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Vigouroux – Esdras 1

Livre d’Esdras (1er Livre d’Esdras)

Introduction au premier livre d’Esdras

Les livres que nous appelons premier et second d’Esdras portent, dans la Bible hébraïque, des noms tout à faits distincts : le premier seul a le titre d’Esdras ; le second a celui de Néhémie, comme l’indique, du reste, notre Vulgate où nous lisons : Néhémie ou second d’Esdras. Ce sont les Juifs qui sont cause qu’on a rangé ces deux histoires tout à fait distinctes sous une même dénomination, parce qu’ils ne les comptaient que pour une, dans leur canon de la Sainte Ecriture, afin que le nombre des livres ne dépassât pas celui des lettres de leur alphabet. Ils se relient d’ailleurs intimement l’un à l’autre : le premier nous fait connaître le commencement, et le second la fin de la restauration d’Israël dans la Terre Promise.

A partir de la prise Jérusalem par Nabuchodonosor, nous n’avons plus d’histoire suivie du peuple juif. Nous savons seulement comment finit la captivité par le livre d’Esdras, et nous connaissons quelques-uns des faits qui suivirent, par le livre de Néhémie et les deux livres de Machabées. ― La première année de Cyrus, en 536 avant Jésus-Christ, un premier groupe de captifs, conduit par Zorobabel et le grand prêtre Josué, retourna en Judée. L’année suivante, en 535, on commença à faire les préparatifs pour la reconstruction du temple ; mais, par suite de nombreux obstacles, cet édifice ne put être achevé que la sixième année de Darius, fils d’Hystaspe, c’est-à-dire, en 516. Soixante-dix ans plus tard environ, la septième année d’Artaxerxès Longuemain, en 459, le scribe Esdras ramena en Judée d’autres captifs, avec l’autorisation de prêcher la loi, d’instituer des juges et des chefs du peuple selon les prescriptions mosaïques, et d’organiser le service du temple. Le premier livre d’Esdras embrasse une période d’environ quatre-vingt ans.

Après treize ans écoulés, la vingtième année d’Artaxerxès, en 445 avant Jésus-Christ, Néhémie obtint de ce prince, dont il était échanson, la permission de se rendre à Jérusalem et de rebâtir les murs et les portes de la ville. Il réalisa ses projets, malgré les vives oppositions des peuples voisins, ennemis d’Israël. C’est ainsi que par la protection des rois perses, Cyrus, Darius et Artaxerxès Longuemain, et grâce au patriotisme et à la piété de Zorobabel, de Jésus, fils Josédec, d’Esdras et de Néhémie, Juda recouvra sa patrie, sa capitale et le temple du vrai Dieu.

Le premier livre d’Esdras a toujours été attribué à celui dont il porte le nom. Esdras parle d’ailleurs à la première personne dans plusieurs versets de la seconde partie.

On objecte contre l’authenticité du livre d’Esdras l’emploi successif de la troisième et de la première personne dans la seconde partie. On convient qu’il est facile d’expliquer l’emploi de la troisième personne au chapitre 7, versets 1 à 10, parce qu’Esdras devait d’abord se faire connaître ; mais on prétend qu’il est impossible de rendre raison de l’emploi de cette troisième personne au chapitre 10, après qu’il a fait usage de la première personne, à partir du chapitre 7, verset 28 jusqu’au chapitre 9. Il suit de là, assure-t-on, que l’auteur de ce livre n’est pas Esdras, mais un écrivain plus récent qui a inséré dans son récit un fragment d’Esdras, c’est-à-dire du chapitre 7, verset 27 au chapitre 9. ― En réalité, on ne peut rien conclure du passage d’une personne à l’autre, parce que ce changement était dans les usages des Juifs, comme le prouvent divers endroits des Livres Saints.

Esdras fut le premier des scribes ou docteurs de la loi, et comme le réorganisateur d’Israël, le Moïse du retour de la captivité. Ce fut lui, avec Néhémie et les plus anciens scribes, qui fixa le canon de la Bible hébraïque et qui jeta les fondements définitifs de l’institution des synagogues, en convoquant le peuple à des réunions publiques, pour lui enseigner la loi. Désormais les scribes continuent le rôle des prophètes ; ils expliquent au peuple la parole de Dieu et l’exhortent à la mettre en pratique.

Cyrus permet aux Juifs de retourner à Jérusalem et d’y rebâtir le temple. Il leur rend les vases sacrés.

1 La première année de Cyrus, roi de Perse, le Seigneur, pour accomplir la parole qu’il avait prononcée par la bouche de Jérémie, toucha le cœur de Cyrus, roi de Perse, qui fit publier dans tout son royaume cette ordonnance (édit), même par écrit : [1.1 Voir Jérémie, 25, 12 ; 29, 10. ― Cyrus. Voir 2 Paralipomènes, 36, 22.]2 Voici ce que dit Cyrus, roi de Perse : Le Seigneur, le Dieu du ciel, m’a donné tous les royaumes de la terre, et m’a lui-même commandé de lui bâtir une maison à Jérusalem, qui est en Judée. 3 Qui d’entre vous est de son peuple ? Que son Dieu soit avec lui. Qu’il aille à Jérusalem, qui est en Judée, et qu’il rebâtisse la maison du Seigneur, le Dieu d’Israël. C’est le Dieu qui est à Jérusalem. [1.3 De son peuple ; littéralement de tout son peuple.]4 Et que tous les autres, en quelques lieux qu’ils habitent, les (l’) assistent du lieu où ils sont, en argent, et en or, et en autres biens, et en bétail, outre ce qu’ils offrent volontairement au temple de Dieu, qui est à Jérusalem. [1.4 Cyrus permet à tout Juif qui veut retourner à Jérusalem de recevoir de ceux de l’endroit qu’il habite tous les secours qu’il en pourra tirer pour le rétablissement du temple. Il n’était pas permis de faire des collectes d’argent, ni d’en emporter dans des provinces éloignées sans la permission du prince. ― Les hommes de son lieu ; qui demeurent dans le même lieu que lui. D’autres traduisent : l’assistent de leur lieu, dans le lieu où ils sont ; mais le texte original ne permet nullement cette interprétation.]5 Alors les chefs de famille (princes des pères) de Juda et de Benjamin, les prêtres et les Lévites, et tous ceux dont Dieu toucha le cœur (suscita l’esprit), se préparèrent à s’en retourner (se levèrent) pour bâtir le temple du Seigneur, qui était dans Jérusalem. [1.5 Les princes des pères ; c’est-à-dire les chefs des familles paternelles.]6 Et tous ceux qui demeuraient aux environs les assistèrent en objets d’argent et d’or, en autres biens, en bétail et en meubles, outre ce qu’ils avaient offert volontairement. [1.6 Ils mirent en leurs mains ; littéralement aidèrent leurs mains, les aidèrent.]7 Le roi Cyrus leur remit aussi les vases du temple du Seigneur, que Nabuchodonosor avait emportés de Jérusalem, et qu’il avait mis dans le temple de son dieu. 8 Cyrus, roi de(s) Perse(s), les leur fit rendre par Mithridate, fils de Gazabar, qui les donna par compte à Sassabasar, prince de Juda. [1.8 Gazabar est probablement un nom commun qui signifie trésorier. ― Sassabasar. On croit communément que c’est le nom chaldéen de Zorobabel, qui ramena les captifs de Babylone en Judée.]9 Voici leur nombre : trente bassins (fioles) d’or, mille bassins (fioles) d’argent, vingt-neuf couteaux, trente coupes d’or, 10 quatre cent dix coupes d’argent du second ordre, et mille autres vases. [1.10 Du second ordre ; de qualité inférieure ; ou d’une autre sorte, ou enfin, d’après le grec, le syriaque et l’arabe, doubles ; c’est-à-dire d’une grandeur double de celles des coupes d’or.]11 Il y avait en tout cinq mille quatre cents vases d’or et d’argent. Sassabasar les emporta tous, lorsque ceux qui avaient été captifs à Babylone retournèrent à Jérusalem. [1.11 Au lieu de 5400 vases, on n’en trouve que 2499 aux versets précédents ; c’est, sans doute, que l’écrivain sacré n’y a énuméré que les principaux.]

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