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Vigouroux – Judith 6

Holoferne fait de terribles menaces à Achior. Il ordonne qu’on le conduise vers Béthulie et qu’on le livre aux enfants d’Israël. Achior leur est livré, et leur raconte ce qui lui est arrivé.

6 Or, lorsqu’ils eurent cessé de parler, Holoferne, transporté de fureur (extrêmement indigné), dit à Achior : 2 Parce que tu as fait le prophète, en nous disant que le peuple (la nation) d’Israël sera défendu(e) par son Dieu ; pour que je te montre qu’il n’y a pas d’autre dieu que Nabuchodonosor, 3 lorsque nous les aurons tous frappés comme un seul homme, alors tu périras toi-même avec eux par le fer (glaive) des Assyriens, et tout Israël périra (entièrement) avec toi. [6.3 Périra entièrement ; littéralement et par hébraïsme périra par la perte.]4 Et tu connaîtras ainsi que Nabuchodonosor est le seigneur de toute la terre ; et alors le glaive de mes soldats traversera tes chairs, et tu tomberas percé de coups parmi les blessés d’Israël, et tu n’en échapperas pas, mais tu périras avec eux. 5 (Mais cependant,) Si tu crois que ta prophétie est véritable, que ton visage ne soit pas abattu, et que la pâleur dont il est couvert disparaisse de toi, si tu penses que mes paroles ne peuvent s’accomplir. 6 Et pour que tu saches que tu subiras ce sort avec eux, voici que, dès cette heure, tu seras joint à ce peuple, afin que, lorsque mon glaive leur fera souffrir la peine qu’ils méritent, tu sois soumis à la même vengeance. 7 Alors Holoferne ordonna à ses serviteurs de prendre Achior, de le mener vers Béthulie, et de le livrer aux mains des fils (enfants) d’Israël. [6.7 Vers Béthulie. « Feu Schulz, consul de Prusse à Jérusalem, avait proposé [en 1847] de reconnaître Béthulia dans le village de Beit-Ilfa, placé à mi-chemin sur la route de Zerayn (Jezrahel), à Beysan (Scythopolis). Cette identification ne me paraît pas satisfaisante, et j’aime mieux voir Béthulia dans le bourg fortifié de Sanour, qui est réellement une des clés de la Judée et qui est à une heure et demie seulement au sud de Tell-Dothan, où sont les ruines de Dothaïn. A petite distance à l’est de Sanour sont une vallée et un khan, nommées Meitheloun, et qui pourraient bien avoir conservé un reflet du nom de Béthulia. » (DE SAULCY.)]8 Et les serviteurs d’Holoferne, s’étant saisis de lui, s’en allèrent dans la plaine ; mais lorsqu’ils se furent approchés des montagnes, les frondeurs de la ville sortirent contre eux. 9 Et eux, se détournant du côté de la montagne, lièrent Achior à un arbre par les mains et par les pieds ; et l’ayant ainsi attaché avec des cordes, ils le laissèrent là, et revinrent vers leur maître. 10 Or les fils d’Israël, étant descendus de Béthulie, vinrent à lui, le délièrent et le conduisirent dans la ville, et, l’amenant au milieu du peuple, ils lui demandèrent pourquoi les Assyriens l’avaient abandonné lié de la sorte. 11 En ce temps-là Ozias, fils de Micha, de la tribu de Siméon, et Charmi qui s’appelait aussi Gothoniel, étaient les chefs de (princes à) Béthulie. 12 Et Achior, au milieu des anciens et en présence de tous, raconta tout ce qu’il avait répondu à Holoferne lorsqu’il en avait été interrogé, et comment les gens d’Holoferne avaient voulu le tuer parce qu’il avait ainsi parlé, 13 et comment Holoferne lui-même, irrité, avait commandé qu’on le livrât pour ce motif aux Israélites, afin qu’après avoir vaincu les fils d’Israël, il fît aussi mourir Achior de divers supplices, parce qu’il avait dit : Le Dieu du ciel est leur défenseur. 14 Et lorsqu’Achior eut rapporté toutes ces choses, tout le peuple se prosterna le visage contre terre, adorant le Seigneur ; et mêlant ensemble leurs lamentations et leurs pleurs, ils répandirent d’un même cœur leurs prières devant le Seigneur, [6.14 Voir Judith, 5, 6-25.]15 en disant : Seigneur, Dieu du ciel et de la terre, contemplez leur orgueil, et voyez notre abaissement (humiliation), et considérez la face de vos saints, et faites voir que vous n’abandonnez pas ceux qui présument de votre bonté, et que vous humiliez ceux qui présument d’eux-mêmes et se glorifient de leurs propres forces. 16 Après ces pleurs, et après la prière du peuple pendant tout le jour, ils consolèrent Achior, 17 en disant : Le Dieu de nos pères, dont tu as relevé (proclamé) la puissance, te récompensera, et te fera cette grâce de (plutôt) voir toi-même leur ruine. [6.17 Ce sera plutôt toi, etc. Par ces paroles les Israélites font allusion à celles tout opposées qu’avait dites Holopherne (voir versets 3 à 6).]18 Et lorsque le Seigneur notre Dieu aura mis ainsi ses serviteurs en liberté, qu’il soit aussi ton Dieu au milieu de nous, afin que, selon qu’il te plaira, tu vives avec nous, toi et tous les tiens. 19 L’assemblée étant finie, Ozias le reçut dans sa maison, et lui donna un grand festin (souper). 20 Il avait invité tous les anciens, et, le jeûne étant terminé, ils prirent ensemble leur nourriture. 21 On réunit ensuite tout le peuple, et toute la nuit ils prièrent dans le lieu de leur assemblée, demandant du secours au Dieu d’Israël. [6.21 Le lieu de l’assemblée, c’est-à-dire la prière. Les Juifs des villes éloignées de Jérusalem avaient des lieux où ils se réunissaient pour prier ensemble.]

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