chapitre précédent retour chapitre suivant

Nouvelle Bible Segond – Marc 3

L'homme à la main paralysée

Mt 12.9-14 ; Lc 6.6-11

3 Il retourna à la synagogue. Il se trouvait là un homme qui avait la main paralysée. [à la synagogue : certains mss portent dans une synagogue ; cf. 1.21. – paralysée : litt. desséchée, cf. v. 3 ; 4.6 ; 5.29n ; 9.18 ; 11.20s ; voir Mt 12.10n.]2 Ils observaient Jésus pour voir s'il le guérirait un jour de sabbat, afin de l'accuser. [Ils observaient Jésus : litt. ils l'observaient. – La casuistique juive dont témoigne le Talmud définit précisément les soins essentiels que l'on peut donner à un malade le jour du sabbat ; seul le danger de mort prime automatiquement sur l'observance du sabbat (cf. 2.27+).]3 Alors il dit à l'homme qui avait la main paralysée : Lève-toi, là, au milieu. [paralysée : litt. sèche, cf. v. 1n.]4 Puis il leur dit : Qu'est-ce qui est permis, un jour de sabbat ? Est-ce de faire du bien ou de faire du mal, de sauver ou de tuer ? Mais ils gardaient le silence. [Qu'est-ce qui est permis... (2.24n) : autre traduction qu'a-t-on le droit de faire un jour de sabbat : du bien ou du mal... ? cf. Lc 14.3 ; Jn 5.10 ; voir aussi Jc 4.17. – de sauver : litt. de sauver une vie ou un être ; sur le terme grec correspondant, voir 8.35n. – tuer : cf. v. 6.]5 Alors, promenant ses regards sur eux avec colère, navré de les voir si obtus, il dit à l'homme : Tends ta main. Il la tendit, et sa main fut rétablie.[promenant ses regards : même verbe grec v. 34 ; 5.32 (regarder autour) ; 10.23 ; 11.11 (tout regarder) ; Lc 6.10. – avec colère 1.41n,43n. – de les voir si obtus : litt. de l'endurcissement de leur cœur, expression qui, conformément au sens figuré du mot cœur dans la Bible, évoque moins l'insensibilité affective que l'incapacité de comprendre ; cf. 6.52 ; 8.17 ; 10.5 ; 16.14 ; Ex 7.13 ; Es 6.9s ; Jn 12.40 ; Ac 7.51 ; 28.27 ; Rm 2.5 ; 11.25 ; Ep 4.18 ; Hé 3.8. – fut rétablie ou fut rendue, c.-à-d. redevint saine (cf. Mt 12.10n) ; même verbe 8.25 ; 9.12 ; Ac 1.6 (rétablir) ; Hé 13.19 (rendre).]

6 A peine sortis, les pharisiens tenaient conseil avec les hérodiens contre lui, sur les moyens de le faire disparaître.[tenaient (litt. donnaient) conseil : expressions légèrement différentes en 15.1 ; Mt 12.14. – les hérodiens sont peut-être des partisans d'Hérode Antipas, tétrarque de Galilée (mais pas de Judée) de 4 av. J.-C. à 39 apr. J.-C., ou plus généralement des gens qui soutiennent la politique hérodienne de collaboration avec l'occupant romain. Globalement les rapports étaient plutôt bons entre les pharisiens et les Hérode. Hérode le Grand déjà (37-4 av. J.-C.) avait considéré les pharisiens avec une neutralité bienveillante, et Hérode Agrippa Ier (41-44) sera connu pour sa politique pro-pharisienne ; cf. 6.17 ; 8.15// ; 12.13//. – le faire disparaître : cf. v. 4 ; Ex 31.14 ; Mt 12.14+.]

Les foules viennent à Jésus

Mt 4.23-25 ; 12.15-16 ; Lc 6.17-19

7 Jésus se retira vers la mer avec ses disciples. Une grande multitude le suivit, venue de Galilée, de Judée, [la mer 1.16n. – multitude : cf. 1.5 ; voir aussi 2.13+.]8 de Jérusalem, d'Idumée, de Transjordanie et des environs de Tyr et de Sidon. Une grande multitude, apprenant tout ce qu'il faisait, vint à lui.[L'Idumée tient son nom de l'ancien Edom, au sud-ouest de la mer Morte, mais elle recouvre à l'époque romaine le sud de l'ancien territoire de Juda, à partir d'Hébron : ses habitants, en partie d'origine édomite ou arabe, avaient été soumis par les Maccabées environ un siècle et demi auparavant et avaient embrassé le judaïsme ; c'était la patrie d'Hérode (v. 6n). – Tyr (7.24//) et Sidon (7.31), villes phéniciennes du littoral méditerranéen, au nord de la Galilée.]

9 Il dit à ses disciples de tenir à sa disposition une barque, pour que la foule ne le presse pas. [4.1// ; Lc 5.3. – tenir à sa disposition : le verbe grec évoque une relation permanente (cf. Ac 8.13 ne pas quitter ; 10.7 être attaché et dans un autre sens 1.14 ; 2.42,46 etc. persévérer). – une barque : diminutif du terme habituellement traduit par bateau (aussi Jn 6.22ss ; 21.8) ; mais il n'a pas forcément de nuance particulière dans Mc. – presse : le verbe est apparenté au mot habituellement traduit par détresse (traditionnellement tribulation) 4.17 ; 13.19 verbe apparenté en 5.24,31 ; Mt 7.14n ; 24.9n ; 2Co 4.8.]10 En effet, comme il guérissait beaucoup de gens, tous ceux qui avaient des maladies se jetaient sur lui pour le toucher. [Mt 15.30. – maladies : litt. fléaux ; le même terme grec est traduit par mal en 5.29,34 ; cf. Lc 7.21 ; il évoque le châtiment du fouet en Ac 22.24 ; Hé 11.36. – le toucher 1.41+ ; cf. 5.28.]11 Les esprits impurs, quand ils le voyaient, tombaient devant lui et s'écriaient : Toi, tu es le Fils de Dieu ! [esprits impurs : voir pur, impur. – tombaient devant lui ou se jetaient à ses pieds (verbe apparenté au v. 10). – Fils de Dieu : cf. 1.1n,24,34 ; 5.7 ; Mt 8.29 ; Lc 4.41.]12 Mais il les rabrouait avec sévérité pour qu'ils ne parlent pas de lui.[rabrouait 1.25n. – avec sévérité : litt. beaucoup ; cette précision est absente de certains mss. – ne parlent pas de lui : litt. ne le rendent pas (Jésus) manifeste ou célèbre, cf. 4.22n ; 6.14n.]

Jésus choisit les Douze

Mt 10.1-4 ; Lc 6.12-16 ; Ac 1.13

13 Il monte ensuite sur la montagne ; il appelle ceux qu'il voulait, et ils vinrent à lui.[sur la montagne 6.46 ; 9.2. – il appelle... : cf. 1.16ss ; 2.14.]

14 Il en choisit douze, à qui il donna aussi le nom d'apôtres, pour qu'ils soient avec lui et pour les envoyer proclamer, [Il en choisit : litt. il fit ; le verbe correspondant peut décrire la mise en place d'une institution ou la nomination de quelqu'un à une fonction ; cf. v. 16n. – douze : cf. Epître de Barnabé 8.3 : « Il les a investis de l'autorité de l'évangile qu'ils vont prêcher, eux qui sont douze en témoignage pour les tribus – qui sont douze en Israël. » – à qui il donna aussi le nom d'apôtres : cette précision est absente de certains mss ; le terme transcrit apôtres est dérivé du verbe rendu par envoyer 6.7, cf. 6.30n ; voir Mt 10.1+,2n. – qu'ils soient avec lui, cf. 5.18. – proclamer 1.4n,38n.]15 avec l'autorité pour chasser les démons.[avec (litt. et avoir) l'autorité pour ou le pouvoir de 1.22n ; 2.24n ; cf. 6.7. – chasser les démons 1.34,39 ; 3.15,22 ; 6.13 ; 9.38 ; 16.9,17.]

16 Il choisit les Douze : Simon, à qui il attribua le nom de Pierre, [Il choisit (ou nomma, litt. fit) les Douze : cette phrase est omise par certains mss ; cf. v. 14n. – Simon / Pierre : cf. 14.37 ; Mt 16.16-18 ; Jn 1.42.]17 Jacques, fils de Zébédée, et Jean, frère de Jacques, auxquels il attribua le nom de Boanergès, qui signifie « Fils du tonnerre » ; [1.19+. – le nom : litt. (selon certains mss) les noms. – Boanergès : transcription en grec d'une expression, sans doute araméenne, que le texte traduit par Fils (au pluriel) du tonnerre mais dont on n'a pas identifié avec certitude la forme originale ; autres transcriptions de l'araméen en 5.41 ; 7.11,34 ; 11.9s ; 14.36 ; 15.22,34 ; cf. Lc 9.49,54.]18 André, Philippe, Barthélemy, Matthieu, Thomas, Jacques, fils d'Alphée, Thaddée, Simon le Cananite [Matthieu Mt 9.9. – Thomas Jn 11.16+. – fils (ou peut-être frère) d'Alphée, comme en 2.14n ; de même en Mt 10.3 ; Lc 6.15 ; Ac 1.13. – Thaddée : un ms (occidental, voir introductions au N.T. et aux Actes des Apôtres) porte Lebbée (de même Mt 10.3). – Cananite Mt 10.4n ; voir zélote.]19 et Judas Iscarioth, celui qui le livra.[Iscarioth ou Iscariote Mt 10.4n ; cf. Jn 6.71 ; 13.26.]

Jésus a-t-il partie liée avec les démons ?

20 Puis il revient à la maison, et la foule se rassemble encore : ils ne pouvaient pas même manger. [il revient : litt. il vient ; certains mss portent ils viennent. – à la maison : cf. 2.1n. – la foule v. 7s ; 2.2. – manger : litt. manger du pain ; cf. 6.31,44 ; 7.2n,5 ; Mt 15.2+.]21 A cette nouvelle, les gens de sa parenté sortirent pour se saisir de lui, car ils disaient : Il a perdu la raison.[Cf. v. 31-35//. – les gens de sa parenté : litt. ceux de chez lui. – se saisir de lui : le même verbe sera traduit par (faire) arrêter en 6.17. – ils disaient : certains comprennent on disait. – Il a perdu la raison : le même verbe grec évoque la stupéfaction en 2.12n ; il a un sens comparable en 2Co 5.13 ; cf. Jn 10.20 ; voir aussi Za 13.3 ; Ps 69.9.]

Mt 12.24-29 ; Lc 11.15-22

22 Les scribes qui étaient descendus de Jérusalem disaient : Il a Béelzéboul ; c'est par le prince des démons qu'il chasse les démons ![Les scribes... 2.6+ ; cf. 7.1. – Il a : l'expression correspondante évoque habituellement la possession démoniaque, cf. v. 30 ; 5.15 ; 7.25 ; 9.17 ; voir aussi Jn 7.20 ; 8.48,52 ; 10.20. – Béelzéboul (d'autres témoins anciens ont lu Béézéboul ou Béelzébub) : ce nom donné au prince des démons (cf. 1.13+ ; 3.30 ; Mt 9.34n ; 10.25 ; Jn 7.20+) résulte d'une déformation d'un titre de divinité sémitique signifiant Baal le prince (ou peut-être Baal de la demeure élevée) ; on en retrouve sans doute une autre déformation dans le nom Baal-Zeboub (2 R 1.2ss).]

23 Il les appela et se mit à leur dire, en paraboles : Comment Satan peut-il chasser Satan ? [paraboles 4.2+. – Satan : autre traduction un satan v. 22n ; 1.13n.]24 Si un royaume est divisé contre lui-même, ce royaume ne peut tenir ; 25 et si une maison est divisée contre elle-même, cette maison ne peut tenir. 26 Si donc le Satan se dresse contre lui-même, il est divisé et il ne peut tenir : c'en est fini de lui. 27 Personne ne peut entrer dans la maison d'un homme fort et piller ses biens sans avoir d'abord lié cet homme fort ; alors seulement il pillera sa maison.[homme fort ou puissant : cf. 1.7. – ses biens Mt 12.29n ; cf. Es 49.24s ; 53.12 ; Psaumes de Salomon 5.3 : « On ne peut s'emparer du butin d'un héros ; qui donc peut s'emparer de tout ce que tu as créé, si toi-même tu ne le donnes ? » Evangile selon Thomas 35 : « Jésus a dit : “Il n'est pas possible que quelqu'un entre dans la maison d'un homme puissant et la prenne par la force, à moins qu'il ne lui ait lié les mains ; alors seulement il pourra piller sa maison.”  »]

Mt 12.31-33 ; Lc 12.10

28 Amen, je vous le dis, tout sera pardonné aux fils des hommes, péchés et blasphèmes autant qu'ils en auront proférés ; [Amen Mt 5.18n. – pardonné : cf. 4.12. – péchés : le terme employé ici et au v. 29 n'apparaît que cinq fois dans le N.T. (aussi en Rm 3.25 ; 1Co 6.18 ; 2P 1.9). Dérivé du mot habituellement traduit par péché (Mc 1.4 etc.) il désignait plus particulièrement en grec classique des fautes concrètes, des actes pécheurs du point de vue de leur résultat ; cette nuance semble cependant s'être estompée dans le grec du N.T. – blasphèmes : cf. 2.7// ; 14.64// ; 15.29// ; Lc 22.65 ; 23.39 ; Jn 10.33-36 ; Ac 6.11 ; 1Tm 1.13-16 ; voir aussi Ex 22.27 ; Lv 24.11-16 ; Ez 35.12. – autantqu'ils en auront proférés : litt. tout ce qu'ils blasphèment (comme au v. 29).]29 mais quiconque blasphème contre l'Esprit saint n'obtiendra jamais de pardon : il est coupable d'un péché éternel. [Cf. Hé 6.4-8 ; 10.26-29 ; 1Jn 5.16. – blasphème contre : autres traductions calomnie, insulte ; la même expression est utilisée par LXX en Dn 3.29 pour parler inconsidérément contre ; cf. Nb 11.17 ; 27.18 ; Dt 34.9 ; Es 63.7-14 ; Ps 106.32s ; voir aussi Lv 24.11ss ; Nb 15.30s ; Es 22.14. Didachè 11.7 : « Par ailleurs, vous n'éprouverez aucun prophète qui parle sous l'inspiration de l'esprit et vous ne le jugerez pas non plus. Car tout péché sera remis, mais celui-là ne le sera pas. » – Voir aussi Esprit.]30 C'est qu'ils disaient : Il a un esprit impur. [Cf. v. 22 ; voir aussi démon.]

La vraie parenté de Jésus

Mt 12.46-50 ; Lc 8.19-21

31 Sa mère et ses frères arrivent ; se tenant dehors, ils le firent appeler. [Cf. v. 21 ; Mt 12.46+. – se tenant : autre traduction se tenant debout ; cf. v. 34 ; même verbe en 11.25.]32 La foule était assise autour de lui et on lui dit : Ta mère, tes frères et tes sœurs sont dehors, et ils te cherchent. [et tes sœurs : cette précision est absente de certains mss ; cf. Mt 13.56.]33 Il répond : Ma mère et mes frères, qui est-ce ? 34 Puis, promenant ses regards sur ceux qui étaient assis tout autour de lui, il dit : Voici ma mère et mes frères ! [promenant ses regards... v. 5+. – tout autour : litt. en cercle autour.]35 En effet, quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, ma sœur et ma mère.[En effet : le terme correspondant est absent de certains mss. – Evangile selon Thomas 99 : « Les disciples lui dirent : “Ta mère et tes frères se tiennent dehors.” Il leur répondit : “Ceux que voici, qui font la volonté de mon Père, ceux-là sont mes frères et ma mère. Ce sont eux qui entreront dans le Royaume de mon Père.”  »]

chapitre précédent retour chapitre suivant