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Vigouroux – Ésaïe 21

Ruine de Babylone. Nuit qui menace l’Idumée. Malheurs qui doivent tomber sur l’Arabie.

21 Oracle contre le (Malheur accablant du) désert de la mer. Comme s’avancent les tourbillons du midi (de l’Africus), il vient du désert, d’une terre épouvantable. [21.1-10 Prophétie contre Babylone. Elle porte un titre un peu énigmatique, dans lequel Babylone est appelée désert de la mer. Babylone fut assiégée trois fois pendant la vie d’Isaïe, en 710 par Sargon, en 703 et en 691 par son fils Sennachérib. Mais le siège de Babylone qu’annonce la prophétie, et la dévastation qui en est la suite, sont postérieurs, car au temps de Sargon et de Sennachérib, ce ne furent pas les Elamites et les Perses qui s’emparèrent de la ville ; la prédiction ne s’accomplit que longtemps après la mort d’Isaïe, quand Cyrus se rendit maître de cette fameuse cité. Les détails que nous ont transmis les auteurs anciens sur la prise de Babylone par ce prince son en parfait accord avec ce que nous lisons ici.][21.1 Malheur accablant. Voir Isaïe, 13, 1. ― Désert de la mer ; c’est-à-dire Babylone, ainsi appelée, soit à cause de sa position sur l’Euphrate, et des lacs qui étaient dans son désert ou sa campagne, soit, comme dit saint Jérôme, à cause de l’état où elle devait être réduite un jour. Comparer à Isaïe, 13, 1 et Jérémie, 51, vv. 36, 41. ― Il vient ; c’est-à-dire l’ennemi. ― D’une terre affreuse ; la Médie et la Perse, pays affreux, en effet, en comparaison de Babylone. ― Comme des tourbillons viennent de l’Africus, en hébreu, du Négeb, au sud de Juda, ainsi appelé à cause de son aridité et de sa sécheresse. Les tempêtes sont terribles en Babylonie et en Susiane : « On peut les voir, dit Layard, quand elles viennent du désert, portant avec elles des nuages de sable et de poussière. L’obscurité devient presque complète. » Les tempêtes du sud de la Palestine sont du même genre. Voir Zacharie, 9, 14 ; Osée, 13, 15 ; Jérémie, 4, 11 ; 13, 24 ; Job, 1, 19 ; 37, 9.]2 Une terrible vision (pénible) m’a été révélée : Le perfide (celui qui est incrédule) agit avec perfidie, (infidèlement) et le dévastateur (celui qui dépeuple) dévaste. Monte, Elam ; Mède, assiège ; je vais mettre fin à (j’ai fait cesser tous) ses gémissements. [21.2 Elam ; la Perse représente ici Cyrus, qui en était ; elle est ainsi nommée, parce qu’elle fut habitée par les descendants d’Elam, fils de Sem. ― Mède ; Darius, roi des Mèdes. ― Ses gémissements ; les gémissements de Babylone ; hébraïsme, pour les gémissements qu’elle faisait faire, dont elle était la cause. En hébreu, les pronoms possessifs se prennent en effet indifféremment dans un sens actif et passif ; ainsi, par exemple, ma blessure peut signifier ou la blessure que j’ai faite à quelqu’un, ou la blessure qu’on m’a faite.]3 C’est pourquoi mes reins sont saisis de douleur ; l’angoisse me saisit, comme l’angoisse d’une femme en travail ; ce que j’entends m’effraye (me trouble), et ce que je vois m’épouvante (tout troublé). [21.3 A cause de cela, etc. Le prophète, dans tout ce chapitre, se montre ému de compassion pour Babylone ; d’autant que dans le temps où il parlait, elle était amie et alliée d’Ezéchias, et qu’elle n’avait pas encore opprimé les Hébreux. Mais il prédit tout à la fois et ses crimes et le châtiment qui les suivra.]4 Mon cœur a défailli (s’est flétri) ; les (des) ténèbres m’ont stupéfié : Babylone, ma bien-aimée, devient (m’est devenue) un sujet d’effroi (étonnement). 5 Dresse la table, contemple d’un poste élevé ceux qui mangent et qui boivent. Levez-vous, princes, prenez le bouclier. [21.5 Dresse la table. C’est probablement une allusion au festin de Baltassar. Voir Daniel, chapitre 5.]6 Car voici ce que m’a dit le Seigneur : Va, et place une sentinelle qui t’annoncera tout ce qu’elle verra. 7 Et elle vit un char conduit par deux cavaliers, des hommes montés sur des ânes, et des hommes montés sur des chameaux ; et elle contempla soigneusement, avec grande attention. [21.7 Par deux cavaliers, etc. Ces deux cavaliers représentaient les Mèdes et les Perses. Ces derniers se servaient très avantageusement des chameaux dans les combats ; ils ont aussi quelquefois employé les ânes, qui étaient exclusivement en usage chez les Caramaniens, peuple assujetti aux Perses.]8 Puis elle cria comme un lion : Je suis au poste où m’a placé le Seigneur, et j’y demeure tout le jour ; je monte ma garde, et j’y demeure les nuits. [21.8 Voir Habacuc, 2, 1.]9 Et voici, l’homme qui conduisait le char s’approcha, et il prit la parole, et dit : Elle est tombée, elle est tombée, Babylone, et toutes les images de ses dieux (, taillées au ciseau) ont été brisées à terre. [21.9 Voir Jérémie, 51, 8 ; Apocalypse, 14, 8. ― Cet homme, etc. ; un des deux cavaliers dont il est question au verset 7. ― Il répondit ; le même homme ; ce qui suppose une interrogation sous-entendue ; ou bien, ce que nous préférons, il éleva la voix, il parla, comme porte le verbe hébreu que la Vulgate elle-même a rendu ailleurs (voir Deutéronome, 26, 5) par parler (loqueris). Comparer à Isaïe, 14, 10. ― Les images des dieux étaient innombrables à Babylone.]10 O mon grain trituré et les fils de mon aire, ce que j’ai appris du Seigneur des armées, du Dieu d’Israël, je vous l’ai annoncé. [21.10 Fils de mon aire ; hébraïsme, pour grains que l’on bat dans mon aire.]11 Oracle sur (Malheur accablant de) Duma. On (Il) me crie de Séir : Sentinelle (Garde), où en est-on (qu’annonces-tu) de la nuit ? Sentinelle (garde), où en est-on (qu’annonces-tu) de la nuit ? [21.11-12 Prophétie contre Duma. C’est la réponse à une question que font au prophète les habitants de Duma, effrayés par les invasions assyriennes. On ne connaît pas de ville de Duma en Idumée. Les géographes arabes nomment plusieurs villes de ce nom, mais aucune n’est iduméenne. Duma est peut-être ici un nom mystérieux qui rappelle simplement celui d’Edom et qui est choisi par le prophète, parce qu’il signifie silence et annonce ainsi en quelque sorte la désolation qui est réservée à l’Idumée. Du temps de Sennachérib, les Iduméens furent tributaires de l’Assyrie.][21.11 Malheur accablant. Voir Isaïe, 13, 1. ― Qu’annonces-tu de la nuit ? Quelle heure est-ce de la nuit ? La première, la seconde ou la troisième veille ?]12 La sentinelle (Le garde) répond (dit) : Le matin vient (est venu), et la nuit (aussi) ; si vous cherchez, cherchez ; convertissez-vous, venez. [21.12 Le matin est venu, etc. Réponse obscure et énigmatique, dans le style sans doute des sages de l’Idumée. Elle signifie probablement : Le matin est venu, mais la nuit, le malheur, viendra aussi ; le jour, la paix, ne durera pas toujours ; si vous cherchez donc ce que vous devez faire, convertissez-vous pour prévenir ces calamités.]13 Oracle sur (Malheur accablant dans) l’Arabie. Vous dormirez le soir dans la forêt, dans les sentiers de Dédanim. [21.13-16 Prophétie contre l’Arabie. La guerre avait déjà porté ses ravages dans la puissante tribu des Dédanim, qui faisait un commerce considérable, voir Ezéchiel, 27, vv. 15, 20. Isaïe annonce que, dans un an, les autres tribus arabes seront également ravagées. Sargon raconte, dans ses inscriptions, que Samsiéh, reine des Arabes, s’assujettit à lui payer tribut. Sennachérib se glorifie aussi d’avoir soumis les tribus arabes.][21.13 Dans l’Arabie. Les montagnes d’Arabie confinaient à l’Idumée. ― Dédanim était une région de l’Idumée, et la même que Dédan dont parle Jérémie (voir Jérémie, 49, 8). ― Dans les sentiers de Dédanim. Le texte original : vous, caravanes des Dédanim, qui vous livrez au commerce, vous dormirez dans le bois, où, quittant les routes battues, vous avez été obligées de vous réfugier pour échapper aux ennemis.]14 Venez (Venant) au-devant de ceux (celui) qui ont (a) soif, et portez-leur (lui) de l’eau, vous qui habitez la terre du midi ; venez avec des pains au-devant des fugitifs (de celui qui fuit) ; [21.14 La terre du midi ; l’Idumée, située au midi de l’Arabie. ― Au lieu de la terre du midi, l’hébreu porte Théma. Voir Job, 6, 19 ; Jérémie, 25, 23. Cette tribu habitait à l’est du Hauran. Il y a encore aujourd’hui, sur la route de Palmyre à Pétra, une station appelée Taîma.]15 car ils fuient devant les glaives, devant le glaive menaçant, devant l’arc tendu et devant un rude (grave) combat. 16 Car ainsi m’a parlé le Seigneur : Encore une année, comme une année de mercenaire, et toute (la) gloire de Cédar sera détruite (enlevée). [21.16 Comptée comme l’année d’un mercenaire. Voir Isaïe, 16, 14. ― Cédar ; pays situé dans l’Arabie-Pétrée.]17 Et le nombre des robustes archers de Cédar qui seront restés diminuera, car le Seigneur, le Dieu d’Israël, a parlé.

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