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TOB – Jonas 1

JONAS

INTRODUCTION

Composition

Le livre de Jonas ne se présente pas comme les autres livres prophétiques. Au lieu d'une série d'oracles, c'est un récit suivi comportant trois scènes, dans lequel le prophète semble mal tenir sa place. Les deux premières le présentent taciturne après que la Parole de Dieu lui a été adressée. Au contraire, ses interlocuteurs, marins et Ninivites, se montrent plus religieux que lui. Dans la troisième, il est face à Dieu. Là est le sommet du livre, la révélation la plus grande de Dieu sur le salut offert aux païens. A cela, un auteur postérieur a ajouté le psaume du chapitre 2 qui augmente la portée religieuse et prophétique de l'ensemble.

But

Un premier enseignement du livre est de montrer ce qu'est l'expérience d'un prophète. C'est un homme convaincu de la volonté de Dieu de sauver l'humanité (Jon 4.2). Mais quelqu'un qui doit dénoncer le mal, donc aller à contre-courant de ses contemporains. Ce qui l'isole. Pourtant, même écrasé par la charge de son message (Jon 1.1-16) ou résigné (Jon 3.1-10), la parole peut être efficace malgré lui. Comme le montrent marins, mer, vent, poisson, Ninivites, animaux, plante : par sa simple présence, cette parole remue tout le monde.

Le deuxième enseignement est donné par le contenu de la parole que Dieu demande de proclamer et par la qualité des destinataires. Le Dieu révélé bienveillant pour Israël déclare l'être aussi pour les étrangers dont la ville et le nombre sont évoqués avec des chiffres symboliques: trois jours (Jon 3.3), 120 000 habitants (Jon 4.11), qui signifient la portée universelle de la révélation.

Genre et date

Ce récit est accroché à l'existence d'un personnage historique (2R 14.25) pour montrer qu'il s'agit de l'expérience réelle des prophètes. Mais il est développé comme une histoire merveilleuse, pleine d'images, à la manière d'une parabole.

Tout fait penser qu'il s'agit d'une œuvre postexilique. Le langage et le style sont manifestement postérieurs à l'époque classique de la langue hébraïque. De plus, la manière de réfléchir sur le ministère prophétique suppose du recul par rapport à l'exercice de celui-ci, tel que l'a vécu notamment Jérémie (voir Jon 3.10 et Jr 18.7-8 ; Jon 4.3,8-9 et Jr 20.14-18). En outre, le message reflète un universalisme plus large que celui, par exemple, du Deutéro-Esaïe lui-même. Enfin, le genre imagé rappelle celui des sages davantage que celui des historiens d'avant l'Exil.

Jonas dans l'Evangile

Jésus interprète lui-même le récit : face aux incrédules qui lui demandent des miracles, il répond en renvoyant au « signe de Jonas ». Par là il indique le sens de ses propres interventions: elles ne veulent pas être des prodiges mais réaliser la parole qui les accompagne, appeler à se convertir (Mt 16.4; Lc 11.29-30). Après la Résurrection, la portée du signe de Jonas a été mieux comprise, comme en témoigne Matthieu (Mt 12.40). Il est également possible que le plus ancien symbole de la foi « il est ressuscité le troisième jour selon les Ecritures » (1Co 15.4) se réfère à ce signe. Enfin, Jésus relève aussi la portée universelle de son Evangile en référence à Jonas (Mt 12.41-42).

JONAS

Jonas fuit vainement devant la Parole de Dieu

1 La parole du Seigneur s'adressa à Jonas, fils d'Amittaï : [Jonas, fils d'Amittaï 2 R 14.25.]2 « Lève-toi ! va à Ninive la grande ville et profère contre elle un oracle parce que la méchanceté de ses habitants est montée jusqu'à moi. » [Ninive. capitale de l'empire assyrien. Gn 10.11 ; 2 R 19.36 ; Nahum 1.1 ; 2.9 ; 3.7 ; Ct 2.13 ; Mt 12.41 ; Lc 11.30.
— Rumeur montée jusqu'à Dieu Gn 18.21.]
3 Jonas se leva, mais pour fuir à Tarsis hors de la présence du Seigneur. Il descendit à Jaffa, y trouva un navire construit pour aller à Tarsis ; il l'affréta, s'embarqua pour se faire conduire par l'équipage à Tarsis hors de la présence du Seigneur. [Tarsis. ville du bassin méditerranéen, située fort loin de la Palestine, mais qu'on n'a pu localiser jusqu'à présent. Pour les Hébreux, elle symbolisait le bout du monde Gn 10.4 ; Es 23.1 ; Es 66.19 ; Ps 72.10 et la note.
— Jaffa (en grec Joppé, Ac 10.5) est aujourd'hui un faubourg de Tel-Aviv.]
4 Mais le Seigneur lança sur la mer un vent violent ; aussitôt la mer se déchaîna à tel point que le navire menaçait de se briser. [Tempête sur la mer Ps 107.23-30.]5 Les marins, saisis de peur, appelèrent au secours, chacun s'adressant à son dieu, et, pour s'alléger, ils lancèrent à la mer tous les objets qui se trouvaient à bord. Quant à Jonas, retiré au fond du vaisseau, il s'était couché et dormait profondément. [pour alléger le navire Ac 27.18.]6 Alors le capitaine s'approcha de lui et lui dit : « Hé ! quoi ! tu dors ! ... Lève-toi, invoque ton dieu. Peut-être ce dieu-là songera-t-il à nous et nous ne périrons pas. » [Mt 8.24-25 par. ; Mc 14.37.]7 Puis ils se dirent entre eux : « Venez, consultons les sorts pour connaître le responsable du malheur qui nous frappe. » Ils consultèrent les sorts, qui désignèrent Jonas. [Jos 7.14 ; 1 S 14.41-42.]8 Ils lui dirent donc : « Fais-nous savoir quelle est ta mission. D'où viens-tu ? De quel pays es-tu ? Quelle est ta nationalité ? » [Après fais-nous savoir, l'hébreu ajoute à cause de qui ce malheur nous frappe. La traduction suit ici les deux meilleurs manuscrits de l'ancienne version grecque.]9 Il leur répondit : « Je suis hébreu, et c'est le Seigneur Dieu du ciel que je vénère, celui qui a fait la mer et les continents. » [Gn 1.9-10.]10 Saisis d'une grande crainte, les hommes lui dirent : « Qu'as-tu fait là ! » D'après le récit qu'il leur fit, ils apprirent, en effet, qu'il fuyait hors de la présence du Seigneur. 11 « Qu'allons-nous te faire, pour que la mer cesse d'être contre nous ? » lui dirent-ils, car la mer était de plus en plus démontée. 12 Il leur dit : « Hissez-moi et lancez-moi à la mer pour qu'elle cesse d'être contre vous ; je sais bien que c'est à cause de moi que cette grande tempête est contre vous. » 13 Cependant les hommes ramaient pour rejoindre la terre ferme, mais en vain : la mer de plus en plus démontée se déchaînait contre eux. 14 Ils invoquèrent donc le Seigneur et s'écrièrent : « Ah ! Seigneur, nous ne voulons pas périr en partageant le sort de cet homme. Ne nous charge pas d'un meurtre dont nous sommes innocents. Car c'est toi Seigneur qui fais ce qu'il te plaît. » [invoquer le Seigneur Ps 17.6 ; 50.15 ; 86.7 ; 91.15 ; 118.5 ; 138.3 ; Lm 3.57.
— Mise à mort d'un innocent Dt 21.8 ; Jr 26.15.]
15 Les hommes hissèrent alors Jonas et le lancèrent à la mer. Aussitôt la mer se tint immobile, calmée de sa fureur. 16 Et les hommes furent saisis d'une grande crainte à l'égard du Seigneur, lui offrirent un sacrifice et firent des vœux.

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