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Vigouroux – 2 Corinthiens 1

2e Lettre de saint Paul aux Corinthiens

Introduction

On convient que cette lettre a été écrite peu de temps après la première, l’an 57, suivant le plus grand nombre.

Saint Paul était en Macédoine, probablement à Philippes. L’émeute excitée par Démétrius l’ayant forcé de quitter Ephèse, il était passé à Troas, puis en Macédoine. C’est là que Tite, qu’il avait envoyé précédemment à Corinthe, vint le rejoindre. L’Apôtre apprit de lui dans quel état se trouvait l’Eglise de cette ville, la sincère affection que lui gardaient la plupart de ceux qu’il avait convertis, mais en même temps l’animosité croissante de ses antagonistes, les imputations dont il était l’objet, le reproche que plusieurs lui faisaient d’être inconstant dans ses desseins, ambitieux dans ses vues et mal intentionné à l’égard de sa nation. Sur ces informations, il s’empresse d’écrire cette seconde Epître, et il charge son disciple de la porter à Corinthe, en attendant qu’il puisse s’y rendre lui-même.

On trouve en cette Lettre une longue apologie de sa conduite et de son ministère : apologie voilée d’abord, modérée au début, mais bientôt ouverte, vive, et à la fin acérée et véhémente. Elle n’est interrompue qu’un instant, vers le milieu, par une digression sur l’aumône et une exhortation à venir au secours des fidèles de Jérusalem. D’où trois parties ou trois sections : 1° Apologie calme et contenue, du chapitre 1, verset 15 au chapitre 7. ― 2° Digression, chapitres 8 et 9. ― 3° Apologie animée et véhémente, chapitres 10 à 12. Dans chacune de ces parties, l’habileté de l’Apôtre, son talent oratoire, la souplesse de son esprit, la délicatesse de son langage se montrent avec éclat. Il s’y propose trois choses : ― 1° Dissiper toute prévention dans l’esprit de ses disciples. ― 2° Presser la réforme des abus et l’exécution des mesures dont il est question dans sa première Lettre. ― 3° Confondre les faux Docteurs par une justification éclatante. (L. BACUEZ.)

Saint Paul salue les fidèles de Corinthe. Il est affligé et consolé pour leur consolation et leur salut. Maux excessifs qu’il a éprouvés : sa confiance en Dieu. Il s’excuse de ce qu’il n’a pas été les voir. Vérité invariable de l’Evangile.

1 Paul, Apôtre de Jésus-Christ par la volonté de Dieu, et Timothée son frère, à l'Eglise de Dieu qui est à Corinthe, et à tous les saints qui sont dans toute l'Achaïe. [1.1 A tous les saints ; c’est-à-dire à tous les chrétiens. Comparer à Actes des Apôtres, 9, 13. ― Dans toute l’Achaïe. Du temps de saint Paul, l’Achaïe était le nom de la province romaine qui comprenait toute la Grèce, à l’exception de la Thessalie.]2 Que la grâce et la paix vous soient données par Dieu notre Père, et par le Seigneur Jésus-Christ. 3 Béni soit Dieu, qui est aussi le Père de Notre Seigneur Jésus-Christ, le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation, [1.3 Voir Ephésiens, 1, 3 ; 1 Pierre, 1, 3.]4 qui nous console dans toutes nos tribulations, afin que nous puissions, nous aussi, par l'encouragement que nous recevons nous-mêmes de Dieu, consoler ceux qui sont pressés par toutes sortes de maux ; 5 car, de même que les souffrances du Christ abondent en nous, notre consolation abonde aussi par le Christ. 6 Or, soit que nous soyons affligés, c'est pour votre consolation ; (si nous sommes consolés, c’est pour votre consolation ;) soit que nous soyons encouragés, c'est pour votre encouragement et votre salut, qui s'accomplit par le support des mêmes souffrances que nous souffrons aussi : 7 ce qui nous donne une ferme espérance pour vous, sachant que si vous avez part aux souffrances, vous aurez part aussi à la consolation. 8 Car nous ne voulons pas que vous ignoriez, mes frères, l'affliction qui nous est survenus en Asie, dont nous avons été accablés excessivement et au-dessus de nos forces, à tel point que nous étions même las de vivre. [1.8 En Asie, dans l’Asie proconsulaire. Voir Actes des Apôtres, 16, 6.]9 Mais nous avons entendu en nous-mêmes l'arrêt de notre mort, afin que nous ne mettions point notre confiance en nous, mais en Dieu, qui ressuscite les morts ; 10 qui nous a délivrés de si grands périls, qui nous en délivre, et qui, comme nous l'espérons de lui, nous en délivrera encore ; 11 vous-mêmes aussi nous assistant par vos prières pour nous, afin que, de nombreuses personnes nous ayant obtenu ce bienfait (don), un grand nombre aussi en rende grâces pour nous. 12 Car ce qui fait notre gloire, c'est le témoignage de notre conscience, que nous nous sommes conduits dans ce monde, et surtout à votre égard, dans la simplicité du cœur et la sincérité de Dieu, nullement avec la sagesse de la chair, mais dans la grâce de Dieu. 13 Car nous ne vous écrivons pas autre chose que ce que vous avez lu et reconnu ; et j'espère que vous reconnaîtrez jusqu'à la fin, 14 comme vous l'avez reconnu en partie, que nous sommes votre gloire, de même que vous serez la nôtre au jour de Notre Seigneur Jésus-Christ. 15 C'est dans cette confiance que je voulais aller d'abord chez vous, afin que vous eussiez une seconde grâce, 16 et passer par chez vous en allant en Macédoine, revenir ensuite de Macédoine chez vous, et me faire conduire par vous en Judée. [1.16 En Macédoine. Voir Actes des Apôtres, 16, 9. ― En Judée. La Judée désigne proprement la Palestine du sud, dont Jérusalem était la ville principale, à l’exclusion de la Samarie et de la Galilée.]17 Ayant donc voulu cela, est-ce que j'ai usé de légèreté (inconstant) ? ou bien, ce que je projette, le projetterais-je selon la chair, de sorte qu'il y ait en moi le Oui et le Non ? [1.17 Ai-je formé ce dessein à la légère ? Suis-je inconstant ? ― Selon la chair, selon les inspirations, non de l’Esprit-Saint, mais de l’homme charnel (voir Galates, 5, verset 16 et suivants).]18 Mais Dieu, qui est fidèle, m'est témoin que, dans la parole que je vous ai annoncée, il n'y a pas eu de Oui et de Non. [1.18 Silvain, le Silas des Actes. Voir Actes des Apôtres, 15, 22.]19 Car le Fils de Dieu, Jésus-Christ, qui vous a été prêché par nous, c'est-à-dire par moi, par Silvain et par Timothée, n'a pas été Oui et (ou) Non ; mais c'est Oui qui a été (seul) en lui. 20 En effet, autant qu'il y a de promesses de Dieu, elles sont en lui le Oui ; c'est pourquoi aussi l'Amen à Dieu par lui est prononcé pour notre gloire. [1.20 Puisqu’il n’y a en Jésus-Christ que vérité pure, et qu’accomplissement parfait des promesses de Dieu, nous devons dire hautement à Dieu Amen, c’est-à-dire, cela est vrai ; vos promesses ont été parfaitement accomplies ; ce qui pour nous un sujet de gloire, parce que c’est en vertu de cet accomplissement que nous avons été rachetés.]21 Or celui qui nous affermit avec vous dans le Christ, et qui nous a oints, c'est Dieu, 22 Lequel aussi nous a marqués d'un sceau, et a mis dans nos cœurs les arrhes de l'Esprit. 23 Pour moi, je prends Dieu à témoin sur mon âme que c'est pour vous épargner que je ne suis pas encore allé à Corinthe ; 24 non pas que nous dominions sur votre foi, mais nous contribuons à votre joie, car vous êtes fermes dans la foi.

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