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Nouvelle Bible Segond – Genèse 27

Jacob usurpe la bénédiction promise à Esaü

27 Isaac devenait vieux, ses yeux s'étaient affaiblis : il ne voyait plus. Il appela Esaü, son fils aîné : Mon fils ! Celui-ci lui répondit : Je suis là ! [Cf. 48.10 ; 1S 4.15.]2 Il reprit : Je suis vieux, et je ne connais pas le jour de ma mort. 3 Maintenant, je te prie, prends tes armes, ton carquois et ton arc, sors dans la campagne et chasse du gibier pour moi. 4 Prépare-moi un plat appétissant comme je les aime, et apporte-le-moi pour que je le mange, afin que je te bénisse avant de mourir. [comme je les aime 25.28. – afin que... : litt. afin que mon être te bénisse avant que je meure ; même tournure aux v. 19,25,31. Certains voient ici un emploi typique du mot hébreu néphesh (voir 1.20n) comme simple équivalent du pronom personnel (mon être == moi-même) ; d'autres y discernent une nuance intensive, comme dans l'expression de toute mon âme ; cf. Ps 103.1.]5 Tandis qu'Isaac parlait à son fils Esaü, Rébecca écoutait. Esaü s'en alla dans la campagne pour chasser du gibier et le rapporter. [et le rapporter : d'après LXX, certains modifient le texte hébreu traditionnel pour lire pour son père.]

6 Rébecca dit à Jacob, son fils : J'ai entendu ton père dire à Esaü, ton frère : [Sur le rôle de la mère, cf. 1R 1.11-31.]7 « Apporte-moi du gibier et prépare-moi un plat appétissant pour que je le mange, et je te bénirai devant le SEIGNEUR avant ma mort. » [devant et avant traduisent la même locution hébraïque.]8 Maintenant, mon fils, écoute-moi ; voici ce que je t'ordonne : 9 va me chercher deux bons chevreaux du troupeau, je te prie ; j'en ferai pour ton père un plat appétissant comme il les aime. 10 Tu l'apporteras à ton père pour qu'il le mange, afin qu'il te bénisse avant sa mort. 11 Jacob répondit à Rébecca, sa mère : Esaü, mon frère, est velu, tandis que ma peau est lisse. [velu : hébreu sa‘ir, allusion à Séir, l'autre nom du pays d'Edom, cf. 25.25n.]12 Peut-être mon père me tâtera-t-il, et il croira que je me suis moqué de lui ; ce n'est pas une bénédiction, mais une malédiction que je ferai venir sur moi ! [il croira que je me suis moqué de lui : autre traduction je passerai à ses yeux pour un trompeur.]13 Sa mère lui dit : Que cette malédiction soit sur moi, mon fils ! Ecoute-moi seulement et va me chercher les chevreaux. [cette : litt. ta. – les chevreaux : sous-entendu dans le texte.]14 Il alla les chercher et les apporta à sa mère ; sa mère prépara un plat appétissant comme son père les aimait. 15 Ensuite Rébecca prit les vêtements d'Esaü, son fils aîné, les plus beaux qu'elle avait à la maison, et elle les fit mettre à Jacob, son fils cadet. [les plus beaux : litt. les désirables.]16 De la peau des chevreaux, elle couvrit ses bras ainsi que son cou, qui était lisse. [ses bras : autre traduction ses mains, même possibilité aux v. 22s.]17 Puis elle mit le plat appétissant et le pain qu'elle avait préparés dans les mains de Jacob, son fils. [dans les mains : litt. dans la main ; cf. v. 16n,22s.]

18 Il vint vers son père et dit : Père ! Celui-ci répondit : Je suis là ! Qui es-tu, mon fils ? [Père : litt. mon père, de même dans la suite.]19 Jacob répondit à son père : Je suis Esaü, ton premier-né ; j'ai fait ce que tu m'as dit. Lève-toi, je te prie, assieds-toi et mange de mon gibier, afin que tu me bénisses. 20 Isaac dit à son fils : Comme tu l'as vite trouvé, mon fils ! Il répondit : C'est que le SEIGNEUR, ton Dieu, l'a fait venir au-devant de moi. 21 Isaac dit à Jacob : Approche, je te prie ; que je te tâte, mon fils, pour savoir si tu es bien mon fils Esaü ! 22 Jacob s'approcha d'Isaac, son père, qui le tâta et dit : C'est la voix de Jacob, mais ce sont les bras d'Esaü. 23 Il ne le reconnut pas, parce que ses bras étaient velus, comme ceux d'Esaü, son frère ; et il le bénit. 24 Il dit : C'est bien toi, Esaü, mon fils ? Il répondit : C'est moi. 25 Il dit : Sers-moi, que je mange du gibier de mon fils, afin que je te bénisse. Jacob le servit, et il mangea ; il lui apporta du vin, et il but. [Jacob le servit : litt. il le servit.]26 Alors Isaac, son père, lui dit : Approche, je te prie ; embrasse-moi, mon fils ! 27 Il s'approcha et l'embrassa. Isaac sentit l'odeur de ses vêtements ; puis il le bénit en ces termes :

Oui, l'odeur de mon fils
est comme l'odeur d'un champ que le SEIGNEUR a béni. [Cf. Hé 11.20. – Isaac sentit : litt. il sentit. – Oui : litt. regarde (ou vois). – d'un champ : autres traductions des champs ; de la campagne ; certains mss hébreux et des versions anciennes portent d'un champ fertile. – que le SEIGNEUR a béni : cf. 26.12.]

28 Que Dieu te donne, de la rosée du ciel
et des ressources de la terre,
abondance de blé et de vin ! [Cf. v. 39n ; 49 ; Dt 33.13. – des ressources  : litt. des huiles, de même au v. 39. – vin : le terme hébreu correspondant (aussi au v. 37) pourrait désigner, dans un sens plus précis, le vin nouveau (cf. ses emplois particuliers en Es 65.8n et Mi 6.15n). En général, il apparaît cependant comme un simple synonyme de celui qui est employé au v. 25 (9.21,24 ; 14.18 ; 19.32ss ; 49.11s etc.).]

29 Que des peuples te servent,
que des nations se prosternent devant toi !
Sois le maître de tes frères,
que les fils de ta mère se prosternent devant toi !
Maudit soit celui qui te maudit,
béni soit celui qui te bénit ! [12.3 ; 25.23.]

30 Isaac avait achevé de bénir Jacob, et Jacob avait à peine quitté Isaac, son père, qu'Esaü, son frère, revint de la chasse. 31 Il prépara, lui aussi, un plat appétissant qu'il apporta à son père. Il dit à son père : Lève-toi, père, et mange de mon gibier, afin de me bénir, moi, ton fils ! [mange de mon gibier... : litt. mange du gibier de ton fils, afin de me bénir ; autres traductions pour que ton être me bénisse ; pour que ton gosier me bénisse. Sur le terme hébreu correspondant, voir 1.20n.]32 Isaac, son père, lui dit : Qui es-tu ? Il répondit : Je suis ton fils premier-né, Esaü ! 33 Isaac fut saisi d'un tremblement terrible ; il dit : Qui est donc celui qui a chassé du gibier et qui me l'a apporté ? J'ai mangé de tout avant que tu arrives, je l'ai béni, et il sera béni ! [tremblement ou frayeur, confusion.]34 Lorsque Esaü entendit les paroles de son père, il poussa un grand cri, terriblement amer, et dit à son père : Moi aussi, bénis-moi, père ! [un grand cri, terriblement amer : cf. Est 4.1 ; Hé 12.17.]35 Il répondit : Ton frère est venu par tromperie et il a pris ta bénédiction. [25.26n ; cf. 29.25 ; Jr 9.3s.]36 Esaü dit : Est-ce parce qu'on l'a appelé du nom de Jacob qu'il m'a supplanté par deux fois ? Il avait déjà pris mon droit d'aînesse, et maintenant il a pris ma bénédiction ! Il ajouta : N'as-tu pas de bénédiction en réserve pour moi ? [Esaü dit : litt. il dit. – il m'a supplanté : hébreu ya‘qevéni, qui fait assonance avec le nom de Jacob, cf. 25.26n (Ya‘aqov). De même l'expression traduite par mon droit d'aînesse (bekorati) fait assonance avec celle qui signifie ma bénédiction (birkati) ; cf. 25.31-34.]37 Isaac répondit à Esaü : J'ai fait de lui ton maître, je lui ai donné tous ses frères pour serviteurs, et je l'ai pourvu de blé et de vin : que puis-je donc faire pour toi, mon fils ? [pour serviteurs : autre traduction pour esclaves.]38 Esaü dit à son père : N'as-tu donc que cette seule bénédiction, père ? Moi aussi, bénis-moi, père ! Et Esaü se mit à sangloter. [Hé 12.17.]39 Isaac, son père, lui répondit :

Tu habiteras loin des ressources de la terre
et de la rosée du ciel, de la rosée d'en haut. [des ressources : cf. v. 28n. La préposition traduite par loin des peut aussi signifier privée des, voire faite des ; mais ce dernier sens ne s'accorde guère à l'habitat des Edomites (25.25n), qui vivaient dans le désert au sud de la mer Morte ; cf. Jos 24.4.]

40 Tu vivras de ton épée,
et tu serviras ton frère ;
mais en errant librement çà et là
tu arracheras son joug de ton cou. [tu serviras : autres traductions tu seras soumis à ; tu seras l'esclave de ; cf. 25.23 ; voir aussi 48.14-20. – en errant librement çà et là : verbe diversement interprété ; autres possibilités se coucher, gémir, se libérer, vouloir, faire un effort. Les Edomites, soumis par David, ont ensuite recouvré leur indépendance.]

Jacob chez son oncle Laban

41 Esaü prit Jacob en aversion, à cause de la bénédiction que son père lui avait accordée. Esaü se disait : Les jours du deuil de mon père approchent ; après, je tuerai Jacob, mon frère. [Voir bénédiction. – se disait : litt. disait en son cœur.]42 On rapporta à Rébecca les paroles d'Esaü, son fils aîné. Elle fit alors appeler Jacob, son fils cadet, et lui dit : Esaü, ton frère, veut te tuer pour tirer vengeance de toi. [tirer vengeance de toi ou obtenir satisfaction de toi ; le verbe a aussi le sens de (s')apaiser ou de (se) consoler ; c'est lui aussi qui est traduit par avoir du regret en Nb 23.19n, par avoir pitié en Dt 32.36n ; cf. Es 1.24n ; Ez 5.13n.]43 Maintenant, mon fils, écoute-moi : va te réfugier chez Laban, mon frère, à Harrân. [Laban 24.29. – Harrân 11.31n ; cf. 24.10n ; 25.20n.]44 Tu habiteras chez lui quelque temps, jusqu'à ce que la fureur de ton frère s'en soit retournée. [s'en soit retournée : autre traduction soit calmée ; le même verbe avec un complément est traduit par se détourner au v. 45.]45 Quand la colère de ton frère se sera détournée de toi et qu'il aura oublié ce que tu lui as fait, alors je te ferai revenir. Pourquoi devrais-je vous perdre tous les deux en un seul jour ? [Quand... : litt. jusqu'à ce que la colère... se soit détournée (v. 44n) et qu'il ait oublié...je te ferai revenir : litt. je t'enverrai chercher.]

46 Rébecca dit à Isaac : J'ai pris ma vie en horreur à cause de ces filles de Heth. Si Jacob épouse une Hittite, une des filles du pays comme celles-là, à quoi me sert la vie ? [J'ai pris ma vie en horreur : cf. Nb 22.3n. – Si Jacob... : litt. si Jacob prend une femme des filles de Heth comme celles-là (26.34-35n), des filles du pays, pourquoi à moi la vie ? (cf. 25.22n).]

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