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TOB – Proverbes 1

LES PROVERBES

INTRODUCTION

Au plan littéraire, le livre des Proverbes est, comme tous les livres bibliques tels qu'ils nous sont parvenus, le fruit du travail de plusieurs générations.

Il appartient à un genre florissant depuis longtemps dans tout l'Ancien Orient : la littérature sapientiale ou gnomique. Il y a plus qu'un air de famille entre nos Proverbes et leurs homologues sumériens, assyro-babyloniens, cananéens, hittites ou égyptiens : des reprises de mêmes thèmes avec les mêmes expressions, parfois des emprunts directs. Bref, les Proverbes participent à une vie littéraire internationale.

La simple lecture du livre des Proverbes montre qu'il est une collection de collections.

Après une longue introduction qui est une exhortation paternelle et maternelle, chaleureuse, à écouter la Sagesse et à éviter la Folie (1 — 9), vient une première et longue collection salomonienne (Pro 10.1 — 22.16), très religieuse d'inspiration, et rassemblant des matériaux particulièrement anciens, suivie d'une première collection des Sages (Pro 22.17 — 24.22), comportant une section très proche de la Sagesse égyptienne d'Amenemopé (Pro 22.17 — 23.14) et une satire de l'ivrognerie (Pro 23.29-35). Une seconde collection des Sages (Pro 24.23-34) présente un portrait du paresseux et fait place à la seconde collection salomonienne (25 — 29), due « aux gens du roi Ezéchias » et faite de matériaux très anciens. Viennent ensuite les paroles d'Agour (Pro 30.1-14), réflexions d'un sage non israélite, une suite de proverbes numériques (Pro 30.15-33), les paroles de Lemouël (Pro 31.1-9), autre sage non israélite. Enfin, le livre s'achève avec l'éloge de la Femme de valeur (Pro 31.10-31), digne pendant du portrait de la Sagesse présenté au chapitre 9.

Quant à la date de composition du livre des Proverbes, il faut remonter à l'époque royale, âge classique de la littérature hébraïque, pour le plus gros de son contenu. Et ce sont les « intellectuels » qui gravitaient autour du roi, à la cour ou dans l'administration, qui ont rassemblé, mis en forme, « usiné » tous les matériaux de nos Proverbes. Le recueil a pu être encore remanié après l'Exil, tout comme le fut le Psautier.

Mais le livre des Proverbes n'est pas seulement, ni même en premier lieu, un recueil littéraire ou un document historique sur les mentalités de gens vivant à une époque lointaine.

Il fait partie de l'Ecriture Sainte, et en cette qualité, il est le vecteur de la Parole de Dieu adressée à son peuple.

C'est ce niveau de la foi qui d'emblée est affirmé dans le titre du livre : « Proverbes de Salomon, fils de David, roi d'Israël ».

Ce qui signifie : tout le livre, en toutes ses parties, en tous ses versets et dans tout le disparate de ses sentences bien frappées, est à lire dans la perspective de l'histoire messianique, l'histoire d'un peuple en marche vers la maison de son Dieu et de son Roi.

Au reste, le croyant n'est pas dépaysé en parcourant ce livre : il y rencontre plusieurs fois l'arbre de vie du Jardin d'Eden et il y apprend à en manger les fruits. Des fruits qui ne sont pas mythiques mais s'offrent à nous chaque jour dans notre vie bien terrestre : par exemple, avoir respect et amour pour ses parents, éviter la paresse et l'alcoolisme, garder l'Alliance de Dieu en gardant l'alliance conjugale, voire se soucier de donner à manger aux animaux !

De plus, en accueillant les réflexions des Sages étrangers, en les plaçant sous le patronage du « fils de David », le livre des Proverbes sanctifie et justifie toute la sagesse des hommes : être du peuple de Dieu ne signifie pas être déshumanisé.

Quelques mots sur la traduction. Comme pour tout texte poétique, la traduction des Proverbes est périlleuse. Mais, fidèles aux directives de la TOB, nous nous sommes efforcés de respecter le texte hébreu tel que les Sages d'Israël nous l'ont transmis : le Texte Massorétique.

LES PROVERBES

PROPOS DU LIVRE

1 Proverbes de Salomon, fils de David, roi d'Israël,

2 destinés à faire connaître la sagesse, à donner l'éducation
et l'intelligence des sentences pleines de sens,[l'éducation : autre traduction un enseignement.]

3 à faire acquérir une éducation éclairée :
justice, équité, droiture;[Autre traduction : à faire acquérir des leçons de bon sens, de justice, d'équité et de droiture.]

4 à donner aux naïfs la prudence,
aux jeunes, connaissance et discernement;

5 - que le sage écoute et il augmentera son acquis,
l'homme intelligent, et il acquerra l'art de diriger —

6 destinés à donner l'intelligence des proverbes et énigmes,
des propos des sages et de leurs charades.[Après l'exhortation du v. 5 qui interrompt le cours de la phrase, le v. 6 reprend le développement commencé au v. 2]

7 La crainte du Seigneur est le principe du savoir;
sagesse et éducation, seuls les fous s'en moquent.[Ou : Respecter le Seigneur est le point de départ de la connaissance.
— crainte du Seigneur et sagesse Pr 9.10.]

I. PREMIER LIVRET

Mise en garde contre les mauvais garçons

8 Mon fils, observe la discipline que t'impose ton père
et ne néglige pas l'enseignement de ta mère;[Pr 6.20 ; Ex 13.8 ; Dt 4.9 ; Ps 78.5.]

9 car ce sera pour ta tête une couronne gracieuse,
des colliers autour de ton cou.

10 Mon fils, si des mauvais garçons veulent t'entraîner,
n'accepte pas !

11 S'ils disent : « Viens avec nous,
embusquons-nous pour verser le sang !
Par plaisir, nous allons surprendre l'innocent !

12 Comme fait le Séjour des morts, nous l'avalerons tout vif,
tout entier, tel ceux qui descendent dans la fosse.[Pr 5.5 ; 7.27 ; 9.18 ; Es 14.9.]

13 Nous trouverons toutes sortes de biens précieux.
Nous remplirons nos maisons de butin.

14 Tu tireras ton lot avec nous
car il n'y aura qu'une bourse pour nous tous ! »,[Autre traduction : Tu tireras ta part au sort.]

15 mon fils, ne chemine pas avec eux,
évite soigneusement les ruelles où ils se tiennent;

16 car leurs pieds courent vers le mal,
se hâtent pour verser le sang.

17 — Oui, il est bien inutile de tendre le filet
quand toute la gent ailée le voit ! —[Ce verset fait ressortir la stupidité de l'attitude des mauvais garçons. Il lui oppose l'attitude du chasseur qui connaît l'inutilité du piège lorsque ceux à qui il est destiné le voient.]

18 Mais eux, c'est à leur propre sang qu'ils tendent une embuscade,
c'est à leur propre vie qu'ils attentent.

19 Ainsi en va-t-il de quiconque pratique la rapine.
Elle prendra la vie de qui en use.[rapine Pr 15.27 ; Jr 8.10.]

Pressant appel de la Sagesse

20 La Sagesse, au-dehors, va clamant,
le long des avenues elle donne de la voix.[Ici comme souvent ailleurs la sagesse est personnifiée (voir 8.1- 9.6 ; Si 24.1-22).
— Appel de la Sagesse Pr 8.1-10 ; 9.3 ; Si 24.19-22 ; voir Mt 22.1-14 ; Lc 14.15-24 ; Jn 7.37.]

21 Dominant le tumulte elle appelle;
à proximité des portes, dans la ville, elle proclame :[Dominant le tumulte. Autre traduction : A l'angle des carrefours.
— Les portes d'une ville étaient l'endroit où l'on rendait la justice et traitait des affaires publiques.]

22 « Jusques à quand, niais, aimerez-vous la niaiserie ?
Jusques à quand les moqueurs se plairont-ils à la moquerie
et les sots haïront-ils la connaissance ?[les moqueurs : le terme désigne tous ceux qui croient pouvoir se passer des enseignements de la sagesse et tournent en dérision ceux qui les écoutent ; Pr 3.1 ; 14.6 ; 15.12 ; Mt 20.19 ; 2 P 3.3 ; voir Pr 9.7.]

23 Rendez-vous à mes arguments !
Voici, je veux répandre pour vous mon esprit,
vous faire connaître mon message.

24 Puisque j'ai appelé et que vous vous êtes rebiffés,
puisque j'ai tendu la main et que personne n'a prêté attention,[v. 24-25. Es 65.12 ; 66.4 ; Jr 7.13.]

25 puisque vous avez rejeté tous mes conseils
et que vous n'avez pas voulu de mes arguments,

26 à mon tour je rirai de votre malheur,
je me moquerai quand l'épouvante viendra sur vous.

27 Quand l'épouvante tombera sur vous comme une tempête,
quand le malheur fondra sur vous comme un typhon,
quand l'angoisse et la détresse vous assailliront...

28 alors ils m'appelleront, mais je ne répondrai pas,
ils me chercheront mais ne me trouveront pas.[Jr 11.11 ; Os 5.6 ; Am 8.11,12 ; Mi 3.3-4 ; Jn 7.34.]

29 Puisqu'ils ont haï la connaissance
et n'ont pas choisi la crainte du Seigneur,[la crainte du Seigneur Gn 20.11 ; 2 S 23.3 ; Ps 19.10 ; Lc 18.2 ; Ac 9.31 ; 1 P 2.7 ; voir Pr 8.13 ; 9.10 ; 10.27.]

30 puisqu'ils n'ont pas voulu de mes conseils
et ont méprisé chacun de mes avis,

31 eh bien ! ils mangeront du fruit de leur conduite
et se repaîtront de leurs propres élucubrations.

32 C'est leur indocilité qui tue les gens stupides
et leur assurance qui perd les sots.

33 Mais qui m'écoute repose en sécurité,
tranquille, loin de la crainte du malheur. »

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