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Vigouroux – 2 Maccabées 9

Antiochus revient de Perse. Il apprend la défaite de ses généraux par les Juifs. Il jure la perte de ce peuple. Dieu le frappe et le force de confesser sa propre faiblesse. Vaine protestation d’Antiochus. Lettre qu’il écrit aux Juifs. Il meurt misérablement. Philippe transporte son corps.

9 En ce même temps, Antiochus revenait honteusement de Perse. [9.1 De Perse. Voir 1 Machabées, 3, 31.]2 Car il était entré dans la ville appelée Persépolis, et il avait tenté de piller le temple et d’opprimer la ville ; mais tout le peuple ayant couru aux armes, il fut mis en fuite avec les siens ; et ainsi il arriva qu’Antiochus, après cette fuite, s’en revenait honteusement. [9.2 Voir 1 Machabées, 6, 1. — Persépolis, une des capitales de la Perse, au nord de l’Araxe, dans une plaine fertile ; elle fut appelée Istakhar sous les Sassassides. Brûlée, mais non détruite par Alexandre le Grand, elle demeura longtemps encore une ville importante, mais finit par tomber tout à fait en ruines. On y voit encore de nombreux monuments des rois perses.]3 Lorsqu’il fut arrivé près d’Ecbatane, il apprit ce qui était arrivé à Nicanor et à Timothée. [9.3 Ecbatane, ville capitale de la Médie. — Sur Ecbatane, voir Tobie, 3, 7.]4 Transporté de colère, il s’imaginait qu’il pourrait retourner contre les Juifs l’outrage de ceux qui l’avaient mis en fuite ; c’est pourquoi il ordonna de conduire rapidement son char et de voyager sans délai, poursuivi par la vengeance céleste ; parce qu’il avait dit avec orgueil qu’il irait à Jérusalem et qu’il ferait d’elle le tombeau (commun) des Juifs. [9.4 Le tombeau ; littéralement, l’amas, le monceau de cadavres.]5 Mais le Seigneur Dieu d’Israël, qui voit toutes choses, le frappa d’une plaie incurable et invisible. Car à peine eut-il achevé cette parole, qu’il fut saisi d’une cruelle douleur d’entrailles et d’affreuses tortures intérieures (dans les intestins) ; [9.5 Voir 2 Paralipomènes, 16, 9.]6 et c’était assez juste, puisqu’il avait déchiré lui-même les entrailles des autres par de nombreux et de(s) nouveaux tourments, et qu’il n’avait nullement depuis renoncé à sa malice (méchanceté). [9.6 Très justement. C’est le vrai sens des mots satis juste, expliqués par le grec et même par l’hébreu. Comparer à 1 Machabées, 7, 21.]7 Rempli au contraire d’orgueil, respirant (du) feu (et flamme) contre les Juifs dans ses pensées, il ordonna d’accélérer le voyage (qu’on précipitât sa marche) ; mais il arriva que, dans sa course impétueuse, il tomba de son char, et de graves lésions de son corps, il eut les membres tout meurtris. 8 Ainsi celui qui, rempli d’un orgueil surhumain, croyait pouvoir commander même aux flots de la mer et poser dans une balance les hauteurs des montagnes, humilié maintenant jusqu’à terre, était porté dans une litière, attestant la puissance de Dieu, qui se manifestait en lui ; [9.8 Les hauteurs des montagnes ; hébraïsme, pour, les montagnes très élevées.]9 car il sortait des quantités de vers du corps de cet impie, et, tandis qu’il vivait dans les douleurs, ses chairs tombaient en lambeaux, avec une odeur et une puanteur qui (son odeur infecte, note) incommodai(en)t l’armée. [9.9 Son odeur infecte ; littéralement, son odeur et infection ; figure grammaticale, dont la Bible fournit un certain nombre d’exemples. — Du corps de cet impie des vers sortaient. Hérode Agrippa Ier mourut d’une maladie semblable, très probablement l’helminthiasis, maladie qui produit des vers dans les entrailles, des abcès, des ulcères remplis de vers qui répandent une infection insupportable.]10 Et celui qui, peu auparavant, s’imaginait qu’il pourrait atteindre les astres du ciel, ne pouvait plus être porté par personne, à cause de son infection intolérable. 11 Il commença donc à revenir de ce grand orgueil à la connaissance de lui-même, averti par le coup dont Dieu l’avait frappé, et ses douleurs s’accroissant à chaque instant. [9.11 La plaie divine ; la plaie dont Dieu l’avait frappé.]12 Et comme il ne pouvait plus lui-même supporter sa puanteur, il parla ainsi : Il est juste d’être soumis à Dieu, et lorsqu’on est mortel, de ne pas s’égaler à Dieu. 13 Or ce scélérat (criminel) priait le Seigneur, de qui il ne devait pas obtenir miséricorde ; [9.13 De qui, etc. ; parce que sa prière était l’effet de l’excès de son mal, mais nullement de la conversion de son cœur. — Les rendre égaux ou semblables aux Athéniens, leur accorder l’indépendance et l’autonomie.]14 et la ville vers laquelle il venait en toute hâte, pour la raser jusqu’à terre pour en faire un sépulcre de cadavres entassés, il souhaite maintenant de la rendre libre ; 15 et les Juifs qu’il n’avait pas même jugés dignes de la sépulture, et de qui il avait dit qu’il les livrerait en proie aux oiseaux et aux bêtes sauvages, et qu’il exterminerait jusqu’aux petits enfants, il promet maintenant de les égaler aux Athéniens. 16 Il promet aussi d’orner de dons précieux le saint temple qu’il avait pillé auparavant, et d’augmenter le nombre des vases sacrés, et de fournir de ses revenus les dépenses nécessaires pour les sacrifices ; 17 et même de se faire Juif, et de parcourir tous les lieux de la terre pour publier la puissance de Dieu. 18 Mais comme ses douleurs ne cessaient point, parce que le juste jugement de Dieu était tombé sur lui, désespéré, il écrivit aux Juifs une lettre en forme de supplication, qui contenait ce qui suit : 19 Aux Juifs, excellents citoyens, le roi et le prince Antiochus souhaite le salut (une très longue vie), la santé, et le bonheur. 20 Si vous êtes en bonne santé, ainsi que vos enfants, et si tout vous réussit à souhait, nous en rendons de grandes (actions de) grâces à Dieu. [9.20 A Dieu est exprimé dans le grec.]21 Et moi, je suis malade, mais je me souviens de vous avec bonté ; à mon retour des régions de la Perse, saisi par une maladie grave, j’ai cru nécessaire de prendre soin des intérêts communs, 22 non que je désespère de moi-même, mais j’ai une grande espérance que je guérirai de ma maladie. 23 Considérant donc que mon père lui-même, dans les temps où il conduisait son armée dans les provinces supérieures, désigna celui qui devait régner après lui, [9.23 Les hautes provinces, les provinces d’au-delà de l’Euphrate. — Mon père, Antiochus III le Grand. Il avait péri en essayant de piller un temple en Elymaïde, comme venait de le faire Antiochus IV Epiphane à Persépolis. Voir plus haut, 2 Machabées, 1, 11. — Désigna celui qui devait recevoir la domination, son fils aîné, Séleucus IV Philopator, frère d’Antiochus Epiphane. Séleucus succéda en effet à son père sans aucune contestation.]24 afin que, s’il arrivait quelque malheur, ou qu’on publiât quelque fâcheuse nouvelle, ceux qui étaient dans les provinces, sachant à qui l’autorité était laissée, ne fussent pas troublés ; 25 considérant en outre que tous les princes des environs et nos voisins observent les temps et attendent les événements, j’ai désigné pour roi mon fils Antiochus, lui que j’ai souvent recommandé à beaucoup d’entre vous, dans mes voyages à travers les royaumes supérieurs ; et je lui ai écrit ce qui suit. [9.25 Les royaumes supérieurs sont les contrées d’au-delà de l’Euphrate (voir verset 23). — Antiochus V Eupator. Voir 1 Machabées, 3, 32.]26 Je vous prie donc et je vous demande de vous souvenir des bienfaits reçus en général et en particulier, et de garder chacun la fidélité envers moi et mon fils. 27 Car j’ai confiance qu’il se conduira avec modération et avec douceur, qu’il suivra mes conseils, et qu’il sera affable à votre égard. [9.27 Il sera, etc. ; littéralement, il vous sera commun.]28 Ainsi donc, ce meurtrier et ce blasphémateur, frappé d’une plaie horrible, et traité comme il avait lui-même traité les autres, finit sa vie sur les montagnes, loin de son pays, par une mort misérable. 29 Philippe, son frère de lait, fit transporter son cadavre, et, craignant le fils d’Antiochus, il s’en alla en Egypte auprès de Ptolémée Philométor. [9.29 Voir sur ce verset, 1 Machabées, 6, 14-17.]

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