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Nouvelle Bible Segond – Genèse 38

Juda et Tamar

38 En ce temps-là, Juda s'éloigna de ses frères et se retira auprès d'un homme d'Adoullam nommé Hira. [s'éloigna : litt. descendit (de la région montagneuse de Juda vers la plaine). – Adoullam : localité située entre Hébron et Gaza, au sud-ouest de Jérusalem (Jos 12.15 ; Mi 1.15). C'est aussi le nom de la caverne où se réfugiera David (1S 22.1).]2 Là, Juda vit la fille d'un Cananéen nommé Shoua ; il la prit pour femme et alla avec elle. [Cananéen 10.15-19.]3 Elle fut enceinte et mit au monde un fils, qu'il appela du nom d'Er. [il (ou elle, selon quelques mss hébreux, Smr et Tg) appela ; cf. v. 29n.]4 Elle fut encore enceinte et mit au monde un fils, qu'elle appela du nom d'Onân. 5 Une fois encore, elle mit au monde un fils, qu'elle appela du nom de Shéla ; Juda était à Kezib quand elle accoucha. [Shéla : cf. 1Ch 4.21-23. – Juda était : litt. il était. – Kezib : sans doute s'agit-il d'Akzib, dans la même région qu'Adoullam, sur le versant ouest des monts de Juda (Jos 15.44 ; Mi 1.14). Smr a lu Kozéba, comme en 1Ch 4.22.]

6 Juda prit pour Er, son premier-né, une femme nommée Tamar. [Tamar est aussi le nom d'une ville de Juda située au sud-ouest de la mer Morte, près de la frontière d'Edom (cf. v. 30n).]7 Er, premier-né de Juda, déplut au SEIGNEUR, et le SEIGNEUR le fit mourir. [déplut au SEIGNEUR : litt. fut mauvais aux yeux du SEIGNEUR ; cf. v. 10 ; Jg 2.11n. – le SEIGNEUR le fit mourir : cf. Ex 4.24-26 ; Ct 3.8n. Sur l'absence de motivation explicite du jugement divin, cf. 3.22 ; 4.5 ; 11.6s ; voir aussi 1S 2.6.]8 Alors Juda dit à Onân : Va avec la femme de ton frère, remplis envers elle ton devoir de beau-frère et suscite une descendance à ton frère. [Dt 25.5-10. – remplis... ton devoir de beau-frère : coutume du lévirat (cf. Dt 25.5n), selon laquelle le frère du défunt doit assumer la charge de la veuve et susciter une descendance à son frère mort sans enfant.]9 Onân savait que cette descendance ne lui appartiendrait pas ; lorsqu'il allait avec la femme de son frère, il laissait sa semence se perdre par terre, afin de ne pas donner de descendance à son frère. [sa semence : sous-entendu dans le texte.]10 Ce qu'il faisait déplut au SEIGNEUR, qui le fit aussi mourir. [Cf. v. 7 ; 49.10.]11 Alors Juda dit à Tamar, sa belle-fille : Puisque tu es veuve, reste chez ton père jusqu'à ce que Shéla, mon fils, soit grand. Car il se disait : Celui-là aussi va mourir comme ses frères. Tamar s'en alla et resta chez son père. [Rt 1.11-13. Cf. Tobit 3.8 : « Elle (Sara, fille de Ragouël) avait été donnée sept fois en mariage, et (...) Asmodée, le démon mauvais, avait tué chaque fois ses maris avant qu'ils ne soient unis à elle, selon le devoir qu'on a envers une épouse. La servante lui dit donc : “C'est toi qui tues tes maris ! En voilà déjà sept à qui tu as été donnée, et tu n'as pas porté le nom d'un seul !”  »]

12 Bien des jours s'écoulèrent, et la femme de Juda, la fille de Shoua, mourut. Lorsque Juda se fut consolé, il monta à Timna, chez ceux qui tondaient son petit bétail, avec son ami Hira, l'Adoullamite. [Timna : localité de Juda, non loin d'Adoullam (v. 1) ; Jos 15.10 ; Jg 14.1. – La tonte des moutons était l'occasion d'une grande fête (cf. 1S 25.2-4 ; 2S 13.23).]13 On en informa Tamar, en disant : Ton beau-père monte à Timna pour tondre son petit bétail. 14 Alors elle retira ses habits de veuve, elle se couvrit d'un voile dont elle s'enveloppa et s'assit à l'entrée d'Eïnaïm, sur le chemin de Timna. Car elle avait vu que Shéla était devenu grand et qu'elle ne lui avait pas été donnée pour femme. [En dehors des occasions spéciales comme le mariage (24.65 ; 29.23-25), le voile ne servait qu'à dissimuler son identité. – dont elle s'enveloppa : autres traductions et se déguisa ; et se farda ; cf. Judith 10.3s : « Elle (Judith) enleva le sac dont elle était revêtue, elle quitta ses habits de veuve, elle lava son corps avec de l'eau et l'oignit d'une épaisse huile parfumée ; elle peigna les cheveux de sa tête, elle y mit un bandeau et revêtit ses habits de fête dont elle se couvrait aux jours où vivait son mari, Manassé ; elle prit des sandales aux pieds, elle mit ses colliers, ses bracelets, ses bagues, ses boucles d'oreilles et toutes ses parures et se fit très élégante pour séduire les yeux des hommes qui la verraient. » – Eïnaïm (« Les Deux Sources ») est probablement l'Eïnam de Jos 15.34, à l'ouest de Timna.]

15 Juda la vit et la prit pour une prostituée, parce qu'elle avait le visage couvert. 16 Il l'aborda sur le chemin et dit : Laisse-moi donc aller avec toi, je te prie ! – il ne savait pas que c'était sa belle-fille. Elle dit : Que vas-tu me donner pour aller avec moi ? [donc 11.3n.]17 Il répondit : Je t'enverrai un chevreau. Elle dit : Alors donne-moi un gage, jusqu'à ce que tu l'envoies. [un chevreau : litt. un chevreau de chèvres du petit bétail.]18 Il répondit : Quel gage te donnerai-je ? Elle dit : Ton sceau, ton cordon et le bâton que tu as à la main. Il les lui donna. Puis il alla avec elle, et elle fut enceinte de lui. [sceau / cordon / bâton : ces objets portaient des marques identifiant leur propriétaire : le cordon était sans doute passé dans l'axe d'un sceau cylindrique ou d'un anneau qui servait de cachet (Jr 22.24 ; Ag 2.23 ; Ct 8.6 ; Jn 6.27). Le mot bâton signifie aussi tribu (peut-être en référence au bâton qui symbolise l'autorité du chef de tribu, mais la relation éventuelle entre ces deux sens est incertaine).]19 Elle s'en alla ; elle retira son voile et remit ses habits de veuve. [s'en alla : litt. se leva et s'en alla.]

20 Juda envoya son ami l'Adoullamite chez la femme pour lui apporter le chevreau et reprendre le gage. Mais il ne la trouva pas. [Litt. Juda envoya le chevreau des chèvres par la main de son ami... pour prendre le gage de la main de la femme...]21 Il demanda aux hommes du lieu : Où est cette prostituée sacrée qui se tenait à Eïnaïm, sur le chemin ? Ils répondirent : Il n'y a jamais eu ici de prostituée sacrée ! [prostituée sacrée : litt. consacrée ; le terme hébreu (de même au v. 22) vient de la même racine que les mots habituellement traduits par Saint, sacré, consacrer etc. Outre la prostitution commune, l'Antiquité connaissait la prostitution sacrée, notamment dans le cadre des cultes de la fertilité. Le même terme et son équivalent masculin reviennent en Dt 23.18 ; 1R 14.24 ; 15.12 ; 22.47 ; 2R 23.7 ; Os 4.14 ; Jb 36.14. Selon certains, dans plusieurs de ces passages ils pourraient désigner des serviteurs ou des servantes « consacrés », c.-à-d. attachés à des sanctuaires (cf. les hiérodules de l'Antiquité grecque), sans qu'il s'agisse nécessairement de prostitué(e)s. Ici cependant le contexte évoque clairement la prostitution.]22 Il retourna auprès de Juda et dit : Je ne l'ai pas trouvée ; les hommes du lieu ont même dit : « Il n'y a jamais eu ici de prostituée sacrée ! » 23 Juda dit : Qu'elle garde ce qu'elle a ! Ne nous exposons pas au mépris. J'ai envoyé ce chevreau, mais toi, tu ne l'as pas trouvée.

24 Environ trois mois après, on vint dire à Juda : Tamar, ta belle-fille, s'est prostituée ; elle est même enceinte de sa prostitution ! Alors Juda dit : Faites-la sortir, et qu'elle soit brûlée ! [Cf. Lv 21.9.]25 Comme on la faisait sortir, elle fit dire à son beau-père : C'est de l'homme à qui ces objets appartiennent que je suis enceinte. Elle dit : Regarde-les, je t'en prie, pour voir à qui sont ce sceau, ces cordons et ce bâton. [de l'homme : litt. pour l'homme. – Regarde-les 31.32n.]26 Juda les regarda et dit : Elle est plus juste que moi, puisque je ne l'ai pas donnée à Shéla, mon fils ; et il n'eut plus de relations avec elle. [Cf. 1S 24.18. – Voir justice. – n'eut plus de relations... 4.1n ; Lv 18.15+.]

27 Quand vint pour elle le temps d'accoucher, il y avait des jumeaux dans son ventre. [Cf. 25.24.]28 Pendant l'accouchement il y en eut un qui présenta la main ; la sage-femme la saisit et y attacha un fil écarlate en disant : Celui-ci est sorti le premier. [écarlate : cf. Ex 25.4n.]29 Mais il retira la main, et son frère sortit. Alors la sage-femme dit : Quelle brèche tu t'es ouverte ! Et il l'appela du nom de Pérets (« La Brèche »). [il l'appela ou, peut-être, on l'appela ; certains mss hébreux, Smr, Syr et le Targum (Tg) du pseudo-Jonathan portent elle l'appela ; de même au v. 30 ; cf. v. 3n. – Pérets signifie brèche ou éclatement, explosion (cf. 28.14n ; 30.30n,43n). Voir Rt 4.18-22 ; Mt 1.3-6. Ce nom se retrouve dans celui de plusieurs localités proches de Jérusalem (2S 5.20 ; 6.8 ; Es 28.21).]30 Ensuite sortit son frère, qui avait à la main le fil écarlate ; et il l'appela du nom de Zérah (« Eclat »). [Zérah signifie éclat (allusion au fil de couleur vive, cf. Jos 2.21). Cf. 36.13 ; 46.12 ; Nb 26.19-21 ; 1Ch 2.3s.]

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