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Nouvelle Bible Segond – 2 Rois 19

Ezéchias consulte le prophète Esaïe

Es 37.1-9

19 Lorsque le roi Ezéchias eut entendu cela, il déchira ses vêtements, se couvrit d'un sac et se rendit à la maison du SEIGNEUR. 2 Il envoya Eliaqim, l'intendant de la maison, Shebna, le scribe, et les anciens des prêtres, couverts d'un sac, chez le prophète Esaïe, fils d'Amots. [intendant de la maison : cf. 1R 4.6n. – Shebna, le scribe 18.18,26,37. – Voir aussi anciens, prêtres.]3 Ils lui dirent : Ainsi parle Ezéchias : Ce jour est un jour de détresse, de châtiment et d'opprobre ; des fils sont prêts à sortir du ventre de leur mère, et il n'y a plus de force pour les mettre au monde. 4 Peut-être le SEIGNEUR, ton Dieu, entendra-t-il toutes les paroles du chef d'intendance, que le roi d'Assyrie, son maître, a envoyé pour outrager le Dieu vivant ; peut-être le châtiera-t-il pour ces paroles que le SEIGNEUR, ton Dieu, a entendues. Elève une prière pour le reste qui subsiste encore. [outrager : autres traductions déshonorer, défier, de même aux v. 16,22s ; voir 1S 17.10n,26n. – peut-être le châtiera-t-il : autre traduction possible il (le roi d'Assyrie, ou bien le chef d'intendance) a frappé par les paroles...]

5 Les gens de la cour du roi Ezéchias allèrent donc auprès d'Esaïe. [Les gens de la cour : litt. les serviteurs.]6 Esaïe leur dit : Voici ce que vous direz à votre maître : Ainsi parle le SEIGNEUR : N'aie pas peur des paroles que tu as entendues, de ces injures que les serviteurs du roi d'Assyrie ont proférées contre moi. 7 J'envoie sur lui un souffle : sur une nouvelle qu'il recevra, il retournera dans son pays, et je le ferai tomber par l'épée dans son pays. [souffle : voir esprit. – sur une nouvelle... : litt. il entendra vraiment et retournera...]

La campagne de Sennachérib selon les annales assyriennes

Quant à Ezéchias, le Judéen, qui ne s’était pas soumis à mon joug, j’ai assiégé quarante-six de ses villes fortifiées, avec les innombrables villages qui les entourent. Je les ai prises à l’aide de rampes d’assaut et de béliers... avec des mines, des brèches et du travail de sape. J’ai emmené deux cent mille cent cinquante personnes, jeunes et vieux, hommes et femmes, chevaux, mulets, ânes, chameaux, petit et gros bétail sans nombre, et je les ai traités comme du butin. Lui, je l’ai fait prisonnier dans Jérusalem, sa résidence royale, comme un oiseau en cage.

Nouvelles menaces de Sennachérib

Es 37.8-13 ; 2Ch 32.16-19

8 Le chef d'intendance s'en retourna trouver le roi d'Assyrie qui attaquait Libna – en effet, il avait appris que le roi avait quitté Lakish. [Libna : identifiée le plus souvent avec Tell Bornat, à 7 km au nord de Lakish, cf. 8.22n. – que le roi avait quitté : litt. qu'il avait quitté.]9 Alors le roi d'Assyrie reçut une nouvelle au sujet de Tirhaqa, roi de Koush : « Il s'est mis en marche pour te faire la guerre. » Alors il envoya de nouveau des messagers à Ezéchias, en disant : [Tirhaqa ou Taharqa, nom d'un pharaon de la XXVe dynastie (koushite, c.-à-d. nubienne, cf. Gn 2.13n). Selon certaines sources égyptiennes, il aurait été âgé de dix ans à l'époque de la campagne de Sennachérib (≈ 701 av. J.-C.), mais selon d'autres sources il aurait pu avoir vingt ans et participer à des opérations militaires. Il n'est sans doute devenu pharaon (corégent) que vers 690 av. J.-C. (voir « Le temps des rois » ; « Les pharaons »). – Il s'est mis en marche : litt. il est sorti ; cf. 1S 11.7n. – il envoya de nouveau : autre traduction possible il retourna et envoya... (expression semblable à celle du début du v. 8).]10 Vous parlerez ainsi à Ezéchias, roi de Juda : Que ton Dieu, en qui tu mets ta confiance, ne te trompe pas en disant : « Jérusalem ne sera pas livrée au roi d'Assyrie ! » [Vous parlerez ainsi... Juda : texte absent d'un ms de LXX. Lettre de Sennachérib à Ezéchias : cf. 2Ch 32.17.]11 Tu as toi-même appris ce qu'ont fait les rois d'Assyrie à tous les pays : ils les ont frappés d'anathème ; et toi, tu serais délivré ! [anathème Dt 2.34n.]12 Les dieux des nations que mes pères ont détruites les ont-ils délivrées, Gozân, Harrân, Rétseph, et les fils d'Eden qui sont à Telassar ? [Gozân : cf. 17.6n. – Harrân Gn 11.31n. – Rétseph : akkadien Ratsappa, actuelle Rutsafa, au nord-ouest de Palmyre, près de l'Euphrate. – les Fils d'Eden : habitants de la région du Bet Eden, sur l'Euphrate au sud de Til Barsip. – Telassar : akkadien Til-a-sour-ri, ville mède à l'ouest d'Ectabane (lieu d'exil des fils d'Eden ?).]13 Où sont le roi de Hamath, le roi d'Arpad et le roi de la ville de Sepharvaïm, de Héna et d'Ivva ? [Hamath : cf. 17.24n. – Arpad : capitale du royaume araméen Yahân identifiée avec le site de Tell Rifa'at, au nord d'Alep, et plus récemment avec celui de Sfiré, à 22 km au sud de cette ville. – Sepharvaïm : cf. 17.31n. – de Héna et d'Ivva : cf. 18.34n.]

Prière d'Ezéchias

Es 37.14-20

14 Ezéchias prit la lettre de la main des messagers, la lut et monta à la maison du SEIGNEUR ; Ezéchias la déploya devant le SEIGNEUR. [la lettre : litt. les lettres, selon le texte hébreu traditionnel ; quelques mss de LXX et de Tg portent le singulier.]15 Ezéchias pria devant le SEIGNEUR ; il dit : SEIGNEUR (YHWH), Dieu d'Israël, qui es assis sur les keroubim, c'est toi seul qui es Dieu pour tous les royaumes de la terre, c'est toi qui as fait le ciel et la terre. [2Ch 32.20 ; cf. Es 44.8 ; 45.5,14,18 ; 46.9. – Ezéchias pria devant le SEIGNEUR : texte absent de LXX.]16 SEIGNEUR, tends l'oreille et entends ! SEIGNEUR, ouvre les yeux et vois ! Ecoute les paroles de Sennachérib, qui a envoyé son chef d'intendance pour outrager le Dieu vivant. [entends et Ecoute traduisent le même verbe hébreu. – chef d'intendance : sous-entendu dans le texte, litt. qui l'a envoyé ; cf. v. 4n.]17 Il est vrai, SEIGNEUR, que les rois d'Assyrie ont réduit en ruines les nations et leurs pays. [et leurs pays : précision absente de LXX (cf. Es 37.18).]18 Ils ont jeté leurs dieux au feu – en fait, ceux-là n'étaient pas des dieux, mais l'œuvre de mains humaines, du bois et de la pierre – et ils les ont anéantis. [œuvre de mains humaines 2Ch 32.19 ; voir aussi Es 40.18ss ; 44.9ss ; 45.20.]19 Maintenant, SEIGNEUR, notre Dieu, sauve-nous, je t'en prie, de la main de Sennachérib ; que tous les royaumes de la terre sachent ainsi que, toi seul, SEIGNEUR (YHWH), tu es Dieu ! [sauve-nous : cf. 6.26n. – tu es Dieu : absent de Tg et d'Es 37.20.]

Esaïe transmet la réponse de Dieu

Es 37.21-29

20 Alors Esaïe, fils d'Amots, fit dire à Ezéchias : Ainsi parle le SEIGNEUR, le Dieu d'Israël : J'ai entendu la prière que tu m'as adressée au sujet de Sennachérib, roi d'Assyrie. 21 Voici la parole que le SEIGNEUR a prononcée contre lui :

Elle te méprise, elle se moque de toi, Sion la jolie ;
elle hoche la tête derrière toi, Jérusalem la belle. [Sion la jolie / Jérusalem la belle : litt. la vierge de la fille de Sion / la fille de Jérusalem ; il s'agit de la ville elle-même, personnifiée comme une femme.]

22 Qui as-tu outragé et injurié ?
Contre qui as-tu élevé la voix ?
Tu as levé les yeux en haut,
sur le Saint d'Israël ! [Contre et sur traduisent une même préposition hébraïque. – Voir Saint.]

23 Par l'intermédiaire de tes messagers, tu as outragé le Seigneur
et tu as dit :
« En conduisant mon char,
moi, je suis monté tout en haut des montagnes,
au plus profond du Liban ;
je coupe les plus élevés de ses cèdres,
les plus beaux de ses cyprès,
et j'atteins son dernier abri,
ses plus épaisses forêts ; [tes messagers : Vg porte tes gens (litt. tes serviteurs), comme Es 37.24. – le Seigneur : certains mss portent YHWH (le SEIGNEUR). – En conduisant mon char : sens probable du texte hébreu ; autre lecture traditionnelle avec la multitude de mes chars, comme en Es 37.24. – ses plus épaisses forêts : litt. la forêt de son verger, ce qui pourrait aussi signifier le cœur de son verger, son verger luxuriant ; cf. Mi 7.14n.]

24 j'ai creusé et j'ai bu de l'eau étrangère,
je tarirai avec mes pieds
tous les bras du Nil en Egypte. » [étrangère : mot absent d'un ms hébreu et d'Es 37.25. – les bras du Nil : cf. Es 19.6n ; 37.25 ; Ez 29.3n.]

25 N'as-tu pas appris que j'ai fait ces choses depuis longtemps,
qu'aux jours de jadis je les ai façonnées ?
Maintenant, je les fais venir,
et toi, tu n'as plus qu'à transformer les villes fortes en tas de ruines. [N'as-tu pas... jours de jadis : texte absent de LXX.]

26 Leurs habitants sont impuissants,
ils sont terrifiés et honteux ;
ils sont comme l'herbe des champs et la tendre verdure,
comme le gazon des toits en terrasse,
comme du blé desséché avant même d'être en épi. [impuissants : litt. courts de main ou de bras ; cf. Nb 11.23 ; Es 50.2. – comme : sous-entendu dans le texte. – en terrasse : sous-entendu dans le texte, cf. Dt 22.8n. – comme du blé desséché... : texte et traduction incertains ; un terme proche de celui qui est traduit ici par blé desséché est rendu par brûlé en Gn 41.6,23,27 ; d'autres comprennent comme la rouille (maladie) du blé avant la formation de la tige (cf. Es 37.27n).]

27 Mais je sais quand tu t'assieds,
quand tu pars en campagne et quand tu en reviens,
et quand tu t'agites contre moi. [Voir Ps 139.1ss. – quand tu t'assieds... : litt. le fait que tu t'assieds...quand tu pars... : litt. quand tu sors et quand tu rentres, cf. Nb 27.17n ; 1S 18.5n.]

28 Parce que tu t'agites contre moi
et que ta suffisance est montée à mes oreilles,
je mettrai ma boucle à tes narines
et mon mors à tes lèvres,
et je te ferai retourner par le chemin par lequel tu es venu. [suffisance : le terme hébreu signifie généralement quiétude, tranquillité. Certains modifient le texte hébreu traditionnel pour lire ton rugissement. – boucle ou crochet. L'image est celle d'un animal tiré par un anneau passé dans ses naseaux ; cf. Ez 19.4,9 ; 29.4.]

Le signe donné à Ezéchias

Es 37.30-32

29 Voici le signe pour toi :
on mangera cette année le produit du grain tombé,
et la suivante ce qui pousse de soi-même.
Mais la troisième année,
semez, moissonnez, plantez des vignes et mangez-en le fruit. [le produit du grain tombé : il s'agit du grain qui n'a pas été semé et qui est tombé dans le champ par accident au moment de la moisson ; cf. Lv 25.5,11.]

30 Les rescapés de la maison de Juda qui seront restés
produiront encore des racines vers le bas
et porteront du fruit vers le haut.

31 Car de Jérusalem sortira un reste,
et du mont Sion des rescapés.
Voilà ce que fera la passion jalouse du SEIGNEUR. [du SEIGNEUR : avec Es 37.32, de nombreux mss hébreux et des versions anciennes ; une autre lecture traditionnelle ajoute des Armées.]

La fin de Sennachérib

Es 37.33-38 ; 2Ch 32.21-22

32 A cause de cela, ainsi parle le SEIGNEUR au sujet du roi d'Assyrie :
Il n'entrera pas dans cette ville,
il n'y tirera pas de flèche,
il ne lui opposera pas de bouclier
et il n'élèvera pas de remblai contre elle. [ainsi parle... : autre traduction voici ce que le SEIGNEUR dit au roi d'Assyrie. – Il n'entrera pas... : autre traduction possible (aussi au v. 33) il ne viendra pas vers cette ville.]

33 Il s'en retournera par le chemin par lequel il sera venu,
et il n'entrera pas dans cette ville
– déclaration du SEIGNEUR. [il sera venu : cf. Es 37.34 (il est venu) ; venir et entrer traduisent ici un même verbe hébreu (v. 32n).]

34 Je protégerai cette ville pour la sauver,
à cause de moi et à cause de David, mon serviteur. [pour la sauver : texte absent de LXX. – à cause de David : cf. 2S 7.12.]

35 Cette nuit-là, le messager du SEIGNEUR sortit et abattit dans le camp des Assyriens cent quatre-vingt cinq mille hommes ; quand on se leva, de bon matin, c'étaient tous des cadavres, des morts ! [Cette nuit-là : précision absente d'Es 37.36. – messager : voir ange. – cent quatre-vingt cinq mille hommes : selon certains mss et Es 37.38. La plupart des mss donnent le chiffre de 8 500 000. Pour l'historien grec Hérodote, une invasion de rats aurait dévasté le camp assyrien. Certains commentateurs en ont conclu que le fléau évoqué était une épidémie de peste.]36 Alors Sennachérib, roi d'Assyrie, s'en retourna habiter à Ninive. [s'en retourna : litt. partit (ou leva le camp) et alla et retourna.]37 Alors qu'il était prosterné dans la maison de Nisrok, son dieu, Adrammélek et Sarétser le tuèrent d'un coup d'épée et s'enfuirent au pays d'Ararat. Son fils Asarhaddon devint roi à sa place. [Nisrok : dieu inconnu ; peut-être une déformation de Mardouk, nom du principal dieu de Babylone ; on a vu aussi dans l'expression maison (au sens de temple, hébreu beth) de Nisrok une déformation de Bad-Sarroukîn (Bourg de Sargon), autre nom de Khorsabad, site du palais de Sargon. – Adrammélek et Sarétser : avec de nombreux mss hébreux et des versions anciennes ; une lecture traditionnelle précise ses fils, comme en Es 37.38. D'après une chronique babylonienne, Sennachérib aurait été tué par l'un de ses fils au cours d'une insurrection. Une inscription d'Asarhaddon évoque un complot de ses frères qui voulaient s'emparer du trône. Une source assyrienne émanant du petit-fils de Sennachérib, Assourbanipal, semble confirmer le fait que ce roi aurait été assassiné dans un temple, vraisemblablement à Babylone.]

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