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Nouvelle Bible Segond – 2 Rois 17

Osée, roi d'Israël ; prise de Samarie

17 La douzième année d'Achaz, roi de Juda, Osée, fils d'Ela, devint roi sur Israël à Samarie ; il régna neuf ans. [douzième : dixième pour un ms de LXX, quatorzième pour un autre.]2 Il fit ce qui déplaisait au SEIGNEUR, non pas toutefois comme les rois d'Israël qui l'avaient précédé. [ce qui déplaisait au SEIGNEUR : cf. v. 17 ; 3.2n.]3 Salmanasar, roi d'Assyrie, partit l'attaquer ; et Osée lui fut soumis et lui paya un tribut. [Salmanasar (akkadien Shulmanou-ashered) V (726-722 av. J.-C.), fils de Tiglath-Piléser III. – partit l'attaquer : litt. monta contre lui. – lui fut soumis : litt. fut son serviteur ou son esclave.]4 Mais le roi d'Assyrie découvrit une conspiration chez Osée, qui avait envoyé des messagers à So, roi d'Egypte, et qui ne faisait plus monter annuellement le tribut au roi d'Assyrie. Le roi d'Assyrie le fit enfermer et enchaîner dans une maison de détention. [So : selon les mss (hébreux ou grecs), le nom de ce pharaon est transcrit Sy, Segor, Soba. Certains mss de LXX mentionnent Adramélek, l'Ethiopien (ou le Nubien). Certains ont vu dans ce nom une référence à la ville égyptienne de Saïs, dont le prince Tefnakht tente de résister au roi nubien Piankhi, maître de la Haute-Egypte. – enfermer : autre traduction arrêter.]5 Puis le roi d'Assyrie envahit tout le pays ; il arriva devant Samarie, qu'il assiégea pendant trois ans. [La place de ces v. repris en 18.9-11 laisse entendre qu'Osée aurait été arrêté avant que Salmanasar ne se mette en campagne contre Samarie. Il se peut aussi que v. 5s décrivent plus en détails les opérations militaires dont le dénouement est déjà annoncé au v. 4.]6 La neuvième année d'Osée, le roi d'Assyrie prit Samarie et exila Israël en Assyrie. Il les fit habiter à Halah et sur le Habor, la rivière de Gozân, ainsi que dans les villes des Mèdes. [La prise de Samarie par Salmanasar V est évoquée dans une chronique babylonienne. – Halah : peut-être Tell Abbasiya, au nord-est de Ninive, près de Khorsabad. – le Habor : principal affluent sur la rive gauche de l'Euphrate. – la rivière : le terme correspondant est habituellement traduit par fleuve. – Gozân : probablement Tell Halaf où ont été retrouvés des documents attestant la présence des exilés de Samarie. – les villes des Mèdes : LXX a lu ici un nom propre Oré des Mèdes. Les textes assyriens chiffrent à 27 290 le nombre de personnes exilées de Samarie par Sargon II (721-705 av. J.-C.), successeur de Salmanasar V.]

Les causes de la ruine du royaume d'Israël

7 Cela arriva parce que les Israélites avaient péché contre le SEIGNEUR (YHWH), leur Dieu, qui les avait fait monter d'Egypte et les avait libérés de la main du pharaon, le roi d'Egypte, et parce qu'ils avaient craint d'autres dieux. [A partir d'ici la théologie de l'histoire qui sous-tend l'ensemble des livres des Rois devient explicite : la chute de Samarie est la conséquence de l'infidélité du royaume du Nord à la loi de YHWH, telle qu'elle est formulée en particulier dans le Deutéronome (voir l'introduction). – Cela : certains mss de LXX précisent la colère de Dieu contre Israël. – Voir péché.monter d'Egypte Gn 12.10n. – et les avait libérés... : litt. de sous la main de Pharaon. – Voir crainte.]8 Ils avaient suivi les prescriptions des nations que le SEIGNEUR avait dépossédées devant les Israélites ; voilà ce qu'avaient fait les rois d'Israël. [voilà ce qu'avaient fait... : traduction incertaine ; litt. et les rois d'Israël qui ont fait (ou ce qu'ils ont fait ; même formule au v. 19, pour [les prescriptions qu'Israël] avait mises en pratique). La portion de texte correspondante est omise par Syr, et la précision et les rois d'Israël par d'autres témoins du texte, dont un ms hébreu. Certains comprennent ils avaient suivi les prescriptions des nations... à l'initiative des rois d'Israël (cf. 16.3).]9 Les Israélites avaient fait en secret contre le SEIGNEUR, leur Dieu, des choses qu'on ne doit pas faire. Ils s'étaient bâti des hauts lieux dans toutes leurs villes, depuis les tours des gardes jusqu'aux villes fortes. [fait en secret... des choses : autres traductions inventé... des paroles ; dit... des paroles (Tg) ; vêtu (?)... des paroles (LXX). – qu'on ne doit pas faire : litt. qui ne sont pas ainsi.]10 Ils s'étaient fait des pierres levées et des poteaux cultuels (des ashéras) sur toute colline élevée et sous tout arbre verdoyant. 11 Et là ils avaient offert de l'encens dans tous les hauts lieux, comme les nations que le SEIGNEUR avait exilées devant eux. Ils avaient contrarié le SEIGNEUR en faisant des choses mauvaises. [exilées : bien qu'aucun récit de la conquête israélite ne mentionne de condamnation à l'exil à l'encontre des Cananéens, le texte biblique reprend à dessein le verbe employé pour Israël au v. 6.]12 Ils avaient servi les idoles au sujet desquelles le SEIGNEUR leur avait dit : « Vous ne ferez pas cela. » 13 Le SEIGNEUR avait averti Israël et Juda par l'intermédiaire de tous ses prophètes, de tous les visionnaires ; il leur avait dit : Revenez de vos voies mauvaises et observez mes commandements et mes prescriptions, en suivant toute la loi que j'ai instituée pour vos pères et que je vous ai envoyée par l'intermédiaire de mes serviteurs, les prophètes. [tous ses prophètes... : selon LXX. Le texte hébreu se partage entre deux traditions de lecture différentes : de tous les prophètes de tout visionnaire ou de tout son prophète, tout visionnaire (?). – instituée : cf. v. 15,34 ; le même terme hébreu est aussi traduit par ordonner ou donner un ordre (v. 35 ; 18.12) ; cf. Dt 4.2n. – je vous ai envoyée : LXX et Syr ont lu je leur ai envoyée.]14 Mais ils n'avaient pas écouté ; ils s'étaient montrés aussi rétifs que leurs pères, qui n'avaient pas mis leur foi dans le SEIGNEUR, leur Dieu. 15 Ils avaient rejeté ses prescriptions, l'alliance qu'il avait conclue avec leurs pères et les préceptes qu'il avait institués pour eux. Ils avaient suivi la futilité et ils s'étaient rendus futiles. Ils avaient suivi les nations qui les entouraient et que le SEIGNEUR leur avait défendu d'imiter. [prescriptions : voir loi. – Voir alliance. – ils s'étaient rendus futiles. Ils avaient suivi les nations : litt. ils s'étaient rendus futiles après les nations. Le mot hébreu traduit par futile et qui a donné le nom Abel signifie à l'origine souffle, vent ; il peut évoquer ce qui est passager ou ce qui a peu d'importance, cf. Ec 1.2n.]16 Ils avaient abandonné tous les commandements du SEIGNEUR, leur Dieu, ils s'étaient fait deux taurillons de métal fondu, ils avaient fait un poteau cultuel (une ashéra), ils s'étaient prosternés devant toute l'armée du ciel et ils avaient servi le Baal. [tous les commandements : LXX les commandements. – deux taurillons de métal fondu : litt. une image fondue de deux taurillons, allusion à 1R 12.28-30. – Voir Baal.]17 Ils avaient fait passer par le feu leurs fils et leurs filles, ils s'étaient livrés à la magie, ils avaient pratiqué la divination, ils s'étaient vendus en contrariant le SEIGNEUR, en faisant ce qui lui déplaisait. [ils s'étaient livrés à la magie : cf. Dt 18.10ss. – s'étaient vendus : cf. 1R 21.20,25. – ce qui lui déplaisait : cf. v. 2+.]18 Aussi le SEIGNEUR, en grande colère contre Israël, les a-t-il écartés de sa vue. Il n'est resté que la seule tribu de Juda ; [de sa vue : litt. de sa face.]19 et même Juda n'a pas observé les commandements du SEIGNEUR, son Dieu. Ils ont suivi les prescriptions qu'Israël avait mises en pratique. [son Dieu : litt. leur Dieu ; le pluriel renvoie sans doute à Juda, comme terme collectif (== les Judéens). Certains pensent cependant qu'il renvoie à Juda et à Israël. – qu'Israël avait mises en pratique : autre traduction selon lesquelles Israël avait agi ; cf. v. 8n.]20 Le SEIGNEUR a rejeté toute la descendance d'Israël ; il les a affligés, il les a livrés aux pillards et il a fini par les chasser loin de lui. [la descendance : cf. Gn 3.15n. – et il a fini par les chasser loin de lui : litt. jusqu'à ce qu'il les jetât de devant lui.]21 Lorsqu'il avait arraché Israël à la maison de David, ils avaient investi de la royauté Jéroboam, fils de Nabath ; or Jéroboam les avait détournés du SEIGNEUR et avait fait commettre à Israël un grand péché. [Lorsqu'il avait... : autre traduction car il avait...arraché : le verbe hébreu évoque le fait de déchirer un vêtement ou un livre comme en Jr 36.23. – Jéroboam : cf. 1R 11.26 ; 12.12. – détournés : une lecture traditionnelle, avec plusieurs mss hébreux, LXX, Syr et Tg, voit ici un verbe signifiant habituellement disperser.]22 Les Israélites ont suivi tous les péchés que Jéroboam avait commis ; ils ne s'en sont pas écartés, 23 jusqu'à ce que le SEIGNEUR écarte Israël de sa vue, comme il l'avait annoncé par l'intermédiaire de tous ses serviteurs, les prophètes. Israël a été exilé loin de sa terre, en Assyrie, jusqu'à ce jour. [par l'intermédiaire : litt. par la main. – sa terre : litt. son sol, cf. Gn 2.5n.]

Les « Samaritains »

24 Le roi d'Assyrie fit venir des gens de Babylone, de Kouta, d'Avva, de Hamath et de Sepharvaïm. Il les fit habiter dans les villes de Samarie à la place des Israélites. Ils prirent possession de Samarie et habitèrent dans ses villes. [Sur la politique assyrienne de déplacement des populations, voir « Exils successifs à partir du VIIIe siècle av. J.-C. » ; « L'Assyrie et les Assyriens ». Les sources assyriennes semblent témoigner de l'implantation de tribus arabes sur le territoire de Samarie. – Kouta ou Kouth (v. 30), en akkadien Koutou ou Kouté, à 30 km au nord-est de Babylone. La ville fut mise à sac en 703 par l'Assyrien Sennachérib qui en exila les habitants. – Avva : plusieurs localisations ont été proposées pour cette ville : Olmm entre Antioche et Alep, Tell Kafr Aya au sud-ouest de Homs, sur l'Oronte, ou encore Ama, au pays d'Elam ; cf. 18.34. – Hamath : identifié avec la ville de Hama en Syrie sur le fleuve Oronte, à 190 km au nord de Damas, cf. 14.25. D'autres évoquent une ville d'A-ma-ti, dans l'est de la Mésopotamie. – Sepharvaïm : cf. 18.34 ; 19.13 ; Es 36.19 ; 37.13 identifié avec une ville appelée Shoubria dans les textes assyriens. Il pourrait s'agir d'une région située en Anatolie, à l'ouest du lac de Van. – Samarie : par-delà la ville, ce nom désigne ici l'ensemble de l'ancien territoire du royaume du Nord.]25 Lorsqu'ils commencèrent à y habiter, ils ne craignaient pas le SEIGNEUR, et le SEIGNEUR envoya contre eux les lions, qui les tuaient. [Voir crainte.les lions... : cf. Dt 7.22.]26 On dit au roi d'Assyrie : Les nations que tu as exilées et que tu as fait habiter dans les villes de Samarie ne connaissent pas la règle du dieu du pays ; il a envoyé contre elles les lions, qui les font mourir, parce qu'elles ne connaissent pas la règle du dieu du pays. [la règle : autres traductions la coutume ; la religion ; le terme hébreu correspondant est aussi traduit par droit ou jugement ; cf. v. 33.]27 Le roi d'Assyrie donna cet ordre : Faites aller là-bas l'un des prêtres que vous avez exilés de là-bas ; qu'il aille y habiter, et qu'il leur enseigne la règle du dieu du pays. [un des prêtres que vous avez exilés de là-bas : texte absent de LXX. – qu'il aille y habiter : avec certains mss de LXX, Syr et Vg. Le texte hébreu est au pluriel, litt. ils iront et habiteront là et enseigneront. – règle : cf. v. 26n.]28 Un des prêtres qui avaient été exilés de Samarie vint habiter à Beth-El et leur enseigna comment ils devaient craindre le SEIGNEUR.

29 Mais chaque nation faisait ses propres dieux. Ils les placèrent dans la maison des hauts lieux qu'avaient bâtie les Samaritains, dans les villes où chacune des nations habitait. [la maison (c.-à-d. le temple) des hauts lieux : certains mss de LXX, Syr et Vg portent le pluriel (les maisons des hauts lieux).]30 Les gens de Babylone firent Soukkoth-Benoth, les gens de Kouth firent Nergal, les gens de Hamath firent Ashima, [Soukkoth-Benoth (Des Cabanes de filles) : selon certains, cette expression renverrait au culte des déesses Sag-Kouth (cf. Am 5.26n) et Ishtar qualifiée de Banitou, c.-à-d. créatrice. D'autres préconisent l'identification avec la déesse Sarpanitou ou Zer-Banitou, épouse de Mardouk, dans le panthéon babylonien. – Nergal : dieu des enfers de la mythologie babylonienne mais connu également en Syrie comme en Egypte. – Ashima : correspondrait au dieu Eshmoun des Phéniciens. Le culte d'Ashima est attesté par des inscriptions achéménides, ainsi que dans la colonie juive d'Eléphantine en Egypte où Ashima de Beth-El est adoré aux côtés de YHWH, cf. Am 8.14.]31 les Avvites firent Nibhaz et Tartaq ; les Sepharvaïtes jetaient au feu leurs fils pour Adrammélek et Anammélek, dieux de Sepharvaïm. [Nibhaz : certains mss hébreux portent Nibhân ; LXX Eblazer. Ce dieu demeure inconnu malgré différentes hypothèses proposées (Nabou, dieu des scribes, souvent invoqué par la formule Nabou ahiz, Nabou, maître de... ; Ibnahaza ; ou encore le mot hébreu mizbéah, signifiant autel). – Tartaq : litt. le Tartaq, identifié parfois avec la déesse Astarté. – Adrammélek : peut-être une déformation de « Hadad du roi » ou « Hadad roi », Hadad étant l'équivalent de Baal. – Anammélek : peut être interprété comme « Anat-du-roi », Anat étant, selon des textes du IIe millénaire retrouvés à Ougarit, l'épouse de Baal. – dieux de Sepharvaïm : selon une autre lecture traditionnelle, on pourrait aussi comprendre déesse de Sepharvaïm.]32 Comme ils craignaient aussi le SEIGNEUR, ils nommèrent n'importe qui parmi eux comme prêtres des hauts lieux : ces prêtres officiaient pour eux dans les maisons des hauts lieux. [n'importe qui parmi eux : même expression en Jg 18.2 (de chez eux) ; cf. 1R 12.31n. – les maisons : cf. v. 29n.]33 Ainsi ils craignaient le SEIGNEUR (YHWH), mais ils servaient aussi leurs propres dieux, selon la règle des nations d'où on les avait exilés. [règle : cf. v. 26ns.]

34 Jusqu'à ce jour ils agissent selon ces anciennes règles. Ils ne craignent pas le SEIGNEUR. Ils n'agissent ni selon leurs propres prescriptions et leur propre règle, ni selon la loi et le commandement que le SEIGNEUR a institués pour les fils de Jacob, celui qui, là-bas, est nommé Israël. [V. 13+. – Voir loi.]35 Le SEIGNEUR avait conclu une alliance avec eux et leur avait donné cet ordre : « Vous ne craindrez pas d'autres dieux ; vous ne vous prosternerez pas devant eux, vous ne les servirez pas et vous ne leur offrirez pas de sacrifices. 36 Mais c'est le SEIGNEUR (YHWH) que vous craindrez, lui qui vous a fait monter d'Egypte par une grande puissance, le bras étendu ; c'est devant lui que vous vous prosternerez et c'est à lui que vous offrirez des sacrifices. 37 Vous veillerez à mettre toujours en pratique les prescriptions, les règles, la loi et le commandement qu'il a écrits pour vous, et vous ne craindrez pas d'autres dieux. [toujours : litt. tous les jours.]38 Vous n'oublierez pas l'alliance que j'ai conclue avec vous, et vous ne craindrez pas d'autres dieux. [j'ai conclue : LXX, Vg il a conclue.]39 Mais c'est le SEIGNEUR (YHWH), votre Dieu, que vous craindrez ; c'est lui qui vous délivrera de la main de tous vos ennemis. 40 Ils n'ont pas écouté ; ils agissent selon leur ancienne règle.

41 Ces nations craignaient le SEIGNEUR et servaient leurs statues. Leurs fils et les fils de leurs fils agissent jusqu'à ce jour comme leurs pères ont agi.

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