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Vigouroux – 1 Maccabées 1

1er livre des Machabées

Introduction

Les quatre siècles qui s’écoulèrent depuis Néhémie jusqu’à la naissance de Notre-Seigneur ne nous sont pas connus par une histoire suivie. Nous ne possédons, sur toute cette période, que les deux livres des Machabées, qui nous ont conservé la mémoire des luttes soutenues par les Juifs fidèles contre l’impiété.

Machabée fut d’abord un surnom de Judas, troisième fils du prêtre Mathathias ; la gloire qu’il s’acquit par ses exploits fit donner ce nom à toute la famille. Dans le Talmud, dans Josèphe, et dans beaucoup d’histoires modernes, les descendants de Mathathias sont appelés, non pas Machabées, mais Asmonéens, du nom de leur ancêtre Asamôn.

Le premier livre des Machabées s’ouvre par une introduction, chapitres 1 et 2, et raconte ensuite, en trois sections, 1° l’histoire des guerres de Judas Machabée, du chapitre 3 au chapitre 9, verset 22 ; 2° l’histoire du gouvernement de Jonathas, du chapitre 9, verset 23 au chapitre 12, verset 54 (inutile) ; 3° l’histoire du gouvernement de Simon, du chapitre 13 au chapitre 16. La période historique qu’il embrasse et qu’il expose selon l’ordre chronologique est de 33 ans ; elle s’étend de l’an 168 à l’an 135 avant Jésus-Christ, c’est-à-dire depuis le commencement des guerres entreprises par les fils de Mathathias pour la défense de la religion jusqu’à la mort de Simon.

Le texte original du premier livre des Machabées est aujourd’hui perdu, mais nous savons qu’il avait été écrit en hébreu. A travers la traduction, en grec alexandrin, perce la phrase sémitique ; les expressions sont helléniques, la construction et la manière de parler sont hébraïques ; des idiotismes sémitiques ont été traduits mot à mot.

Les derniers mots de ce livre, qui renvoient aux annales du pontificat de Jean Hyrcan, mort en l’an 107 avant Jésus-Christ, indiquent que l’auteur écrivait quelques années après la mort de Simon, laquelle eut lieu en 135 avant Jésus-Christ, peut-être pendant que le grand-prêtre Jean Hyrcan vivait encore. L’ensemble du récit montre que l’historien était peu éloigné des événements qu’il raconte. Nous ne savons du reste absolument rien sur sa personne. La traduction grecque est fort ancienne, car Josèphe s’en est servi dans la rédaction de ses Antiquités hébraïques, et l’a souvent copiée mot pour mot.

Voici l’analyse du premier livre des Machabées. Il s’ouvre par une introduction qui se divise en trois parties : ― 1° Chapitre 1, versets 1 à 10, coup d’œil sur les conquêtes d’Alexandre et sur le partage de son empire par ses généraux. ― 2° Chapitre 1, versets 11 à 67, récit des maux qu’occasionnèrent en Judée les Juifs infidèles, sous le règne d’Antiochus IV Epiphane, monté sur le trône en 175 : pillage de Jérusalem et du temple, construction d’une forteresse sur le mont Sidon, introduction du culte polythéiste dans la ville sainte et dans toute la Palestine. ― 3° Chapitre 2. Ces crimes indignèrent le prêtre Mathathias ; il prit les armes avec ses enfants et les Juifs fidèles, et commença la guerre glorieuse des Machabées contre l’étranger, pour l’indépendance de la patrie et surtout pour la conservation de la foi. Le chapitre 2 finit par la mort de Mathathias, l’an 166 avant Jésus-Christ.

Après cette introduction historique, l’auteur raconte en trois sections et dans l’ordre chronologique les événements principaux de cette époque, les combats et les victoires de Judas Machabée et de ses frères. La 1re section contient l’histoire des guerres de Juda, du chapitre 3 au chapitre 9, verset 22 ; la 2e celle du gouvernement de Jonathas, du chapitre 9, verset 23 au chapitre 12, et la 3e celle du gouvernement de Simon, du chapitre 13 au chapitre 16.

Ire section : Histoire des guerres de Judas Machabée, du chapitre 3 au chapitre 9, verset 22. Après la mort de son père Mathathias, Judas Machabée se mit à la tête des Juifs fidèles au Dieu de leurs pères. ― Il battit les généraux syriens Apollonius et Séron, puis Gorgias et enfin Lysias, vice-roi d’Antiochus ; il reprit Jérusalem, à part la citadelle, purifia le temple et rétablit le service divin, chapitres 3 et 4. ― 2° Le chapitre 5 raconte comment le vainqueur des Syriens châtia les voisins des Juifs, animés contre eux d’intentions hostiles. ― 3° La mort terrible d’Antiochus IV Epiphane, l’auteur de tous les maux des Juifs, est dépeinte en traits éloquents, chapitre 6, versets 1 à 16. ― 4° Son successeur, Antiochus V Eupator, marcha contre Judas, qui assiégeait la forteresse de Jérusalem ; la campagne ne fut décisive ni d’un côté ni de l’autre, chapitre 6, versets 17 à 63. ― 5° Quand, en 162, Démétrius Ier, cousin d’Antiochus V, se fut emparé du trône des Séleucides, il envoya contre la Judée Bacchide et Alcime, mais ils ne purent réussir à la vaincre. Nicanor fut envoyé à son tour. Ce général fut battu d’abord à Capharsalama et tué ensuite dans une seconde bataille, à Béthoron. La défaite des Syriens fut si complète que les Juifs instituèrent une fête pour en perpétuer la mémoire, chapitre 7. ― 6° Judas profita de la paix pour faire alliance avec les Romains, chapitre 8. ― 7° Sur ces entrefaites, Bacchide et Alcime envahirent à nouveau la Judée avec une armée formidable. Judas les attaqua à Laïsa, mais il périt dans ce combat, chapitre 9, versets 1 à 22.

IIe section : Gouvernement de Jonathas, du chapitre 9, verset 23 au chapitre 12. ― 1° La mort de Judas Machabée devint funeste aux Juifs fidèles. Le parti hellénisant l’emporta avec l’aide de Bacchide. Jonathas, frère de Judas, choisi pour succéder à ce grand homme, fut contraint de se réfugier, avec ses partisans, dans le désert de Thécué. Il voulut faire mettre en sûreté chez les Nabathéens, ses alliés, les trésors de sa famille (texte grec), mais la caravane qui les transportait, sous la conduite de Jean, son frère, fut pillée par les Arabes Bédouins de Madaba et Jean fait prisonnier. Jonathas alla châtier ces brigands. A son retour, l’armée de Bacchide lui barra le passage à l’embouchure du Jourdain ; il réussit à se frayer un chemin à travers les ennemis, en tuant mille d’entre eux. Bacchide se dédommagea de cet échec en couvrant la Judée de places fortes. Sur ces entrefaites, il revint auprès du roi de Syrie, après la mort d’Alcime. Au bout de deux ans, il retourna en Judée, appelé par les Juifs de son parti ; il assiégea Bethbessen, où s’était réfugié Jonathas, mais celui-ci parvint à sortir de cette place, et Simon, son frère, battit les Syriens. Jonathas obtint alors de vivre indépendant à Machmas. Ainsi se termina la guerre de Jonathas contre Bacchide, chapitre 9, versets 23 à 72. ― 2° En 152, il s’éleva contre le roi Démétrius Ier un compétiteur, Alexandre Balas. L’un et l’autre recherchèrent l’appui de Jonathas. Celui-ci se prononça pour Alexandre et fut reconnu par lui comme grand-prêtre des Juifs. En 146, Démétrius II voulut s’emparer de la couronne des Séleucides ; il envoya Apollonius contre les Juifs ; Jonathas le battit, et sa victoire lui valut de nouvelles faveurs de la part d’Alexandre, chapitre 10. ― 3° Pendant la guerre entre Ptolémée VI Philométor d’Egypte et Alexandre, Jonathas sut, par sa prudence, conserver ses avantages, et, après la mort de ces deux rois, en obtenir de nouveaux de Démétrius II. Il en témoigna sa reconnaissance en envoyant à ce dernier un corps de troupes auxiliaires pour l’aider à réprimer une sédition qui avait éclaté à Antioche, mais il en fut mal récompensé : Démétrius II ne tint pas ses promesses. La position devenait critique pour le grand-prêtre juif, lorsque Tryphon opposa à Démétrius le fils d’Alexandre, Antiochus VI. Jonathas se déclara pour le jeune roi et l’aida à triompher de ses adversaires, chapitre 11. ― 4° Il renouvela alors l’alliance avec les Romains, ainsi qu’une alliance ancienne avec les Spartiates ; il remporta de nouveaux succès contre les généraux de Démétrius et augmenta les fortifications de Jérusalem : mais il périt enfin, victime de la fourberie de Tryphon, qui, aspirant à la couronne, voulait se débarrasser auparavant d’un homme qui pouvait contrarier efficacement ses projets (143 avant Jésus-Christ), chapitre 12 ; voir chapitre 13, verset 23.

IIIe section : Gouvernement de Simon, du chapitre 13 au chapitre 16. ― 1° Jonathas eut pour successeur son frère Simon. Le nouveau grand-prêtre fit enterrer Jonathas à Modin et élever, en ce lieu, à sa famille un monument magnifique. Il obtint de Démétrius divers privilèges et reprit enfin la forteresse de Jérusalem sur les Syriens, chapitre 13. ― 2° Il employa les années de paix qui suivirent à agrandir ses Etats, à orner le temple et à faire prospérer le commerce ; il renouvela l’alliance avec les Romains et les Lacédémoniens. Le peuple, en reconnaissance de ses bienfaits, le reconnut, lui et sa postérité, comme pontife et prince, chapitre 14. ― 3° Quelques temps après, Antiochus VII Sidètes, voulant reconquérir le trône sur Tryphon, chercha à s’assurer l’alliance de Simon et lui renouvela toutes les concessions qui lui avaient déjà été faites par ses prédécesseurs, en y ajoutant le droit de battre monnaie ; mais après avoir triomphé de son adversaire, il oublia ses promesses et fit marcher contre la Judée son général Cendébée. Celui-ci fut battu par les fils du grand-prêtre, Judas et Jean. Cependant Ptolémée, gendre de Simon et gouverneur de Jéricho, ne laissa pas son beau-père jouir de la victoire de ses enfants. Il le fit périr par trahison. Simon eut pour successeur son fils Jean Hyrcan, chapitres 15 et 16. Le premier livre des Machabées s’arrête à l’avènement de ce prince.

Victoires d’Alexandre le Grand. Sa mort. Partage de ses Etats. Juifs impies qui se séparent de l’alliance sainte. Antiochus Epiphane ravage la Judée, et pille le temple. Jérusalem est désolée par ses ordres. Il veut contraindre les Israélites d’abandonner leur loi. Il fait dresser une idole dans le temple.

1 Après qu’Alexandre (le Macédonien), fils de Philippe, le Macédonien, qui régna d’abord sur la Grèce, fut sorti du pays de Céthim, et eut battu Darius, roi des Perses et des Mèdes, [1.1-9 Règne d’Alexandre le Grand et partage de son royaume après sa mort. ― Alexandre III, surnommée le Grand, né en 356, mort en 323 avant Jésus-Christ, fils de Philippe II, roi de Macédoine (360-336), succéda à son père en 336. ― Qui régna le premier dans la Grèce. Alexandre n’eut pas le titre de roi de Grèce, mais il en eut effectivement le premier la puissance. ― Darius III Codoman, dernier roi des Perses (336-331). Alexandre ayant passé l’Hellespont avec son armée, en 334, battit les Perses en juin de la même année, sur les bords du Granique, et Darius en personne, d’abord en novembre 333, à Issus, et enfin en octobre 331 près d’Arbèles. Darius fugitif périt assassiné et tout son empire tomba ainsi entre les mains d’Alexandre.][1.1 Céthim. C’est ainsi que les Hébreux nommaient la Macédoine. Voir plus bas, 1 Machabées, 8, 5 ; et Genèse, 10, 4 ; Isaïe, 1, 12.]2 il livra plusieurs batailles, il prit les forteresses de tous, tua les rois de la terre, [1.2 Tua les rois de la terre, Bessus, meurtrier de Darius, qui avait pris le nom d’Artaxerxès et le titre de roi. Alexandre peut être considéré aussi comme ayant fait périr Darius, celui-ci ayant été assassiné à la suite de sa défaite.]3 passa jusqu’à l’extrémité de la terre, et s’empara des dépouilles d’une (de la) multitude de(s) nations, et la terre se tut en sa présence. [1.3 Jusqu’aux confins de la terre, c’est-à-dire, jusqu’aux Indes ; les anciens ne connaissaient rien au-delà.]4 Il assembla des forces et une armée très puissante ; et son cœur s’éleva et s’enfla. [1.4 Son cœur s’éleva. Il voulut se faire adorer comme un dieu et fit périr le philosophe Callisthène qui refusa de lui rendre un culte.]5 Il se rendit maître des territoires des peuples et des souverains, et ils devinrent ses tributaires. 6 Après cela il s’alita, et il reconnut qu’il allait mourir. 7 Et il appela (ses serviteurs,) les grands de sa cour, qui avaient été nourris avec lui dès leur jeunesse, et il leur partagea son royaume tandis qu’il vivait encore. 8 Alexandre régna douze ans, et il mourut. [1.8 Régna douze ans et huit mois, de 336 à 323. Pris de la fièvre dans la nuit du dernier jour de mai au 1er juin, il mourut le soir du 11 juin.]9 Et ses serviteurs entrèrent en possession du royaume, chacun dans sa région ; [1.9 Ses serviteurs, ses généraux, possédèrent un royaume, Antigone, en Asie, Ptolémée en Egypte, Séleucus à Babylone, puis à Antioche, Lysimaque en Thrace, Cassandre en Macédoine.]10 ils prirent tous le diadème après sa mort, et leurs enfants après eux pendant de nombreuses années, et les maux se multiplièrent sur la terre. 11 Et d’eux sortit une racine du péché (pécheresse), Antiochus l’Illustre, fils du roi Antiochus, qui avait été (en) otage à Rome ; et il régna la cent trente-septième année du règne des Grecs. [1.11-67 Maux produits en Judée par les Juifs infidèles sous le règne d’Antiochus IV Epiphane, fils d’Antiochus III le Grand (222-187) et frère de Séleucus (187-175).][1.11 L’Illustre ; en Grec Epiphane. ― Du roi Antiochus le Grand. ― La cent trente-septième année du règne des Grecs ; elle répond à la cent soixante quatorzième avant Jésus-Christ. ― Du règne des Grecs ou des l’ère des Séleucides. Cette ère date de la victoire que Séleucus Ier Nicator, fondateur de la dynastie des Séleucides, remporta près du Tigre, sur Nicanor, général d’Antigone, pendant l’été de l’an 313 à 311 avant Jésus-Christ ; elle commence à l’automne 312, d’après le calcul des Syriens, et au printemps de la même année, d’après le calcul des Juifs. L’an 137 de l’ère des Séleucides correspond, d’après cette double manière de compter, à l’an 174 ou à l’an 175. ― A la conclusion de la paix qu’Antiochus III avait été obligé de faire avec les Romains après la bataille de Magnésie (189), voir plus loin, 1 Machabées, 8, 6, le roi de Syrie dut livrer à ses vainqueurs vingt otages parmi lesquels était son fils. En 174, Antiochus Epiphane fut remplacé à Rome par le fils de son frère Séleucus IV Philopator. Pendant qu’Antiochus retournait en Syrie, Séleucus fut assassiné par un de ses courtisans, Héliodore, qui essaya de s’emparer du trône. Antiochus Epiphane, avec l’aide des gens de Pergame, l’empêcha de réaliser ses desseins ambitieux et il fut reconnu lui-même comme roi par les Romains.]12 En ces jours-là il sortit d’Israël des enfants d’iniquité, qui en séduisirent (conseillèrent) plusieurs (un grand nombre), en disant : Allons et faisons alliance avec les nations qui nous environnent ; car, depuis que nous nous sommes retirés d’elles, beaucoup de maux nous ont atteints. [1.12 Des fils iniques, dont le principal était Jason. Voir 2 Machabées, 4, 9.]13 Et cette parole parut bonne à leurs yeux. 14 Quelques-uns du peuple furent députés, et allèrent trouver le roi ; et il leur donna le pouvoir de vivre selon les lois des Gentils. [1.14 Du roi ; Antiochus Epiphane.]15 Et ils bâtirent un gymnase à Jérusalem, à la manière des nations ; [1.15 Gymnase ; lieu principalement destiné aux exercices du corps, où l’on s’exerçait tout nu à lutter, à sauter, etc., et où l’on célébrait des jeux en l’honneur des divinités. Comparer à 2 Machabées, 4, 9.]16 ils dissimulèrent leur circoncision, se séparèrent de l’alliance sainte, et se joignirent aux nations, et ils se vendirent pour faire le mal. 17 Antiochus, s’étant affermi dans son royaume, (Et le royaume de Syrie fut préparé en présence d’Antiochus, et il) commença à vouloir régner dans le pays d’Egypte, pour être roi des deux royaumes. [1.17 Et le royaume, etc. ; c’est-à-dire, une fois établi dans son royaume, il forma le dessein de régner en Egypte. ― Il entreprit de régner dans la terre d’Egypte. Antiochus Epiphane fit plusieurs campagnes en Egypte. Celle dont il est question ici est la seconde, comme nous l’apprend 2 Machabées, 5, 1.]18 Et il entra en Egypte avec une puissante armée (multitude imposante), avec des char(iot)s, des éléphants, des cavaliers et un grand nombre de vaisseaux ; 19 et il fit la guerre à Ptolémée, roi d’Egypte, et Ptolémée eut peur devant lui et s’enfuit ; et beaucoup des siens tombèrent frappés. [1.19 Ptolémée VI Philométor (180-146), roi d’Egypte, d’après l’opinion la plus commune, ou Ptolémée VII Physcon, son frère (170-117), qui régna une première fois pendant que Philométor était dans les mains d’Antiochus. Pour l’explication plus détaillée des événements auxquels il est fait ici allusion, voir 2 Machabées, 3, 3 ; 4, 21.]20 Antiochus prit les villes fortes dans le pays d’Egypte, et s’empara des dépouilles du pays d’Egypte. 21 Antiochus revint, après avoir frappé (ravagé) l’Egypte en la cent quarante-troisième année, et il monta contre Israël. [1.21 La cent quarante-troisième année du règne des Grecs ; elle répondait à la cent soixante-huitième avant Jésus-Christ.]22 Il monta à Jérusalem avec une puissante armée (multitude imposante). 23 Il entra dans le lieu saint avec orgueil ; et il prit l’autel d’or, le chandelier lumineux (qui éclairait) avec tous ses vases, la table de proposition, les bassins (à libation), les coupes (tasses), les encensoirs (petits mortiers) d’or, le voile, les couronnes et l’ornement d’or qui était devant le temple, et il brisa tout. [1.23 Lieu saint ; littéralement, sanctification, mot qui ordinairement dans ce livre signifie le temple. ― Le chandelier qui éclairait ; littéralement, le chandelier de la lumière ; probablement le chandelier à sept branches (voir Zacharie, 4, 2). ― Les couronnes. Voir plus bas, 1 Machabées, 4, 57.]24 Il prit aussi l’argent, l’or et les vases précieux ; il prit aussi les trésors cachés qu’il trouva, et après avoir tout enlevé, il s’en alla dans son pays. 25 Il fit un carnage d’hommes, et il parla avec un grand orgueil. 26 Alors il y eut un grand deuil en Israël et dans toute sa contrée ; 27 les princes et les anciens gémirent, les vierges et les jeunes hommes furent dans l’abattement, et la beauté des femmes disparut (fut changée). 28 Tous les maris se livrèrent aux lamentations, et celles (toutes les femmes) qui étaient assises sur le lit nuptial pleuraient ; 29 le pays trembla (s’émut) pour ses habitants, et toute la maison de Jacob fut revêtue de confusion. 30 Et après deux ans révolus, le roi envoya dans les villes de Juda un surintendant (chef) des tributs, qui vint à Jérusalem avec une grande suite. [1.30 Années de jours ; hébraïsme pour années pleines, entières. ― Le roi, etc. Voir 2 Machabées, 5, verset 24 et suivants. ― Un chef des tributs, Apollonius, chargé de lever les impôts, qui fit plus tard une campagne contre les Juifs et y perdit la vie. Voir plus loin, 1 Machabées, 3, 10-11.]31 Il leur adressa astucieusement des paroles de paix ; et ils le crurent. 32 Puis il se jeta tout à coup sur la ville, et il la frappa d’une grande plaie, et il fit périr un peuple nombreux dans Israël. 33 Il s’empara des dépouilles de la ville, et la brûla par le feu ; il en détruisit les maisons et les murs qui l’environnaient ; 34 ils emmenèrent aussi les femmes captives, et ils se rendirent maîtres des enfants et des troupeaux. 35 Et ils fortifièrent la ville de David avec une muraille grande et solide, et des tours solides, et ils en firent (elle devint pour eux) une forteresse ; [1.35 La cité de David ; c’est-à-dire la citadelle.]36 ils y mirent une race de péché, des hommes méchants (iniques), et ils s’y établirent puissamment ; ils y apportèrent des armes et des vivres, et ils y rassemblèrent les dépouilles de Jérusalem, 37 qu’ils y mirent en réserve ; et ils devinrent un grand piège. 38 Et cela fut une embûche (un piège) pour le sanctuaire (lieu saint), et un mauvais démon (diable mauvais) pour Israël ; 39 et ils répandirent le sang innocent autour du sanctuaire (lieu saint), et ils souillèrent le sanctuaire (lieu saint). 40 Les habitants de Jérusalem s’enfuirent à cause d’eux ; elle devint la demeure des étrangers, et elle fut étrangère à sa propre race, et ses enfants l’abandonnèrent. 41 Son sanctuaire (lieu saint) fut désolé comme une solitude ; ses jours de fête se changèrent en pleurs, ses sabbats en opprobre, et ses honneurs furent anéantis. [1.41 Voir Tobie, 2, 6 ; Amos, 8, 10.]42 Son ignominie se multiplia à l’égal de sa gloire, et son élévation se changea en deuil. 43 Alors le roi Antiochus écrivit à tout son royaume, afin que tous ne fissent qu’un seul peuple, et que chacun abandonnât sa loi particulière. [1.43 Sa loi, sa religion.]44 Toutes les nations consentirent à cet ordre du roi Antiochus, 45 et beaucoup en Israël consentirent à cette servitude, sacrifièrent aux idoles, et violèrent (souillèrent) le sabbat. 46 Et le roi envoya des lettres (livres, note), par des messagers, à Jérusalem et à toutes les villes de Juda, afin qu’on y suivît les lois des nations de la terre ; [1.46 Livres ; dans le grec, petits livres, qu’on entend généralement de lettres, d’autant que le terme hébreu correspondant signifie écrit, lettre et livre.]47 qu’on empêchât d’offrir dans le temple de Dieu des holocaustes, des sacrifices et des oblations expiatoires, 48 et qu’on empêchât de célébrer le sabbat et les fêtes solennelles ; 49 et il ordonna qu’on souillât les choses (lieux) saint(e)s et le saint peuple d’Israël ; 50 et il ordonna qu’on bâtît des autels et des temples, et qu’on dressât des idoles, et qu’on sacrifiât la chair des pourceaux et des animaux impurs (d’autres animaux immondes), 51 qu’on laissât les enfants mâles incirconcis, et qu’on souillât leurs âmes par toutes sortes d’impuretés (les viandes impures) et (les) d’abominations, de sorte qu’ils oubliassent la loi et qu’ils renversassent toutes les ordonnances de Dieu ; [1.51 Les ordonnances, ainsi que les commandements, la loi et les préceptes de Dieu sont nommés justifications, parce qu’en les observant nous sommes justifiés, et nous croissons en justice et en sainteté.]52 et si quelqu’un n’obéissait pas selon la parole du roi Antiochus, il devait mourir. 53 Il écrivit à tout son royaume conformément à tous ces détails, et il établit des chefs sur le peuple, pour le contraindre d’agir ainsi. 54 Et ils ordonnèrent aux villes de Juda de sacrifier. 55 Et beaucoup d’entre le peuple se joignirent à ceux qui avaient abandonné la loi du Seigneur, et ils firent le mal dans le pays ; 56 et ils dispersèrent (contraignirent) le peuple d’Israël (à s’enfuir) dans des lieux écartés, et en des endroits où des fugitifs pouvaient se cacher. 57 Le quinzième jour du mois de Casleu, en la cent quarante-cinquième année, le roi Antiochus dressa l’abominable idole de la désolation sur l’autel de Dieu ; et on bâtit des autels dans toutes les villes de Juda, aux alentours ; [1.57 Au quinzième jour. Dans toute la suite de ce livre et du suivant, on lit que ce fut le vingt-cinquième jour qu’eut lieu la profanation du temple ; ce qui peut faire supposer que le mot quinzième est ici une faute de copiste, ou qu’en vertu d’un hébraïsme dont la Bible fourni de nombreux exemples, le verbe, au lieu d’indiquer une chose comme positive, ne signifie réellement que dire, déclarer, publier. Ainsi le vrai sens serait ici, que dès le quinzième du mois de Casleu, le roi déclara, publia, etc., que l’idole serait dressée ; ce qui fut exécuté le vingt-cinquième. ― Casleu était le neuvième mois de l’année sacrée, le troisième de l’année civile. Voir Aggée, 2, 11. ― La cent quarante-cinquième année du règne des Grecs, et la cent soixante-sixième avant Jésus-Christ. ― L’abominable idole ; le simulacre de Jupiter Olympien. Comparer à 2 Machabées, 6, 2.]58 et on brûlait de l’encens et on sacrifiait devant les portes des maisons et dans les rues ; 59 et on brûla dans le feu les livres de la loi de Dieu, après les avoir déchirés ; 60 et si l’on trouvait chez quelqu’un les livres de l’alliance du Seigneur, et si quelqu’un observait la loi du Seigneur, on l’égorgeait (le massacrait) selon l’édit du roi. 61 C’est ainsi qu’ils traitaient, dans leur puissance, le peuple d’Israël, qui se trouvait chaque mois dans les villes. [1.61 Qui se trouvait, etc. Il paraît par 2 Machabées, 6, 7, qu’on célébrait chaque mois la fête de la naissance du roi, et qu’on obligeait tous ceux qui habitaient les différentes villes à participer aux sacrifices qu’on y offrait pour la santé du prince.]62 Et le vingt-cinquième jour du mois, ils sacrifiaient sur l’autel qui était vis-à-vis de l’autel du Seigneur. 63 Les femmes qui avaient circoncis leurs fils étaient égorgées, selon l’ordre du roi Antiochus ; [1.63 Les femmes… étaient massacrées. Voir 2 Machabées, 6, 10.]64 on pendait les enfants par le cou (au cou de leur mère) dans toutes leurs maisons, et on égorgeait ceux qui les avaient circoncis. [1.64 Leurs maisons ; les maisons où ils les trouvaient.]65 Alors des hommes nombreux du peuple d’Israël résolurent en eux-mêmes de ne rien manger d’impur, et ils préférèrent mourir plutôt que de se souiller par des mets impurs ; 66 et ils ne voulurent pas violer la loi sainte de Dieu, et ils furent égorgés (massacrés) ; 67 et une très grande colère tomba sur le peuple. [1.67 Une grande colère, c’est-à-dire, les effets de la colère de Dieu contre les prévaricateurs.]

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