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Nouvelle Bible Segond – Nombres 24

24 Voyant qu'il plaisait au SEIGNEUR de bénir Israël, Balaam n'alla pas, comme les autres fois, à la recherche de présages : il se tourna du côté du désert. [comme les autres fois : cf. 23.3,15. – à la recherche : autre traduction à la rencontre ; cf. 22.36 ; 23.3. – présages : le mot hébreu, habituellement traduit par divination, rappelle celui qui désigne le serpent.]2 Balaam leva les yeux et vit Israël campé tribu par tribu. Alors le souffle de Dieu fut sur lui. [campé : litt. demeurant ; cf. v. 5 ; voir aussi 2.2. – le souffle (ou l'Esprit) de Dieu : cf. 23.5,16 ; 2S 23.2 ; voir aussi Gn 41.38 ; Ex 31.3 ; Jg 6.34 ; 11.25 ; 1S 10.6,10 ; 19.20ss ; 2R 3.15 ; Es 42.1 ; 59.21 ; 61.1 ; Ez 11.5. – fut sur lui : autre traduction lui parvint, cf. Jr 1.2n ; voir aussi Jg 3.10 ; 11.29 ; 1S 19.9,20,23 ; 2Ch 15.1 ; 20.14.]3 Il prononça son poème :

Déclaration de Balaam, fils de Béor,
déclaration de l'homme qui a l'œil clairvoyant, [V. 15s. – poème 23.7n. – Déclaration : cf. 2S 23.1 ; Jr 23.31 ; voir aussi Am 3.10. – l'œil clairvoyant : traduction incertaine ; on pourrait aussi comprendre l'œil parfait (d'après LXX), l'œil ouvert (d'après Syr), voire l'œil fermé (d'après Vg ; pour le recueillement préalable à l'inspiration) ; de même au v. 15.]

4 déclaration de celui qui entend les paroles de Dieu,
de celui qui voit la vision du Puissant,
de celui qui tombe à terre et dont les yeux s'ouvrent. [de Dieu (hébreu 'El, cf. Gn 21.33n) : un ms hébreu ajoute de celui qui connaît la connaissance du Très-Haut, comme au v. 16. – du Puissant Gn 17.1n ; Ex 6.3. – qui tombe v. 16 ; certains comprennent qui se prosterne (cf. 22.31), mais il s'agit sans doute ici d'une manifestation extatique ; cf. 1S 19.24 ; voir aussi Gn 17.3 ; Jos 5.14. – s'ouvrent ou se dessillent, litt. sont découverts.]

5 Qu'elles sont belles, tes tentes, Jacob,
tes demeures, Israël ! [tentes / demeures : cf. v. 2 ; Jg 8.11 ; 2S 7.6 ; voir aussi Ps 84.2. – Jacob / Israël 23.7+.]

6 Elles s'étendent comme des oueds,
comme des jardins près d'un fleuve,
comme des aloès que le SEIGNEUR a plantés,
comme des cèdres le long des eaux. [Cf. Gn 2.8ss ; Jr 17.7s ; Ez 47.1ss ; Ps 1.3 ; Ap 22.2. – comme des oueds ou comme des torrents ; d'autres comprennent comme des palmiers ; cf. Gn 26.17n. – comme des aloès... : LXX comme les tentes qu'a dressées le Seigneur, les mots correspondants à tentes et à aloès (Ps 45.9) étant quasiment homonymes en hébreu ; cf. Ps 104.16.]

7 L'eau coule de ses seaux,
sa semence est fécondée par de grandes eaux.
Son roi s'élève au-dessus d'Agag,
et son royaume devient puissant. [Texte obscur et traduction conjecturale ; certains le remanient pour lire ses nuages déversent les eaux, et ses nuées débordent d'eaux abondantes (cf. 20.1n). LXX un homme sortira de sa semence (ou descendance) et dominera sur des nations nombreuses ; cf. v. 17 ; Gn 3.15 ; 12.7 ; 49.3s,10 ; 2S 7.12 ; voir aussi Es 9.5 ; 11.1 ; Ps 72.6 ; Jn 7.37s. – Son roi : LXX sa royauté 23.21n. – Agag : ce nom, qui est au temps de Saül celui d'un roi d'Amalec (v. 20+), semble évoquer l'idée de fureur ou de violence ; cf. 1S 15.8ss ; Est 3.1n ; Smr et LXX ont lu Gog (cf. Ez 38–39 ; Ap 20.7).]

8 Dieu le fait sortir d'Egypte,
il est pour lui comme les cornes de l'aurochs.
Il dévore les nations de ses adversaires,
il brise leurs os, il les crible de ses flèches. [23.22n. – Dieu : hébreu 'El, cf. v. 4n. – le fait sortir d'Egypte ou, d'après Smr et LXX, l'a guidé depuis l'Egypte ; cf. Mt 2.15. – ses adversaires : cf. Gn 49.23 (autre terme). – les crible de ses flèches : autre traduction fracasse leurs reins ; cf. v. 17 où le même verbe est traduit par fracasser.]

9 Il s'accroupit, il se couche comme un lion,
comme une lionne : qui le fera lever ?
Béni soit quiconque te bénira,
maudit soit quiconque te maudira ! [Il s'accroupit... : cf. 23.24 ; Gn 49.9. – Béni... : cf. v. 22+ ; Gn 12.3 ; 27.29.]

10 Balaq se mit en colère contre Balaam ; il battit des mains et dit à Balaam : C'est pour vouer mes ennemis à la malédiction que je t'ai appelé, et par trois fois déjà tu les as bénis ! [par trois fois : cf. v. 5ss ; 23.7ss,11,18ss.]11 Maintenant, fuis, va-t'en chez toi ! J'avais dit que je te couvrirais de gloire, mais le SEIGNEUR te prive de cette gloire ! [chez toi : litt. vers ton lieu. – gloire : cf. 22.17n ; Jos 24.10 ; Mi 6.5. – te prive : le même verbe est traduit par empêcher en 22.16.]

Balaam annonce l'avenir glorieux d'Israël

12 Balaam répondit à Balaq : N'ai-je pas dit aux messagers que tu m'as envoyés : [messagers 22.5.]13 « Quand Balaq me donnerait tout l'argent et l'or de sa maison, je ne pourrais, de moi-même, passer outre aux ordres du SEIGNEUR pour faire du bien ou du mal ; je dirai ce que le SEIGNEUR dira. » [22.17ss,35,38 ; Dt 18.18 ; 1R 22.14. – de moi-même : litt. de mon (propre) cœur (16.28n). – pour faire du bien ou du mal : l'expression peut signifier simplement pour faire quoi que ce soit, cf. 22.18n ; mais on pourrait aussi comprendre, dans un sens plus fort, pour faire du bonheur ou du malheur ; cf. Gn 2.17 ; 24.50n ; 31.24n,29.]14 Maintenant je m'en vais vers mon peuple. Viens, je t'aviserai de ce que ce peuple fera à ton peuple dans la suite des temps. [Viens : cf. 23.27n. – je t'aviserai : comme le verbe hébreu pourrait aussi signifier je te donnerai un conseil (Ex 18.19), on a parfois vu ici une allusion au mauvais conseil de Nb 31.16 (cf. Ap 2.14), mais le présent contexte n'autorise guère ce sens. – dans la suite des temps (litt. des jours) Gn 49.1+ ; Dt 4.30 ; 31.29 ; Es 2.2n ; Jr 23.20 ; 48.47 ; Os 3.5 ; Mi 4.1.]

15 Il prononça son poème :

Déclaration de Balaam, fils de Béor,
déclaration de l'homme qui a l'œil clairvoyant, [V. 3n.]

16 déclaration de celui qui entend les paroles de Dieu,
de celui qui connaît la connaissance du Très-Haut,
de celui qui voit la vision du Puissant,
de celui qui tombe à terre et dont les yeux s'ouvrent. [Dieu : hébreu 'El, cf. Gn 21.33n. – la connaissance ou le savoir, cf. v. 4n. – Très-Haut Gn 14.18ss.]

17 Je le vois, mais ce n'est pas maintenant.
Je le contemple – mais ce n'est pas de près.
Un astre sort de Jacob,
un sceptre s'élève d'Israël.
Il fracasse les tempes de Moab
et le crâne de tous les fils de Seth. [Je le vois / Je le contemple : LXX je le montrerai / je le déclare heureux ; cf. 23.9. – mais ce n'est pas de près : autre traduction mais ce n'est pas proche. – Un astre ou une étoile, sans doute emblème du roi (comme le sceptre, cf. v. 7 ; Gn 49.10) en Es 14.12 ; Ez 32.7 ; cf. Mt 2.2ss ; Lc 1.78 ; Ap 2.26ss ; 22.16 ; Testament de Lévi 18.3 : « Son astre (celui du Prêtre nouveau) se lèvera dans le ciel comme celui d'un roi, resplendissant de la lumière de la Connaissance, comme le soleil brille en plein jour. » Testament de Juda 24.1ss : « Après cela, une étoile se lèvera pour vous de Jacob, dans la paix, et un homme se lèvera de ma descendance, comme un soleil de justice, marchant avec les hommes dans la douceur et la justice, et on ne trouvera en lui aucun péché. Les cieux s'ouvriront sur lui, pour répandre l'Esprit, la bénédiction du Père saint, et c'est lui qui répandra l'Esprit de grâce sur vous... Alors le sceptre de ma royauté resplendira, et de votre racine naîtra un tronc, d'où poussera un sceptre de justice pour les nations, pour juger et sauver tous ceux qui invoquent le Seigneur. » Un autre texte de Qumrân (Ecrit de Damas 7.18ss) identifie l'astre et le sceptre au Maître de justice, fondateur de la communauté. – sort : litt. piétine ; autres traductions est sorti victorieux, domine ; LXX se lèvera ; cf. Gn 49.8ss ; 2S 7.6-16 ; 23.1ss ; Ps 110. – Jacob / Israël 23.7+. – fracasse v. 8n. – tempes ou flancs : voir Jr 48.45n. – Moab 21.27ss ; 2S 8.2-13 ; 1R 11.15. – le crâne : selon Smr, cf. Jr 48.45 ; le texte hébreu traditionnel porte il abat. – Fils de Seth : c'est une expression assez proche qui est traduite par hommes violents (litt. fils de la violence) en Jr 48.45 ; peut-être le mot que la vocalisation traditionnelle lit Seth (comme en Gn 4.25 ; Lc 3.38) désignait-il à l'origine une peuplade (Shoutou) associée à Moab dans plusieurs textes égyptiens et assyriens.]

18 Edom sera pays conquis,
Séir – ses ennemis – sera pays conquis.
Israël déploie sa force. [Texte obscur et traduction conjecturale ; dans une citation du Règlement de la Guerre (Qumrân) le v. 19 précède le v. 18. – Edom / Séir (== Esaü) 20.14ss ; Gn 32.4+ ; 36.1+,8+ss ; 2S 8.14 ; Ez 35.2ss ; Ab 10 ; Ps 60.10 ; cf. Am 9.12 ; Ab 18. – pays conquis : litt. possession. – déploie sa force : même expression 1S 14.48 ; Ps 60.14 ; 118.15s ; Rt 4.11.]

19 Celui qui sort de Jacob domine,
il fait disparaître des villes tout survivant. [domine Ps 110.2n. – des villes : litt. de la ville, ou encore d'Ir (ville de Moab), 21.15n.]

Balaam annonce la chute des ennemis d'Israël

20 Il vit Amalec. Il prononça son poème :

Amalec est la première des nations,
mais sa fin, c'est de disparaître à jamais. [Amalec, population nomade au sud de Canaan ; cf. v. 7n ; 13.29 ; 14.43 ; Gn 36.12 ; Ex 17.8ss ; Dt 25.17ss ; Jg 3.13 ; 6.33 ; 7.12 ; 1S 15.3ss ; 27.8. – sa fin... : litt. sa suite (ou son avenir) se perd (ou périt) à jamais ; autre traduction sa postérité disparaîtra à jamais (23.10n).]

21 Il vit les Caïnites. Il prononça son poème :

Ton habitation est solide,
ton nid est posé sur le roc.
quand Ashour t'emmènera captif. [les Caïnites ou Qénites, au sud de la mer Morte, à l'ouest de la Araba 10.29n ; Gn 15.19 ; Jg 1.16 ; 4.11 ; 1S 15.6 ; 27.10 ; 30.29. – ton nid : le terme hébreu fait assonance avec le nom des Caïnites (cf. v. 22) ; voir aussi Jr 49.16 ; Ab 3s.]

22 Mais Caïn sera brûlé [Texte obscur jusqu'au v. 24, traduit diversement par les versions anciennes. – Caïn : en hébreu Qayîn, cf. v. 21n ; Gn 4.1n ; Jg 4.11 ; certains modifient le texte hébreu pour lire, p. ex. : ton nid (v. 21n) sera décombres, et ta demeure un tas d'ordures. – quand : litt. jusqu'à quand, cf. Ps 74.9 ; 79.5. – Ashour : ce nom désigne habituellement l'Assyrie ou son ancienne capitale (cf. Gn 10.11n ; 2R 15.29), mais il s'agit peut-être ici d'un autre peuple situé plus au sud, plus près des précédents (peut-être au centre de Canaan) ; cf. Gn 25.3 ; 2S 2.9 et les noms voisins en Gn 10.11 ; 25.18 ; 1S 27.8 ; voir aussi Os 5.13 ; 10.6 ; Ps 83.9.]

23 Il prononça son poème :

Quel malheur ! Qui vivra quand Dieu l'aura fait ? [Dans LXX le v. commence par il vit Og, cf. v. 20s ; 21.33ss. – Quel malheur... : texte et traduction incertains ; quelques-uns modifient le texte hébreu traditionnel pour lire, p. ex., les îles se rassemblent au nord ; cf. v. 24. – Dieu : hébreu 'El, cf. Gn 21.33n.]

24 Mais des navires viendront de Chypre,
ils affligeront Ashour, ils affligeront Héber ;
lui aussi disparaîtra à jamais ! [Chypre : hébreu Kittim ; ce mot désigne habituellement Chypre, puis plus généralement les Grecs, cf. Dn 11.30n (Vg d'Italie) ; certains modifient le texte hébreu traditionnel pour lire des navires des extrémités de la mer ; les envahisseurs pourraient être ici les Philistins ; cf. 1S 4.1ss ; 13.19ss ; 17 ; 2S 5.17ss. – Héber : c'est le nom qui a donné hébreu d'après Gn 10.21nss ; 11.14ss ; 14.13 ; 1S 14.21 ; certains y voient ici une désignation très générale de la Transeuphratène (en hébreu ‘éber-nahar, voir Esd 4.10n), donc de l'ensemble des peuples mentionnés ci-dessus.]

25 Balaam retourna chez lui, et Balaq aussi s'en alla de son côté. [Cf. 31.8,16 ; Mi 6.5. – retourna chez lui : litt. se leva, s'en alla et retourna à son lieu.]

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