C. les habitudes de pensée que nous avons pu contracter, par exemple, en étudiant les rois de France. Ainsi le principe de primogéniture n’y est pas déterminant. C’est l’action de la mère, c’est la préférence du roi régnant, c’est la faveur divine qui déterminent les successions au trône. Cela laisse le champ libre aux plus ténébreuses intrigues de cour. L’histoire d’Absalom en fait partie (chap. 13-18).

Comment David a-t-il été réduit à cette extrémité : fuir Jérusalem, pleurer sur cette ville qu’il contemple depuis le mont des Oliviers (2S 15.30) ? C’est ce que le lecteur aurait peine à comprendre s’il ne se souvenait de la terrible prophétie proférée par Nathan après le meurtre d’Urie (2S 12.10-12). David usé, David désabusé, David trahi, est ici la victime apparente d’un complot ourdi par l’ambition d’une famille sacerdotale, celle d’Abiathar. C’est elle qui tire les ficelles à la cour et favorise les menées démagogiques d’un adonis : Absalom, le troisième fils de David.

Soignant son apparence physique, prêtant l’oreille aux mécontents, promettant à ses supporters de prochaines distributions de bénéfices, Absalom pratique la démagogie avec un art consommé (2S 15.2ss).

A vues humaines, David est perdu. Mais l’historiographie prophétique ne rapporte ces faits que pour mieux assener la leçon de la royauté divine : Dieu est avec David, qui survivra donc à toutes les embûches. Et le fils félon mourra d’une manière ignominieuse, pris par ses trop longs cheveux dans la ramure d’un grand arbre en la forêt transjordanienne d’Ephraïm (2S 18.6-15 ; cf. 17.21,24).

Les successeurs de David ne seront pas tous à sa hauteur : l’établissement sur la terre de la monarchie divine essuiera encore bien des revers. Pourtant le règne de David et la prophétie de Nathan resteront pour toujours le noyau d’une espérance dont la portée finira par dépasser les perspectives de la royauté nationale.

Annexes aux livres de Samuel

Après l’aventure tragique d’Absalom et les règlements de comptes qui s’ensuivent (chap. 19–20), le second livre de Samuel s’achève sur une série de fragments rattachés à divers titres au règne de David. On y trouvera, entre autres :

  • une famine attribuée à la violation d’un pacte (cf. Jos 9) et son issue cruelle, où s’illustre le courage désespéré d’une veuve (21.1-14) ;
  • des faits d’armes des preux de David, qui rappellent plus d’un exploit de leur roi (21.15ss ; 23.8ss) ;
  • un échantillon de l’œuvre de David poète, annonçant la grande tradition des Psaumes (22.1–23.6 ; cf. Ps 18) ;
  • la mystérieuse histoire du recensement : une faute humaine apparemment voulue par Dieu, un châtiment divin choisi par l’homme conduisent à l’endroit même où s’élèvera bientôt le temple (chap. 24 ; voir 1R 6).

Anne au temple de Silo

1 Il y avait un homme de Ramataïm-Tsophim, de la région montagneuse d'Ephraïm, nommé Elqana, fils de Yeroham, fils d'Elihou, fils de Tohou, fils de Tsouph, Ephratite, [Il y avait... : cf. 9.1 ; Jg 13.2 ; 17.1 ; 19.1. – Ramataïm-Tsophim (ou Ramataïm-des-Tsouphites, ou encore Ramataïm-des-Guetteurs) : sans doute un autre nom de la localité de Rama, mentionnée au v. 19, puis en 2.11 ; 7.17 etc., et située dans la région montagneuse d'Ephraïm (cf. Jos 17.15). Certains considèrent que seul Ramataïm est une variante de Rama, et modifient le mot suivant pour lire Tsouphi (c.-à-d. le Tsouphite), qu'ils rapportent à Elqana... fils de Tsouph. – Elqana : cf. 1Ch 6.11s. – Ephratite peut être compris comme un équivalent d'Ephraïmite (ainsi LXX ; cf. Jg 12.5n ; 1R 11.26) ou comme indiquant l'appartenance au clan judéen d'Ephrata, plusieurs fois associé à la région de Beth-Léhem (cf. 1S 17.12 ; Rt 1.2). Cf. 1Ch 6.18-23.]2 qui avait deux femmes. Le nom de l'une était Anne et le nom de la seconde Peninna ; Peninna avait des enfants, mais Anne n'en avait pas. [Anne : hébreu Hanna, qui signifie gracieuse. Le nom de Peninna semble évoquer le « corail » ou la « perle ». Les termes grâce et perle sont rapprochés dans la maxime de Siracide 7.19, selon le texte hébreu : « La grâce vaut mieux que les perles. » – Le thème de la rivalité entre deux épouses, dont l'une est féconde et l'autre stérile, se trouve également en Gn 16 ; 29.30s ; 30.1s.]3 Chaque année, cet homme montait de sa ville à Silo, pour se prosterner devant le SEIGNEUR (YHWH) des Armées et pour lui offrir des sacrifices. Là se trouvaient les deux fils d'Eli, Hophni et Phinéas, prêtres du SEIGNEUR. [Chaque année : litt. de jours en jours, comme en 2.19 ; Ex 13.10 ; Jg 11.40 ; 21.19. Il s'agit de l'un des pèlerinages annuels, probablement celui d'automne ; voir aussi Ex 23.17 ; Dt 16.16 ; Lc 2.41. – montait : le verbe monter, outre sa valeur ordinaire (Rama était située géographiquement plus bas que Silo), a parfois dans la Bible une valeur théologique, c'est se rendre au sanctuaire, donc s'approcher de Dieu (cf. Jg 1.9n). – Silo : localité dont le sanctuaire abritait alors le coffre de l'alliance (3.3 ; voir aussi Jos 18.1 ; Jg 21.19ss). – le SEIGNEUR (YHWH) des Armées : première occurrence dans la Bible de ce nom ou titre divin (hébreu YHWH tseva'oth) ; voir aussi 4.4 ; 2S 5.10 ; 6.2 ; Es 1.9n. – Voir prêtre.]

4 Le jour où Elqana offrait son sacrifice, il donnait des parts à sa femme Peninna, ainsi qu'à tous les fils et filles de celle-ci. [des parts : dans le cas du sacrifice de paix (Lv 3), la majeure partie de la viande revenait au propriétaire de l'animal offert, qui la mangeait en compagnie de sa famille et de ses proches ; cf. Dt 12.18.]5 Mais il donnait à Anne une part d'honneur ; car il aimait Anne, bien que le SEIGNEUR l'eût rendue stérile. [une part d'honneur : traduction probable d'une expression unique en hébreu, dont le sens n'est pas assuré, litt. une part de deux narines (ou de visage). On a parfois pensé que cela pourrait signifier avec déplaisir, car le nez était associé à l'idée de colère ; il semble plus probable qu'il s'agissait de quelque chose qu'on ose présenter devant le visage de quelqu'un, c.-à-d. une part honorifique. Le grec a lu à Anne, il ne donnait qu'une seule part, car elle n'avait pas d'enfant, bien qu'il l'aimât. – l'eût rendue stérile : litt. eût fermé sa matrice ; de même au v. 6. Dans la perspective des temps bibliques, c'est Dieu qui rend une femme féconde ou stérile, cf. Gn 16.2 ; 29.31 etc.]6 Sa rivale ne cessait de la contrarier, parce que le SEIGNEUR l'avait rendue stérile. [de la contrarier : cf. Gn 16.4-6.]7 D'année en année il faisait ainsi, et chaque fois qu'Anne montait à la maison du SEIGNEUR Peninna la contrariait de la même manière. Alors elle pleurait et elle ne mangeait pas. [il (Elqana) faisait ainsi : cf. v. 4s. – Anne montait : litt. elle montait ; Vg a lu le pluriel ils montaient. – Peninna la contrariait : litt. elle la contrariait.]8 Elqana, son mari, lui dit : Anne, pourquoi pleures-tu ? Pourquoi ne manges-tu pas ? Pourquoi ton cœur est-il triste ? Est-ce que je ne vaux pas mieux pour toi que dix fils ? [mieux... que dix fils : cf. Rt 4.15.]

9 Après qu'ils eurent mangé et bu à Silo, Anne se leva. Eli, le prêtre, était assis sur son siège, près du montant de la porte du temple du SEIGNEUR. [Litt. après avoir mangé à Silo et après avoir bu... ; LXX après qu'ils eurent mangé à Silo, Anne se leva et elle se tint devant le Seigneur ; au lieu de à Silo, certains croient devoir lire après avoir mangé la viande bouillie (cf. 2.13) ou Anne se leva toute seule. – sur son siège : litt. sur le siège (cf. 4.13) ; le terme désigne aussi le trône du roi. – Voir temple.]10 Elle, amère, se mit à prier le SEIGNEUR et à pleurer abondamment. 11 Elle fit un vœu, en disant : SEIGNEUR (YHWH) des Armées, si tu daignes regarder mon affliction, si tu te souviens de moi et ne m'oublies pas, si tu me donnes une descendance, à moi qui suis ta servante, je le donnerai au SEIGNEUR pour tous les jours de sa vie, et le rasoir ne passera pas sur sa tête. [Elle fit un vœu : cf. Nb 30.2-6 ; Ps 50.14. – une descendance : litt. une descendance d'hommes, expression unique dans la Bible ; on comprend habituellement un enfant mâle. – ta servante : le mot hébreu correspondant (aussi au v. 16) peut aussi désigner une esclave. Ici il s'agit simplement d'une formule de politesse courante ; cf. 25.41n ; Gn 12.16n ; 18.3n ; Ex 21.7n. – le rasoir ne passera pas... : les cheveux non coupés étaient un signe de la consécration d'un homme au service de Dieu ; cf. Nb 6.5 ; Jg 5.2 ; 13.5 ; 16.17. Samuel est explicitement désigné comme nazir dans LXX, dans un ms de Qumrân et en Siracide 46.13 (selon le texte hébreu) : « Aimé de son peuple et agréable à son créateur, celui qui fut demandé dès le sein de sa mère, consacré (== nazir) au Seigneur dans la fonction prophétique, Samuel juge et prêtre. » (Voir aussi « Samuel dans le Siracide »).]12 Comme sa prière se prolongeait devant le SEIGNEUR, Eli observait sa bouche. 13 Anne parlait dans son cœur ; seules ses lèvres remuaient, mais on n'entendait pas sa voix. Eli pensa qu'elle était ivre. [dans son cœur : litt. sur son cœur. – ivre : à la suite du repas sacrificiel (cf. v. 9).]14 Il lui dit : Jusqu'à quand resteras-tu ivre ? Va cuver ton vin ! [Va cuver ton vin : litt. éloigne ton vin de dessus toi.]15 Anne répondit : Mon seigneur, je ne suis pas une femme entêtée, et je n'ai bu ni vin ni boisson alcoolisée ; je me répandais devant le SEIGNEUR. [entêtée : litt. dure d'esprit, c.-à-d. avec qui on ne peut pas discuter ; l'expression hébraïque correspondante a souvent été comprise comme signifiant affligée, ou désespérée. On pourrait aussi traduire non (je ne suis pas ivre), mon seigneur ; je suis une femme obstinée, mais je n'ai bu ni vin...ni vin ni boisson alcoolisée : cf. Lv 10.9n ; Nb 6.3 ; Jg 13.4 ; Pr 20.1 etc. – je me répandais : autres traductions je répandais mon âme (cf. Gn 1.20n) ; je m'épanchais ; cf. Ps 62.9.]16 Ne me prends pas, moi, ta servante, pour une femme sans morale, car c'est l'excès de ma douleur et de ma contrariété qui m'a fait parler jusqu'ici. [femme sans morale : litt. fille de Bélial, cf. 2.12n ; Dt 13.14n. – c'est l'excès... qui m'a fait parler : cf. Ps 50.15 ; 120.1.]17 Eli répondit : Va en paix ; que le Dieu d'Israël te donne ce que tu lui as demandé ! [Cf. Ph 4.6s. – Voir paix.demandé : ce verbe, qui réapparaît aux v. 20,27,28n, est le fil conducteur de la fin du chap. ; voir aussi 2.20.]18 Elle dit : Je suis ta servante ; que je trouve toujours grâce à tes yeux ! Puis elle repartit. Elle mangea, et son visage ne fut plus le même. [que je trouve toujours grâce... : cf. Gn 33.15n ; le texte joue peut-être sur le mot hébreu hén == grâce, qui est apparenté au nom d'Anne (v. 2n). – Puis elle repartit : litt. et la femme alla sur son chemin. – son visage ne fut plus le même : litt. son visage (celui qu'elle avait présenté jusqu'alors) ne fut plus à elle.]19 Ils se levèrent de bon matin et, après s'être prosternés devant le SEIGNEUR, ils rentrèrent chez eux, à Rama.

Elqana eut des relations avec sa femme Anne, et le SEIGNEUR se souvint d'elle.[eut des relations avec : litt. connut, cf. Gn 4.1n.]

Repères chronologiques depuis Cyrus le Grand jusqu’à Juda le Prince (de 539 av. J.-C. à 200 apr. J.-C.)

Selon l’usage classique, les références à l’historien juif Flavius Josèphe comportent : les initiales du titre latin de l’ouvrage (A.J. = Antiquités judaïques ; B.J. = Guerre des Juifs) suivies d’un chiffre romain en capitales, d’un second en minuscules, enfin d’un chiffre arabe. Nous indiquons entre crochets la numérotation moderne des paragraphes.

Grèce

492expédition de Darius Hystaspe contre les Grecs
490à Marathon les Perses sont battus par les Grecs commandés par Miltiade
480Xerxès attaque la Grèce (Dn 11.2) ; bataille des Thermopyles et mort de Léonidas ; bataille d’Artémision et prise d’Athènes ; bataille navale de Salamine  ; Thémistocle bat les Perses
479à Platée, le Perse Mardonios est battu par les Grecs de Pausanias ; le même jour, les Perses perdent la bataille de Mycale
380Xénophon écrit l’Anabase, témoignage vécu racontant une phase de son combat contre les Perses et les barbares
336Alexandre succède à son père, Philippe de Macédoine, franchit l’Hellespont (les Dardanelles) avec 40 000 hommes, défait les Perses sur le Granique (334) et Darius Codoman, leur roi, à la bataille d’Issos (333), puis à Arbélès où celui-ci est tué (331) ; fin de la domination perse (330 ; cf. Dn 7)
323 mort d’Alexandre le Grand à Babylone ; partition de l’empire grec en quatre royaumes par les généraux d’Alexandre (cf. Dn 8.8)
  1. Macédoine et Grèce dévolues à Cassandre ;
  2. Thrace à Lysimaque ;
  3. Syrie et Babylone à Séleucos ;
  4. Egypte et Cyrénaïque à Ptolémée, fils de Lagos
322mort du philosophe grec Aristote, le maître d’Alexandre
301la lutte entre les diadoques ou successeurs d’Alexandre trouve son issue à la bataille d’Ipsos, en Phrygie
197victoire des Romains sur les Grecs aux Cynocéphales
ces pages empruntent beaucoup aux deux premiers livres des Maccabées (1Mac et 2Mac)
166Judas fait alliance avec Rome (1Mac 8)
73-71révolte des esclaves conduite par Spartacus
67Pompée mène campagne contre les pirates
63consulat de Cicéron et conspiration de Catilina
60premier triumvirat de Jules César, Pompée et Crassus
58-51César mène la Guerre des Gaules
56renouvellement du triumvirat
49guerre civile entre Pompée et César
48bataille de Pharsale ; assassinat de Pompée
44assassinat de Jules César
43second triumvirat : Octave, Antoine, Lepidus
42bataille de Philippes : défaite de Brutus et de Cassius
40Antoine et Octave se réconcilient à Brindisium
37-36guerre contre Sextus Pompeius (le fils du grand Pompée)
31bataille navale d’ActiumAntoine est défait par Octave
27Octave prend le nom d’Auguste et devient empereur
8recensement des citoyens romains
14-37Tibère empereur
37-47Caligula empereur
39-40ambassade de Philon à Rome
40Agrippa intercède auprès de Caligula en faveur des Juifs
41-54Claude empereur
49-50Claude expulse les Juifs de Rome
54-68Néron empereur
64incendie de Rome et persécution des christiani
68suicide de Néron
69Vespasien empereur
79-81Titus empereur
81-96Domitien empereur
96-98Nerva empereur
117-138Hadrien empereur

Egypte

525conquête de l’Egypte par le Perse Cambyse, qui exécute le pharaon Psammétique III à Memphis
486quatre ans après Marathon, l’Egypte se soulève à son tour contre la domination perse
484l’Egypte est reconquise par la Perse
410destruction du temple juif d’Eléphantine par le clergé de Khnoum ; lettre des Juifs à Yohanân, grand prêtre à Jérusalem
407lettre des prêtres d’Eléphantine à Dalaya et Shemaya, les fils de Sanballat I, le Horonite
168règne simultané de Ptolémée VI et de Physcon
165Onias III se réfugie en Egypte et construit à Léontopolis (Tell el-Yahoudiyeh) un temple juif à l’imitation de celui de Jérusalem (A.J. XIII,iii,1ss [62ss])
150mariage d’Alexandre Balas et de Cléopâtre Théa (la Déesse), fille de Ptolémée ; pourtant Ptolémée soutient Démétrios contre son gendre Alexandre Balas à qui il reprend Cléopâtre pour la marier cette fois-ci à son nouvel allié Démétrios Nicanor (le Victorieux) (1Mac 11)
117Ptolémée VIII Lathyros
107banni par Cléopâtre, sa mère, Ptolémée VIII s’établit à Chypre
106Ptolémée IX
81Ptolémée X
80Ptolémée XI Aulète (le Flûtiste)
59Ptolémée XI reconnu dans sa royauté par César
58banni, Ptolémée XI se réfugie à Rome ; règne de Bérénice et de Tryphaene
55Gabinius réinstalle Ptolémée Aulète
51Cléopâtre
Ptolémée XII
Ptolémée XIII
48-47la Guerre Alexandrine
27l’Egypte devient une province impériale
38pogrom à Alexandrie : le préfet Flaccus avait voulu imposer le culte de Caligula
≈6750 000 Juifs massacrés à Alexandrie (B.J. II,xviii,7 [497])

Syrie

280Séleucos Nicator est assassiné ; Antiochos Ier règne sur l’Asie
187avènement de Séleucos IV Philopator ; Démétrios est dépêché à Rome
175Antiochos IV s’empare du trône
162Antiochos V Eupator est déposé par Démétrios, qui règne à son tour sous le nom de Démétrios Ier Sôter (le Sauveur)
150Alexandre Balas usurpe le trône séleucide
143Tryphon met Antiochos à mort et usurpe le pouvoir
137Antiochos VII Sidétès, second fils de Démétrios Ier et frère du prisonnier Démétrios II, bat Tryphon et l’assiège à Dora
128Antiochos VII est tué au pays des Parthes ; Démétrios II est libéré
83Tigrane, roi d’Arménie, devient gouverneur de Syrie et projette d’envahir la Judée
69le général romain Lucullus bat Tigrane et sauve ainsi la Judée ; les Romains proclament roi Antiochos XIII
57Gabinius proconsul de Syrie
53Crassus, qui s’est avancé contre les Parthes jusqu’à l’Euphrate, meurt assassiné dans une embuscade ; les Parthes poussent un raid jusqu’à Antioche
43C. Cassius Longinus devient questeur de Syrie ; par la suite celle-ci sera gouvernée par des légats
40les Parthes entreprennent de conquérir la Palestine
27la Syrie devient une province impériale régie par des préfets agissant en tant que légats de César
23Marcus Vipsanius Agrippa, l’ami et le futur gendre d’Auguste, est nommé légat de Syrie
20de passage en Syrie, Auguste rencontre Hérode
16renouvellement du mandat du légat Marcus Vipsanius Agrippa sur la Syrie

Syrie-Palestine administrative

6-41la Judée devient province procuratorienne (administration directe au nom de l’empereur de Rome) avec Césarée maritime pour capitale
35-39Vitellius gouverneur de Syrie
41Claude adjuge la Judée-Samarie à Hérode Agrippa Ier
44la Judée est à nouveau aux mains des procurateurs
54Félix procurateur
63Cestius Gallus légat de Syrie
71/2Vespasien impose le fiscus judaicus à tout Juif dans l’empire pour reconstruire à Rome le temple de Jupiter qui avait brûlé en 64 (B.J. VII,vii,6 [218])

Perse et Transeuphratene

av. J.-C.
539Cyrus le Grand, roi de Perse, conquiert Babylone
La période perse (538-333)
538édit de Cyrus ; retour des exilés sous la conduite de Sheshbatsar (Esd 1.8 ; cf. 1Ch 3.17s), de Zorobabel, prince de Juda, et de Josué fils de Yehotsadaq, grand prêtre
537première tentative infructueuse de relèvement du temple (Esd 3.8)
529mort de Cyrus
522tentative d’usurpation du trône de Perse par le pseudo-Smerdis, alias Gaumâta le Mage
521Darius, fils d’Hystaspe, monte sur le trône de Perse
520-515reconstruction effective du temple par le gouverneur Zorobabel
504insurrection des Grecs d’Asie contre la domination perse
485Xerxès accède au trône de Perse
Joïaqim grand prêtre (cf. Né 12.10)
Eliashib grand prêtre (cf. Né 12.10)
445Néhémie gouverneur de Judée ; construction des murailles de Jérusalem
Sanballat I le Horonite gouverneur de Samarie
424Joïada ou Yehoyada grand prêtre
401campagne de Cyrus le Jeune contre son frère Artaxerxès, roi de Perse ; bataille de Counaxa et mort de Cyrus ; retraite des « Dix-Mille » (troupe d’élite grecque au service de Cyrus) ; commandés par Xénophon, ils se rendront depuis Counaxa, près de Babylone, jusqu’à Trébizonde, sur la mer Noire, et ensuite jusqu’à Byzance et au-delà
382Yohanân (ou Jonathan), grand prêtre, est assassiné dans le temple par son frère Josué, qui désirait le supplanter (A.J. XI,vii,1 [299])
375-335papyrus samaritains du ouadi ed-Daliyeh
≈ 332Yaddoua grand prêtre (A.J. XI,viii,7 [347]) ; différent de celui de Né 10.21 ; son frère Manassé épouse la fille de Sanballat III, gouverneur de Samarie

Judée

332Alexandre le Grand s’empare de Tyr (cf. Za 9.3s) et soumet les Juifs (cf. 9.8) ; il prend Gaza et la Philistie (cf. 9.5) et fonde en Egypte la ville d’Alexandrie, où des Juifs s’installeront dès 331
330Onias Ier grand prêtre
Les lagides (issus de Ptolémée fils de Lagos)
320Ptolémée Ier Sôter (le Sauveur) prend Jérusalem ; nouvelles implantations juives en Egypte et en Cyrénaïque
312/1Séleucos Ier Nicator (le Victorieux) s’empare de Babylone
301Mort d’Onias ; son fils Simon Ier le Juste est grand prêtre (Siracide 50.1-21)
292Eléazar grand prêtre
285Ptolémée II Philadelphe ; selon la Lettre d’Aristée (voir l’encadré « Une description de l’activité dans le second temple »), il aurait lancé, avec l’aide d’Eléazar, la traduction grecque de la Bible juive, traduction dite des Septante (LXX)
251Manassé grand prêtre
240Onias II grand prêtre ; il refuse de payer le tribut à Ptolémée III Evergète (le Bienfaiteur)
226Simon II grand prêtre
Les séleucides
219Antiochos III le Grand, roi de Syrie, s’empare pour un temps de la Palestine ; Ptolémée IV Philopator d’Egypte la reconquiert en 217
205Ptolémée V Epiphane, âgé de cinq ans, monte sur le trône d’Egypte ; Antiochos III de Syrie reprend aussitôt la guerre, s’empare de la Coelésyrie et de la Palestine (198) ; Antiochos accorde aux Judéens une subvention annuelle pour les offrandes au temple de Jérusalem ; l’accès en est désormais interdit aux non-Juifs
198mort de Simon II ; Onias III lui succède comme grand prêtre
175avènement d’Antiochos IV Epiphane (c.-à-d. [Dieu] manifesté) surnommé « épimane » (le Fou) ; en versant des pots-de-vin, Jason (Josué), l’homme lige du parti hellénistique d’Antioche et le frère du grand prêtre Onias, parvient à s’emparer lui-même du poste et du titre de grand prêtre ; le temple est déserté ; un gymnase est ouvert dans la capitale, à l’usage des jeunes gens ; une délégation d’athlètes juifs participe ainsi aux jeux quinquennaux d’Hercule à Tyr
172Ménélas surenchérit sur Jason et parvient à le supplanter comme grand prêtre ; convoqué à Antioche, il s’engage en effet à livrer aux Tyriens les précieux « ustensiles du temple » afin de corrompre le gouverneur Andronicos ; Onias, qui a dénoncé le scandale, est assassiné
168Jason dépose Ménélas et met le siège devant Jérusalem ; Antiochos IV envahit la Judée et pénètre dans Jérusalem, où il fait perpétrer d’atroces tueries un jour de sabbat ; pour profaner l’autel du temple, il y sacrifie des porcs ; édit d’uniformisation du culte ; en Samarie, le temple du Garizim est dédié à Zeus Xénios, tandis que celui de Jérusalem est voué à Zeus Olympien ; orgies dans les cours du temple ; offrandes idolâtriques déposées sur les autels
Révolte des Maccabées
les Maccabées entrent en résistance : Mattathias et ses fils rallient à leur cause le parti des assidéens (ou hassidim, les « fidèles ») ; retirés dans les collines, ils en descendent pour châtier les populations juives qui acceptent de sacrifier aux idoles de l’envahisseur
167bataille de Beth-Horôn  ; l’armée d’Apollonios est défaite par Judas surnommé Maccabée (l’Assommeur ?), le deuxième fils de Mattathias ; les généraux Nicanor et Gorgias reçoivent d’Antiochos l’ordre de mater la révolte juive ; mais Gorgias, essayant de surprendre le camp juif, est écrasé et laisse sur place un butin considérable (1Mac 3–4 ; Jn 10.22)
164Mort d’Antiochos ; il est remplacé par Antiochos V Eupator
162Alcime, à nouveau un Tsadoqite, est désigné par Antiochos comme grand prêtre et prend la tête du parti hellénistique ; il reçoit l’appui de Démétrios Sôter ; mais le général Nicanor, qui devait procéder à son installation, est défait par Judas Maccabée à la bataille de Capharsalama, à 10 km au nord-ouest de Jérusalem (1Mac 7.31)
161bataille d’Adasa, près de Beth-Horôn (1Mac 7) ; Nicanor est défait et tué ; le roi Démétrios envoie Bacchidès, son général, venger cette mort ; bataille d’Eléasa : Judas, avec seulement 800 hommes, se lance à l’attaque d’une puissante formation syrienne, dont il enfonce l’aile droite avant d’être lui-même tué ; il est recueilli dans le tombeau de famille à Modîn (1Mac 9.18s)
Jonathan surnommé Apphos, le plus jeune des fils de Mattathias, est choisi comme chef de l’armée juive (1Mac 9.31)
158Bacchidès conclut la paix avec Jonathan, qui gouverne le pays depuis la forteresse de Mikmas
153Démétrios recherche l’appui de Jonathan pour s’affranchir de son rival Alexandre Balas ; ce dernier nomme pourtant Jonathan grand prêtre et lui fait parvenir une robe pourpre et une couronne d’or ; Jonathan les arbore à la fête des Huttes (1Mac 10.20)
Les Hasmonéens
les Judéens sont en faveur d’Alexandre Balas malgré les mirifiques promesses de Démétrios (1Mac 10.46s)
147bataille d’Ashdod Jonathan triomphe d’Apollonios, le légat de Démétrios en Coelésyrie, venu le défier (1Mac 10.74ss)
144Jonathan est confirmé dans son autorité par Antiochos VI Théos (le Dieu) ; son frère Simon est nommé gouverneur de la région s’étendant de Tyr aux confins de l’Egypte (1Mac 11.59) ; les partisans de Démétrios sont battus par Jonathan près de Gennésareth et de Hamath (1Mac 11.63s) ; Simon s’empare d’Ashqelôn et de Jaffa ; les villes de Judée sont fortifiées et les murailles de Jérusalem sont rehaussées (1Mac 12.35) ; meurtre de Jonathan, victime d’un complot ourdi par Tryphon (1Mac 13.23)
143Simon surnommé Thassi, le dernier des cinq fils de Mattathias, devient grand prêtre
141L’Akra, la citadelle de Jérusalem, se rend ; Simon institue la fête annuelle de sa purification (1Mac 13.52) ; le pays de Juda savoure la paix et la prospérité (1Mac 14.4) ; première année de liberté recouvrée pour la Judée
137Antiochos VII refuse l’aide de Simon contre l’usurpateur Tryphon ; guerre contre la Syrie ; bataille de Jamnia : le général syrien Kendébée est mis en déroute par les deux fils aînés de Simon, Judas et Jean (Hyrcan)
135Simon et ses fils Judas et Mattathias sont traîtreusement assassinés par Ptolémée (1Mac 16.16)
133Jean Hyrcan, le second fils de Simon, est promu grand prêtre ; il est contraint par la famine de livrer Jérusalem et doit dès lors payer un tribut à Antiochos Eusébès (le Pieux)
132rédaction du prologue du Siracide par le petit-fils de Jésus ben Sira
125Hyrcan conquiert l’est de la Jordanie
107Hyrcan détruit le temple du Garizim, en Samarie ; à Jérusalem, il construit la tour Baris, un palais fortifié qui deviendra ultérieurement la forteresse Antonia (B.J. V,8 [238])
106mort d’Hyrcan ; Aristobule Ier se fait grand prêtre et assassine Antigone, son frère ; Aristobule s’éteint dans le remords et la maladie
103-104Alexandre Jannée est aux prises avec une rébellion fomentée par les pharisiens
92chassé puis battu à Sichem, il revient triomphalement à Jérusalem, où il crucifie 800 prisonniers de guerre pharisiens
76Alexandre Jannée se réconcilie avec les pharisiens ; il meurt au siège de Ragaba ; Salomé Alexandra, son épouse, lui succède ; elle encourage son fils Aristobule II à résister aux pharisiens qui ont la haute main sur l’assemblée des anciens (Gerousia) ;
70à la mort d’Alexandra, Hyrcan II lui succède et reçoit le soutien des pharisiens ; Aristobule II s’empare militairement de Jérusalem et renverse Hyrcan
69Aristobule II cumule les fonctions de grand prêtre et de gouverneur ; Antipater II apporte son appui à Hyrcan ; ce dernier appelle alors à l’aide Arétas III, roi des Nabatéens, qui, avec 50 000 hommes, triomphe d’Aristobule et met le siège devant le temple
67naissance d’Hérode le Grand
65Scaurus, le lieutenant de Pompée, dépose Antiochos XIII et place la Syrie sous la domination romaine ; Hyrcan II et Aristobule II lui envoient des émissaires lui promettant de part et d’autre 400 talents ; estimant Aristobule plus solvable, Scaurus tranche en faveur de ce dernier ; intimidé, Arétas se retire, mais il est poursuivi et sévèrement battu à Papyron
64Pompée tient un lit de justice à Damas ; Antipater soudoie 1000 Juifs pour qu’ils apportent leur soutien à Hyrcan ; Pompée inverse alors le choix de Scaurus et se prononce en faveur d’Hyrcan II
63Aristobule II capitule à Jérusalem ; il est prisonnier de guerre ; le temple résiste toujours mais, après 3 mois de siège, les troupes de Pompée y pénètrent ; en personne, celui-ci s’introduit dans le lieu dit « Très-Sacré » ; Hyrcan II conserve l’autorité religieuse ;
Rome gouverne désormais par l’intermédiaire d’Antipater II ; fin de l’indépendance du peuple juif (voir « Les hasmonéens »)
54Crassus reçoit la province de Syrie et devient ainsi le maître de la Judée
49le prisonnier Aristobule est relâché par César, mais aussitôt assassiné par les partisans de Pompée
48Antipater, venu à la rescousse de Jules César dans sa campagne d’Egypte, en est récompensé : il se voit nommé procurateur de Judée ; mais Hyrcan II en reste l’ethnarque
46Antipater nomme son fils Phasaël gouverneur de Jérusalem et fait de son fils Hérode le gouverneur de la Galilée
42Hérode est fiancé à Mariamne, petite-fille d’Hyrcan II et fille de Jonathan Alexandre
40avènement d’Antigone, le dernier des rois grands prêtres hasmonéens ; Hérode s’assure la faveur d’Antoine, mais aussi celle d’Octave (le futur empereur Auguste) ; décret du sénat désignant Hérode comme roi de Judée
37 (juillet ?)prise de Jérusalem par Hérode, après six mois de siège qui s’achèvent par un horrible carnage ; le roi déchu Antigone est envoyé enchaîné à Antoine, qui le met à mort pour plaire à Hérode
Règne d’Hérode le Grand (37 à 4 av. J.-C.)
37/6année sabbatique marquée par la famine
36Hérode fait nommer Hananel grand prêtre
35Hérode le dépose et le remplace par le vieil Aristobule III (70 ans), son propre beau-frère
32Hérode est battu par Malichos, roi de Nabatène
31tremblement de terre en Palestine
30Octave rétablit Hérode dans sa royauté
29Hérode fait assassiner son épouse Mariamne
26Hérode construit un théâtre à Jérusalem et un amphithéâtre à Jéricho ; des jeux sont organisés en l’honneur d’Auguste
22Hérode nomme grand prêtre son beau-père Simon, fils de Boethos
20début des travaux de restauration du temple ; Hérode se rend à Rome et ramène avec lui ses fils Alexandre et Aristobule, qui s’y étaient établis en 24
16Hérode rend visite au légat Agrippa, qu’il invite en Judée
12Hérode se rend à Rome, devant Auguste, pour accuser ses deux fils, Aristobule et Alexandre ; l’empereur parvient cependant à une réconciliation
10stèles interdisant l’accès du temple aux non-Juifs
6condamnés à mort par la cour spéciale de justice désignée par l’empereur, Aristobule et Alexandre sont immédiatement étranglés ; leurs partisans, au nombre de 300, sont aussi exécutés ; Antipater III, qui convoite à brève échéance la succession de son père, juge expédient d’aller s’établir pour quelque temps à Rome
5déposition de Simon ; Mattathias est nommé grand prêtre
4Mattathias est déposé à son tour en faveur de Joazar ; Hérode est très malade ; deux rabbis en profitent pour faire arracher les aigles d’or qu’il avait fait apposer sur la porte du temple ; Hérode fait exécuter son fils Antipater III, puis meurt d’une douloureuse maladie ; Archélaos (de 4 av. J.-C. à 6 apr. J.-C.) lui succède, avec les fonctions d’ethnarque de Judée et de Samarie
apr. J.-C.
≈ 6recensement de Quirinius ; apparition des sicaires, la « quatrième philosophie » dans la classification de Flavius Josèphe, avec la révolte de Judas le Galiléen (dit aussi Judas de Gamala) contre les mesures fiscales de Quirinius, qui avaient motivé le recensement (A.J. XVIII,i,6-9 [23]) ; déposition d’Archélaos
6-15Anne grand prêtre
15-16Ismaël grand prêtre
26-36Ponce Pilate préfet
26débuts du ministère de Jean le Baptiseur
30 (ou 33 ?)insurrection ; arrestation de Barabbas et de Jésus ; crucifixion de Jésus de Nazareth (7 avril 30 ou 3 avril 33)
34mort d’Hérode Philippe
≈ 36lapidation d’Etienne ; conversion de Paul
37Théophile est nommé grand prêtre par Vitellius ; naissance de Flavius Josèphe
41-44règne d’Hérode Agrippa Ier sur la Judée-Samarie
44le pseudo-messie Theudas (voir Ac 5.36) est décapité ; sa tête est envoyée à Rome
44-46le procurateur Tibère Alexandre crucifie les deux fils de Judas le Galiléen
≈ 47-55Ananias grand prêtre
≈ 48-49assemblée de Jérusalem (Ac 15)
58arrestation de Paul au temple de Jérusalem
59-60émeutes à Césarée maritime : les Juifs réclament l’autonomie pour la ville ; 20 000 Juifs sont massacrés
64Gestius Florus préfet de Judée ; le tribut à Rome tardant à être payé, Florus prélève 17 talents dans le trésor du temple (40 étaient dus) ; ridiculisé par les habitants de Jérusalem, qui feignent de faire la quête dans les rues pour l’aider, il envoie la troupe et fait 3 600 victimes ; ses exactions préludent à la première guerre juive
66-74 Première guerre juive
66début de la première guerre juive ; le légat Cestius Gallus est d’abord battu ; Flavius Josèphe est nommé général des troupes rebelles de Galilée ; bataille incertaine à Bethsaïda ; arrivée de Vespasien avec les légions romaines ; les sicaires s’emparent de la forteresse de Massada et massacrent la garnison romaine ; Eléazar, le commandant du temple, interdit d’offrir les sacrifices pour l’empereur ; selon Eusèbe de Césarée (≈ 265-340), des judéo-chrétiens de Jérusalem se désolidarisent de la rébellion et se regroupent à Pella, en Transjordanie
67par tirage au sort, Phanni est désigné comme grand prêtre ;
prise de Gamala ; défaite de Jotapata, où le général juif Josèphe est fait prisonnier par le général Vespasien ; Josèphe prophétise à celui-ci sa future élévation au trône impérial, laquelle surviendra en effet deux ans plus tard ; Josèphe s’est ainsi préparé une situation exceptionnelle de parlementaire entre les deux camps, et bientôt de familier à la cour impériale de Rome
68-70guerre civile à Jérusalem ; destruction de Qumrân
70Jérusalem est prise par Titus ; le temple est incendié ; Yohanân ben Zakkaï s’échappe de la ville assiégée en se faisant passer pour un cadavre et se rend à Jamnia (Yabné), un important centre juif, où il reconstitue un sanhédrin de 72 membres, tous pharisiens, dont le pouvoir juridictionnel semble avoir été reconnu par le pouvoir romain ; le président de cette juridiction, ethnarque ou patriarche des Juifs, disposait d’un pouvoir quasi royal ; l’académie rabbinique mise en place à ce moment-là se préoccupa de fixer la mémoire exacte de tout le rituel du temple et de toutes les prescriptions en usage avant sa destruction ; des discussions relatives au canon des livres bibliques intervinrent aussi au cours de ces travaux qui s’étalèrent sur plusieurs décennies
73prise de Massada par les Romains
81Flavius Josèphe publie la Guerre des Juifs
94les Antiquités judaïques
96le Contre Apion et son Autobiographie
96le court règne de Nerva marque pour les chrétiens un temps de répit entre des persécutions sporadiques
132-135 Deuxième guerre juive
130Hadrien fait de Jérusalem une colonie romaine : la ville s’appellera AElia Capitolina ; il interdit la circoncision sous peine de mort
132-135révolte armée de Simon, surnommé Bar Kokhba (le Fils de l’étoile) par Rabbi Aqiba, qui saluait en lui le messie (cf. Nb 24.17) ; les auteurs chrétiens le citent sous ce nom ; mais les sources rabbiniques le désignent presque toujours sous le sobriquet de Bar Koziba (le Menteur) ; les monnaies frappées pendant ces trois années d’indépendance témoignent de la mentalité du nouvel Etat juif ; on y lit entre autres : « An I de la libération d’Israël », « Jérusalem », « Simon, prince d’Israël »
135l’aventure s’achève avec l’écrasement militaire de la révolte par Hadrien ; la Judée est rayée de la carte ; les Romains ne l’appelleront plus que « Palestine », du nom de la région côtière jadis occupée par les Philistins ; la littérature juive ultérieure dira Eretz Yizraël, « Terre (ou pays) d’Israël »
175-200la tradition orale pharisienne est mise par écrit dans la Mishna sous la direction de Rabbi Yehouda ha-Nassi (Juda le Prince)

Naissance et enfance de Samuel

20 A la fin de l'année, elle était enceinte ; elle mit au monde un fils, qu'elle appela du nom de Samuel – car, dit-elle, c'est au SEIGNEUR que je l'ai demandé. [A la fin de l'année... : autre traduction dans le cours de l'année, elle fut enceinte et mit au monde... ; cf. Gn 25.21 ; 30.22s ; l'expression traduite par la fin de l'année pourrait désigner l'époque de la fête de la Récolte, à l'automne (cf. Ex 34.22+ ; voir calendrier). – Samuel : hébreu Shemou'el ; ce nom fait assonance avec le verbe demander, hébreu sha'al, cf. v. 11n ; voir Jr 15.1 ; Ps 99.6. – dit-elle : sous-entendu dans le texte.]

21 Le mari, Elqana, monta ensuite, avec toute sa famille, pour offrir au SEIGNEUR le sacrifice annuel, ainsi que son vœu. [Le mari : autre traduction l'homme. – sa famille : litt. sa maison ou sa maisonnée. – le sacrifice annuel : litt. le sacrifice des jours (v. 3n) ; de même en 2.19 ; 20.6 ; 27.7. – son vœu : c.-à-d. son offrande votive ; cf. Ps 116.14 ; Ec 5.3s. On ignore s'il s'agit d'un vœu particulier prononcé par Elqana, ou de la confirmation du vœu d'Anne (cf. Nb 30.14).]22 Mais Anne ne monta pas. Car elle avait dit à son mari : Lorsque le garçon sera sevré, je l'amènerai, afin qu'il paraisse devant le SEIGNEUR et qu'il reste là pour toujours. [sera sevré : l'allaitement d'un enfant durait généralement jusqu'à un an, parfois même jusqu'à trois ans (cf. Maccabées 7.27 : « Mon fils, aie pitié de moi qui t'ai porté dans mon sein neuf mois, qui t'ai allaité trois ans, qui t'ai nourri et élevé jusqu'à l'âge où tu es »). – je l'amènerai... pour toujours : un ms de Qumrân porte je le donnerai comme nazir pour toujours, tous les jours de sa vie. Cf. v. 11n. – qu'il paraisse devant le SEIGNEUR : c.-à-d. qu'il se présente au sanctuaire ; cf. Ex 23.15n,17 ; Dt 16.16 ; 31.11 ; Es 1.12.]23 Elqana, son mari, lui dit : Fais comme il te plaira ; reste ici jusqu'à ce que tu l'aies sevré. Que le SEIGNEUR réalise seulement sa parole ! Ainsi la femme resta ; elle allaita son fils, jusqu'à ce qu'elle l'eût sevré. [réalise (ou confirme)... sa parole (ou sa promesse) : cette affirmation ne semble pas se rapporter à une promesse particulière et explicite de Dieu, mais à son dessein bienveillant et protecteur envers Samuel et sa famille, invoqué par Eli au v. 17. LXX réalise ta parole, c.-à-d. fasse en sorte que ta promesse se réalise. On retrouve cette expression en Dt 9.5 ; 2S 7.25 ; 1R 2.4 ; 6.12 ; 8.20 ; 12.15.]

24 Quand elle l'eut sevré, elle le fit monter avec elle et prit trois taureaux, un épha de farine et une outre de vin. Elle l'amena à la maison du SEIGNEUR, à Silo : le garçon était encore tout jeune. [Cf. Lc 2.41. – trois taureaux : ou, selon LXX et Syr, et avec l'appui partiel d'un ms de Qumrân, un taureau de trois ans, ce qui s'accorderait mieux avec la mention du v. 25 (le taureau). – farine / vin : le sacrifice d'un animal s'accompagnait souvent d'une offrande végétale (farine) et d'une libation (vin) ; cf. Ex 29.40s ; Lv 23.18 ; Nb 15.8ss etc. Une partie du vin emporté pouvait aussi être consommée lors du repas de fête ; cf. v. 4s. – à la maison du SEIGNEUR : le mot maison remplace ici le terme plus spécifique utilisé au v. 9 (temple). Anne accomplit ainsi son vœu (v. 11). – le garçon était encore tout jeune : litt. le garçon était un garçon ; on pourrait aussi comprendre le garçon devint un serviteur (d'Eli, ou du sanctuaire) ; cf. 2.11, où un autre terme, traduit par officier, pourrait aussi être rendu par servir. LXX porte ici un texte plus long : et le garçon était avec eux ; (25) ils l'amenèrent (ou s'avancèrent) devant le Seigneur ; son père immola le sacrifice qu'il faisait chaque année (litt. de jours en jours, cf. 1.3n) pour le Seigneur ; il amena l'enfant (ou l'enfant s'avança), il immola le taureau et il amena Anne, la mère de l'enfant (ou Anne... s'avança, ou encore Anne... l'amena) à Eli.]25 Ils immolèrent le taureau et amenèrent le garçon à Eli. [Ils immolèrent le taureau : résumé du rituel sacrificiel.]26 Anne dit : Pardon, mon seigneur ! Par ta vie, je suis cette femme qui se tenait ici, avec toi, pour prier le SEIGNEUR. [Pardon : litt. par moi ; cf. Gn 43.20n ; 1R 3.17. – Par ta vie : formule de serment, attestant la véracité d'une affirmation.]27 C'était pour ce garçon que je priais, et le SEIGNEUR m'a donné ce que je lui demandais. [Cf. Jb 22.27.]28 A mon tour, je le cède à la demande du SEIGNEUR : il sera demandé pour le SEIGNEUR tous les jours de sa vie. Sur quoi ils se prosternèrent, là, devant le SEIGNEUR. [je le cède à la demande : la forme verbale correspondante est dérivée de celle qui est traduite précédemment par demander ; une autre forme est rendue ici par demandé ; cf. v. 17n,20n. – demandé ou requis, en hébreu sha'oul, qui se trouve être également le nom propre de Saül ; c'est à Samuel, que le peuple demandera un roi, qui sera Saül, cf. 8.10. – tous les jours de sa vie : litt. tous les jours qu'il sera. – ils se prosternèrent : d'après Syr et Vg ; le texte hébreu traditionnel porte il (Samuel ? Elqana ? Eli ?) se prosterna ; un ms de Qumrân lit elle (Anne) se prosterna.]

chapitre précédent retour chapitre suivant