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Nouvelle Bible Segond – Jacques 1

De Jacques

Le Nouveau Testament présente au moins quatre Jacques différents : Jacques l’apôtre, fils de Zébédée (Mc 1.19) ; Jacques, fils d’Alphée (Mc 3.18), parfois identifié avec Jacques le Mineur (Mc 15.40) ; Jacques, frère de Jésus (Mc 6.3) ; Jacques, le père de l’apôtre Judas (ou Jude, Lc 6.16 ; Ac 1.13).

Seuls deux d’entre eux peuvent entrer en considération pour l’attribution de l’épître dite de Jacques : le fils de Zébédée et le frère de Jésus. Si le premier a été très tôt mis à mort par Hérode (Ac 12.2), le dernier pourrait bien être le Jacques, serviteur de Dieu et du Seigneur Jésus-Christ de notre épître (1.1). Telle était déjà l’opinion reçue dans l’Eglise ancienne. L’historien Eusèbe de Césarée (265-340) la rapporte sans y souscrire en parlant de Jacques, le frère du Seigneur, « de qui est, dit-on, la première des épîtres appelées catholiques » (Histoire ecclésiastique, II, XXIII, 24).

Ce Jacques nous est présenté par ailleurs comme une figure marquante de l’Eglise ancienne. Paul le cite parmi les premiers témoins du Christ ressuscité (1Co 15.7).

Vers 37 déjà, Paul, montant à Jérusalem pour la première fois après sa conversion, juge opportun de rendre visite à Jacques, l’une des « colonnes » de l’Eglise (Ga 1.19 ; 2.9). Dans le livre des Actes, Jacques est à la tête de l’Eglise de Jérusalem (Ac 12.17 ; 15.13 ; 21.18). Suivant la tradition, les Juifs non chrétiens le tenaient en haute estime et l’avaient surnommé « le Juste ». Certains textes du Nouveau Testament rappellent cependant que les « frères du Seigneur », dont Jacques faisait partie (Ga 1.19 ; cf. Ac 1.14 ; 1Co 9.5), ne comptaient pas parmi les disciples de Jésus de son vivant (Jn 7.5 ; cf. Mc 3.31ss//).

Jacques s’adresse aux douze tribus dans la dispersion (1.1n) : il ne s’agit vraisemblablement pas des Juifs de la diaspora en général, puisque les destinataires ont la foi de notre Seigneur glorieux, Jésus-Christ (2.1). Mais il reste difficile de savoir si ces douze tribus sont en particulier les chrétiens d’origine juive, ou bien l’ensemble de la communauté chrétienne, comprise comme l’Israël de Dieu (Ga 6.16n).

Fait surprenant à première vue, cette épître, la plus juive peut-être du Nouveau Testament, s’exprime dans un grec des plus purs.

L’épître de Jacques et l’enseignement de Jésus

De très nombreux rapprochements peuvent être établis entre l’enseignement de l’épître de Jacques et celui de Jésus, surtout dans le « Sermon sur la montagne » tel que le présente Matthieu, bien que nulle part l’auteur ne cite formellement les paroles de Jésus (voir « Jacques et le “Sermon sur la montagne” »). Comme les discours de Jésus dans les synoptiques, l’épître de Jacques contient beaucoup d’images tirées de la nature, plus que toutes les épîtres de Paul réunies.

Jacques et le « Sermon sur la montagne »

Jacques  Matthieu  Thèmes communs
1.2 5.10ss Se réjouir dans l’épreuve
1.4 5.48 La perfection
1.5 7.7ss Demander à Dieu
1.20 5.22 La colère
1.22 7.24ss Mettre en pratique
2.10 5.19 Respecter toute la loi
2.13 5.7 La compassion
3.18 5.9 Faire la paix
4.4 6.24 S’attacher exclusivement à Dieu
4.11s 7.1ss Ne pas juger
5.2s 6.19s Les richesses sont passagères
5.10 5.12 L’exemple des prophètes
5.12 5.33ss Les serments

Procédés littéraires

Certains éléments de l’épître de Jacques, surtout dans le texte central 2.1–3.12, ressortissent au genre littéraire de la diatribe grecque, forme populaire de prédication morale pratiquée par les philosophes dès le IIe siècle av. J.-C. Comme dans la diatribe grecque, on trouve dans l’épître des dialogues interrompus, des questions et des réponses brèves (2.18 et 5.13s), ainsi que de nombreuses personnifications (1.5 ; 2.13 ; 3.5 ; 4.1 ; 5.3s).

Mais l’épître présente aussi de nombreux points communs avec les textes de sagesse issus du judaïsme hellénistique (notamment le Siracide) et les écrits retrouvés à Qumrân. Parmi les traits qui la rattachent, plus généralement, aux sermons juifs traditionnels, on peut relever les suivants :

La foi et les œuvres, les riches et les pauvres

Une apparente contradiction exerce depuis longtemps la sagacité des commentateurs : celle de notre épître (2.14-26) et des affirmations de Paul sur la foi et les œuvres (cf. Rm 3.28 ; 4.2ss, etc.), qui ne semble pas vraiment correspondre au conflit suggéré en Galates 1 et 2 (cf. Ac 15). Si certains ont achoppé sur cette tension (ainsi Luther qui s’étonnait qu’on admît Jacques, « l’épître de paille », dans le Nouveau Testament), d’autres ont tenté de la résoudre en faisant valoir que Paul parle d’œuvres de la loi juive et de foi chrétienne, alors que Jacques opposerait une foi purement cérébrale à des œuvres authentiquement chrétiennes, nées d’une foi vivante. Toujours est-il qu’en christianisme comme en judaïsme la foi – surtout comprise au sens de « croyance » – n’est pas à l’abri de devenir un vain mot, une abstraction incapable de sauver, concrètement, de quoi que ce soit (1.22ss ; 2.14ss). Or l’épître de Jacques ne craint pas de s’en prendre de front à la « foi » que les chrétiens sacralisent – les démons croient aussi ! (2.19) – quand celle-ci n’inspire plus que des discours au lieu de changer les comportements, quand elle fait de l’Eglise, non plus une communauté où l’on vit différemment, mais une chapelle où le statut de maître est la dignité suprême et devient l’enjeu de luttes pour le pouvoir (3.1ss ; 4.1ss).

En particulier, l’épître de Jacques débusque les hypocrisies d’un christianisme qui, tout en se proclamant différent du « monde » (cf. 1.27 ; 4.4), en adopte sans discrimination les convenances sociales. Ce qui peut expliquer ses paroles très dures au sujet des riches, qu’il se garde d’appeler directement frères. Quand ces riches, qui ne semblaient guère s’intéresser dans un premier temps aux communautés chrétiennes, se mettent à y affluer(comparer 1Co 1.26ss et 1Tm 6.17ss), ils sont enclins à y importer subrepticement leur façon de voir et de faire le monde (cf. Jc 4.1ss,13ss ; 5.1ss). On comprend, dès lors, que l’auteur proteste contre une adhésion à la « foi » qu’il juge trop légère. Pour lui, la vraie foi signifie une conversion de la pensée et de la pratique. Ce qui, dans le cas des riches, suppose un abaissement dont ils ne sauraient faire l’économie (1.9s). Il n’y a aucune raison (l’auteur, semble-t-il, n’hésiterait pas à dire : au contraire !) pour que les riches qui entrent dans une assemblée chrétienne y soient accueillis d’emblée avec plus d’honneur que des pauvres (2.1ss).

Pour l’épître de Jacques, ce n’est pas une foi trop aisément dissociable de la réalité, mais bien la compassion qui sauve du jugement (2.13). Compassion qui n’est pas la « charité » trop bien ordonnée des riches, mais un engagement décisif et sans retour auprès du prochain, notamment des plus démunis (1.27 ; sur le sens du mot traduit par compassion, voir Lc 10.30ss). Cette compassion présuppose, certes, une foi réelle, mais elle ne peut être une simple profession de foi (2.14ss). Elle situe en effet l’existence chrétienne non pas dans une sphère « spirituelle » qui risque toujours de devenir imaginaire, mais dans l’existence tout court, lieu des épreuves qu’il convient d’affronter sans aucun pieux fatalisme (1.12ss).

Quand on suit la logique propre de l’épître de Jacques, on s’aperçoit vite que, malgré des formules à première vue opposées, elle n’est pas très loin de Paul sur le fond : témoin les remarques de ce dernier touchant le Repas du Seigneur, qui n’a aucun sens hors d’une solidarité concrète entre les participants (1Co 11.17ss).

Autres lignes de force

On ne s’étonnera pas, dès lors, de l’importance que l’épître de Jacques attache à la vie communautaire, importance qui se reflète dans la fréquence inhabituelle d’expressions telles que parmi vous (4.1 ; 5.13s,19), les uns les autres (4.11 ; 5.16), frères (18 fois). L’auteur insiste sur l’importance du lien de la parole : que le oui soit oui sans nécessité de serment ; que chacun s’abstienne de médire de son prochain ; qu’il ait le courage de reprendre son frère et de le sauver ainsi d’une voie mortelle (5.20) ; que tous prient les uns pour les autres, et en particulier les anciens pour la guérison des malades.

Plus surprenante, peut-être, et pourtant profondément liée à la volonté et à la puissance de transformation que l’épître ne veut en aucun cas voir perdre à la foi chrétienne, est l’insistance sur la fin des temps  : c’est dans l’attente de l’avènement du Seigneur (5.7s) et du jour du jugement (2.12s ; 4.12 ; 5.9) que doit s’exercer l’endurance active du chrétien (1.2-4,12 ; 5.10s). Celui-ci est appelé à supporter patiemment les épreuves (1.2-4,12) et les souffrances (5.10s) jusqu’à l’avènement du Seigneur. Le juge est à la porte (5.9) : qu’on se montre donc vigilant et généreux (2.12s). Celui qui aura persévéré jusqu’à la fin dans l’amour du Seigneur recevra la couronne de la vie (1.12).

Cette lettre rude, dérangeante à bien des égards, mérite certainement d’être encore reçue avec toute l’attention dont elle juge elle-même digne l’ensemble de l’héritage chrétien, compris comme loi de la liberté : non pas en écoutant pour oublier, mais en mettant en pratique, – en faisant œuvre (1.25).

Un plan pour l’épître de Jacques ?

1.2-18 Les épreuves de la foi
1.19–2.26 La logique de la foi ou la logique du monde
3.1–4.12 La sagesse de la foi en parole et en oeuvre
4.13–5.6 Les riches et leurs entreprises
5.7-20 Persévérance et solidarité dans la foi

Salutation

1 Jacques, esclave de Dieu et du Seigneur Jésus-Christ, aux douze tribus dans la dispersion, bonjour ![Jacques : en grec Iakôbos, transcription du nom hébreu Jacob ; cf. Mc 6.3// ; Ac 12.17+ ; 15.13ss ; 21.18 ; 1Co 15.7 ; Ga 1.19 ; 2.9,12. – esclave : autre traduction serviteur ; Rm 1.1+ ; Jd 1+ ; Ap 1.1 ; cf. Gn 32.11 ; Es 41.8 ; 48.20. – de Dieu... : on pourrait aussi traduire du Dieu et Seigneur Jésus-Christ, cf. v. 27 ; 2.1 ; 3.9n ; 5.14s ; Jn 20.29. – Christ : voir onction. – aux douze tribus : l'auteur s'adresse, ou bien à des chrétiens d'origine juive, ou bien à l'ensemble des chrétiens, indépendamment de leur origine, mais considérés comme formant un peuple nouveau comparable aux douze tribus d'Israël (cf. Ga 6.16n) ; voir aussi Mt 19.28 ; Ac 26.7 ; Ap 7.4ss ; 21.12. – dispersion : grec diaspora, terme désignant habituellement la communauté juive hors du pays de ses ancêtres ; voir « La diaspora ou les Juifs hors de leur pays » ; Jn 7.35n ; 1P 1.1n. – bonjour ! litt. se réjouir, cf. v. 2 ; voir Ac 15.23n.]

Epreuves, endurance, accomplissement

2 Mes frères, considérez comme un sujet de joie complète les diverses épreuves que vous pouvez rencontrer, [Mes frères v. 16,19 ; 2.1,5,14 ; 3.1,10,12 ; 4.11n ; 5.12,19. – épreuves : autre traduction tentations, même possibilité v. 12nss ; cf. Gn 22.1 ; Ex 16.4 ; Dt 8.2,16 ; Jg 2.22 ; 3.4 ; Mt 4.1nss// ; 6.13// ; Lc 8.13 ; 22.28 ; 1Co 7.5 ; 1Tm 6.9 ; Hé 11.37n ; 1P 1.6 ; 4.12 ; voir aussi Jb 1–2 ; Siracide 2.1 : « Mon fils, si tu aspires à servir le Seigneur, prépare ton cœur à l'épreuve. » – que vous pouvez rencontrer : litt. dans lesquelles vous pouvez tomber, cf. Lc 10.30.]3 sachant que l'épreuve de votre foi produit l'endurance. [Cf. Rm 5.3s ; 1P 1.7 ; 4.13. – l'épreuve : le terme n'est pas apparenté à celui du v. 2 (voir aussi v. 12n) ; il est employé en 1P 1.7 au sens de qualité éprouvée ; un terme apparenté est traduit par fidélité éprouvée en Rm 5.4. – l'endurance ou la persévérance v. 12 ; 5.11 ; Lc 8.15 ; 21.19 ; Rm 2.7 ; 5.3s ; 15.4s ; 2Co 1.6 ; 6.4 ; Col 1.11 ; 1Th 1.3 ; 2Th 3.5 ; 1Tm 6.11 ; 2Tm 3.10 ; Tt 2.2 ; Hé 10.36 ; 2P 1.6 ; Ap 1.9+ ; Maccabées1.11 : « (Les juifs suppliciés par Antiochos IV ont gagné l'admiration de tous) par leur courage et leur persévérance... ils ont vaincu le tyran par leur persévérance. » 17.12 : « (La vertu) a approuvé (verbe apparenté au terme traduit ici par épreuve) la victoire de la persévérance. » Testament de Joseph 2.7 : « Par dix tentations, il me mit à l'épreuve, et, dans toutes ces tentations, je montrai ma patience, car la patience est un puissant remède, et l'endurance produit de grands biens. »]4 Or il faut que l'endurance accomplisse son œuvre pour que vous soyez accomplis et parfaits à tous égards, et qu'il ne vous manque rien. [accomplisse son œuvre : litt. ait une œuvre accomplie ou parfaite, cf. v. 17,25 ; 2.22 ; 3.2 ; Mt 5.17-20,43-48 ; 19.21 ; Ep 4.13 ; Col 1.28 ; 4.12 ; Hé 5.14 ; 1P 1.19. – parfaits à tous égards : le terme grec correspondant n'apparaît qu'ici et en 1Th 5.23 (tout votre être).]

Prier pour la sagesse

5 Si l'un d'entre vous manque de sagesse, qu'il la demande à Dieu qui donne à tous généreusement et sans faire de reproche, et elle lui sera donnée. [Si l'un... 2.15s ; 5.13. – sagesse 3.13ss ; Pr 1.2ss ; 2Ch 1.10ss ; Mt 5.3 ; 11.19// ; 12.42 ; Lc 11.49 ; 1Co 1.18ss ; Ep 1.8 ; cf. Sagesse 7.7 (paroles de Salomon) : « J'ai imploré et l'esprit de la Sagesse est venu en moi. » – qu'il la demande... : autre traduction qu'il demande... et il lui sera donné, même possibilité dans la suite ; cf. 4.2s ; Ps 2.8 ; Pr 2.3ss ; Mt 7.7// ; 17.20// ; Jn 14.13s ; 15.7 ; 16.23. – à Dieu qui donne Ps 51.8 ; Jb 28 ; Pr 8.22ss ; cf. Sagesse 8.21 : « Je savais que je n'obtiendrais pas la sagesse autrement que par un don de Dieu. » 9.17 : « Ta volonté (de Dieu), qui donc l'aurait connue, si tu n'avais donné toi-même la Sagesse... ? » Siracide 1.1 : « Toute sagesse vient du Seigneur. » 39.6 : « Si le Seigneur Grand le veut, il (le scribe) sera rempli de l'esprit d'intelligence. Il fera pleuvoir les paroles de sa sagesse... » – généreusement : litt. simplement (comparer avec le v. 8n) ; Mt 6.22n ; Rm 12.8 ; 2Co 8.2 ; 9.11,13 ; 11.3 ; Ep 6.5 ; Col 3.22. – sans faire de reproche : cf. Siracide 18.15,18 : « Mon fils, fais le bien sans y joindre le blâme, ni mêler à tes dons des paroles chagrines... L'insensé fait un reproche dépourvu de tact, le don de l'envieux brûle les yeux. » 20.15 « (L'insensé) donne peu et fait beaucoup d'affronts, il ouvre grande la bouche comme un crieur public. Il prête aujourd'hui quelque chose et demain le réclame : un tel homme est odieux ! » 41.22 : « Aie honte de faire affront à des amis par des paroles – après avoir donné, ne fais pas affront. »]6 Mais qu'il la demande avec foi, sans la moindre hésitation ; car celui qui hésite est semblable au flot de la mer que le vent agite et soulève. [sans la moindre hésitation ou sans le moindre doute ; cf. 2.4n ; voir aussi Mc 11.23s// ; Ac 10.20 ; 11.2,12 ; Rm 4.20 ; 14.23 ; Jd 22. – semblable au flot : cf. Es 54.11 ; 57.20 ; Ep 4.14 ; Jd 13 ; cf. Siracide 33.2 : « L'hypocrite... est comme un vaisseau dans la tourmente. »]7 Qu'un tel homme ne s'imagine pas recevoir quoi que ce soit du Seigneur : 8 c'est un homme à l'âme partagée, inconstant dans toutes ses voies. [à l'âme partagée ou double, de même en 4.8 ; cf. Ps 12.3 ; 1Tm 3.8n ; Siracide 2.12s : « Malheur aux cœurs lâches et aux mains sans courage, au pécheur qui chemine sur deux routes. Malheur au cœur sans courage, qui n'a pas confiance, pour cela il ne sera pas protégé. » – inconstant : cf. 3.8n ; mot apparenté en 3.16 (désordre) ; cf. Es 54.11. – dans toutes ses voies Jr 16.17 ; Ps 91.11 ; 145.17 ; Pr 3.6.]

Le pauvre et le riche

9 Que le frère de basse condition mette sa fierté dans son élévation, [Cf. 2.5 ; 4.13–5.6 ; 1Co 1.26ss ; 11.21s ; Ga 2.9s. – basse ou humble ; un terme apparenté est traduit par abaissement au v. 10 ; cf. 4.6,10 ; Es 11.4 ; 2Co 7.6 ; 10.1 ; 1P 5.5. – fierté : cf. 3.14 ; 4.16 ; 1S 2.10 ; Jr 9.22s ; Rm 5.2s,11 ; 1Co 1.31 ; 2Co 10.17s ; 12.9s. – son élévation : cf. Lc 1.52.]10 et le riche, au contraire, dans son abaissement, car il passera comme la fleur de l'herbe. [le riche : cf. 5.1ss ; voir aussi 2.1ss ; 4.13ss ; 1Tm 6.17. – abaissement ou humiliation Lc 1.48 ; Ac 8.33 ; Ph 3.21. – comme la fleur de l'herbe Es 40.6ss ; cf. Es 28.1 ; 37.27 ; 51.12 ; Ps 37.2 ; 90.5s ; 102.5,12 ; 103.15s ; Jb 14.2 ; 15.30ss ; 1P 1.24.]11 Le soleil s'est levé avec sa chaleur ardente ; il a desséché l'herbe, sa fleur est tombée et la beauté de son aspect a disparu. Ainsi le riche se flétrira dans ses entreprises. [Cf. v. 2ss ; Mc 4.6//. – sa chaleur ardente : autre traduction le vent du sud. – a disparu : litt. a péri ou s'est perdue. – se flétrira : cf. v. 4n. – ses entreprises : litt. ses voies, ses chemins ; cf. 4.13.]

Les épreuves

12 Heureux l'homme qui endure l'épreuve ! En effet, après avoir été éprouvé, celui-là recevra la couronne de la vie qu'il a promise à ceux qui l'aiment. [Heureux v. 25 ; 5.11 ; Ps 1.1+ ; Dn 12.12 ; Mt 5.3ss,10ss ; 1P 3.14 ; 4.14 ; Ap 1.3+ ; 14.13 ; 16.15. – endure v. 3n. – l'épreuve v. 2nss. – éprouvé : autres traductions éprouvé avec succès ; éprouvé et approuvé ; le terme correspondant est apparenté à celui qui est traduit par épreuve au v. 3n ; cf. Rm 5.4. – couronne de la vie : cf. 1Co 9.25+ ; voir aussi Ps 21.4s ; 2Tm 4.8 ; 1P 5.4 ; Ap 2.10n. – qu'il a promise : certains mss précisent que le Seigneur a promise, d'autres que Dieu a promise. – à ceux qui l'aiment 2.5 ; Dt 7.9 ; Rm 8.28+ ; 1Co 2.9. – Cf. Evangile selon Thomas 58 : « Heureux l'homme qui a souffert : il a trouvé la vie. »]

13 Que personne, lorsqu'il est mis à l'épreuve, ne dise : « C'est Dieu qui me met à l'épreuve. » Car Dieu ne peut être mis à l'épreuve par le mal, et lui-même ne met personne à l'épreuve. [Que personne... : sur ce procédé rhétorique, cf. 2.3,14,18. – mis à l'épreuve ou tenté, même possibilité dans la suite ; cf. v. 2n ; voir aussi 2.20ss ; 5.7ss. – C'est Dieu... : cf. Gn 3.12s ; Pr 19.3. – par le mal : litt. par les choses mauvaises ; cf. v. 17 ; voir aussi Ex 17.2,7 ; Nb 14.22 ; Dt 6.16 ; Es 7.12. – ne met personne à l'épreuve ou ne tente personne ; comparer avec Gn 22.1 ; Ex 15.25 ; Dt 8.2s ; 13.4 ; 33.8 ; 2S 24.1// ; 1Ch 21.1 ; Mt 6.13// ; 1Co 7.5 ; 10.13 ; 1Th 3.5 ; Judith 8.25 « Rendons grâces au Seigneur notre Dieu, qui nous éprouve comme nos pères. » Siracide 15.11ss : « Ne dis pas : “C'est à cause du Seigneur que je me suis écarté”, car ce qu'il déteste, il ne le fait pas. Ne dis pas : “Lui-même m'a égaré”, car il n'a que faire du pécheur... Il n'a prescrit à personne d'être impie, il n'a accordé à personne licence de pécher. »]14 Mais chacun est mis à l'épreuve par son propre désir, qui l'attire et le séduit. [Cf. v. 3s. – son propre désir : cf. 4.1s,7 ; Rm 7.7ss ; 1Jn 2.16s ; cf. Hénoch 98.4 : « Le péché n'a pas été envoyé (d'en haut) sur la terre, mais ce sont les hommes qui l'ont établi d'eux-mêmes. » – le séduit : même verbe 2P 2.14,18.]15 Puis le désir, lorsqu'il a conçu, met au monde le péché ; et le péché, parvenu à son terme, fait naître la mort. [Cf. Rm 7.5,10. – fait naître : le verbe grec correspondant n'apparaît qu'ici et au v. 18. Il évoque l'image de l'accouchement, ce qui convient ici pour les termes grecs traduits par désir et péché (2.9 ; 4.17 ; 5.15s,20), qui sont du féminin. – la mort 5.20 ; cf. Gn 3.20n ; voir aussi Rm 5.12 ; 6.23 ; 7.13 ; Ga 6.7s.]

16 Ne vous égarez pas, mes frères bien-aimés : [Ne vous égarez pas ou ne vous laissez pas égarer 5.19 ; 1Co 6.9n.]17 tout don excellent, tout présent parfait, vient d'en haut ; il descend du Père des lumières, chez qui il n'y a ni changement ni éclipse. [don excellent : cf. Mt 7.11//. – présent Rm 5.16n. – d'en haut 3.15,17 ; Jn 3.3n. – des lumières : l'expression désigne probablement les astres ou « luminaires » du ciel, dont le Père (v. 27 ; 3.9) est le créateur ; cf. Gn 1.3ss,14nss ; Ps 136.7 ; voir aussi Jb 38.28,31ss ; Vie grecque d'Adam et Eve 36.3 : « Ils (le soleil et la lune) ne peuvent pas briller devant la lumière de l'univers, le Père des lumières, et c'est pourquoi leur lumière s'est éclipsée. » – chez qui : autre traduction devant qui. – ni changement... : les mss divergent sur l'ordre des mots et la relation à établir entre eux à la fin du v. – ni éclipse : litt. ni ombre de variation, c.-à-d. ni ombre due aux variations (comme celles qui résultent du mouvement des astres et font varier leur lumière) ; cf. v. 13 ; 1Jn 1.5.]18 Parce qu'il en a décidé ainsi, il nous a fait naître par une parole de vérité, pour que nous soyons en quelque sorte les prémices de ses créatures. [fait naître (v. 15n) par une parole (cf. v. 21ss) de vérité (3.14 ; 5.19 ; Ps 119.43 ; 2Co 6.7 ; Ep 1.13 ; Col 1.5 ; 2Tm 2.15 ; cf. Jn 17.17) : voir Gn 1.3+ ; Jn 1.13 ; 1P 1.23+ss. – les prémices : cf. Ex 23.16,19 ; 34.22 ; Lv 27.26 ; Nb 18.12 ; Dt 14.23 ; 15.19ss ; voir aussi Jr 2.3 ; Rm 11.16 ; 16.5 ; 1Co 16.15 ; Ap 14.4. – ses créatures : cf. Ap 5.13 ; voir aussi Rm 8.19ss ; 2Co 5.17 ; Ga 6.15 ; Ep 2.10 ; 4.24.]

Ecouter ne suffit pas

19 Sachez-le, mes frères bien-aimés : que chacun soit prompt à écouter, lent à parler, lent à la colère, [Sachez-le : autre traduction : vous (le) savez, mes frères (v. 2+)... cependant, que chacun... ou, d'après certains mss : ainsi donc, mes frères, que chacun...prompt... : cf. v. 26 ; 3.1ss ; Pr 10.19 ; 13.3 ; 16.2 ; 17.28 ; 29.20 ; Ec 5.1 ; 9.17 ; Siracide 5.11 : « Sois prompt à écouter, mais lent à donner ta réponse. » – lent à la colère, c.-à-d. patient ; cf. Ex 34.6+ ; voir aussi Pr 15.1 ; Ec 7.9 ; Ep 4.26,31 ; Col 3.8 ; cf. Mt 5.22.]20 car la colère de l'homme n'accomplit pas la justice de Dieu. [la justice de Dieu : cf. 2.21ss ; 3.18 ; Mt 3.15 ; 5.6,10,20 ; 6.1,33 ; 21.32 ; voir aussi Rm 1.16+s ; 3.21ss.]21 Aussi, rejetant toute saleté et tout débordement de malfaisance, accueillez avec douceur la Parole, qui a été plantée en vous et qui peut vous sauver. [rejetant... Col 3.8+ ; 1P 2.1. – saleté ou souillure ; un terme apparenté est traduit par sale en 2.2 ; cf. 1P 3.21. – débordement, le même terme est traduit par abondance en Rm 5.17 ; on a aussi compris tout reste de malfaisance, ou encore la malfaisance qui abonde (autour de vous). – accueillez... la Parole 1Co 2.14 ; cf. Ac 8.14+ ; 1Th 1.6 ; 2.13 ; Hé 13.22 ; voir aussi Dt 30.1 ; Za 1.6 ; Pr 1.3 ; 2.1 ; 4.10. – douceur 3.13 ; cf. Mt 5.5n ; 1P 3.4,16 ; Siracide 3.17 : « Agis avec douceur dans tout ce que tu fais. » – plantée : cf. Mc 4.1-20// ; 1Co 3.6 ; 1P 1.22ss ; voir aussi Rm 6.5 ; cf. Esdras 8.6 : « Ensemence nos cœurs et cultive notre intelligence, afin qu'ils portent du fruit. » – vous sauver : autre traduction sauver vos âmes ; cf. 2.14 ; 4.12 ; 5.15,20.]

22 Mettez la Parole en pratique ; ne vous contentez pas de l'écouter, en vous abusant vous-mêmes. [Mettez... : litt. devenez des faiseurs (de même 4.11 qui met en pratique) de la parole, et pas seulement des auditeurs, de même dans la suite ; 2.14ss ; cf. Ex 24.3 ; Dt 15.5 ; 30.8ss ; Jos 22.5 ; Ez 33.32 ; Né 9.34 ; Mt 7.21-27 ; Lc 8.21 ; 11.28 ; 12.47 ; Jn 4.34 ; 7.17 ; 9.31 ; 15.14 ; Rm 2.13 ; 1Jn 3.18. – en vous abusant... v. 26 ; même verbe Col 2.4.]23 En effet, si quelqu'un écoute la Parole et ne la met pas en pratique, il est semblable à un homme qui regarde dans un miroir son visage naturel [miroir 1Co 13.12. – son visage naturel : litt. la face de sa naissance (cf. 3.6n).]24 et qui, après s'être regardé, s'en va et oublie aussitôt comment il était. 25 Mais celui qui a plongé les regards dans la loi parfaite, la loi de la liberté, et qui y demeure, non pas en écoutant pour oublier, mais en mettant en pratique, – en faisant œuvre – celui-là sera heureux dans sa pratique même. [qui a plongé les regards 1P 1.12. – loi parfaite (ou accomplie) : cf. 2.8 ; 4.11 ; Ps 19.8 ; cf. Rm 12.2. – la loi de la liberté : litt. celle de la liberté 2.12 ; cf. Rm 3.27 ; 8.2 ; 13.10 ; 1Co 9.21 ; Ga 5.1,13 ; 6.2 ; 1P 2.16 ; voir aussi Mc 12.28ss. – non pas... : litt. en devenant non un auditeur oublieux mais un faiseur d'œuvre, cf. 2.14ss ; voir aussi Lc 10.37. – heureux... v. 12+ ; cf. Dt 28.47 ; Ps 1.2 ; 40.8 ; 54.6 ; 119.32,45,97 ; Jn 13.17. – sa pratique : litt. son faire.]

26 Si quelqu'un se considère comme un homme religieux alors qu'il ne tient pas sa langue en bride, mais qu'il se trompe lui-même, sa religion est futile. [se considère comme ou pense être ; formule analogue en Mt 3.9 ; Jn 5.39 ; 1Co 3.18 ; 10.12 ; Ga 6.3. – homme religieux ou personne religieuse : un terme apparenté est traduit par religion dans la suite et en Ac 26.5 ; Col 2.18,23 (culte). – ne tient pas sa langue en bride v. 19+ ; 3.2 ; Ps 34.14 ; 39.2 ; 141.3 ; 1P 3.10. – qu'il se trompe lui-même : litt. qu'il trompe son cœur ; cf. v. 22+. – futile : cf. 2.14-20 ; Jr 2.5 ; 8.19n ; Ac 14.15 ; 1P 1.18.]27 La religion pure et sans souillure devant celui qui est Dieu et Père consiste à prendre soin des orphelins et des veuves dans leur détresse, et à se garder de toute tache du monde. [Cf. Rm 12.1ss ; 1P 2.4ss ; voir aussi Es 1.10ss ; 58.6s ; Mi 6.6ss ; Za 7.4ss. – pure et sans souillure 4.8 ; 2P 3.14 ; cf. 1Tm 6.14 ; Hé 7.26 ; 1P 1.4 ; voir aussi Mc 7.1ss ; 12.40. – Dieu et Père : cf. v. 1n ; 3.9n ; voir aussi Ps 68.6 ; 1Co 15.24 ; Ep 5.20 ; 1Th 3.11,13. – prendre soin : le verbe grec signifie aussi visiter, cf. Mt 25.31ss. – orphelins / veuves Dt 10.18+ ; Es 1.17,23 ; Jr 5.28 ; Ez 22.7 ; Za 7.10 ; Ps 10.14,18 ; 68.5 ; 94.6 ; 146.9 ; Pr 23.10. – détresse Mt 24.9n ; 2Co 1.4n. – se garder : certains mss portent les garder, cf. Jn 17.15 ; 1Tm 5.22. – monde 2.5 ; 3.6 ; 4.4 ; cf. Jn 14–17 ; Ep 2.2 ; Tt 2.11 ; 2P 1.4 ; 2.20 ; 1Jn 2.14ss.]

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