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Nouvelle Bible Segond – 2 Rois 6

La cognée perdue

6 Les prophètes dirent à Elisée : Le lieu où nous sommes assis devant toi est trop étroit pour nous. [Les prophètes : litt. les Fils des prophètes, cf. 2.3n. – où nous sommes assis devant toi : autre traduction où nous habitons avec toi ; mais il s'agit plus probablement du lieu où les disciples d'Elisée reçoivent son enseignement (l'élève est assis devant le maître, cf. Ac 22.3).]2 S'il te plaît, allons jusqu'au Jourdain ; nous y prendrons chacun une poutre et nous nous ferons là un lieu pour y tenir séance. Il répondit : Allez ! [pour y tenir séance : autre traduction pour y habiter.]3 L'un d'eux dit : Accepte de venir avec nous, je te prie ! Il répondit : J'irai. [avec nous : litt. avec tes serviteurs.]4 Il alla donc avec eux. Arrivés au Jourdain, ils coupèrent des arbres. 5 Comme l'un d'eux abattait une poutre, le fer tomba dans l'eau. Il s'écria : Ah ! maître, il était emprunté ! [emprunté : après les épisodes de 4.1-7,38-44, ce récit vient conforter l'idée de l'extrême pauvreté des confréries prophétiques.]6 L'homme de Dieu dit : Où est-il tombé ? Il lui montra l'endroit. Alors Elisée coupa un morceau de bois, le jeta au même endroit et fit flotter le fer. 7 Puis il dit : Reprends-le ! L'autre tendit la main et le prit.

Elisée capture des soldats araméens

8 Le roi d'Aram était en guerre contre Israël ; il tint conseil avec les gens de sa cour et dit : J'établirai mon campement à tel et tel endroit. [J'établirai mon campement : des versions anciennes ont compris tendons un piège. – tel et tel endroit : cf. 1S 21.3n.]9 Mais l'homme de Dieu fit dire au roi d'Israël : Garde-toi de passer par ce lieu ; les Araméens y descendent. [l'homme de Dieu : LXX porte Elisée, de même au v. 10.]10 Alors le roi d'Israël envoya des gens à l'endroit que l'homme de Dieu lui avait indiqué, pour y monter la garde.

Cela se produisit plusieurs fois. [indiqué : litt. dit et signalé(?) le second terme est absent de LXX. – Cela se produisit... : litt. ni une (fois) ni deux.]11 Le roi d'Aram eut le cœur troublé par cette affaire. Il appela les gens de sa cour et leur dit : Ne me direz-vous pas qui, parmi les nôtres, travaille pour le roi d'Israël ? [Voir cœur.qui, parmi les nôtres, travaille pour... : autre lecture possible qui nous trahit pour le roi d'Israël. Le roi pense qu'un espion dévoile ses plans à son ennemi.]12 L'un eux répondit : Personne, ô roi ! C'est Elisée, le prophète qui est en Israël, qui rapporte au roi d'Israël les paroles que tu prononces dans ta chambre à coucher. 13 Le roi dit : Allez voir où il est, et je l'enverrai prendre. On vint lui dire : Il est à Dotân. [Dotân : aujourd'hui Tell Dotân, ville située à 10 km au sud de Jenîn, sur la route qui va de Sichem à la plaine côtière ; cf. Gn 37.17 ; voir Judith 3.9 ; 4.6 ; 7.3,18 ; 8.3.]14 Il y envoya des chevaux, des chars et une forte troupe, qui arrivèrent de nuit et encerclèrent la ville. [des chevaux : LXX met le mot au singulier (comme au v. 15) mais il peut s'agir d'un nom collectif.]15 L'auxiliaire de l'homme de Dieu se leva de bonne heure et sortit. Une troupe cernait la ville, avec des chevaux et des chars. Le serviteur dit à l'homme de Dieu : Ah ! maître, comment ferons-nous ? [auxiliaire 4.43+. – homme de Dieu : cf. v. 9ns. – Le serviteur dit... : litt. son serviteur (ou garçon) lui dit. Le serviteur qui n'est pas nommé pourrait être celui de l'auxiliaire ; il est toutefois plus simple de penser que le serviteur et l'auxiliaire sont un seul et même homme, peut-être Guéhazi. Sur serviteur / auxiliaire, cf. 4.38,43.]16 Il répondit : N'aie pas peur, car ceux qui sont avec nous sont plus nombreux que ceux qui sont avec eux. 17 Elisée pria : SEIGNEUR, ouvre ses yeux, je t'en prie, pour qu'il voie ! Le SEIGNEUR ouvrit les yeux du serviteur, et il vit : la montagne était pleine de chevaux et de chars de feu, tout autour d'Elisée. [chars de feu : cf. 2.11n.]

18 Les Araméens descendirent vers Elisée. Celui-ci pria le SEIGNEUR, en disant : Frappe cette troupe de cécité, je t'en prie ! Il les frappa de cécité, selon la parole d'Elisée. [Les Araméens descendirent : litt. ils descendirent. – cécité : même terme en Gn 19.11. Après avoir ouvert les yeux de son serviteur sur sa puissance, le SEIGNEUR rend aveugles les ennemis de son Prophète. – Il les frappa de cécité : certains mss de LXX précisent le Seigneur les frappa de cécité.]19 Elisée leur dit : Ce n'est pas ce chemin-ci, ce n'est pas cette ville-ci ! Suivez-moi, je vous conduirai à l'homme que vous cherchez ! Il les conduisit à Samarie. 20 Lorsqu'ils furent entrés dans Samarie, Elisée dit : SEIGNEUR, ouvre les yeux de ces gens, pour qu'ils voient ! Le SEIGNEUR ouvrit leurs yeux, et ils virent qu'ils étaient dans Samarie. 21 Le roi d'Israël, en les voyant, dit à Elisée : Dois-je les abattre, dois-je les abattre, père ? [à Elisée : absent de LXX. – dois-je les abattre : la répétition est omise par plusieurs versions anciennes. – père : litt. mon père ; cf. 2.12n.] 22 Il lui répondit : Tu ne les abattras pas ; abats-tu ceux que tu emmènes captifs avec ton épée et ton arc ? Mets devant eux du pain et de l'eau, afin qu'ils mangent et boivent. Qu'ils s'en aillent ensuite chez leur seigneur. [Mets devant eux... : cf. 4.44 ; Pr 25.21 ; Rm 12.20.]23 Le roi d'Israël leur fit servir un grand repas, et ils mangèrent et burent ; puis il les laissa partir, et ils s'en allèrent vers leur seigneur. Les troupes araméennes ne revinrent plus dans le pays d'Israël.

La famine à Samarie

24 Après cela, Ben-Hadad, roi d'Aram, rassembla toutes ses troupes et vint assiéger Samarie. [Ben-Hadad : plusieurs rois araméens portent ce nom, celui-ci pourrait être Ben-Hadad II (vers 880-841), également connu sous le nom de Hadad-Ezer dans les textes assyriens. Il mourra étouffé par Hazaël à qui Elisée prédit la royauté en 8.7-15. Le roi d'Israël qui lui fait face ici serait Joram. Il n'est pas impossible toutefois que ce récit concerne une guerre plus tardive (vers 810) entre Ben-Hadad III, fils d'Hazaël et Joas d'Israël.]25 Il y eut une grande famine dans Samarie. Le siège fut tel qu'une tête d'âne finit par valoir quatre-vingts pièces d'argent, et le quart d'un qab de fiente de pigeon cinq pièces d'argent. [quatre-vingts : LXX cinquante. – pièces : sous-entendu dans le texte. – le quart d'un qab : peut-être environ 30 cl (voir mesures). – fiente de pigeon (ou de colombe) : selon la lecture traditionnelle attestée dans LXX et par Flavius Josèphe ; ce dernier supposait qu'on utilisait la fiente de pigeon comme un ersatz de sel ; d'autres supposent qu'elle servait de combustible, faute de bois. Une autre possibilité serait de voir dans le terme hébreu le nom d'une plante peu comestible, mais recherchée en cas de famine.]

26 Le roi d'Israël vint à passer sur la muraille, et une femme lui cria : Sauve-nous, ô roi, mon seigneur ! [Sauve-nous : autre traduction au secours ; litt. sauve (formule comparable en 19.19 ; cf. Ps 118.25n, où le même verbe apparaît dans l'expression traduite par accorde le salut, qui sera transcrite en grec hosanna) ; certains mss de LXX, ainsi que Syr et Vg, portent sauve-moi.]27 Il répondit : Si le SEIGNEUR ne te sauve pas, avec quoi te sauverais-je ? Avec le produit de l'aire ou du pressoir ? [Si le SEIGNEUR ne te sauve pas ou non ! Que le SEIGNEUR te sauve ! Ou encore, dans le sens d'une malédiction dictée par le désespoir : Que le SEIGNEUR ne te sauve pas !le produit de : probablement sous-entendu dans le texte.]28 Le roi lui dit encore : Qu'as-tu ? Elle répondit : Cette femme-là m'a dit : « Donne ton fils ; nous le mangerons aujourd'hui, et demain nous mangerons mon fils ! » [Cette femme... : les deux femmes se disputant un enfant rappellent, dans une version macabre, le jugement de Salomon (1R 3.16-28).]29 Nous avons fait cuire mon fils, et nous l'avons mangé. Le jour suivant, je lui ai dit : « Donne ton fils, que nous le mangions ! » Mais elle a caché son fils. [Nous avons fait cuire... : cf. Lm 4.10. – elle a caché : comme en Jos 6.17,25 ; 1R 18.4,13 ; Es 49.2 où apparaît la même forme verbale en hébreu, il s'agit de cacher pour sauver.]30 Lorsque le roi entendit les paroles de cette femme, il déchira ses vêtements. Comme il passait sur la muraille, le peuple vit qu'il avait par-dessous un sac sur le corps. [il déchira ses vêtements, en signe de deuil ou de tristesse, peut-être aussi de rage en l'occurrence (cf. v. 31) ; cf. 2.12 ; 5.7 ; 1S 4.12n ; 1R 21.27n ; Esd 9.3+,5. – Comme il passait : cf. v. 26 ; certains mss de LXX portent comme il se tenait.]31 Le roi disait : Que Dieu me fasse ceci et qu'il y ajoute cela, si la tête d'Elisée, fils de Shaphath, reste aujourd'hui sur lui ! [fils de Shaphath : texte absent de LXX. Parce qu'Elisée a souvent sauvé son peuple, la situation tragique de ce dernier peut avoir été attribuée par le roi à une défection du prophète ; cf. 1R 19.1s.]

Elisée annonce la fin de la famine

32 Or Elisée était assis chez lui, et les anciens étaient assis auprès de lui. Le roi envoya un homme de son entourage. Mais avant que le messager soit arrivé, Elisée avait dit aux anciens : Vous voyez, ce fils de meurtrier envoie quelqu'un pour me couper la tête ! Regardez. Quand le messager arrivera, fermez la porte et repoussez-le avec la porte. Le bruit des pas de son maître n'est-il pas derrière lui ? [les anciens... : face au roi, on trouve aux côtés du prophète les représentants de la ville plus comme témoins de ce qui va se passer que comme alliés potentiels ; cf. Jr 19.1 ; Ez 8.1 ; 14.1 ; 20.1. – ce Fils de meurtrier : allusion possible à la persécution dont ont été victimes les prophètes de YHWH sous Achab et Jézabel (1R 18.4).]33 Il leur parlait encore que déjà le messager était descendu vers lui ; il disait : Ce malheur vient du SEIGNEUR ! Que puis-je encore attendre du SEIGNEUR ? [il disait : d'après 7.2,17s, il s'agirait du roi et non pas du messager ; de ce fait, beaucoup modifient avec Flavius Josèphe le texte hébreu traditionnel pour lire roi au lieu de messager dans la phrase précédente (les deux termes se ressemblent en hébreu). En suivant le texte hébreu traditionnel, on peut supposer que le roi suit son messager de près.]

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