chapitre précédent retour chapitre suivant

Vigouroux – 3 Jean 1

3e Lettre de saint Jean

Introduction aux 2e et 3e épîtres de saint Jean

On a hésité, en certaines Eglises, à insérer ces Epîtres dans le Nouveau Testament, sans doute à cause de leur peu d’importance et de notoriété. Cependant, elles ont été citées de bonne heure comme de saint Jean, par le canon du Muratori, saint Irénée, Clément d’Alexandrie, Tertullien, Origène ; et dès le quatrième siècle, on les voit généralement inscrites, comme la précédente, dans la liste des Livres saints. On convient, du reste, qu’elles ont tous les signes d’authenticité et de fraternité désirables, et que jamais personne n’a eu intérêt à les supposer. C’est le même style et la même époque.

Ni l’une ni l’autre Epître ne contient le nom de saint Jean ; cependant il est impossible d’en méconnaître l’auteur. C’est bien là le vieillard d’Ephèse, bon et doux, mais tout brûlant de zèle pour la foi et ne séparant jamais, dans son esprit et dans son langage, la vérité de la charité. Le titre de senior qu’il s’attribue indique l’époque à laquelle ces Lettres furent écrites ; car ce titre semble moins désigner le sacerdoce et l’autorité de saint Jean révérés par toute l’Asie, que son âge avancé, qui reportait sur lui, comme sur le dernier survivant du collège apostolique, tout le respect et toute l’affection dont les Apôtres étaient l’objet. Il vécut jusqu’à la fin du premier siècle.

Dans la première Epître, saint Jean félicite Electe des vertus de ses enfants ; puis il lui donne pour elle et pour sa famille divers avis relatifs aux hérétiques et à leurs doctrines antichrétiennes ; il les exhorte à persévérer dans la pureté de la foi, la ferveur de la charité et le zèle des bonnes œuvres. Dans la seconde, il témoigne à Gaïus la joie qu’il éprouve du bien qu’il entend dire de lui. Il lui recommande les ouvriers apostoliques et le met en garde contre le mauvais esprit de Diotrèphe, évêque ambitieux et indocile. La sévérité avec laquelle il censure les défauts de cet évêque est remarquable dans l’apôtre de la charité, aussi bien que son énergie à condamner les hérétiques et le soin qu’il prend d’interdire leur société aux fidèles ; mais elle répond à l’idée que l’Evangile et l’Apocalypse nous donnent de saint Jean, et elle rappelle qu’il accompagnait saint Pierre quand celui-ci anathématisa Simon de Samarie. Gaïus devait être un chrétien riche et zélé, et Electe une mère de famille veuve et d’un rang distingué.

Comme Electe signifie élue et que saint Jean parle encore d’une autre Electe, sœur de la première, on s’est demandé si ce n’était pas un nom mystique donné à une Eglise, à celle d’Ephèse, par exemple, ou à celle de Rome, appelée collecta par saint Pierre. Les versets 4 à 7 de la 2e Epître se prêteraient à cette interprétation ; aussi de graves commentateurs ont pris electa pour un qualificatif, et Domina, équivalent du mot syriaque Martha, pour le nom de la personne à qui écrit saint Jean (L. BACUEZ.)

Affection de saint Jean pour Gaïus, dont il loue la piété. Diotrèphe ne reconnaît pas saint Jean. Témoignage de la vertu de Démétrius. Saint Jean espère aller voir Gaïus.

1 L’ancien (vieillard), au bien-aimé Gaïus, que j’aime véritablement. [1.1 Voir 2 Jean, 1, 1.]2 Bien-aimé, je prie pour que tu prospères en toutes choses et que tu sois en bonne santé, comme ton âme prospère aussi. 3 J’ai été fort réjoui, lorsque des frères sont venus et ont rendu témoignage à ta vérité (sincérité), disant que tu marches dans la vérité. 4 Je n’ai pas de plus grande joie que d’apprendre que mes enfants marchent dans la vérité. 5 Bien-aimé, tu agis fidèlement, quoi que tu fasses pour les frères, qui de plus sont étrangers. 6 Ils ont rendu témoignage à ta charité en présence de l’Eglise ; tu feras bien de pourvoir à leur voyage d’une manière digne de Dieu. [1.6 Si tu leur fais une conduite. Comparer à Actes des Apôtres, 15, 3 ; Romains, 15, 24. ― Digne de Dieu ; comme si tu la faisais pour Dieu lui-même, ce qui semble être une allusion à ce qu’enseigne Jésus-Christ dans l’Evangile (voir Matthieu, 25, 35), qu’il faut le recevoir et le servir dans la personne des étrangers. Selon d’autres : Comme si Dieu, proportion gardée, la faisait lui-même ; c’est-à-dire le mieux possible.]7 Car c’est pour son nom qu’ils se sont mis en route, sans rien recevoir des païens (gentils). 8 Nous devons donc accueillir de tels hommes, afin de travailler avec eux pour (l’avancement de) la vérité. 9 J’aurais (peut-être) écrit à l’Eglise ; mais Diotrèphe, qui aime à tenir le premier rang parmi eux, ne nous reçoit pas. [1.9 Diotrèphe, d’après qui est dit dans ce passage, était un homme influent, mais d’ailleurs inconnu, dans la partie de l’Asie Mineure où se trouvait Gaïus.]10 C’est pourquoi, lorsque (si) je viendrai, je rappellerai les actions qu’il commet, se livrant contre nous à de méchants propos (malins) ; et comme si cela ne lui suffisait pas, non seulement il ne reçoit pas lui-même les frères, mais il empêche ceux qui voudraient les recevoir, et les chasse de l’Eglise. 11 Bien-aimé, n’imite pas le mal, mais ce qui est bon. Celui qui fait le bien est de Dieu ; celui qui fait le mal n’a pas vu Dieu. 12 Tous, et la vérité elle-même, rendent un bon témoignage à Démétrius ; nous aussi, nous lui rendons témoignage, et tu sais que notre témoignage est véridique. [1.12 Démétrius, dont on ne sait que ce qui est dit ici de lui, fut probablement chargé de porter cette lettre de saint Jean à Gaïus.]13 J’avais beaucoup de choses à t’écrire, mais je ne veux pas t’écrire avec l’encre et la plume. 14 J’espère te voir bientôt, et nous nous entretiendrons de vive voix. 15 Que la paix soit avec toi. Les amis te saluent. Salue nos amis, chacun en particulier. [1.15 Par leur nom ; c’est-à-dire chacun en particulier.]

chapitre précédent retour chapitre suivant