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Nouvelle Bible Segond – 2 Rois 21

Manassé, roi de Juda

2Ch 33.1-10

21 Manassé avait douze ans lorsqu'il devint roi ; il régna cinquante-cinq ans à Jérusalem. Le nom de sa mère était Hephtsiba. [Hephtsiba (Mon plaisir est en elle) : cf. Es 62.4n.]2 Il fit ce qui déplaisait au SEIGNEUR, imitant les abominations des nations que le SEIGNEUR avait dépossédées devant les Israélites. [ce qui déplaisait au SEIGNEUR : cf. v. 6,15s,20 ; 3.2n ; 1R 11.6+. – que le SEIGNEUR avait dépossédées... : cf. Lv 18.24-30 ; Dt 18.9,12-14.] 3 Il rebâtit les hauts lieux qu'Ezéchias, son père, avait fait disparaître, il éleva des autels pour le Baal, il fit un poteau cultuel (une ashéra), comme l'avait fait Achab, roi d'Israël, il se prosterna devant toute l'armée du ciel et la servit. [poteau cultuel : le même mot est traduit par Ashéra au v. 7 ; cf. Jg 3.7n.]4 Il bâtit des autels dans la maison du SEIGNEUR, dont le SEIGNEUR avait dit : « C'est à Jérusalem que je placerai mon nom. » [je placerai mon nom v. 7 ; Nb 6.27 ; 1R 11.36 ; 1R 9.3.]5 Il bâtit des autels pour toute l'armée du ciel dans les deux cours de la maison du SEIGNEUR. [dans les deux cours : certains mss de LXX ont lu dans toutes les cours.]6 Il fit passer son fils par le feu ; il cherchait des présages et pratiquait la divination. Il installa des spirites et des médiums. Il contraria le SEIGNEUR en faisant de plus en plus ce qui lui déplaisait. [son fils : LXX ses fils. – divination ou magie ; cf. 17.17. – Il installa : autre traduction il fréquenta. – ce qui lui déplaisait : cf. v. 2+.]7 Il plaça la statue de l'Ashéra qu'il avait faite dans la maison dont le SEIGNEUR avait dit à David et à Salomon, son fils : « C'est dans cette maison et c'est dans Jérusalem, que j'ai choisie parmi toutes les tribus d'Israël, que je veux placer mon nom pour toujours. [la statue de l'Ashéra : cf. Jg 3.7n ; autre traduction la statue, le poteau cultuel (l'ashéra). – qu'il avait faite : texte absent de LXX.]8 Je ne ferai plus vagabonder Israël hors de la terre que j'ai donnée à ses pères, pourvu seulement qu'ils veillent à faire exactement ce que je leur ai ordonné, en suivant toute la loi que Moïse, mon serviteur, a instituée pour eux. » [Israël : litt. le pied d'Israël. – de la terre : litt. du sol, cf. Gn 2.5n. – ordonné et instituée traduisent le même verbe hébreu. – en suivant toute la loi... : litt. et pour toute la loi... ; LXX selon toute la loi...]9 Mais ils n'écoutèrent pas ; Manassé les égara, de sorte qu'ils firent plus de mal que les nations que le SEIGNEUR avait détruites devant les Israélites.

Babylone et les Babyloniens

L’antique ville de Babylone se situe dans la partie méridionale de la Mésopotamie (la grande plaine qui s’étend entre le Tigre et l’Euphrate, depuis l’Assyrie au nord et la Syrie à l’ouest jusqu’au golfe Persique) qui correspond au sud de l’Irak actuel. Des villes ont été construites dans cette région depuis la plus haute antiquité, dès que les hommes ont su utiliser l’eau des fleuves pour irriguer les terres. Plusieurs d’entre elles ont constitué, au moins à certains moments de leur histoire, des cités-royaumes plus ou moins indépendantes ou rivales (cf. Gn 10.8ss).

La civilisation mésopotamienne est, avec celle de l’Egypte (voir « L’Egypte et les Egyptiens »), l’une des plus anciennes du Proche-Orient. Les Sumériens habitaient le sud de la Mésopotamie dès le IVe millénaire av. J.-C. On a retrouvé des listes de mots, des reçus et des comptes en sumérien sur des tablettes d’argile datant peut-être de 3100 av. J.-C. Plus au nord vivaient les Akkadiens (Gn 10.10n), un peuple sémitique comme Israël. Ceux-ci ont fini par absorber les Sumériens tout en intégrant leur culture : certains textes ont été écrits en sumérien alors que le sumérien était déjà une langue morte depuis des siècles (cf. Dn 1.4n). Une dynastie de rois akkadiens, fondée par Sargon Ier (cf. Ex 2.2n), a régné à Akkad dans la dernière partie du IIIe millénaire av. J.-C. Une autre dynastie, sumérienne celle-là, régnait à Our (Gn 11.28n) tout à la fin du IIIe millénaire. A cette époque, l’artisanat mésopotamien produisait déjà des bijoux d’or et d’argent, des armes de bronze et de cuivre et des statues, comme l’attestent les découvertes extraordinaires qui ont été faites dans les tombes royales d’Our, témoins somptueux de ce qu’on a appelé la « renaissance sumérienne » (voir illustrations « Un bélier appuyé sur un arbustre » et « Une harpe reconstituée à Our »).

C’est en Mésopotamie qu’on a retrouvé les plus anciennes traces d’écriture. C’est là que s’est développée l’écriture cunéiforme, commune à plusieurs peuples et langues de la région (Babylone et l’Assyrie par exemple), mais aussi empruntée plus tard par les Syriens, les Elamites ou les Perses. Chaque caractère consistait en une combinaison de signes en forme de coins (clous ou fers de lance), imprimés sur des tablettes d’argile fraîche à l’aide d’un roseau, puis d’une sorte de poinçon ou de stylet. Ces caractères (plus de 500 dans certains systèmes) représentaient à l’origine des mots évoquant des objets ou des idées, ensuite des sons (d’abord des syllabes, puis des lettres dans les systèmes alphabétiques), susceptibles de composer un lexique extensible à l’infini.

Babylone elle-même ne devient une ville importante qu’au début du IIe millénaire av. J.-C., après la chute d’Our. Elle a été très puissante pendant un temps relativement court, au XVIIIe siècle ou au XVIIe siècle av. J.-C., sous le règne d’Hammourabi, célèbre par le code juridique qui lui est attribué et qu’on a souvent voulu comparer – ou opposer – à la loi de Moïse. Babylone a dû ensuite attendre quelque 1200 ans pour que les « Chaldéens » (Gn 11.28n) Nabopolassar et surtout Nabuchodonosor II lui rendent son pouvoir, en fondant l’empire néo-babylonien (voir « Le temps des rois »). Mais même pendant cette longue éclipse politique, Babylone demeure la référence culturelle et religieuse de la région. C’est vers elle que regardent les Assyriens, par exemple, comme l’atteste la similitude des motifs architecturaux ou des panthéons (voir « L’Assyrie et les Assyriens »).

C’est surtout à l’empire néo-babylonien que l’histoire biblique a affaire. Déjà Mardouk-apla-iddina, alias Mérodak-Baladan, qui parvient à se proclamer roi de Babylone en 721 à la faveur de troubles dans l’empire assyrien, cherche un allié en la personne d’Ezéchias, roi de Juda (2R 20.12ss ; Es 39.1ss). En 614, Assour tombe aux mains des Mèdes, qui s’allieront aux Babyloniens pour s’emparer de Ninive en 612. Peu après, les Babyloniens sont maîtres de toute la région. Le pharaon Néko (cf. 2R 23.29ss) marche vers l’Euphrate et combat aux côtés des Assyriens à Karkemish en 605 av. J.-C. (Jr 46.2n), mais l’armée babylonienne, conduite par Nabuchodonosor, le défait. Les Egyptiens doivent battre en retraite.

Comme l’armée babylonienne progresse vers le sud, Joïaqim, roi de Juda, doit se faire vassal de Nabuchodonosor. Quelques années plus tard, il change d’avis et se révolte. L’année de sa mort, les armées babyloniennes assiègent Jérusalem. Joïakîn, successeur de Joïaqim, se rend. Il est emmené captif à Babylone avec beaucoup de Judéens (2R 23.36–24.17). Un texte cunéiforme indique les rations qui lui sont attribuées dans sa captivité, à lui et aux membres de sa famille. Le siège est daté (du 15/16 mars 597 av. J.-C.) dans la Chronique de Babylone : « Le roi d’Akkad réunit ses troupes, marcha vers le pays de Hati, dressa son camp contre la ville de Juda... prit la ville et captura son roi. » Dix ans plus tard, Sédécias, roi de Juda, mis en place par Nabuchodonosor, se rebelle encore contre Babylone. Cette fois, les Babyloniens détruisent Jérusalem et son temple ; ils exilent encore une partie de la population à Babylone (2R 24.18–25.12 ; voir l’encadré « L’après-Josias »).

Les exilés de Juda découvrirent sans doute avec étonnement la grande ville que Nabuchodonosor avait reconstruite (cf. Dn 4.27). Babylone était protégée par un large fossé et une double muraille de briques. Les deux murs, respectivement de 3,70 m et 6,50 m d’épaisseur, étaient séparés par un chemin de garde. Des huit grandes portes de Babylone, la plus connue est la porte d’Ishtar (déesse de la fécondité), au nord. Le porche était orné de taureaux (symboles du dieu Bel) et de dragons (symboles de Mardouk, le dieu patron de Babylone). La grande rue des processions, par laquelle on transportait les statues des dieux pour la fête du nouvel an, était bordée de murs de briques émaillées avec des reliefs de lions polychromes, symboles de la déesse Ishtar (cf. « Un lion polychrome »). Elle conduisait de la porte d’Ishtar vers le centre de la ville où se trouvaient les grands temples, notamment l’Esagil, le temple de Mardouk. En tout Babylone comptait cinquante-trois grands temples, outre d’innombrables petits sanctuaires, une grande tour (ziggourat, voir « Une reconstitution de la ziggourat »), une citadelle et un vaste ensemble d’édifices royaux et administratifs. L’abondance des représentations et des symboles religieux n’a pas pu manquer de frapper l’imagination des exilés. On a pu en relever de nombreuses traces dans les images foisonnantes du livre d’Ezéchiel (voir « L’Exil et la Bible »). De fait, la longévité littéraire et symbolique de Babylone dans le monde juif, puis chrétien, excède de beaucoup le temps de son existence historique (cf. 1P 5.13n ; Ap 14.8+).

Malgré toute sa gloire, l’empire néo-babylonien ne dura pas un siècle. En 539 av. J.-C. il était prêt à tomber aux mains de Cyrus, le Perse, qui se fit acclamer « roi de Babylone ». Celui-ci autorisa les exilés à rentrer chez eux et à reconstruire leurs villes et leurs temples, mais une importante communauté juive resta en Babylonie et se perpétua jusqu’au Moyen Age (voir Talmud).

10 Alors, par l'intermédiaire de ses serviteurs, les prophètes, le SEIGNEUR dit : [ses serviteurs, les prophètes 9.7 ; 14.25 ; 17.13,23 ; 24.2 ; Jr 7.25+ ; Ez 38.17 ; Dn 9.6 ; Am 3.7 ; Za 1.6 ; Esd 9.11.]11 Parce que Manassé, roi de Juda, a commis ces abominations, parce qu'il a fait pire que tout ce qu'avaient fait avant lui les Amorites, et parce qu'il a aussi fait pécher Juda par ses idoles, [Cf. 24.3n.]12 à cause de cela, ainsi parle le SEIGNEUR, le Dieu d'Israël : Je fais venir sur Jérusalem et sur Juda un malheur tel que quiconque en entendra parler en restera abasourdi. [en restera abasourdi : litt. ses deux oreilles tinteront ; cf. 1S 3.11n ; Jr 19.3.]13 Je tendrai sur Jérusalem le cordeau de Samarie et le niveau de la maison d'Achab ; et je nettoierai Jérusalem, comme un plat qu'on nettoie en le renversant sens dessus dessous. [Il faut sans doute comprendre que Manassé cumule à Jérusalem les fautes commises par Jéroboam, fondateur du royaume du Nord (Samarie), et par la dynastie d'Achab, associée au culte de Baal. En tout cas le châtiment de Jérusalem sera comparable à celui de Samarie. – le cordeau : cf. Lm 2.8. – le niveau ou le fil à plomb : cf. Es 28.17. – je nettoierai ou détruirai : cf. Gn 6.7 ; 7.4 ; Ex 17.14 ; 32.32s ; Dt 9.14 ; Es 25.8.]14 Je délaisserai le reste de mon patrimoine ; je les livrerai à leurs ennemis ; ils seront pillés et dépouillés par tous leurs ennemis, [ils seront pillés et dépouillés : litt. ils deviendront butin et proie.]15 parce qu'ils ont fait ce qui me déplaisait, en me contrariant depuis le jour où leurs pères sont sortis d'Egypte jusqu'à ce jour. [ce qui me déplaisait v. 2+.]

16 De plus, Manassé répandit beaucoup de sang innocent, jusqu'à en remplir Jérusalem d'un bout à l'autre, outre le péché qu'il fit commettre à Juda en faisant ce qui déplaisait au SEIGNEUR. [sang innocent Jr 7.6n. – d'un bout à l'autre 10.21n. – ce qui déplaisait... v. 2+.]

2Ch 33.18-20

17 Le reste de l'histoire de Manassé, tout ce qu'il a fait, le péché qu'il a commis, cela est écrit dans le livre des chroniques des rois de Juda. [Le reste de l'histoire... 1R 11.41n. – le livre des chroniques des rois de Juda 1R 14.19n.]18 Manassé se coucha avec ses pères et fut enseveli dans le jardin de sa maison, dans le jardin d'Ouzza. Amôn, son fils, devint roi à sa place. [se coucha... 8.24+ ; 1R 1.21+. – dans le jardin de sa maison (ou de son palais) : texte absent de LXX.]

Amôn, roi de Juda

2Ch 33.21-25

19 Amôn avait vingt-deux ans lorsqu'il devint roi ; il régna deux ans à Jérusalem. Le nom de sa mère était Meshoullémeth, fille de Harouts, de Yotba. [Meshoullémeth signifie récompensée ou apaisée. – Yotba : connue par les écrits de Flavius Josèphe, cette ville a été identifiée avec le site moderne de Khirbet Jefat à 25 km à l'est de Haïfa et à 14 km au nord de Nazareth (à distinguer de Yotbata citée en Nb 33.33 ; Dt 10.7).]20 Il fit ce qui déplaisait au SEIGNEUR, comme l'avait fait son père Manassé ; [ce qui déplaisait au SEIGNEUR v. 2+.]21 il suivit en tout la voie qu'avait suivie son père ; il servit les idoles que son père avait servies et se prosterna devant elles ; 22 il abandonna le SEIGNEUR, le Dieu de ses pères, et ne suivit pas la voie du SEIGNEUR. 23 Les gens de la cour d'Amôn conspirèrent contre lui. Ils mirent à mort le roi dans sa maison. [Les gens de la cour d'Amôn : litt. les serviteurs d'Amôn ; certains mss de LXX et la Vg portent les gens de sa cour, litt. ses serviteurs, cf. 2Ch 33.24. – dans sa maison ou dans son palais.]24 Mais le peuple du pays abattit tous ceux qui avaient conspiré contre le roi Amôn ; à sa place, le peuple du pays investit de la royauté Josias, son fils. [le peuple du pays : l'expression peut désigner l'ensemble de la population ou plus particulièrement les notables ; Jr 1.18n. – investit... Josias : cf. 1R 13.2n.]25 Le reste de l'histoire d'Amôn, ce qu'il a fait, cela est écrit dans le livre des chroniques des rois de Juda. [Le reste de l'histoire... 1R 11.41n. – le livre des chroniques des rois de Juda 1R 14.19n.]26 On l'ensevelit dans son tombeau, dans le jardin d'Ouzza. Josias, son fils, devint roi à sa place. [Josias : hébreu Yo'shiyahou.]

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