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Nouvelle Bible Segond – Matthieu 27

Jésus est conduit devant Pilate

Mc 15.1-2 ; Lc 22.66 ; 23.1 ; Jn 18.28

27 Le matin venu, tous les grands prêtres et les anciens du peuple tinrent conseil contre Jésus, pour le faire mettre à mort. [21.23+ ; 26.3s,66 ; Lc 22.66. – grands prêtres / anciens v. 3 ; 2.4n.]2 Après l'avoir lié, ils l'emmenèrent et le livrèrent à Pilate, le gouverneur.[Ponce Pilate gouvernait alors la Judée pour le compte de Rome, avec le titre de préfet et peut-être celui de procurateur (Lc 3.1). Le sanhédrin (5.22+) ne pouvait peut-être pas faire exécuter une peine capitale sans son autorisation (Jn 18.31n). Pilate, qui résidait habituellement à Césarée, se trouvait sans doute à Jérusalem en raison de la fête de la Pâque. Cf. Ac 3.13 ; 13.28.]

Ponce Pilate

Le nom Ponce signifie sans doute, étymologiquement, « originaire du Pont-Euxin » (la mer Noire) ; Pilate est un surnom latin, qui signifie peut-être « obstiné ». L’homme a été préfet de la Judée entre 26 et 36 ; c’est le titre qui lui est donné dans l’inscription retrouvée à Césarée en 1961 (voir ci-dessous). Le Nouveau Testament lui donne le titre de gouverneur (ou procurateur), qui désigne normalement une autre fonction ; mais celle-ci pouvait être cumulée avec celle de préfet.

D’après Philon d’Alexandrie, Hérode Agrippa Ier, qui était son contemporain, le décrit comme « un homme de disposition inflexible, sévère et entêté ». L’histoire non biblique renseigne en effet sur quelques traits de sa magistrature. Il n’a jamais voulu comprendre que les Juifs, à cause de leur opposition à toute idolâtrie, refusent de laisser les troupes romaines de passage à Jérusalem déployer leurs enseignes portant l’effigie de l’empereur. Il fit spécialement fabriquer, pour les narguer, des boucliers de parade portant le nom de l’empereur. Quant les foules vinrent lui demander de mettre un terme à ces pratiques, qui enfreignaient les conventions établies du temps de ses prédécesseurs, Pilate fit donner la troupe, et des incidents sanglants s’ensuivirent. Pareillement, il ne craignit pas de venir puiser dans le trésor sacré du temple pour faire construire un aqueduc, non sans avoir disposé auparavant des policiers en civil pour matraquer les bien prévisibles manifestants.Hormis le procès de Jésus, deux affaires ne nous sont connues que par les évangiles: le meurtre des Galiléens et la révolte de Barabbas (Lc 13.1 ; Mc 15.7). Mais elles sont corroborées par ce que nous savons du massacre des Samaritains. Vers l’an 36, quelques illuminés voulurent gravir le mont Garizim (près de Sichem ou Sychar, cf. Jn 4), parce qu’un prophète samaritain s’était fait fort de leur montrer la vaisselle sacrée du temple qui s’y trouvait cachée, disait-il, depuis le temps de Moïse. Pilate en fit tuer plusieurs. Sur quoi les autorités samaritaines portèrent plainte devant Vitellius, le légat de Syrie. Ce dernier déposa Pilate et l’envoya s’expliquer à Rome. Tibère meurt à ce moment-là, et on ne sait ce qu’il est advenu de Pilate. La légende chrétienne s’est emparée de lui. Les monophysites coptes le vénèrent comme un saint ; pour Eusèbe et même Jérôme, il serait mort suicidé, ou exécuté par l’empereur.

(T)IBERIEVM
(PONT)IVSPILATVS
(PRAEF)ECTVSIVDA(EAE)

Le premier mot, habituellement orthographié Tibereium signifie Monument dédié à l’Empereur Tibère. La suite de l’inscription se traduit « Ponce Pilate, préfet de Judée ».

Judas se donne la mort

3 Voyant qu'il avait été condamné, Judas, qui l'avait livré, fut pris de remords et rapporta les trente pièces d'argent aux grands prêtres et aux anciens, [remords 21.29n ; voir aussi changement. – trente pièces 26.15 ; cf. Jb 20.20-22. – grands prêtres (2.4n) / anciens 21.23+.]4 en disant : J'ai péché, en livrant le sang innocent. Ils répondirent : Que nous importe ? C'est ton affaire. [V. 24 ; 23.35 ; Dt 27.25 ; voir aussi péché. – en livrant le sang innocent : c.-à-d. en livrant un innocent à la mort. – C'est ton affaire : litt. c'est toi qui verras.]5 Judas jeta les pièces d'argent dans le sanctuaire et s'éloigna pour aller se pendre.[Ac 1.18 ; cf. 2S 17.23.]

6 Les grands prêtres ramassèrent les pièces et dirent : Il n'est pas permis de les remettre dans le korbanas, puisque c'est le prix du sang. [korbanas : Mt transcrit un terme technique araméen (cf. Mc 7.11n). Celui-ci désigne le trésor sacré qui renfermait les dons et contributions destinés à l'entretien du culte ; cf. Dt 23.19 ; Za 11.13n. – prix : le même mot grec est traduit par valeur au v. 9.]7 Après avoir tenu conseil, ils achetèrent avec cet argent le champ du potier, pour y ensevelir les étrangers. 8 C'est pourquoi ce champ a été appelé champ du sang, jusqu'à ce jour. [Cf. Ac 1.19.]9 Alors s'accomplit ce qui avait été dit par l'entremise du prophète Jérémie : Ils ont pris les trente pièces d'argent, le prix attribué par les Israélites à celui qu'ils ont apprécié, [Za 11.12-13n ; cf. Jr 18.2s ; 19.1s ; 32.7-9. – Ils ont pris : certains mss portent j'ai pris ; de même au v. 10 je les ai données. – le prix... : litt. le prix de celui qui a été apprécié, qu'on a apprécié de la part des fils d'Israël.]10 et ils les ont données pour le champ du potier, comme le Seigneur me l'avait ordonné.

Pilate interroge Jésus

Mc 15.2-5 ; Lc 23.2-5,9-10 ; Jn 18.29-38

11 Jésus comparut devant le gouverneur. Le gouverneur lui demanda : Es-tu le roi des Juifs, toi ? Jésus lui répondit : C'est toi qui le dis. [V. 37 ; 2.2 ; 1Tm 6.13 ; voir aussi Juifs. – C'est toi qui le dis : cf. 26.25n,64.]12 Mais il ne répondit rien aux accusations des grands prêtres et des anciens. [26.63+ ; cf. Lc 23.9s ; Ac 24.1s ; voir aussi prêtres, anciens.]13 Alors Pilate lui dit : Tu n'entends pas tout ce dont ils t'accusent ? [Cf. Jn 19.9s.]14 Mais il ne lui répondit sur aucun point, ce qui étonna beaucoup le gouverneur.

Jésus est condamné à mort

Mc 15.6-14 ; Lc 23.13-23 ; Jn 18.39-40

15 A chaque fête, le gouverneur avait coutume de relâcher un prisonnier pour la foule, celui qu'elle voulait. [fête : voir calendrier. – qu'elle voulait : litt. qu'ils voulaient.]16 Ils avaient alors un prisonnier fameux, appelé Jésus Barabbas. [Jésus Barabbas : la plupart des mss omettent le nom Jésus (de même v. 17). Jésus (1.21n) était un nom très répandu parmi les Juifs au Ier s. Barabbas signifie en araméen fils du père ; c'était, semble-t-il, un nom parfois donné aux enfants de père inconnu ; mais on peut aussi l'interpréter comme signifiant simplement fils d'Abba, Abba étant également attesté comme nom propre. D'après Jérôme (voir Vg), un évangile « selon les hébreux » (Evangile des Nazaréens ?) aurait interprété le nom de Barabbas au sens de « fils de leur maître ».]17 Comme ils étaient rassemblés, Pilate leur dit : Lequel voulez-vous que je vous relâche, Jésus Barabbas, ou Jésus qu'on appelle le Christ ? [V. 22 ; 1.16.]18 Car il savait que c'était par envie qu'ils l'avaient livré.[par envie ou par jalousie ; cf. Jn 11.47s ; 1Jn 3.12.]

19 Pendant qu'il était assis au tribunal, sa femme lui fit dire : Ne te mêle pas de l'affaire de ce juste, car aujourd'hui j'ai beaucoup souffert en rêve à cause de lui.[tribunal : cf. Jn 19.13 ; Ac 25.6,17. – juste Lc 23.47 ; Ac 3.14+ ; Jc 5.6. – en rêve 1.20+.]

20 Les grands prêtres et les anciens persuadèrent les foules de demander Barabbas et de faire disparaître Jésus. [grands prêtres (2.4n) / anciens 21.23+.]21 Le gouverneur leur demanda : Lequel des deux voulez-vous que je vous relâche ? Ils répondirent : Barabbas ! [Ac 3.13s.]22 Pilate leur dit : Que ferai-je donc de Jésus, celui qu'on appelle le Christ ? Tous répondirent : Qu'il soit crucifié ! [V. 17+ ; Ac 13.27s.]23 Il reprit : Quel mal a-t-il donc fait ? Mais ils crièrent de plus belle : Qu'il soit crucifié ![Lc 23.41 ; Jn 8.46 ; 14.30.]

Mc 15.15 ; Lc 23.24-25 ; Jn 19.16

24 Pilate, voyant que cela ne servait à rien, mais que l'agitation augmentait, prit de l'eau, se lava les mains devant la foule et dit : Je suis innocent du sang de cet homme. C'est votre affaire. [du sang de cet homme : autre traduction de ce sang ; certains mss portent du sang de ce juste ; cf. v. 4n,19 ; cf. Dt 21.6-8 ; 2S 3.28 ; Ps 26.6 ; 73.13 ; Ac 20.26.]25 Tout le peuple répondit : Que son sang soit sur nous et sur nos enfants ! [Que son sang (c.-à-d. les conséquences de sa mort) soit (ou retombe, le verbe est sous-entendu dans le texte) sur nous 23.35s ; cf. 2S 1.16 ; 14.9 ; Jr 51.35 ; Ac 5.28 ; 18.6. – enfants Ex 20.5 ; Lm 5.7. – Cf. Testament de Lévi 16.3s (allusion au Maître de justice de Qumrân, ou ajout chrétien dans un texte juif ?) : « L'homme qui aura renouvelé la Loi par la puissance du Très-Haut, vous le saluerez du titre d'imposteur et, finalement, vous vous jetterez sur lui pour le tuer, ne sachant pas qu'il se relèvera et faisant retomber dans votre malice le sang innocent sur votre tête. Mais, je vous le dis, à cause de lui votre sanctuaire sera souillé jusqu'aux fondements. »]26 Alors Pilate leur relâcha Barabbas ; et après avoir fait flageller Jésus, il le livra pour qu'il soit crucifié.[20.19 ; Es 50.6.]

Les soldats se moquent de Jésus

Mc 15.16-20 ; Lc 23.11 ; Jn 19.2-3

27 Les soldats du gouverneur conduisirent Jésus dans le prétoire, et ils rassemblèrent autour de lui toute la cohorte. 28 Ils lui ôtèrent ses vêtements et le couvrirent d'un manteau écarlate. [manteau écarlate : symbole de royauté dont les soldats affublent Jésus par dérision. De même la parodie de la couronne et du sceptre au v. 29.]29 Ils tressèrent une couronne d'épines qu'ils lui posèrent sur la tête, et ils lui mirent un roseau dans la main droite ; puis ils se mirent à genoux devant lui pour se moquer de lui, en disant : Bonjour, roi des Juifs ! [V. 11 ; cf. Ps 22.8 ; 69.21. – Bonjour 26.49n. – roi des Juifs v. 11,37 ; 2.2.]30 Et ils lui crachaient dessus, prenaient le roseau et le frappaient sur la tête. [26.67+.]31 Après s'être ainsi moqués de lui, ils lui ôtèrent le manteau, lui remirent ses vêtements et l'emmenèrent pour le crucifier.

Jésus est crucifié

Mc 15.21-32 ; Lc 23.26-43 ; Jn 19.16-24

32 En sortant, ils trouvèrent un homme de Cyrène nommé Simon, et ils le réquisitionnèrent pour porter sa croix.[Cyrène : capitale de la Libye supérieure, sur la côte africaine. Comme dans de nombreuses autres contrées, il s'y trouvait une colonie juive dont Simon avait dû faire partie (cf. Ac 2.10 ; 6.9 ; 11.20). – réquisitionnèrent 5.41n ; cf. Lv 16.21. – sa croix (celle de Jésus) : il s'agit sans doute seulement de la poutre transversale où l'on fixait les bras du crucifié, le poteau vertical restant habituellement sur les lieux mêmes de l'exécution.]

33 Arrivés au lieu qu'on appelle Golgotha, ce qui signifie « Lieu du Crâne », [Mc 15.22n.]34 ils lui donnèrent à boire du vin mêlé de fiel, mais, quand il l'eut goûté, il ne voulut pas boire.[Le vin était de toute évidence destiné à faire perdre connaissance au condamné ; cf. Pr 31.6s ; Mc 15.23n. Le fiel, par son amertume, rendrait la boisson imbuvable ; on pourrait aussi comprendre du vin empoisonné, cf. Dt 29.17 ; voir Ps 69.22. – Epître de Barnabé 7.3 : « Mais, de plus, sur la croix on lui donna à boire du vinaigre et du fiel » (l'auteur interprète ce détail à la lumière d'une tradition non biblique sur le jour de l'Expiation, selon laquelle les prêtres auraient mangé avec du vinaigre, pendant le jeûne, les entrailles du bouc offert pour le péché ; cf. les herbes amères accompagnant la Pâque selon Ex 12.8s).]

35 Après l'avoir crucifié, ils se partagèrent ses vêtements, en tirant au sort. [crucifié Jn 3.14 ; Ga 3.13 ; Ph 2.8. – Ps 22.19. Certains mss ajoutent à la fin du v. : afin que s'accomplisse ce qui avait été dit par l'entremise du prophète : Ils se sont partagé mes vêtements, et ils ont tiré au sort ma robe ; cf. Jn 19.24.]36 Puis ils s'assirent pour monter la garde devant lui.

37 On plaça au-dessus de sa tête une inscription indiquant le motif de sa condamnation :

« Cet homme est Jésus, le roi des Juifs. » [le motif de sa condamnation : le terme grec correspondant a été traduit par motif en 19.3 et par condition en 19.7. – Cet homme : litt. celui-ci. – roi des Juifs v. 11,29 ; 2.2.]

38 Alors deux bandits sont crucifiés avec lui, l'un à droite, l'autre à gauche.[26.55 ; Es 53.12. Cf. Mt 20.23.]

39 Les passants l'injuriaient en hochant la tête. [l'injuriaient ou le calomniaient ; le même verbe est traduit par blasphémer en 9.3 ; 26.65 ; le substantif correspondant peut signifier blasphème (12.31) ou calomnie (15.19). – hochant la tête : geste de dégoût ou de moquerie (v. 40s) ; cf. Jr 18.16n ; Ps 22.8 ; 109.25 ; Lm 2.15.]40 Ils disaient : Toi qui détruis le sanctuaire et qui le reconstruis en trois jours, sauve-toi toi-même ! Si tu es Fils de Dieu, descends de la croix ! [4.3 ; 26.61n.] 41 Les grands prêtres, avec les scribes et les anciens, se moquaient aussi de lui et disaient : [grands prêtres / scribes / anciens 2.4n ; 16.21 ; 21.15,23+ ; 26.57 ; Mc 11.27.]42 Il en a sauvé d'autres, et il ne peut pas se sauver lui-même ! Il est roi d'Israël : qu'il descende de la croix, et nous croirons en lui ! [Lc 4.23 ; 1Co 1.18. – roi d'Israël So 3.15.]43 Il s'est confié en Dieu ; que Dieu le délivre maintenant, s'il l'aime. Car il a dit : « Je suis Fils de Dieu ! » [s'il l'aime : litt. s'il le veut, c.-à-d. si Dieu veut Jésus ; cf. Es 36.7,20 ; Ps 22.9 ; 42.11. – Fils de Dieu 16.16+ ; 26.63 ; Jn 5.17s ; 10.30-36. Cf. Sagesse 2.13,18-20 : « Il déclare posséder la connaissance de Dieu et il se nomme enfant du Seigneur. (...) Voyons si ses paroles sont vraies et vérifions comment il finira. Si le juste est fils de Dieu, alors celui-ci viendra à son secours et l'arrachera aux mains de ses adversaires. Mettons-le à l'épreuve par l'outrage et la torture pour juger de sa sérénité et apprécier son endurance. Condamnons-le à une mort honteuse, puisque, selon ses dires, une intervention divine aura lieu en sa faveur. »]44 Les bandits crucifiés avec lui l'insultaient de la même manière.[Cf. Lc 23.39-43.]

La mort de Jésus

Mc 15.33-39 ; Lc 23.44-48 ; Jn 19.28-30

45 Depuis la sixième heure jusqu'à la neuvième heure il y eut des ténèbres sur toute la terre. [Depuis la sixième heure... : c.-à-d. de midi à 15 h environ ; cf. Am 8.9 ; voir aussi Jr 15.9.]46 Et vers la neuvième heure, Jésus cria :

Eli, Eli, lema sabachthani ?

c'est-à-dire : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? [cria : litt. cria d'une grande voix ; cf. v. 50n. – Ps 22.2.]47 Quelques-uns de ceux qui étaient là l'entendirent ; ils disaient : En voilà un qui appelle Elie. [En voilà un... : litt. celui-ci appelle Elie.]48 Aussitôt l'un d'eux courut prendre une éponge, qu'il remplit de vin aigre ; il la fixa à un roseau pour lui donner à boire. [vin aigre : il s'agit d'une boisson populaire à l'époque, notamment chez les soldats romains ; le mot signifie aussi vinaigre ; cf. Ps 69.22 ; Lc 23.36 ; Jn 19.29s ; voir aussi Rt 2.14.]49 Mais les autres dirent : Laisse, voyons si Elie va venir le sauver. 50 Jésus poussa encore un grand cri et rendit l'esprit.[poussa... : litt. ayant de nouveau crié d'une grande voix. – rendit : le même verbe est traduit par laisser échapper en Mc 15.37. – l'esprit ou le souffle.]

L’Evangile de Pierre

L’ouvrage apocryphe connu sous le nom d’Evangile de Pierre, sans doute rédigé dans la première moitié du IIe siècle, développe à sa manière les récits de la Passion et de la Résurrection des quatre évangiles. Il semble toutefois tirer sa principale source d’inspiration du texte de Matthieu. En voici quelques extraits :

1 : Mais, parmi les Juifs, personne ne se lava les mains, ni Hérode, ni aucun de ses juges. Et, comme ils refusaient de se les laver, Pilate se leva. Et alors le roi Hérode ordonna de s’emparer du Seigneur en leur disant : « Tout ce que je vous ai ordonné de faire, faites-le. » (Cf. Mt 27.24ss.)

3ss : Or Joseph, l’ami de Pilate et du Seigneur, se tenait là et, sachant qu’ils étaient sur le point de le crucifier, il se rendit chez Pilate et demanda le corps du Seigneur pour lui donner une sépulture. Et Pilate, ayant envoyé un message à Hérode, demanda son corps. Et Hérode dit : « Frère Pilate (cf. Lc 23.12), même si personne ne l’avait demandé, nous l’aurions nous-mêmes enseveli, d’autant plus que le sabbat va commencer. Car il est écrit dans la Loi que le soleil ne doit pas se coucher sur un homme mis à mort. » (Cf. Mt 27.58ss.)

6ss : Or, après avoir saisi le Seigneur, ils le poussaient en courant et disaient : « Traînons le fils de Dieu, puisque nous le tenons en notre pouvoir. » Et ils le revêtirent de pourpre et le firent asseoir sur un trône de jugement en disant : « Juge avec justice, roi d’Israël. » Et l’un d’eux, ayant apporté une couronne d’épines, la posa sur la tête du Seigneur. Et d’autres qui étaient présents lui crachaient à la face et d’autres lui frappaient les joues, d’autres le piquaient avec un roseau et certains le fouettaient en disant : « Par cet hommage, honorons le fils de Dieu. » (Cf. Mt 27.28ss.)

10ss : Et ils amenèrent deux malfaiteurs et ils crucifièrent le Seigneur au milieu d’eux. Mais lui se taisait comme s’il n’éprouvait aucune souffrance. Et, lorsqu’ils eurent dressé la croix, ils y inscrivirent : « Celui-ci est le roi d’Israël. » Et après avoir déposé ses vêtements devant lui, ils en firent des parts et les tirèrent au sort. Mais l’un de ces malfaiteurs les réprimanda en ces termes : « Nous, c’est pour les forfaits que nous avons commis que nous souffrons ainsi, mais celui-ci, qui est devenu Sauveur des hommes, quel mal vous a-t-il fait ? » (Cf. Lc 23.40ss.) Et, s’étant irrités contre lui, ils ordonnèrent qu’on ne lui brisât pas les jambes afin qu’il mourût dans les tourments. (Cf. Jn 19.31ss.) Or il était midi et des ténèbres couvrirent toute la Judée. Et ils étaient troublés et ils craignaient que le soleil ne se fût couché alors qu’il vivait encore. En effet, il est écrit pour eux que le soleil ne doit pas se coucher sur homme mis à mort. Et l’un d’eux dit : « Donnez-lui à boire du fiel avec du vinaigre. » Et, après avoir fait le mélange, ils le lui donnèrent à boire. Et ils accomplirent tout et ils mirent un comble aux péchés qui pesaient sur leurs têtes. Beaucoup circulaient avec des lampes, croyant que c’était la nuit, et ils tombaient. (Cf. Mt 27.34ss.)

19s : Et le Seigneur cria : « Ma force, ô force, tu m’as abandonné. » Et, ayant parlé, il fut élevé. Et, au même instant, le voile du Temple de Jérusalem se déchira en deux. (Cf. Mt 27.46ss ; voir aussi Lc 23.48n ; Jn 20.19n.)

21ss : Et alors ils arrachèrent les clous des mains du Seigneur et ils le déposèrent à terre. Et la terre tout entière trembla et il y eut une grande peur. Alors le soleil brilla et on constata que c’était la neuvième heure. Les Juifs se réjouirent. Et ils donnèrent son corps à Joseph pour qu’il l’ensevelît, puisqu’il avait vu tout le bien qu’il avait fait. Ayant pris le Seigneur, il le lava et l’enveloppa dans un linceul, et il l’introduisit dans son propre tombeau appelé jardin de Joseph. (Cf. Mt 27.58ss.)

28ss : Or les scribes, les pharisiens et les anciens s’étaient réunis à la nouvelle que tout le peuple murmurait et se frappait la poitrine en disant : « Si à sa mort ces très grands signes se sont produits, voyez combien il était juste. » Les anciens furent effrayés et allèrent chez Pilate lui parler en ces termes : « Donne-nous des soldats pour garder son tombeau durant trois jours, de peur que ses disciples ne viennent le dérober et que le peuple ne s’imagine qu’il est ressuscité des morts et qu’il ne nous fasse du mal. » Pilate leur donna le centurion Pétronius avec des soldats pour garder le sépulcre ; et, avec eux, les anciens et les scribes allèrent au tombeau. Et, ayant roulé une grande pierre avec le centurion et les soldats, tous ceux qui étaient là la placèrent ensemble contre la porte du tombeau. Et ils y apposèrent sept sceaux et, après avoir dressé là une tente, ils montèrent la garde. De bon matin, à l’aube du sabbat, une foule vint de Jérusalem et des environs pour voir le tombeau scellé. (Cf. Mt 27.62ss.)

35ss : Or, dans la nuit où commençait le dimanche, tandis que les soldats montaient à tour de rôle la garde par équipes de deux, il y eut un grand bruit dans le ciel. Et ils virent les cieux s’ouvrir et deux hommes, brillant d’un éclat intense, en descendre et s’approcher du tombeau. La pierre, celle qui avait été poussée contre la porte, roula d’elle-même et se retira de côté. Et le tombeau s’ouvrit et les deux jeunes gens entrèrent. Alors, à cette vue, les soldats réveillèrent le centurion et les anciens, car eux aussi étaient là à monter la garde. Et, tandis qu’ils racontaient ce qu’ils avaient vu, à nouveau ils virent : du tombeau sortirent trois hommes, et les deux soutenaient l’autre, et une croix les suivait. Et la tête des deux atteignait jusqu’au ciel, alors que celle de celui qu’ils conduisaient par la main dépassait les cieux. Et ils entendirent une voix venue des cieux qui dit : « As-tu prêché à ceux qui dorment ? » Et on entendit une réponse venant de la croix : « Oui. » Alors ils se mirent à débattre entre eux s’il fallait s’en aller et exposer ces faits à Pilate. Et tandis qu’ils réfléchissaient encore, on vit les cieux s’ouvrir à nouveau, et un homme descendre et entrer dans le tombeau. (Cf. Mt 28.1ss.)

45ss : Après avoir vu cela, le centurion et son entourage se rendirent en hâte chez Pilate pendant la nuit, abandonnant le tombeau qu’ils gardaient ; et ils racontèrent tout ce qu’ils avaient vu, en proie à une grande inquiétude et disant : « Vraiment, il était le Fils de Dieu. » Pilate répondit : « Pour moi, je suis pur du sang du Fils de Dieu, c’est vous qui en avez décidé ainsi. » Sur quoi, tous s’approchèrent : ils le priaient et le suppliaient d’ordonner au centurion et aux soldats de ne dire à personne ce qu’ils avaient vu. « En effet, disaient-ils, mieux vaut pour nous répondre devant Dieu du plus grand péché que de tomber entre les mains du peuple des Juifs et d’être lapidés. » Alors Pilate ordonna au centurion et aux soldats de ne rien dire. (Cf. Mt 28.11ss.)

50ss : Le dimanche, au petit matin, Marie Madeleine, disciple du Seigneur – effrayée à cause des Juifs, qui étaient enflammés de colère, elle n’avait pas fait au tombeau du Seigneur ce que les femmes ont coutume de faire pour les morts qu’elles aiment –, prit avec elle ses amies et se rendit au sépulcre où il avait été déposé. Et elles craignaient d’être vues par les Juifs et disaient : « Bien que, le jour où il a été crucifié, nous n’ayons pas pu pleurer et nous frapper la poitrine, qu’au moins maintenant nous le fassions à son tombeau! Mais qui donc roulera pour nous la pierre placée contre la porte du sépulcre afin que, une fois entrées, nous nous asseyions auprès de lui et que nous fassions ce qui se doit ? Car elle était grande, cette pierre! Et nous craignons qu’on ne nous voie. Même si nous ne pouvons pas entrer, jetons au moins à la porte ce que nous apportons en mémoire de lui, pleurons et frappons-nous la poitrine jusqu’à notre retour à la maison. » Et, s’en étant allées, elles trouvèrent le tombeau ouvert et, s’étant approchées, elles se penchèrent pour y regarder ; et elles virent là, assis au milieu du tombeau, un jeune homme, beau et revêtu d’une robe resplendissante, qui leur dit : « Pourquoi êtes-vous venues ? Qui cherchez-vous ? Ne serait-ce pas celui qui a été crucifié ? Il est ressuscité et s’en est allé. Si vous ne croyez pas, penchez-vous et voyez la place où il était déposé : il n’y est pas. En effet, il est ressuscité et s’en est allé là d’où il avait été envoyé. » Alors, les femmes, effrayées, s’enfuirent. (Cf. Mt 28.1ss ; voir aussi Jn 21.3n.)

51 Alors le voile du sanctuaire se déchira en deux, d'en haut jusqu'en bas, la terre trembla, les rochers se fendirent, [voile Ex 26.31-33 ; Hé 6.19. – trembla 21.10n ; 24.7 ; 28.2 ; Hé 12.26. – se fendirent : litt. se déchirèrent, comme pour le voile du sanctuaire ; cf. Es 63.19 ; Lc 19.40.]52 les tombeaux s'ouvrirent et les corps de beaucoup de saints endormis se réveillèrent. [saints endormis, c.-à-d. morts. Es 26.19 ; Ez 37.12s ; Dn 12.2. – se réveillèrent ou furent éveillés, ou encore se relevèrent (2.13n). Cf. Epître d'Ignace d'Antioche aux Magnésiens 9.2 : « Comment pourrions-nous vivre sans lui (Jésus-Christ), puisque les prophètes aussi, étant ses disciples par l'Esprit, l'attendaient comme leur maître ? Et c'est pourquoi celui qu'ils attendaient dans la justice les a par sa présence ressuscités des morts. »]53 Sortis des tombeaux après son réveil, ils entrèrent dans la ville sainte et se manifestèrent à beaucoup de gens.[1Co 15.20. – son réveil ou sa résurrection ; le substantif correspondant n'apparaît qu'ici dans le N.T. (verbe apparenté au v. 52). – ville sainte 4.5+.]

54 Voyant le tremblement de terre et ce qui venait d'arriver, le centurion et ceux qui étaient avec lui pour garder Jésus furent saisis d'une grande crainte et dirent : Celui-ci était vraiment Fils de Dieu.[V. 43 ; 14.33 ; 16.16+ ; cf. 17.6n. – crainte 9.8+. – Fils de Dieu 16.16+.]

Le corps de Jésus est mis au sépulcre

Mc 15.40-47 ; Lc 23.49-56 ; Jn 19.25,38-42

55 Il y avait là beaucoup de femmes qui regardaient de loin, celles-là même qui avaient accompagné Jésus depuis la Galilée, pour le servir. [beaucoup de femmes : autre traduction plusieurs femmes ; v. 61 ; 28.1//. – de loin : cf. Ps 38.12. – servir 4.11n ; Lc 8.3.]56 Parmi elles, il y avait Marie-Madeleine, Marie, mère de Jacques et de Joseph, et la mère des fils de Zébédée.[Madeleine : ce nom signifie sans doute qu'elle était originaire de Magdala, bourg proche du lac de Galilée (cf. Lc 8.2 ; Jn 20.1). – Marie, mère... : cf. Mc 15.40. – mère des fils de Zébédée 4.21 ; 20.20 ; c'est peut-être la Salomé de Mc 15.40.]

57 Le soir venu, un homme riche d'Arimathée nommé Joseph, qui était lui aussi disciple de Jésus, arriva. [Arimathée : on identifie généralement cette ville à Rama (ou Ramataïm), dans la région montagneuse d'Ephraïm (cf. 1S 1.1), à environ 35 km au nord-ouest de Jérusalem.]58 Il se rendit chez Pilate et demanda le corps de Jésus. Alors Pilate ordonna qu'on le lui remette. [Dt 21.22s.]59 Joseph prit le corps, l'enveloppa d'un drap immaculé [1R 13.29-31.]60 et le mit dans un tombeau neuf, qu'il s'était fait tailler dans le roc. Puis il roula une grande pierre à l'entrée du tombeau et s'en alla. [Es 53.9 ; cf. Mc 16.4 ; Jn 11.38.]61 Marie-Madeleine et l'autre Marie étaient là, assises en face du sépulcre.[V. 56n.]

La garde est placée devant le sépulcre

62 Le lendemain, c'est-à-dire le jour après la Préparation, les grands prêtres et les pharisiens allèrent ensemble trouver Pilate [la Préparation : le vendredi, jour où l'on prépare le sabbat (Mc 15.42) ; le lendemain est donc le sabbat ; cf. Jn 19.14n. – grands prêtres / pharisiens 21.45.]63 et dirent : Seigneur, nous nous souvenons que cet imposteur a dit, quand il vivait encore : « Après trois jours je me réveillerai. » [imposteur ou trompeur : le terme grec est dérivé du verbe habituellement traduit par égarer 24.4+ ; cf. Jn 7.12,47 ; voir aussi 2Co 6.8 ; 1Tm 4.1 ; 2Jn 7. – Après trois jours 16.21+ ; cf. Jn 2.19ss. – réveillerai ou relèverai, 2.13n (de même dans la suite) ; voir résurrection.]64 Ordonne donc qu'on mette le sépulcre sous surveillance jusqu'au troisième jour, afin que ses disciples ne viennent pas dérober le corps et dire au peuple : « Il s'est réveillé d'entre les morts. » Cette dernière imposture serait encore pire que la première. [dérober le corps : litt. le dérober 28.13,15. – imposture : le mot correspondant est traduit ailleurs par égarement ou erreur, cf. Rm 1.27 ; Ep 4.14n ; 1Th 2.3 ; 2Th 2.11 ; Jc 5.20 ; 2P 2.18 ; 3.17 ; 1Jn 4.6 ; Jd 11.]65 Pilate leur dit : Vous avez une garde ; eh bien, mettez-le sous surveillance comme vous l'entendez. [Vous avez : on pourrait aussi traduire : tenez, voici (une garde) (cf. 28.14). – eh bien : litt. allez.]66 Ils s'en allèrent donc et mirent le sépulcre sous surveillance, en scellant la pierre et en postant la garde. [Dn 6.17s.]

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