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TOB – Job 9

TROISIÈME POÈME DE JOB

9 Alors Job prit la parole et dit :

Arbitraire divin

2 Certes, je sais qu'il en est ainsi.
Comment l'homme sera-t-il juste contre Dieu ? [Jb 4.17.]

3 Si l'on veut plaider contre lui,
à mille mots il ne réplique pas d'un seul. [Jb 9.32 ; 13.18 ; 22.4 ; 33.13 ; comparer Es 41.1 ; Mi 6.1-8.]

4 Riche en sagesse ou taillé en force,
qui l'a bravé et resta indemne ?

5 Lui qui déplace les montagnes à leur insu,
qui les culbute en sa colère,

6 il ébranle la terre de son site,
et ses colonnes chancellent. [Dieu ébranle la terre Es 13.13 ; Ps 114.7 ; He 12.26.
— ses colonnes. allusion à une conception ancienne selon laquelle la terre ferme reposait sur des colonnes.]

7 Sur son ordre le soleil ne se lève pas,
il met les étoiles sous scellés. [Dieu commande au soleil Jos 10.12-14 ; Jl 2.10 ; Am 8.9.]

8 A lui seul il étend les cieux
et foule les houles des mers. [Es 40.22 ; Jr 10.12 ; Ps 104.2.]

9 Il fabrique l'Ourse, Orion,
et les Pléiades et les Cellules du Sud. [l'Ourse, Orion, les Pléiades, les Cellules du Sud. identification probable de quatre noms de constellations mentionnées en hébreu.
— Dieu maître des astres Jb 38.31-32 ; Am 5.8.]

10 Il fabrique des grandeurs insondables,
ses merveilles épuisent les nombres. [Jb 5.9.]

11 Il passe près de moi et je ne le vois pas ;
il s'en va, je n'y comprends rien. [Jb 23.3,8-9 ; 35.14.]

12 S'il fait main basse, qui l'en dissuade,
qui lui dira : que fais-tu ? [Jb 11.10 ; Sg 12.12.]

13 Dieu ne réfrène pas sa colère,
sous lui sont prostrés les alliés du Typhon. [Ou de Rahav, personnification de l'Océan ; voir Jb 7.12 et la note ; Jb 26.12 ; Es 51.9 ; Ps 89.11.]

La raison du plus fort

14 Serait-ce donc moi qui répliquerais,
me munirais-je de paroles contre lui ? [Jb 9.32 ; Es 29.16 ; Qo 6.10 ; Rm 9.20.]

15 Si même je suis juste, à quoi bon répliquer ?
C'est mon accusateur qu'il me faut implorer.

16 Même si j'appelle, et qu'il me réponde,
je ne croirais pas qu'il ait écouté ma voix.

17 Lui qui dans l'ouragan m'écrase
et multiplie sans raison mes blessures, [Jb 38.1 ; 40.6.]

18 il ne me laisse pas reprendre haleine
mais il me sature de fiel. [Jb 7.19.]

19 Recourir à la force ? Il est la puissance même.
Faire appel au droit ? Qui m'assignera ?

20 Fussé-je juste, ma bouche me condamnerait ;
innocent, elle me prouverait pervers.

21 Suis-je innocent ? je ne le saurai moi-même.
Vivre me répugne.

22 C'est tout un, je l'ai bien dit :
l'innocent, comme le scélérat, il l'anéantit. [Qo 9.2-3.]

23 Quand un fléau jette soudain la mort,
de la détresse des hommes intègres il se gausse.

24 Un pays a-t-il été livré aux scélérats,
il voile la face de ses juges ;
si ce n'est lui, qui est-ce donc ? [Dieu laisse faire les scélérats. comparer Jb 8.20.]

Inhumanité de Dieu

25 Mes jours battent à la course les coureurs,
ils ont fui sans avoir vu le bonheur. [Jb 7.6.]

26 Avec les barques de jonc, ils ont filé,
comme un aigle fond sur sa proie. [Embarcations légères et rapides en usage sur le Nil.]

27 Si je me dis : Oublie ta plainte,
déride ton visage, sois gai,

28 je redoute tous mes tourments ;
je le sais : tu ne m'acquitteras pas. [Comparer Jb 8.6.]

29 Il faut que je sois coupable !
Pourquoi me fatiguer en vain ?

30 Que je me lave à l'eau de neige,
que je décape mes mains à la soude, [Es 1.18 ; Jr 2.22 ; Ps 51.9.]

31 alors, dans la fange tu me plongeras,
et mes vêtements me vomiront.

32 C'est qu'il n'est pas homme comme moi, pour que je lui réplique,
et qu'ensemble nous comparaissions en justice. [répliquer à Dieu Jb 9.14.
— comparaître en justice Jb 9.3.]

33 S'il existait entre nous un arbitre
pour poser sa main sur nous deux,

34 il écarterait de moi la cravache de Dieu,
et sa terreur ne m'épouvanterait plus. [Jb 6.4.]

35 Je parlerais sans le craindre.
Puisque cela n'est pas, je suis seul avec moi.

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