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Vigouroux – 2 Jean 1

2e Lettre de saint Jean

Introduction aux 2e et 3e épîtres de saint Jean

On a hésité, en certaines Eglises, à insérer ces Epîtres dans le Nouveau Testament, sans doute à cause de leur peu d’importance et de notoriété. Cependant, elles ont été citées de bonne heure comme de saint Jean, par le canon du Muratori, saint Irénée, Clément d’Alexandrie, Tertullien, Origène ; et dès le quatrième siècle, on les voit généralement inscrites, comme la précédente, dans la liste des Livres saints. On convient, du reste, qu’elles ont tous les signes d’authenticité et de fraternité désirables, et que jamais personne n’a eu intérêt à les supposer. C’est le même style et la même époque.

Ni l’une ni l’autre Epître ne contient le nom de saint Jean ; cependant il est impossible d’en méconnaître l’auteur. C’est bien là le vieillard d’Ephèse, bon et doux, mais tout brûlant de zèle pour la foi et ne séparant jamais, dans son esprit et dans son langage, la vérité de la charité. Le titre de senior qu’il s’attribue indique l’époque à laquelle ces Lettres furent écrites ; car ce titre semble moins désigner le sacerdoce et l’autorité de saint Jean révérés par toute l’Asie, que son âge avancé, qui reportait sur lui, comme sur le dernier survivant du collège apostolique, tout le respect et toute l’affection dont les Apôtres étaient l’objet. Il vécut jusqu’à la fin du premier siècle.

Dans la première Epître, saint Jean félicite Electe des vertus de ses enfants ; puis il lui donne pour elle et pour sa famille divers avis relatifs aux hérétiques et à leurs doctrines antichrétiennes ; il les exhorte à persévérer dans la pureté de la foi, la ferveur de la charité et le zèle des bonnes œuvres. Dans la seconde, il témoigne à Gaïus la joie qu’il éprouve du bien qu’il entend dire de lui. Il lui recommande les ouvriers apostoliques et le met en garde contre le mauvais esprit de Diotrèphe, évêque ambitieux et indocile. La sévérité avec laquelle il censure les défauts de cet évêque est remarquable dans l’apôtre de la charité, aussi bien que son énergie à condamner les hérétiques et le soin qu’il prend d’interdire leur société aux fidèles ; mais elle répond à l’idée que l’Evangile et l’Apocalypse nous donnent de saint Jean, et elle rappelle qu’il accompagnait saint Pierre quand celui-ci anathématisa Simon de Samarie. Gaïus devait être un chrétien riche et zélé, et Electe une mère de famille veuve et d’un rang distingué.

Comme Electe signifie élue et que saint Jean parle encore d’une autre Electe, sœur de la première, on s’est demandé si ce n’était pas un nom mystique donné à une Eglise, à celle d’Ephèse, par exemple, ou à celle de Rome, appelée collecta par saint Pierre. Les versets 4 à 7 de la 2e Epître se prêteraient à cette interprétation ; aussi de graves commentateurs ont pris electa pour un qualificatif, et Domina, équivalent du mot syriaque Martha, pour le nom de la personne à qui écrit saint Jean (L. BACUEZ.)

Saint Jean exhorte Electe et ses fils à demeurer fermes dans la charité et dans la foi ; à éviter les hérétiques et à n’avoir pas de commerce avec eux.

1 L’ancien (le vieillard), à la dame élue (Electe) et à ses enfants, que j’aime véritablement, et non pas moi seul, mais aussi tous ceux qui connaissent la vérité, [1.1 A la dame Electe. ― Le vieillard, saint Jean qui était avancé en âge. Le mot grec presbyteros, employé ici par saint Jean, indique d’ailleurs tout à fait la fois sa dignité épiscopale et son âge.]2 à cause de la vérité qui demeure en nous, et qui sera avec nous éternellement. 3 Que la grâce, la miséricorde et la paix soient avec vous, de la part de Dieu le Père et de Jésus-Christ, Fils du Père, dans la vérité et la charité. 4 J’ai éprouvé une grande joie à trouver quelques-uns de tes enfants marchant dans la vérité, selon le commandement que nous avons reçu du Père. 5 Et maintenant, je te demande, dame, non comme si je t’écrivais un commandement nouveau, mais d’après celui que nous avons reçu dès le commencement, que nous nous aimions les uns les autres. [1.5 Voir Jean, 13, 34 ; 15, 12.]6 Et l’amour consiste en ceci : que nous marchions selon ses commandements. Car c’est là le commandement, comme vous l’avez entendu dès le commencement : que vous marchiez dans cet amour. 7 Car de nombreux séducteurs (imposteurs) se sont répandus dans le monde, qui ne confessent pas Jésus-Christ venu en chair. Un tel homme (Ceux-là, note) est un (sont des) séducteur et un (des) Antéchrist. [1.7 Ceux-là sont, littéralement : Celui-là est l’imposteur et l’Antéchrist ; hébraïsme pour chacun de ceux-là est, etc.]8 Prenez garde à vous, afin de ne pas perdre le fruit de votre travail, mais de recevoir une récompense pleine. 9 Quiconque s’éloigne et ne demeure pas dans la doctrine du Christ, n’a pas Dieu ; celui qui demeure dans cette doctrine, celui-là a le Père et le Fils. 10 Si quelqu’un vient à vous et n’apporte pas cette doctrine, ne le recevez pas dans votre maison, et ne le saluez pas. 11 Car celui qui le salue participe à ses œuvres mauvaises. 12 Quoique j’eusse plusieurs choses à vous écrire, je n’ai pas voulu le faire avec du papier et de l’encre ; car j’espère (bientôt) aller auprès de vous et vous entretenir de vive voix, afin que votre joie soit pleine. 13 Les enfants de ta sœur Elue (Electe) te saluent.

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