retour chapitre suivant

Vigouroux – Genèse 1

La Genèse

Introduction au Pentateuque

I. Analyse du Pentateuque.

§ I. Du Pentateuque en général.

On appelle Pentateuque le livre dans lequel Moïse, libérateur et législateur des Hébreux, a raconté, avec l’aide de l’inspiration divine, vers le XVe siècle avant notre ère, les origines du monde et l’histoire du peuple de Dieu jusqu’au moment où celui-ci est sur le point d’entrer dans la Terre Promise.

Le Pentateuque, de penneté, cinq, et teukos, volume, est ainsi nommé à cause de sa division en cinq livres dans les Bibles grecques et latines. Les Juifs l’ont toujours appelé Thorah ou la Loi, parce qu’il contient la législation mosaïque et que la Genèse elle-même n’est qu’une introduction historique à la Loi. Nous désignons les cinq livres du Pentateuque par un nom tiré de leur contenu et surtout du sujet dont ils s’occupent d’abord, à cause de l’usage oriental de dénommer un livre par son commencement : 1° Genèse ou origine, parce qu’elle raconte en commençant la création et l’origine des choses ; 2° Exode ou sortie, parce que le commencement et plus de la moitié du livre sont employés à décrire la sortie des Hébreux d’Egypte ; 3° Lévitique, parce que les premiers chapitres et une portion considérable de ce livre sont exclusivement consacrés à l’exposition des lois cérémonielles faites pour la tribu de Lévi ; 4° Nombres, parce qu’ils commencent par un dénombrement du peuple et des lévites ; 5° Deutéronome ou seconde loi, parce qu’il contient une récapitulation, une seconde promulgation de la loi déjà donnée. — Les Hébreux désignent les cinq parties du Pentateuque par le premier mot de chaque livre : Bereschith, Veelle schemoth, etc.

La Genèse sert d’introduction aux quatre derniers livres du Pentateuque et à toute l’histoire du peuple de Dieu. Elle nous raconte l’histoire du monde jusqu’à la vocation d’Abraham, et l’histoire des patriarches Abraham, Isaac et Jacob jusqu’à la mort de ce dernier en Egypte. Les trois livres qui suivent la Genèse nous font connaître d’une manière continue l’histoire de l’établissement de la nationalité hébraïque et la loi qui lui est donnée. Le cinquième livre, le Deutéronome, a, comme la Genèse, une physionomie à part : il se compose d’une suite de discours dans lesquels Moïse résume, explique ou complète le code qu’il a imposé à Israël par l’ordre de Dieu. La Genèse prépare donc l’Exode, le Lévitique et les Nombres, et le Deutéronome les récapitule. Tel est le plan général et l’unité du Pentateuque.

§ II. La Genèse.

La Genèse se divise en dix sections d’inégale longueur et d’inégale importance, mais très caractérisées. Elles sont précédées du récit de la création, qui sert d’introduction et de préface à tout le Pentateuque et à toute la Bible.

Création du monde, du chapitre 1 au chapitre 2, verset 3.
  1. Histoire des origines du monde et de l’humanité, du chapitre 2, verset 4 au chapitre 4, verset 26.
  2. Histoire de la descendance d’Adam, du chapitre 5 au chapitre 6, verset 8.
  3. Histoire de Noé, du chapitre 6, verset 9 au chapitre 9, verset 29.
  4. Histoire des enfants de Noé, du chapitre 10 au chapitre 11, verset 9.
  5. Histoire de Sem, chapitre 11, versets 10 à 26.
  6. Histoire de Tharé et d’Abraham, du chapitre 11, verset 27 au chapitre 25, verset 11.
  7. Histoire d’Ismaël, chapitre 25, versets 12 à 18.
  8. Histoire d’Isaac, du chapitre 25, verset 19 au chapitre 35.
  9. Histoire d’Esaü, chapitre 36.
  10. Histoire de Jacob, du chapitre 37 au chapitre 50.

Ainsi au commencement de la section 10e, nous lisons : « Voici les générations de Jacob : Joseph avait dix-sept ans, etc. » Le mot générations signifie ici purement et simplement histoire, puisque ces générations ont été déjà énumérées, voir chapitre 30 ; tous les fils de Jacob sont nés pendant la vie d’Isaac et pour ce motif leur naissance a été racontée dans l’histoire d’Isaac et n’est pas répétée ici. De même, chapitre 2, verset 4 et suivants : « Voici les générations du ciel et de la terre, » signifie simplement : « Voici l’histoire de la création, etc. »

Cette division est très clairement indiquée dans la Genèse même. Chacune des dix sections commence par ces mots : Voici les générations. C’est pour ainsi dire le titre qui annonce aux lecteurs une nouvelle partie du livre. Moïse emploie le mot de générations de la même manière que nous emploierions le mot d’histoire, parce que les généalogies forment le cadre de son histoire et que les générations des patriarches sont en même temps l’histoire des patriarches et de leur famille. La Genèse est comme un vaste tableau généalogique auquel est joint le récit des événements. C’est là ce qui constitue l’unité de la Genèse et en explique le tissu et la composition.

L’auteur suit une marche uniforme et traite son sujet, dans chacune de ses dix sections, de la même manière. Quand une généalogie se subdivise en plusieurs rameaux, les rameaux secondaires, dont les chefs ont été nommés dans le récit des événements, obtiennent toujours une mention. Ces rameaux sont invariablement énumérés dans l’ordre inverse de leur importance et avant la branche principale. Les branches secondaires sont ainsi éliminées et ne reparaissent plus, si ce n’est accidentellement. Le nombre d’années qu’a vécu chacun des patriarches de la ligne directe est constamment donné ; ce nombre n’est point indiqué pour les lignes latérales, Ismaël excepté. L’auteur se contente de relever en passant quelques particularités de leur histoire. Il pousse généralement l’énumération des descendants assez loin.

Chaque section commence d’ordinaire par une répétition ou récapitulation. Ainsi nous lisons, à Genèse, chapitre 25, versets 19 et 20 : « Voici les générations d’Isaac, fils d’Abraham. Abraham engendra Isaac. Celui-ci, à l’âge de quarante ans, épousa Rébecca, fille de Bathuel, le Syrien de Mésopotamie, sœur de Laban. » Tous ces événements avaient été déjà racontés plus haut en détail, chapitres 21 et 24. Ce résumé n’est pas conforme à nos habitudes et à nos procédés littéraires, mais il n’en est pas moins très caractéristique, il sert tout à la fois de transition et d’avertissement, pour indiquer le passage d’un sujet à un autre et le commencement d’une nouvelle section.

Voici quel est le contenu des dix sections.

Après le préambule de la création des six jours, l’auteur raconte :

  1. La génération du ciel et de la terre, du chapitre 2, verset 4 au chapitre 4, verset 26, c’est-à-dire l’histoire primordiale de tous les êtres terrestres et de l’homme lui-même, le commencement de l’histoire du monde, le paradis terrestre, la chute d’Adam et sa descendance dans la ligne de Caïn, jusqu’à la septième génération.

  2. Le livre des générations d’Adam, du chapitre 5 au chapitre 6, verset 8, nous fait connaître la descendance d’Adam dans la ligne bénie de Seth et comprend dix générations jusqu’à Noé, c’est-à-dire l’histoire antédiluvienne des enfants de Dieu.

  3. Les générations de Noé, du chapitre 6, verset 9 au chapitre 9, verset 29, forment une section à part, à cause de l’importance de ce patriarche qui est comme le second père de l’humanité et au nom duquel se rattache l’histoire du déluge.

  4. Les générations des enfants de Noé, du chapitre 10 au chapitre 11, verset 9, tiges de tous les peuples de la terre, méritent une division particulière, qui est la célèbre Table ethnographique de la Genèse, laquelle est comme le point de départ et le principe de toutes les histoires particulières.

  5. A partir de là, la Bible cesse d’être l’histoire générale de l’humanité pour devenir d’abord l’histoire de la famille de Sem, puis, en se restreignant de plus en plus, de la famille d’Abraham, et enfin seulement de l’unique famille de Jacob. La 5e section, chapitre 11, versets 10 à 26, énumère brièvement les générations de Sem, en s’attachant exclusivement à la ligne principale, les autres lignes accessoires ayant été mentionnées dans la section précédente. L’objet de cette partie, qui, pour les premières générations, n’est qu’une répétition, est de nous montrer que l’histoire se circonscrit et abandonne toutes les lignes généalogiques collatérales. La famille de Sem se perpétue jusqu’au jour où sa mission divine va être manifestée.

  6. Les générations de Tharé, du chapitre 11, verset 27 au chapitre 25, verset 11, commencement à nous faire entrer dans le vif de l’histoire du peuple de Dieu, tout en donnant lieu à de nouvelles éliminations, celle des frères d’Abraham et de leur postérité, dont la vie nous est cependant racontée autant qu’il est nécessaire pour comprendre la suite des événements postérieurs ; mais la plus large place est donnée, comme il convient, à Abraham. Cette période est une période de pérégrinations dont l’objectif bien déterminé est le pays de Chanaan où se rend le patriarche.

  7. Les générations d’Ismaël, chapitre 25, versets 12 à 18, sont données brièvement avant celle d’Isaac, selon la règle constante de l’auteur de la Genèse, qui, comme nous l’avons mentionné plus haut, énumère toujours la postérité des personnages dont elle a parlé, mais en faisant précéder par la généalogie des branches secondaires la généalogie de la branche principale.

  8. Les générations d’Isaac, l’héritier des promesses divines faites à Abraham, commencent aussitôt que Moïse en a fini avec Ismaël, le rejeton secondaire, du chapitre 25, verset 19 au chapitre 35. Elles contiennent en même temps l’histoire de ses deux enfants, Jacob et Esaü, jusqu’au moment où Isaac meurt et où Jacob devient ainsi le chef de la famille. Cette section est l’histoire d’un premier séjour en Palestine.

  9. Avant de passer à l’histoire de Jacob, le personnage principal, Moïse, conformément à la règle qu’il suit sans exception, nous fait connaître les générations d’Esaü, chapitre 36. Il les poursuit assez loin et probablement jusqu’à son époque, voir Nombres, chapitre 20, verset 14 et suivants, ce qui nous prouve que l’intention de Moïse, en nous fournissant tous les détails, était de planter en quelque sorte des jalons et d’éclairer à l’avance la suite du récit du Pentateuque.

  10. Les générations de Jacob, du chapitre 37 au chapitre 50, terminent le livre de la Genèse. Moïse raconte dans cette dernière section l’établissement des Israélites en Egypte. Elle s’ouvre par le récit de l’événement dont se servit la Providence pour amener en Egypte Joseph, qui devait y attirer plus tard son père et ses frères, et elle se termine par la mort de Jacob et de Joseph, qui y laissent leur postérité.

« La Genèse [a donc] été rédigée sur un plan d’une entière régularité ; elle est en réalité un grand tableau généalogique accompagné d’un texte explicatif, un tableau généalogique où les événements de l’histoire primitive et de l’histoire patriarcale viennent s’intercaler dans les intervalles de la ligne principale ou des lignes secondaires, selon les personnages qui y jouent un rôle prépondérant, et dans lequel les faits ainsi distribués reçoivent un développement proportionné à leur importance dans l’ensemble. En un mot, dans le premier livre de Moïse, la généalogie est le cadre de l’histoire. » (EMM. COSQUIN.)

§ III. L’Exode.

L’Exode nous montre Israël, devenu un peuple en Egypte, opprimé par les Pharaons du pays et affranchi de leur joug par l’envoyé de Dieu, Moïse, au moyen des plus éclatants miracles ; la promulgation de la loi sur le Sinaï et la construction du tabernacle.

L’Exode se divise en trois parties : 1° les événements qui précèdent et préparent la sortie d’Egypte ; 2° la sortie d’Egypte jusqu’à l’arrivée au Sinaï ; 3° la législation du mont Sinaï et la construction du tabernacle.

Ire partie, du chapitre 1 au chapitre 12, verset 36. Evénements qui précèdent la sortie d’Egypte. — Cette partie se subdivise ainsi : 1° Tableau de l’oppression d’Israël, chapitre 1. — 2° Histoire des quarante premières années de la vie de Moïse, chapitre 2. — 3° Vocation de Moïse et son retour en Egypte, chapitres 3 et 4. — 4° Vaines tentatives auprès du Pharaon pour obtenir l’affranchissement d’Israël, chapitres 5 et 6. — 5° Description des neuf premières plaies qui laissent Pharaon endurci, du chapitre 7 au chapitre 10. — 6° Annonce de la dixième plaie, institution de la Pâque, mort des premiers-nés, départ précipité d’Israël, du chapitre 11 au chapitre 12, verset 36.

IIe partie, du chapitre 12, verset 37 au chapitre 18. Sortie d’Egypte. — Elle contient quatre subdivisions : — 1° Premiers campements des Hébreux ; prescriptions pour la Pâque ; sanctification des premiers-nés ; apparition de la colonne de nuée, du chapitre 12, verset 37 au chapitre 13. — 2° Passage de la mer Rouge, du chapitre 14 au chapitre 15, verset 21. — 3° Voyage des Israélites et premières stations dans le désert ; les cailles, la manne, l’eau miraculeuse, du chapitre 15, verset 22 au chapitre 17, verset 7. — 4° Victoire remportée sur les Amalécites ; visite de Jéthro, du chapitre 17, verset 8 au chapitre 18.

IIIe partie, du chapitre 19 au chapitre 40. Promulgation de la loi sur le mont Sinaï et construction du Tabernacle. — Elle renferme quatre subdivisions : — 1° Conclusion de l’alliance entre Dieu et les Hébreux ; arrivée au Sinaï et préparatifs pour la promulgation de la loi, chapitres 19 et 20 ; premières lois, du chapitre 21 au chapitre 23, verset 19 ; avertissements sur l’entrée dans la terre de Chanaan, du chapitre 23, verset 20 au chapitre 24, verset 11. — 2° Prescriptions concernant la construction de l’arche d’alliance et du Tabernacle, du chapitre 24, verset 12 au chapitre 31, verset 18. — 3° Digression historique amenée par un événement qui se produisit alors, la défection du peuple et l’adoration du veau d’or, du chapitre 32 au chapitre 34. — 4° Construction du Tabernacle, du chapitre 35 au chapitre 40.

§ IV. Le Lévitique.

Le Lévitique contient les lois qui se rapportent à l’exercice du culte en général et en particulier.

On peut distinguer trois parties dans ce livre. L’Exode a déterminé le lieu où seraient offerts les sacrifices et tout ce qui s’y rapporte extérieurement ; le Lévitique règle maintenant : 1° ce qui regarde les sacrifices ; 2° les impuretés légales ; 3° le Sabbat et les fêtes.

Ire partie, du chapitre 1 au chapitre 11. Des sacrifices. — 1° Espèces, but, rites des sacrifices, du chapitre 1 au chapitre 7. — 2° De la consécration des prêtres. Punition des enfants d’Aaron qui ont violé les prescriptions concernant le culte divin, du chapitre 8 au chapitre 10. — 3° Des victimes des sacrifices ou des animaux purs et impurs, chapitre 11.

IIe partie, du chapitre 12 au chapitre 22. Puretés et impuretés légales. — 1° Relevailles, chapitre 12. — 2° Lépreux, chapitres 13 et 14. — 3° Impuretés involontaires, chapitre 15. — 4° Entrée du grand prêtre dans le sanctuaire ; bouc émissaire ; fête de l’expiation, chapitre 16. — 5° Règles pour l’immolation des victimes : défense de manger le sang et la chair des animaux non égorgés, chapitre 17. — 6° Prescriptions contenant le mariage, chapitre 18. — 7° Préceptes moraux et religieux divers, chapitres 19 et 20. — 8° De la sainteté des prêtres, chapitres 21 et 22.

IIIe partie, du chapitre 23 au chapitre 27. Sabbat et fêtes. — 1° Le sabbat et les grandes fêtes de l’année, du chapitre 23 au chapitre 26. — 2° Des vœux et des dîmes, chapitre 27.

§ V. Les Nombres.

Les Nombres se relient étroitement au Lévitique, dont ils sont une suite, comme le Lévitique lui-même est la continuation non interrompue de l’Exode. Ils racontent l’histoire du peuple hébreu après le départ du Sinaï, la seconde année après la sortie d’Egypte, jusqu’à la quarantième année ; ils ne nous font pas connaître en détail cette période, mais en énumèrent seulement les événements principaux : les révoltes successives des Israélites et la punition qui en fut la conséquence, les lois et ordonnances promulguées dans cet intervalle, et la conquête de la Palestine située à l’est du Jourdain.

On peut y distinguer trois parties : 1° préparation au départ du mont Sinaï, du chapitre 1 au chapitre 10 ; 2° révoltes du peuple dans le désert et faits saillants jusqu’au commencement de la quarantième année après la sortie d’Egypte, du chapitre 11 au chapitre 19 ; 3° événements accomplis et lois portées pendant les dix premiers mois de la quarantième année de l’Exode, du chapitre 20 au chapitre 36.

Ire partie, du chapitre 1 au chapitre 10. Préparatifs pour le départ du mont Sinaï. — 1° Recensement du peuple, ordre de campement, chapitres 1 et 2. — 2° Recensement des Lévites, chapitres 3 et 4. — 3° Lois particulières, chapitres 5 et 6. — 4° Présents des chefs de tribu au Tabernacle, chapitre 7. — 5° Consécration des Lévites, chapitre 8. — 6° Célébration de la Pâque au Sinaï, chapitre 9, versets 1 à 14. — 7° La colonne du feu et de fumée, les trompettes pour la mise en marche, du chapitre 9, verset 15 au chapitre 10, verset 10. — 8° Départ du Sinaï, chapitre 10, versets 11 à 36.

IIe partie, du chapitre 11 à 19. Chutes et révoltes du peuple dans le désert. — 1° Révoltes à Thabéerah ; partie du camp incendiée ; cailles et Sépulcres de concupiscence, chapitre 11. — 2° Murmures de Marie et d’Aaron contre Moïse, châtiment de Marie, chapitre 12. — 3° Envoi des espions dans la terre de Chanaan, sédition à leur retour, chapitres 13 et 14. — 4° Lois diverses, chapitre 15. — 5° Révolte de Dathan, Coré et Abiron, chapitres 16 et 17. — 6 Prescriptions diverses, chapitres 18 et 19.

IIIe partie, du chapitre 20 au chapitre 36. Evénements accomplis et lois portées pendant les dix premiers mois de la quarantième année de l’Exode. — 1° Arrivée dans le désert de Sin ; mort de Marie, d’Aaron, etc., chapitre 20. — 2° Victoire remportée sur le roi chananéen Arad ; les serpents de feu ; victoire sur Og et Séhon, chapitre 21. — 3° Balaam et ses prophéties, du chapitre 22 au chapitre 24. — 4° Idolâtrie des Israélites, leur châtiment, chapitre 25. — 5° Nouveau recensement du peuple pour le partage de la Terre Promise ; filles de Salphaad ; Josué désigné comme successeur de Moïse, chapitres 26 et 27. — 6° Fêtes et vœux, du chapitre 28 au chapitre 30. — 7° Victoire sur les Madianites, chapitre 31. — 8° Etablissement de Ruben, de Gad et de la demi-tribu de Manassé, au-delà du Jourdain, chapitre 32. — 9° Campements des Israélites ; limites de la Terre Promise, chapitres 33 et 34. — 10° Villes lévitiques, villes de refuge, chapitre 35. — 11° Prescriptions pour le mariage des héritières, chapitre 36.

§ VI. Le Deutéronome.

Le Deutéronome forme un tout complet. Il ne se rattache pas étroitement aux Nombres, comme les Nombres au Lévitique, et le Lévitique à l’Exode ; ses divisions sont plus marquées que dans ces trois derniers livres. Il se distingue aussi des autres parties du Pentateuque en ce qu’il se compose principalement, non de récits, mais de discours prononcés dans les plaines de Moab, vis-à-vis de Jéricho, le onzième mois de la quarantième année de l’Exode. Ces discours sont au nombre de trois, en en tenant pas compte de l’interruption, chapitre 29 (Hébreu, 28, 69). Ils sont précédés d’un titre, chapitre 1, versets 1 à 5, et suivis d’une conclusion historique, du chapitre 31 au chapitre 34.

Ier discours. Il sert d’introduction au Deutéronome, du chapitre, 1, verset 6 au chapitre 4, verset 43. Le législateur fait d’abord un abrégé historique des événements qui se sont passés depuis que la loi a été donnée sur le mont Sinaï, du chapitre 1, verset 6 au chapitre 3, puis une exhortation pressante à l’observation de la loi, chapitre 4, versets 1 à 43.

IIe discours. C’est la partie principale du livre. Du chapitre 5 au chapitre 26. Il résume surtout la loi mosaïque, dans ses points fondamentaux. Moïse le commence en rappelant la loi et spécialement le décalogue, du chapitre 5 au chapitre 6, verset 3. Il développe ensuite sa pensée.

1° Dans une première partie, du chapitre 6 verset 4 au chapitre 11, il rappelle aux Hébreux les motifs qu’ils ont d’être fidèles à Dieu. Jéhovah est le seul vrai Dieu, le seul objet digne de leur amour et de leur respect, chapitre 6, versets 4 à 25. Ils doivent donc extirper le culte des idoles dans le pays de Chanaan, chapitre 7, par reconnaissance pour les bienfaits de Dieu, chapitre 8, qui sont tout à fait gratuits de sa part, du chapitre 9 au chapitre 10, verset 11. Malédiction contre les infidèles, du chapitre 10, verset 12 au chapitre 11, verset 32.

2° La seconde partie du discours, du chapitre 12 au chapitre 26, résume la législation mosaïque : — 1° Droit religieux : Unité de culte, chapitres 12 et 13 ; prohibition des usages païens ; défense de se nourrir de viandes impures ; payement de la dîme, chapitre 14 ; année sabbatique ; rachat des premiers-nés, chapitre 15 ; les trois principales fêtes de l’année, chapitre 16, versets 1 à 17. — 2° Droit public ; droit personnel : Ordonnances pour déraciner l’idolâtrie ; pouvoir judiciaire des prêtres ; du choix d’un roi, du chapitre 16, verset 18 au chapitre 17. Droits et devoirs des prêtres et des prophètes, chapitre 18. — Droit réel : Immunité des villes de refuge ; des bornes ; des témoins, chapitre 19. — Droit de guerre ; exemption du service militaire ; traitement des ennemis, chapitre 20 ; expiation d’un meurtre dont l’auteur est inconnu ; traitement des femmes prises à la guerre, chapitre 21, versets 1 à 14. — 3° Droit privé : droit d’aînesse ; devoirs envers les enfants, chapitre 21, versets 15 à 23 ; des objets perdus et trouvés ; des vêtements ; des nids d’oiseaux ; de la construction des maisons ; du mélange des semences et des étoffes, chapitre 22, versets 1 à 12 ; des vierges, chapitre 22, versets 13 à 30 ; lois diverses, entre autres sur l’usure, les vœux, etc., chapitre 23 ; du divorce ; des pauvres ; des étrangers, chapitre 24 ; la flagellation ; le lévirat ; poids et mesures, etc., chapitre 25 ; offrandes des premiers-nés et de la dîme, chapitre 26, versets 1 à 15. — Péroraison ; exhortation à l’observance inviolable de toutes ces prescriptions, chapitre 26, versets 16 à 19.

IIIe discours, sans titre, du chapitre 27 au chapitre 30. — Le discours final comprend trois parties. — 1° Engagement que devra prendre le peuple, après avoir conquis la Terre Promise, sur le mont Hébal et le mont Garizim, d’être fidèle à la loi, chapitre 27. — 2° Bénédictions promises à l’obéissance ; menaces contre l’infidélité, chapitre 28. — 3° Exhortations pressantes à l’observation de la loi, chapitre 29 et 30.

Conclusion historique, du chapitre 31 au chapitre 34. — 1° Moïse désigne Josué comme son successeur. Avis divers, entre autres, ordre de lire la loi pendant l’année sabbatique et de la conserver dans l’arche, chapitre 31. — 2° Cantique de Moïse, chapitre 32. — 3° Bénédiction des tribus d’Israël, chapitre 33. — 4° Mort et deuil de Moïse, chapitre 34.

II. De l'authenticité du Pentateuque.

Les Juifs et les chrétiens ont toujours cru que Moïse, le libérateur et le législateur des Hébreux, était l’auteur des cinq livres du Pentateuque. Ce fait historique est prouvé par le témoignage de ce livre lui-même. Dans Exode, 17, 14, Dieu commande à Moïse d’écrire non pas dans un livre mais dans le livre, comme le porte le texte hébreu, le récit de la bataille contre les Amalécites, ce qui suppose l’existence d’un livre dans lequel étaient consignés les événements concernant l’histoire d’Israël. Le chapitre 24, verset 4 de l’Exode, dit expressément : « Moïse écrivit tous les discours du Seigneur. » Le verset 7 nomme en toutes lettres le Séfer Berith ou Livre de l’alliance, et Moïse le lit au peuple. Moïse avait donc écrit non seulement les lois, mais aussi les faits historiques. Le Deutéronome est plus explicite encore : « Moïse, y est-il dit, chapitre 31, verset 9, écrivit cette loi (ha-thôrâh) et la donna aux prêtres, fils de Lévi. » On a essayé, il est vrai, de restreindre au seul Deutéronome les passages tirés de ce livre, mais cette restriction est contraire à l’interprétation de tous les siècles. — Le récit de la mort de Moïse, voir Deutéronome, chapitre 34, qu’on reconnaît généralement être l’œuvre d’un écrivain postérieur, peut-être de Josué, et qui est placé à la fin du Pentateuque comme une sorte d’appendice, ne prouve nullement que Moïse n’a pas écrit ce qui précède.

Tous les livres postérieurs au Pentateuque confirment ce qu’il nous apprend lui-même sur son origine mosaïque. Toute l’Histoire Sainte présuppose le Pentateuque et les événements qui y sont racontés, l’origine chaldéenne de la race Israélite, le séjour en Egypte, l’Exode et la législation mosaïque. Le mont Sinaï, sur lequel la foi fut donnée au peuple de Dieu, est le berceau de sa nationalité.

Si plus tard, le souvenir du Sinaï s’éclipse devant celui de Sion, où Dieu habite, il n’est pas complètement oublié, car le prophète Elie va le visiter, et le mont Sion lui-même est, pour ainsi dire, un autre Sinaï :

Le Seigneur est au milieu d’eux dans un sanctuaire, comme autrefois sur le Sinaï. (voir Psaumes 67, 18)

Et de même que Sion présuppose le Sinaï, toute l’histoire juive présuppose la législation du Sinaï.

Et ce qu’il y a de particulièrement remarquable dans l’histoire de la législation hébraïque, ce qui en confirme l’antiquité et l’origine d’une manière frappante, c’est qu’elle n’est pas faite, comme les autres législations, à l’image du peuple qu’elle régit. Elle ne sort pas de lui, comme le fruit de l’arbre qui le porte, elle n’est pas l’expression de ses idées et de ses penchants, elle est, au contraire, en opposition absolue avec ses goûts et ses inclinations, et cependant il s’y soumet. Il est comme invinciblement porté à l’idolâtrie, il y tombe souvent, il n’y persiste jamais. Qui est-ce qui l’en retire et l’empêche de s’y perdre ? La loi. Supprimez la loi, supprimez Moïse, supprimez le Pentateuque, et rien n’est intelligible dans son histoire.

Les Psaumes sont tout imprégnés de la loi de Moïse, ainsi que les livres sapientiaux. Les Psaumes descriptifs et historiques ne sont qu’un résumé des faits racontés par Moïse. Le Psautier est le Pentateuque mis en prières.

Tous les prophètes connaissent les livres de Moïse, et y puisent fréquemment. Enfin le Nouveau Testament confirme le témoignage de l’Ancien et Notre Seigneur lui-même cite Moïse comme l’auteur du Pentateuque.

Une preuve nouvelle et importante de l’origine mosaïque de ce livre nous est fournie par les monuments égyptiens. L’exactitude minutieuse du texte n’atteste pas seulement une connaissance parfaite de l’Egypte, mais la connaissance de l’Egypte telle qu’elle l’était sous les Ramsès, à l’époque de l’Exode. Ce qui est dit de l’état du pays, des principales villes de la frontière, de la composition de l’armée, est vrai de l’époque des Ramsès et non de l’époque des pharaons contemporains de Salomon et de ses successeurs. Or, une telle exactitude ne peut être le résultat d’une tradition qui se serait transmise à travers une durée de plusieurs siècles ; elle nous reporte au temps de Moïse.

Le Deutéronome, en particulier, contient de nombreuses allusions aux usages de l’Egypte. Il interdit aux Hébreux, voir Deutéronome, 4, 15-18, les œuvres de la sculpture qu’on prodiguait dans l’empire des pharaons, de peur qu’elles ne les séduisent et ne les entraînent à l’idolâtrie. Il défend aussi au roi, quand il y en aura un en Israël, de ramener son peuple en Egypte, chapitre 17, verset 16. Voilà, certes, une crainte qu’on ne peut avoir conçue que dans le désert, lorsque les Hébreux, naguère sortis de la vallée du Nil, et découragés par les privations qu’ils avaient à endurer, comme par les obstacles qu’ils rencontraient sur la route de la Terre Promise, étaient tentés de retourner dans la terre de Gessen. Un certain nombre de passages rappellent les usages pharaoniques ; — chapitre 20, verset 5, les chefs, schoterim, qui font penser par leur nom même aux scribes égyptiens et en remplissent les fonctions en temps de guerre ; — chapitre 27, versets 1 à 8, les pierres enduites de chaux dont on se sert pour écrire ; — chapitre 25, verset 2, la bastonnade infligée pour certaines fautes de la même manière que nous la représentent les monuments égyptiens ; — chapitre 11, verset 10, les nombreux canaux dans lesquels on distribuait l’eau du Nil et que les auditeurs, auxquels l’orateur s’adresse, ont vu de leurs yeux ou connaissent par le récit de leurs pères ; — chapitre 7, verset 15 et chapitre 28, verset 60, les maladies dont les Hébreux ont souffert en Egypte, etc. Les nombreuses prescriptions du Pentateuque contre la lèpre prouvent qu’elles ont été portées en un temps proche de la sortie d’Egypte, parce que c’est surtout à cette époque que ce mal terrible a été fréquent parmi les Hébreux. Voir Deutéronome, 7, 15 (On peut voir le développement de cette preuve dans La Bible et les découvertes modernes, 5e édit., t. II, p. 519 et suivantes ; 576 et suivantes.).

Enfin l’authenticité du Pentateuque est confirmée par les archaïsmes et les locutions qui lui sont propres. Les Livres de Moïse ont une couleur antique, qui est produite par des mots et des formes vieillis depuis, comme aussi par le caractère poétique de sa prose et la puissante originalité de sa poésie. Ces archaïsmes ne se rencontrent déjà plus dans le livre de Josué. Le Pentateuque ne contient d’ailleurs d’autres mots étrangers que des mots égyptiens. Tout nous prouve ainsi qu’il a été écrit au temps de l’exode, et qu’il est l’œuvre de Moïse, comme l’a toujours enseigné la tradition juive et chrétienne (Pour l’éclaircissement de certaines questions importantes, concernant le Pentateuque, voir les notes placées à la fin du volume).

Création du monde. Dieu soumet toutes les créatures à l’homme.

1 Au commencement Dieu créa le ciel et la terre. [1.1 Voir Psaumes, 32, 6 ; 135, 5 ; Ecclésiastique, 18, 1 ; Actes des Apôtres, 14, 14 ; 17, 24. ― Au commencement ; c’est-à-dire rien n’existant encore que Dieu seul. ― Voir à la fin du volume la note 1 sur la cosmogonie mosaïque.]2 Et la terre était informe et nue, et les ténèbres couvraient la face de l’abîme, et l’Esprit de Dieu était porté sur les eaux. 3 Or Dieu dit : Que la lumière soit, et la lumière fut. [1.3 Voir Hébreux, 11, 3. ― Littéralement : Que lumière soit, et lumière fut. Par lumière, il faut entendre ici le fluide lumineux dont les astres sont devenus les moteurs.]4 Et Dieu vit que la lumière était bonne, et il sépara la lumière d’avec les ténèbres. 5 Et Dieu donna à la lumière le nom de Jour, et aux ténèbres le nom de Nuit ; et du soir et du matin se fit le premier jour. 6 Dieu dit aussi : Que le firmament soit fait au milieu des eaux, et qu’il sépare les eaux d’avec les eaux. [1.6-7 Le mot firmament de la Vulgate, aussi bien que l’hébreu expansion, étendue signifie l’atmosphère, qui non seulement divise les eaux des nuées que les vapeurs y forment, de celles de la terre, mais qui pesant sur les eaux des mers, les maintient et les affermit dans leur état liquide et dans leurs limites.]7 Et Dieu fit le firmament ; et il sépara les eaux qui étaient sous le firmament d’avec celles qui étaient au-dessus du firmament. Et cela se fit ainsi. [1.7 Voir Psaumes, 13, 5 ; 148, 4 ; Jérémie, 10, 12 ; 51, 15.]8 Et Dieu donna au firmament le nom de Ciel ; et du soir et du matin se fit le second jour. 9 Dieu dit encore : Que les eaux qui sont sous le ciel se rassemblent en un seul lieu, et que l’élément aride paraisse. Et cela se fit ainsi. 10 Et Dieu donna à l’élément aride le nom de Terre, et il appela Mers toutes les eaux rassemblées. Et il vit que tout cela était bon. [1.10 Voir Job, 38, 4 ; Psaumes 32, 7 ; 88, 12 ; 135, 6.]11 Dieu dit encore : Que la terre produise de l’herbe verte qui porte de la graine, et des arbres fruitiers qui portent du fruit chacun selon son espèce, et qui renferment leur semence en eux-mêmes, pour se reproduire sur la terre. Et cela se fit ainsi. [1.11 Faisant du fruit ; portant déjà du fruit, chargés de leurs fruits. ― Selon leur espèce : littéralement Selon son genre. Ces deux mots sont souvent confondus dans la Vulgate ; le texte hébreu porte partout le même terme, que l’on rend généralement par espèce.]12 La terre produisit donc de l’herbe verte qui portait de la graine selon son espèce, et des arbres fruitiers qui renfermaient leur semence en eux-mêmes, chacun selon son espèce. Et Dieu vit que cela était bon. 13 Et du soir et du matin se fit le (un) troisième jour. 14 Dieu dit aussi : Que des corps de lumière (luminaires) soient faits dans le firmament du ciel, afin qu’ils séparent le jour d’avec la nuit, et qu’ils servent de signes pour marquer les temps, les jours et les années ; [1.14 Voir Psaumes, 135, 7. ― Le soleil et la lune ne sont pas, il est vrai, les deux plus grands astres, bien qu’ils nous paraissent tels ; mais ils sont les deux plus grands luminaires, puisque, de tous les globes célestes, ce sont ceux qui répandent le plus de lumière.]15 qu’ils luisent dans le firmament du ciel, et qu’ils éclairent la terre. Et cela fut fait ainsi. 16 Dieu fit donc deux grands corps lumineux (luminaires), l’un plus grand pour présider le jour, et l’autre moindre pour présider à la nuit : Il fit aussi les étoiles. [1.16 Dieu fit deux grands luminaires. « Le soleil et la lune ne son pas les deux plus grands corps célestes ; ils sont néanmoins les deux plus grands luminaires (relativement à nous), puisque ce sont ceux de tous les astres qui répandent le plus de lumière sur la terre. » ― Pour présider au jour. « Moïse dit que le soleil est destiné à présider au jour, comme la lune et les étoiles sont destinées à éclairer la nuit, afin d’ôter aux Israélites la tentation d’accorder ces corps inanimés (comme le faisaient les peuples voisins), voir Deutéronome, 4, 19. » (DUCLOT.)]17 Et il les mit dans le firmament du ciel pour luire sur la terre, 18 pour présider au jour et à la nuit, et pour séparer la lumière d’avec les ténèbres. Et Dieu vit que cela était bon. 19 Et du soir et du matin se fit le (un) quatrième jour. 20 Dieu dit encore : Que les eaux produisent des animaux vivants qui nagent dans l’eau, et des oiseaux qui volent sur la terre sous le firmament du ciel. [1.20 Les Hébreux appelaient les poissons reptiles, parce qu’ils n’ont généralement point de pieds et qu’ils se traînent sur leur ventre. ― D’une âme vivante ; c’est-à-dire doués du principe vital, animés.]21 Dieu créa donc les grands poissons, et tous les animaux qui ont la vie et le mouvement, que les eaux produisirent chacun selon son espèce ; et il créa aussi tous les oiseaux (volatiles) selon leur espèce. Et il vit que cela était bon. 22 Et il les bénit, en disant : Croissez et multipliez-vous, et remplissez les eaux de la mer ; et que les oiseaux se multiplient sur la terre. 23 Et du soir et du matin se fit le (un) cinquième jour. 24 Dieu dit aussi : Que la terre produise des animaux (âmes) vivants chacun selon son espèce, les animaux domestiques, les reptiles et les bêtes sauvages de la terre selon leurs espèces. Et cela se fit ainsi. 25 Dieu fit donc les bêtes sauvages de la terre selon leurs espèces, les animaux domestiques et tous les reptiles, chacun selon son espèce. Et Dieu vit que cela était bon. 26 Il dit ensuite : Faisons l’homme (un) à notre image et à notre ressemblance, et qu’il commande aux poissons de la mer, aux oiseaux du ciel, aux bêtes, à toute la terre, et à tous les reptiles qui se remuent (meuvent) sous le ciel. [1.26 Voir Genèse, 5, 1 ; 9, 6 ; 1 Corinthiens, 11, 7 ; Colossiens, 3, 10. ― Faisons marque évidemment la pluralité des personnes en Dieu. ― A notre image, etc. L’homme est fait à l’image de Dieu en ce qu’il est doué d’une âme immatérielle, immortelle, intelligente, libre, capable de sagesse, de vertu et de béatitude, c’est-à-dire, de voir Dieu et d’en jouir. ― « Dieu, dit Bossuet, a formé les autres animaux en cette sorte : Que la terre, que les eaux produisent les plantes et les animaux, et c’est ainsi qu’ils ont reçu l’être et la vie. Mais Dieu, après avoir mis en ses mains toutes puissantes la boue dont le corps humain a été formé, il n’est pas dit qu’il en ait tiré son âme, mais il est dit qu’il inspira sur sa face un souffle de vie, et c’est ainsi qu’il a été fait une âme vivante. Dieu fait sortir chaque chose de ses principes : il produit de la terre les herbages et les arbres avec les animaux, qui n’ont d’autre vie qu’une vie terrestre et purement animale : mais l’âme de l’homme est tirée d’un autre principe, qui est Dieu. C’est ce que veut dire ce souffle de vie, que Dieu tire de sa bouche pour en animer l’homme : ce qui est fait à la ressemblance de Dieu ne sort point des choses matérielles ; et cette image n’est point cachée dans ces bas éléments pour en sortir, comme fait une statue de marbre ou de bois. L’homme a deux principes : selon le corps, il vient de la terre ; selon l’âme, il vient de Dieu seul ; et c’est pourquoi, dit Salomon, pendant que le corps retourne à la terre d’où il a été tiré, l’esprit retourne à Dieu qui l’a donné. »]27 Dieu créa donc l’homme à son image ; il le créa à l’image de Dieu, et il les créa mâle et femelle. [1.27 Voir Sagesse, 2, 23 ; Ecclésiastique, 17, 1 ; Matthieu, 19, 4.]28 Et Dieu les bénit, et il leur dit : Croissez et multipliez-vous, remplissez la terre, et assujettissez-la, et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux (volatiles) du ciel et sur tous les animaux qui se remuent sur la terre. [1.28 Voir Genèse, 8, 17 ; 9, 1. ― Remplissez la terre, parce que la terre est faite pour l’homme. La terre « tient dignement son rang [au milieu des astres] par la suprême harmonie de toutes ses parties et de tous ses mouvements ; planète aux allures rythmiques, elle est en petit le représentant des mondes. Carl Ritter caractérisait la terre comme étant la planète du juste milieu. La plasticité du globe terrestre offrait, disait-il, plus d’harmonie que celle des autres planètes ; les aspérités qui en hérissent la surface sont moins accentuées que celles qui existent sur Vénus et sur la lune. N’étant ni trop voisine ni trop éloignée du soleil, la terre n’est exposée qu’à une chaleur modérée ; elle n’a qu’un seul satellite, pendant que d’autres planètes en ont jusqu’à 8 ou n’en ont pas du tout. Elle représente en toutes choses une sorte de terme moyen également éloigné de tous les extrêmes et cet équilibre admirable des conditions d’existence de la terre semble indiquer un développement individuel qui s’est harmonisé d’une manière définitive avec le système solaire tout entier et qui fait de la terre le séjour prédestiné de l’homme. » (RADAU.)]29 Dieu dit encore : Je vous ai donné toutes les herbes qui portent leur graine sur la terre, et tous les arbres (toutes les plantes) qui renferment en eux-mêmes leur semence chacun selon son espèce, afin qu’ils vous servent de nourriture, [1.29 Voir Genèse, 9, 3.]30 et à tous les animaux de la terre, à tous les oiseaux du ciel, à tout ce qui se remue sur la terre, et qui est vivant et animé (en une âme vivante), afin qu’ils aient de quoi se nourrir. Et cela se fit ainsi. 31 Et Dieu vit toutes les choses qu’il avait faites ; et elles étaient tout à fait (très) bonnes. Et du soir et du matin se fit le sixième jour. [1.31 Voir Ecclésiastique, 39, 21 ; Marc, 7, 37.]

retour chapitre suivant