chapitre précédent retour chapitre suivant

Vigouroux – Malachie 1

Malachie

Introduction

Malachie (envoyé), le dernier des prophètes, était contemporain de Néhémie ; il prophétisa pendant le séjour de ce dernier à Jérusalem, après l’an 32 d’Artaxerxès Longuemain, vers 432, et appuya par ses oracles les réformes de Néhémie, s’élevant contre les mariages avec les femmes païennes, chapitre 2, versets 10 à 16, voir 2 Esdras, 13, 23-24 ; contre l’offrande de victimes indignes de Dieu, et la négligence à payer la dîme, chapitre 3, versets 7 à 12. Le temple était alors terminé et le culte pleinement organisé, chapitre 1, verset 10 ; chapitre 3, verset 1.

L’authenticité et l’intégrité des prophéties de Malachie n’ont pas été contestées.

Son style est en général clair, concis et remarquable, quoiqu’il n’atteigne pas à l’élévation d’Isaïe. ― Son livre est une sorte de dialogue entre Dieu et le peuple ou les prêtres.

Les prophéties de Malachie forment un seul tout qui se subdivise en trois sections. La première, du chapitre 1 au chapitre 2, verset 9, dépeint l’amour de Dieu pour son peuple ; la seconde, chapitre 2, versets 10 à 16, montre en Jéhovah le Dieu unique et le père d’Israël ; la troisième, du chapitre 2, verset 17 au chapitre 4, représente le Seigneur comme juge : il viendra punir les péchés des coupables ; mais en faveur des justes et pour préparer le salut, il enverra un second Elie, le précurseur, saint Jean-Baptiste. C’est ainsi que le dernier des prophètes de la loi ancienne a annoncé la venue de celui qui devait révéler au monde le Messie.

Ingratitude des Israélites envers le Seigneur. Mépris des prêtres pour son autel. On lui offrira en tout lieu une oblation pure. Son nom sera respecté parmi les nations.

1 Fardeau (Malheur accablant, note) de la parole du Seigneur adressée à Israël par l’intermédiaire (l’entremise) de Malachie. [1.1 Malheur accablant. Voir Isaïe, 13, 1. ― Par l’entremise (per manum), voir Aggée, 1, 1.]2 Je vous ai aimés, dit le Seigneur ; et vous avez dit : En quoi nous avez-vous aimés ? Esaü n’était-il pas frère de Jacob ? dit le Seigneur, et j’ai aimé Jacob, [1.2-3 J’ai aimé Jacob, mais j’ai haï Esaü, en prévision des bonnes dispositions de l’un et des mauvaises inclinations de l’autre. Saint Paul (voir Romains, 9, vv. 11, 13), et après lui saint Augustin et la plupart des écrivains ecclésiastiques ont enseigné que ces deux frères étaient la figure des élus et des réprouvés.][1.2 Voir Romains, 9, 13.]3 et (mais) j’ai eu de la haine pour (haï) Esaü ; et j’ai fait de ses montagnes une solitude, et j’ai livré son héritage aux dragons du désert. [1.3 Une solitude. Outre que l’Idumée était stérile d’elle-même, elle avait été ravagée par l’armée de Nabuchodonosor, cinq ans après la prise de Jérusalem (voir Isaïe, chapitre 21 et suivants ; Jérémie, 49, verset 7 et suivants ; Ezéchiel, 25, 13 ; 35, 3 ; Amos, 1, 11-12). ― A l’époque où prophétisait Malachie, les Nabatéens s’étaient emparés de l’Idumée et en avaient chassé pour toujours les anciens habitants. ― Aux dragons du désert ; d’après l’original, aux chacals.]4 Que si l’Idumée dit : Nous avons été détruits, mais nous reviendrons, et nous rebâtirons ce qui a été détruit ; ainsi parle le Seigneur des armées : Ils bâtiront, et moi je détruirai ; et on les appellera pays (bornes) d’impiété, et peuple contre lequel le Seigneur est irrité à jamais. 5 Vos yeux le verront, et vous direz : Que le Seigneur soit glorifié sur (par delà) les frontières d’Israël ! 6 Le fils honore son père, et le serviteur son seigneur. Si donc je suis votre Père, où est l’honneur qui m’est dû ? et si je suis le Seigneur, où est la crainte qu’on a de moi ? dit le Seigneur des armées. Je m’adresse à vous, prêtres, qui méprisez mon nom, et qui dites : En quoi avons-nous méprisé votre nom ? 7 Vous offrez sur mon autel un pain souillé, et vous dites : En quoi vous avons-nous déshonoré ? En ce que vous avez dit : La table du Seigneur est méprisée. [1.7 Pain. Par ce mot, les Hébreux entendaient toutes sortes d’aliments.]8 Si vous offrez une victime aveugle pour être immolée, n’est-ce pas mal ? et si vous en offrez une boiteuse ou malade, n’est-ce pas mal ? Offre(z)-la à votre (ton) gouverneur, et vous (tu) verrez(as) si elle lui plaît, ou s’il vous (te) recevra favorablement (s’il accueillera ta face, note), dit le Seigneur des armées. [1.8 Si vous offrez, etc. Dieu voulait que toutes les victimes qu’on lui offrait fussent sans défaut (voir Lévitique, 22, 21-22 ; Deutéronome, 15, 21). ― S’il accueillera ta face ; hébraïsme, pour, s’il te recevra favorablement.]9 Et maintenant offrez vos prières devant Dieu, afin qu’il ait pitié de vous (car c’est votre main qui a fait cela), et qu’il (pour voir si de quelque manière il) vous reçoive favorablement, dit le Seigneur des armées. [1.9 Cela, c’est-à-dire, les abus, les désordres, signalés dans les versets précédents. ― Il accueillera vos faces. Voir le verset 8.]10 Qui est celui d’entre vous qui ferme(ra) les portes, et qui allume(ra) le feu sur mon autel gratuitement ? Je n’ai point d’affection pour vous, dit le Seigneur des armées, et je ne recevrai pas de présent de votre main. [1.10-11 Il y a dans ces versets deux points qui ne sauraient être exprimés d’une manière plus précise et plus explicite : le premier, l’abolition des sacrifices et des cérémonies de l’ancienne loi ; le second, un sacrifice entièrement pur, offert au Seigneur en tout lieu, et au milieu des nations. On a prétendu que les paroles du Prophète devaient s’entendre du temps où il les prononça, puisque les verbes sont au présent et non au futur. Mais d’abord il y a un verbe au futur et au verset 10, savoir, je recevrai (suscipiam). En second lieu, saint Jérôme, lui-même, tout en traduisant par le présent, a vu dans ce passage, avec les autres Pères de l’Eglise, une vraie prophétie, annonçant des choses futures : ubi manifestissima prophetia de futuris texitur. Troisièmement, dans le texte hébreu, il n’y a pas un seul verbe à un temps défini ; il n’y a que des participes qui supposent le verbe être sous-entendu. Or les participes en hébreu ne renferment en eux-mêmes aucune idée des temps : ce sont plutôt des noms verbaux qui ne peuvent être déterminés à un temps particulier que par le contexte. Quatrièmement enfin, comme nous l’avons remarqué plus haut, il arrive souvent aux prophètes de représenter comme déjà accomplis des faits qui ne doivent l’être que dans un temps à venir.]11 Car, depuis le lever du soleil jusqu’au couchant, mon nom est grand parmi les nations, et en tout lieu on sacrifie et l’on offre à mon nom une oblation pure ; car mon nom est grand parmi les nations, dit le Seigneur des armées. [1.11 Voir Psaumes, 112, 3.]12 Et vous, vous l’avez déshonoré, en disant : La table du Seigneur est souillée, et ce que l’on offre dessus est méprisable, aussi bien que le feu qui le dévore. 13 Et vous avez dit : C’est (Voilà, note) de notre travail ; et vous l’avez rendu digne de mépris (avez soufflé dessus, note), dit le Seigneur des armées ; vous (m’)avez amené des victimes boiteuses et malades, fruit de vos rapines, et vous (me) les avez offertes en présent : est-ce que je les recevrai de votre main ? dit le Seigneur. [1.13 Voilà de notre travail (Ecce de labore). Après ecce, est évidemment sous-entendu un mot du genre neutre, tel que aliquid, negotium, oblatum, avec lequel puisse s’accorder le pronom neutre suivant : illud. Ainsi le sens paraît être : Ce que nous vous offrons est le fruit le plus excellent de notre travail, et cependant vous avez soufflé dessus ; c’est-à-dire, vous le méprisez au fond, puisque c’est un animal, etc. Voir le verset 8.]14 Maudit soit le trompeur (fourbe) qui a dans son troupeau un mâle, et qui, après avoir fait un vœu, sacrifie au Seigneur une bête malade ! Car je suis le grand roi, dit le Seigneur des armées, et mon nom est redoutable parmi les nations. [1.14 Un mâle sans défaut était la victime désignée par la loi pour les vœux faits au Seigneur (voir Lévitique, 22, verset 18 et suivants).]

chapitre précédent retour chapitre suivant