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Nouvelle Bible Segond – 2 Rois 4

Elisée secourt une veuve

4 La femme d'un des prophètes cria vers Elisée : Mon mari, ton serviteur, est mort, et tu sais qu'il craignait le SEIGNEUR ; or le créancier est venu pour prendre mes deux enfants et en faire ses esclaves. [Cf. 1R 17.7-16. A la différence du miracle d'Elie, qui se situait en Phénicie dans un contexte de famine généralisée, le miracle d'Elisée répond à un malheur individuel en Israël. – La femme d'un des prophètes : litt. une femme d'entre les femmes des Fils des prophètes ; un ms hébreu et LXX portent une femme d'entre les fils des prophètes, ce qui impliquerait la présence de femmes au sein de la confrérie des prophètes (cf. 2.3n). – Voir crainte.esclaves : le même mot est traduit plus haut par serviteur ; cf. Ex 21.7.]2 Elisée lui dit : Que puis-je faire pour toi ? Dis-moi ce que tu as à la maison. Elle répondit : Moi, ta servante, je n'ai rien d'autre à la maison qu'un flacon d'huile. [un flacon : le terme correspondant n'apparaît qu'ici ; certains modifient le texte hébreu traditionnel pour lire le mot qui désigne en 1S 10.1 la fiole servant à l'onction. – d'huile : autre traduction de parfum ; comparer avec 1R 17.10-16.]3 Il dit alors : Sors dans la rue, demande à tous tes voisins des récipients, des récipients vides ; ne te contente pas d'un petit nombre ! [dans la rue ou dehors. – ne te contente pas d'un petit nombre : litt. ne fais pas peu.]4 Quand tu seras rentrée, tu fermeras la porte sur toi et sur tes fils ; tu verseras l'huile dans tous ces récipients et tu mettras de côté ceux qui seront pleins. [l'huile : sous-entendu dans le texte.]5 Alors elle le quitta. Elle ferma la porte sur elle et sur ses fils ; ils lui passaient les récipients, et elle versait. [les récipients : sous-entendu dans le texte.]6 Lorsque les récipients furent pleins, elle dit à son fils : Passe-moi encore un récipient. Mais il lui répondit : Il n'y a plus de récipient. Alors l'huile s'arrêta. 7 Elle vint raconter tout cela à l'homme de Dieu ; celui-ci dit : Va vendre l'huile et paie ta dette ; tu vivras, toi et tes fils, de ce qui restera. [paie ta dette : autre lecture traditionnelle rembourse ton créancier. – ce qui restera : cf. Mt 14.20//.]

Elisée et la Shounamite

8 Un jour Elisée passait par Shounem. Il y avait là une femme de haut rang, qui le pressa d'accepter à manger. Dès lors, toutes les fois qu'il passait, il se retirait chez elle pour manger. [Shounem : dans la vallée de Jizréel. – une femme de haut rang : litt. une grande dame. – qui le pressa d'accepter à manger : litt. qui l'obligea à manger du pain, cf. Gn 3.19n ; 37.25n.]9 Elle dit à son mari : Je sais que cet homme qui passe constamment chez nous est un saint homme de Dieu. [un saint homme de Dieu ou l'homme de Dieu est Saint c.-à-d. consacré, ce qui rendait peut-être nécessaire qu'il puisse disposer de sa propre chambre. Cf. 1R 17.24.]10 Je t'en prie, faisons une petite chambre en dur à l'étage, et mettons-y pour lui un lit, une table, un siège et un porte-lampes. Quand il viendra chez nous, il pourra s'y retirer. [chambre... à l'étage Jg 3.20n. – un porte-lampes : le mot hébreu menora, qui désigne aujourd'hui le chandelier traditionnel à plusieurs branches, s'applique dans la Bible au porte-lampes de la « demeure » du désert (Ex 25.31+ ; 30.27 ; 31.8 etc.) ou du temple de Salomon (1R 7.49). La présence d'un tel objet dans la chambre d'Elisée pourrait signifier que, pour la Shounamite, cette pièce sera un véritable sanctuaire.]

11 Le jour où Elisée revint, il se retira dans la chambre à l'étage et s'y coucha. 12 Il dit à Guéhazi, son serviteur : Appelle cette Shounamite. Guéhazi l'appela, et elle se présenta devant lui. [devant lui : devant Elisée, même si ce dernier ne s'adresse à la Shounamite que par l'intermédiaire de Guéhazi.]13 Elisée dit à Guéhazi : Dis-lui, je te prie : Tu as fait beaucoup de choses pour nous ; que peut-on faire pour toi ? Faut-il parler pour toi au roi ou au chef de l'armée ? Elle répondit : J'habite au milieu de mon peuple. [Tu as fait beaucoup... : litt. tu as tremblé pour nous de tout ce tremblement, c.-à-d. tu t'es donné beaucoup de mal pour nous (cf. Gn 42.28 ; Ex 19.16 ; 1S 28.5 ; Es 10.29). – J'habite au milieu de mon peuple : on a interprété cette réponse, qui semble décliner l'offre, soit comme une expression de modestie (qui suis-je pour qu'on sollicite le roi à mon sujet ?), soit comme une expression de contentement (j'ai tout ce qu'il me faut).]14 Il dit alors : Que faire pour elle ? Guéhazi répondit : Hélas, elle n'a pas de fils, et son mari est vieux. [son mari est vieux : en 8.1-6, la Shounamite est peut-être veuve. Cf. Gn 18.12.]15 Elisée dit : Appelle-la. Guéhazi l'appela ; elle se présenta à la porte. [à la porte ou dans l'entrée ; cf. 5.9 ; 1R 14.6.]16 Elisée lui dit : A cette époque-ci, l'année prochaine, tu auras un fils dans tes bras. Elle dit alors : Non, mon seigneur, homme de Dieu ! Ne me mens pas, à moi, ta servante ! [A cette époque-ci, l'année prochaine : litt. à ce moment (ou à cette fête) selon le temps vivant ; la même expression est traduite au v. 17 par à la même époque, l'année suivante ; cf. Gn 17.21n ; 18.10. Ce récit présente plusieurs analogies avec celui de la Genèse (hospitalité offerte par un couple sans enfant et dont le mari est âgé). – homme de Dieu : expression absente d'un ms hébreu et de LXX.]

17 Cette femme fut enceinte ; elle mit au monde un fils à la même époque, l'année suivante, comme Elisée le lui avait dit.

Mort du fils de la Shounamite

18 L'enfant grandit. Un jour qu'il était sorti vers son père, auprès des moissonneurs, [Cf. 1R 17.17-24.]19 il dit à son père : Ma tête ! ma tête ! Le père dit à son serviteur : Porte-le à sa mère. 20 Il l'emporta et l'amena à sa mère ; l'enfant resta sur les genoux de sa mère jusqu'à midi, puis il mourut. [resta : la plupart des mss de LXX ont lu fut couché, peut-être en fonction du début du v. 21.]21 Elle monta, le coucha sur le lit de l'homme de Dieu, ferma la porte sur lui et sortit. [sur le lit... : elle qui se tenait jusqu'ici à l'entrée de la chambre n'hésite pas à coucher son enfant mort sur le lit du prophète, accomplissant elle-même le geste du prophète Elie envers le fils de la veuve de Sarepta (1R 17.19).]22 Elle appela son mari et lui dit : Envoie-moi, je te prie, un des serviteurs et une des ânesses ; je cours trouver l'homme de Dieu et je reviens. 23 Il dit : Pourquoi vas-tu le voir aujourd'hui ? Ce n'est ni nouvelle lune ni sabbat. Elle répondit : Tout va bien. [nouvelle lune... sabbat Es 66.23 ; Ez 46.1 ; Am 8.5. – Tout va bien : hébreu shalom, litt. paix. Le mari est tenu en dehors de l'action ; dès le début (v. 8), la femme est au centre du récit.]24 Puis elle fit seller l'ânesse et dit à son serviteur : Conduis-la et marche ; ne m'arrête pas en route sans que je te le dise. [Conduis-la : même verbe en 9.20.]

25 Elle partit donc trouver l'homme de Dieu au mont Carmel. Quand l'homme de Dieu l'aperçut de loin, il dit à Guéhazi, son serviteur : C'est cette Shounamite ! [l'homme de Dieu : à la deuxième occurrence, la plupart des mss de LXX portent Elisée ; de même au v. 27.]26 Maintenant, cours à sa rencontre, je te prie, et dis-lui : Vas-tu bien ? Ton mari va-t-il bien ? L'enfant va-t-il bien ? Elle répondit : Tout va bien. [Tout va bien : le mot hébreu shalom revient à quatre reprises dans ce v. (cf. v. 23n). La Shounamite ne veut s'adresser à personne d'autre qu'au prophète (cf. v. 12n).]27 Dès qu'elle fut arrivée auprès de l'homme de Dieu dans la montagne, elle lui saisit les pieds. Guéhazi s'approcha pour la repousser, mais l'homme de Dieu dit : Laisse-la, car elle est amère ; le SEIGNEUR me l'a caché, il ne m'en a pas informé. [homme de Dieu : cf. v. 25n. – les pieds : autre traduction les jambes. – pour la repousser : cf. Mc 10.13. – elle est amère : litt. son âme ou sa vie est amère ; cf. Rt 1.20.]28 Alors elle dit : T'ai-je demandé un fils, mon seigneur ? N'ai-je pas dit : Ne me trompe pas !

29 Elisée dit à Guéhazi : Passe une ceinture à tes reins, prends mon bâton et va. Si tu rencontres quelqu'un, ne le bénis pas ; et si quelqu'un te bénit, ne lui réponds pas. Tu mettras mon bâton sur le visage du garçon. [Si tu rencontres... : cf. v. 24. – ne le bénis pas / te bénit : autre traduction ne le salue pas / te salue ; cf. Lc 10.4. – garçon : le mot peut aussi désigner un jeune homme ou un serviteur. Jusqu'au v. 18, il était décrit comme un enfant.]30 La mère du garçon dit : Par la vie du SEIGNEUR et par ta propre vie, je ne te quitterai pas ! Alors il se leva et la suivit. [Par la vie du SEIGNEUR... : cf. 2.2n.]31 Guéhazi les avait devancés et il avait mis le bâton sur le visage du garçon ; mais il n'y eut ni voix ni signe d'attention. Il revint à la rencontre d'Elisée et le mit au courant en disant : Le garçon ne s'est pas réveillé. [les avait devancés : LXX l'avait devancé ou devancée, selon les mss. – ni voix : cf. 1R 18.29.]

Elisée rend la vie à l'enfant

32 Lorsque Elisée entra dans la maison, le garçon était mort, couché sur son lit. [Cf. Lc 7.12-16.]33 Elisée entra et ferma la porte sur eux deux pour prier le SEIGNEUR. [entra et ferma la porte... : cf. v. 4 ; Mt 6.6 ; Ac 9.40.]34 Il monta et se coucha sur l'enfant ; il mit sa bouche sur sa bouche, ses yeux sur ses yeux, ses mains sur ses mains. Il resta courbé sur lui, et le corps de l'enfant se réchauffa. [Il resta courbé sur lui ou il se courba sur lui ; le verbe correspondant n'apparaît qu'ici (et au v. 35) et en 1R 18.42, où Elie se courbe vers la terre jusqu'à l'apparition du nuage annonçant la fin de la sécheresse.]35 Elisée revint dans la maison et se mit à marcher de long en large ; puis il remonta et se courba sur l'enfant ; alors le garçon éternua sept fois et ouvrit les yeux. [et se courba sur l'enfant (litt. sur lui) ... : LXX présente un texte plus court : et se courba sur le garçon jusqu'à sept fois et le garçon ouvrit les yeux. – éternua : c'est un signe de vie, Jb 41.9 ; cf. 13.21 où le simple contact avec le corps d'Elisée occasionne une résurrection.]36 Elisée appela Guéhazi et lui dit : Appelle cette Shounamite. Guéhazi l'appela, et elle vint vers Elisée qui dit : Prends ton fils. [Cf. Hé 11.35.]37 Elle vint et tomba à ses pieds, prosternée jusqu'à terre ; puis elle prit son fils et sortit.

La soupe immangeable

38 Elisée revint au Guilgal. Or il y avait une famine dans le pays. Alors que les prophètes étaient assis devant lui, il dit à son serviteur : Prépare la grande marmite et fais cuire une soupe pour les prophètes. [Guilgal : cf. 2.1. – les prophètes : litt. les Fils des prophètes, cf. 2.3n. – une soupe ou un ragoût ; le mot hébreu désigne un plat cuisiné mal identifié ; cf. Gn 25.29 ; Ag 2.12.]39 L'un d'eux sortit dans la campagne pour ramasser des légumes ; il trouva une vigne sauvage et il y ramassa des coloquintes sauvages, plein son vêtement. Quand il rentra, il les coupa en morceaux dans la marmite de soupe, car on ne savait pas ce que c'était. [des légumes ou des herbes. – une vigne sauvage : litt. une vigne de champ, expression qui pourrait désigner un plant de coloquintes, dont les feuilles ressemblent effectivement à celles de la vigne et dont les fruits fort attrayants sont extrêmement toxiques. – on ne savait pas ce que c'était : litt. ils ne savaient pas ; en s'appuyant sur certains mss de LXX, Syr et Vg, on peut aussi lire il ne le (== le légume) connaissait pas.]40 On servit à manger à ces hommes ; mais dès qu'ils eurent mangé de la soupe, ils s'écrièrent : Il y a la mort dans la marmite, homme de Dieu ! Ils ne pouvaient pas en manger. 41 Elisée dit : Prenez de la farine. Il en jeta dans la marmite et dit : Sers ces gens et qu'ils mangent. Et il n'y avait plus rien de mauvais dans la marmite.

La multiplication des pains

42 Un homme arriva de Baal-Shalisha. Il apportait du pain de la première moisson à l'homme de Dieu, vingt pains d'orge, et du blé nouveau dans son sac. Elisée dit : Donne-le à ces gens, et qu'ils mangent. [Baal-Shalisha : cf. 1S 9.4 ; ville de la région montagneuse d'Ephraïm parfois identifiée avec les sites modernes de Khirbet Serisia ou de Kafr Tilt. – du pain de la première moisson : c'est habituellement une offrande, cf. Ex 23.19n ; Lv 23.17-21 ; Nb 18.13 ; Dt 18.4. – du blé nouveau dans son sac : traduction incertaine ; selon certains, l'expression correspondante, dont l'un des termes n'apparaît qu'ici, pourrait désigner une variété de fruits ; LXX des gâteaux de raisins. – à ces gens : litt. au peuple, de même au v. 43. – Voir aussi Mt 14.16-20 ; Jn 6.9-13.]43 Son auxiliaire répondit : Comment pourrais-je en donner à cent personnes ? Mais Elisée dit : Donne à ces gens, et qu'ils mangent ; car ainsi parle le SEIGNEUR : On mangera et on en aura de reste. [Jn 6.9. – Son auxiliaire : cf. 6.15 ; 1R 1.4n ; Jos 1.1. – On mangera... : cf. Mc 6.35-44//.]44 Il mit alors les pains devant eux ; ils mangèrent et en eurent de reste, selon la parole du SEIGNEUR. [Il mit alors... devant eux : absent de LXX. – les pains : sous-entendu dans le texte. – et en eurent de reste : comme dans le premier récit du chap., celui-ci se termine en soulignant la surabondance de ce que Dieu donne ; cf. Lc 9.17.]

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