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Vigouroux – Ésaïe 63

Vainqueur qui sort de l’Idumée tout couvert de sang. Reconnaissance des miséricordes du Seigneur sur Israël. Aveu de l’infidélité de ce peuple. Vœu pour son entière délivrance.

63 Quel est celui qui vient d’Edom, de Bosra, avec ses vêtements teints ? Il est beau dans sa robe, et il s’avance avec une force toute-puissante (dans la grandeur de sa puissance). Je suis celui qui parle (la) justice, et je viens pour défendre et (combattre) pour sauver. [63.1-6 6e Discours : Jugement contre l’Idumée et les ennemis de l’Eglise, chapitre 63, versets 1 à 6. Ce discours est le plus court des 27 dont se compose la seconde partie d’Isaïe. Il est dirigé contre l’Idumée. Par son ton dramatique, il ressemble au Psaume 18, et par son caractère emblématique, à Isaïe, chapitres 21 à 22, verset 4. ― Le Prophète voit en esprit le Seigneur venant en grande pompe de l’Idumée ; ses vêtements sont teints du sang de ses ennemis ; il les a brisés dans sa colère, comme celui qui foule le raisin dans le pressoir, afin de venger son peuple de ses persécuteurs acharnés et de lui assurer à jamais le repos. ― « Dans le sens spirituel et figuré, dit Calmet, on explique la première partie du chapitre 63, … de Jésus-Christ dans son Ascension. Les anges, surpris de sa gloire, se demandent avec étonnement : Qui est ce héros qui vient tout chargé de sang et tout brillant de majesté ? » ― Comme les Iduméens représentent toujours dans l’Ancien Testament les ennemis de l’Eglise, ce discours annonce plutôt le triomphe de Jésus-Christ sur tous les persécuteurs de son épouse.][63.1-3 Quelques-uns croient reconnaître ici Judas Machabée, mais c’est plutôt Jésus-Christ même, qui paraît sous un semblable symbole dans Apocalypse, 19, vv. 13, 15. Remarquons de plus que la comparaison tirée du pressoir est assez familière aux écrivains sacrés pour peindre la vengeance, le carnage, le sang répandu.][63.1 Edom, Bosra. Voir Isaïe, 34, 6. ― Teints (tinctis) ; selon l’hébreu, aigus, c’est-à-dire d’une couleur vive, éclatante, tranchée. Les Septante ont rendu ce mot par rougeur (éruthêma), signification parfaitement conforme à ce qui est dit dans les versets suivants.]2 Pourquoi donc votre robe est-elle rouge, et pourquoi vos vêtements sont-ils comme les habits de ceux qui foulent dans la cuve (un pressoir) ? [63.2 Voir Apocalypse, 19, 13.]3 J’ai été seul à fouler au pressoir, et nul homme d’entre les peuples n’était avec moi ; je les ai foulés dans ma fureur, et je les ai écrasés dans ma colère, et leur sang a rejailli sur ma robe (mes vêtements), et j’ai taché (il a souillé) tous mes vêtements. 4 Car le jour de la vengeance était dans mon cœur, l’année de ma rédemption est venue. [63.4 Voir Isaïe, 34, 8. ― Ma rédemption ; la rédemption que je dois opérer.]5 J’ai regardé autour de moi, et il n’y avait personne pour m’aider (pas d’auxiliaire) ; j’ai cherché, et je n’ai pas trouvé de secours (qui m’aidât) ; alors mon bras m’a sauvé, et ma colère (mon indignation) même m’est venue en aide. [63.5 J’ai regardé, etc. Comparer à Isaïe, 59, 15-16.]6 J’ai foulé les peuples dans ma fureur ; je les ai enivrés dans (de) mon indignation, et j’ai renversé leur force à terre. 7 Je me souviendrai des miséricordes du Seigneur ; je louerai le (chanterai la louange du) Seigneur pour tout ce qu’il nous a fait, pour tous ses bien(fait)s envers la maison d’Israël, bienfaits qu’il a répandus sur elle selon sa bonté et selon la multitude de ses miséricordes. [63.7-64.12 Les trois derniers discours : Conclusion de la prophétie, du chapitre 63, verset 7 au chapitre 64. ― Les trois derniers discours de la dernière section forment la conclusion de la prophétie entière. Dans le premier, qui est le septième de ce cycle, Isaïe, au nom d’Israël captif, adresse à Dieu une prière pour obtenir la délivrance et la fin des maux de son peuple ; dans le second, Dieu répond à cette prière, et dans le troisième et dernier, il exclut de sa miséricorde ceux qui ne reçoivent pas le salut. ― 7e Discours : Prière d’Israël captif, du chapitre 63, verset 7 au chapitre 64. ― 1° Le Prophète arrivé au terme de sa prophétie, prie au nom de ses frères qu’il voit déjà en esprit captifs à Babylone. Après une sorte de prologue, chapitre 63, verset 7, il commence sa prière en jetant un regard sur les premiers temps de l’histoire de ses pères ; ils ont été infidèles et ont forcé Dieu, qui avait été si bon pour Israël, de le châtier jusqu’à sa conversion, versets 8 à 14. Qu’il ait pitié de lui, versets 15 à 19, et qu’il le délivre de ses ennemis, chapitre 64, versets 1 et 2. Rien ne lui est plus facile, versets 3 et 4 ; et quoique les péchés d’Israël le rendent indigne de ses miséricordes, il est, lui, le père de son peuple et il doit venger l’honneur de son sanctuaire profané, versets 5 à 12.]8 Il a(vait) dit : Ils sont vraiment mon peuple, des fils qui ne renient pas leur père, et il est devenu leur sauveur. 9 Dans toutes leurs afflictions il ne s’est pas lassé (tourmenté), et (car) l’ange de sa face les a sauvés. Dans son amour et dans sa miséricorde, il les a rachetés lui-même, il les a portés et il les a soutenus tous les jours du temps (des siècles) passé(s). [63.9 Il n’a pas été tourmenté (non est tribulatus) ; par la crainte de ne pouvoir les délivrer. ― L’ange de sa face ; c’est-à-dire un ange du premier ordre, un ange qui est toujours devant le trône de Dieu ; ou bien le Seigneur lui-même, ou l’ange qui est sa face, le Fils de Dieu, le Christ (voir Exode, 33, versets 14 et suivants).]10 Mais ils ont (eux-mêmes) provoqué sa colère, ils ont affligé l’esprit de son saint ; et il est devenu leur ennemi, et il les a lui-même combattus (défaits). [63.10 Son saint ; Moïse, qui peut être ici la figure de Jésus-Christ.]11 Puis il s’est souvenu des (anciens) jours (du siècle) de Moïse et de son peuple. Où est celui qui les a (re)tirés de la mer avec les pasteurs de son troupeau ? où est celui qui a mis au milieu d’eux l’esprit de son saint ; [63.11 Voir Exode, 14, 29. ― Où est, etc. ; ici commence une phrase dont le sens est suspendu jusqu’au verset 14, qui constitue l’apodose, ou la réponse à une question précédente. ― Les pasteurs de son troupeau ; Moïse et Aaron. ― Au milieu de lui ; au milieu du peuple.]12 qui a pris Moïse par la droite (a conduit à droite), (et l’a soutenu) par le bras de sa majesté ; qui a fendu les eaux devant eux pour s’acquérir un nom éternel ; [63.12 Qui a conduit à droite Moïse (qui eduxit ad dexteram Moysen). C’est le sens du texte original, aussi bien que celui de la Vulgate. Nous mettons au défi les hébraïsants de prouver le contraire. On sait que chez les Hébreux comme chez les Grecs, la droite indiquait le bonheur, la prospérité.]13 qui les a conduits à travers les abîmes, comme un (le) cheval qu’on mène au désert sans qu’il bronche (ne se heurte pas) ? 14 Comme un (l’) animal qui descend dans la vallée (campagne), l’esprit du Seigneur les a conduits. C’est ainsi que vous avez conduit votre peuple, pour vous faire un nom glorieux. 15 Regardez (du haut) du ciel, et voyez de votre demeure sainte et (du trône) de votre gloire. Où sont maintenant votre zèle et votre force (puissance) ? où est la tendresse de vos entrailles et de vos miséricordes ? Elles se contiennent envers moi. [63.15 Voir Deutéronome, 26, 15 ; Baruch, 2, 16.]16 Car c’est vous qui êtes notre père ; Abraham ne nous connaît pas, et Israël ignore qui nous sommes (nous a ignorés) ; mais vous, Seigneur, vous êtes notre père, notre libérateur (rédempteur), vous dont le nom est éternel (dès les temps anciens). 17 Pourquoi, Seigneur, nous avez-vous fait (laissés) errer loin de vos voies ? pourquoi avez-vous laissé endurci(r) notre cœur de sorte qu’il cessât de vous craindre ? Revenez à cause de vos serviteurs, (à cause des) tribus de votre héritage. 18 Ils (Nos ennemis) se sont rendus maîtres de votre peuple saint, comme s’il n’était rien ; nos ennemis (ils) ont foulé aux pieds votre sanctuaire (sanctification). Oh ! si vous déchiriez (ouvriez) les cieux, et si vous descendiez, (! D) devant vous les montagnes s’écouleraient.[63.18 Votre sanctification. Voir Isaïe, 60, 13.]19 Nous sommes devenus comme au commencement, lorsque vous n’étiez pas notre Roi (ne dominiez pas sur nous), et que votre nom n’était pas invoqué sur nous. [63.19 Votre nom, etc. Voir Ecclésiastique, 36, 14.]

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