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Vigouroux – Psaumes 114

(Hébreu : 114).

Le Psalmiste représente les merveilles que le Seigneur opéra à la sortie d’Egypte, au passage de la mer Rouge et du Jourdain, fait ressortir la vanité des idoles, et rapporte la bénédiction du Seigneur sur Israël.

113 Alleluia. Lorsque Israël sortit d’Egypte, et la maison de Jacob du milieu d’un peuple barbare, [113.1 Voir Exode, 13, 3.][113.1-18 Psaume historique. Il résume en quelques traits, avec des images fortes et hardies, les miracles opérés par le Seigneur pour délivrer son peuple de l’armée du Pharaon, qui le poursuivait à la sortie d’Egypte. Les Egyptiens y sont appelés un peuple barbare, dans le sens primitif du mot, ancien indien barbaras, analogue à balbus, celui qui bégaie, c’est-à-dire, ici, celui qui parle une langue étrangère, qu’on ne comprend pas. ― La Harpe dit, au sujet de ce psaume : « Si ce n’est pas là de la poésie lyrique et du premier ordre, il n’y en eut jamais ; et si je voulais donner un modèle de la manière dont l’ode doit procéder dans les grands sujets, je n’en choisirais pas un autre : il n’y en a pas de plus accompli. Le début est un exposé simple, rapide et imposant. Le poète raconte des merveilles inouïes comme il raconterait des faits ordinaires : pas un accent de surprise ni d’admiration, comme n’y aurait pas manqué tout autre poète. Le Psalmiste ne veut pas parler lui-même de l’idée qu’il faut y avoir des merveilles qu’il trace. Il veut que ce soit toute la nature qui rende témoignage au Maître auquel elle obéit. Il l’interroge donc tout de suite, et de quel ton ! Mer, pourquoi as-tu fui ? Jourdain, etc. Je cherche quelque chose de comparable à cette brusque et frappante apostrophe, et je ne trouve rien qui s’en approche. Il interpelle la mer, le fleuve, les montagnes, les collines, et avec quelle sublime brièveté ! Et dans l’instant vous entendez la mer, le fleuve, les montagnes, les collines qui répondent ensemble : Eh ! ne voyez-vous pas que la terre s’est émue à la face du Seigneur ? Et comment ne serait-elle pas émue à la face de Celui qui change la pierre en fontaine et la roche en source d’eau vive ? Car ce sont là les liaisons supprimées dans cette poésie rapide. Le poète aurait pu aussi mettre en récit ce miracle, comme il a fait des autres ; mais il préfère de le mettre dans la bouche des êtres inanimés ; est-ce là un art vulgaire ? »]2 Dieu consacra Juda à son service (La Judée devint sa sanctification), et établit son empire dans Israël (son empire). [113.2 Sa sanctification ; sa consécration ; c’est-à-dire que Juda est devenu le peuple consacré au Seigneur, la nation sainte, comme il est dit expressément dans Exode, 19, 6. ― Son empire ; le peuple de sa domination, dont il voulait bien être le roi.]3 La mer le vit et s’enfuit ; le Jourdain retourna en arrière. 4 Les montagnes bondirent comme des béliers, et les collines comme des agneaux (de brebis). 5 Qu’as-tu, ô mer, pour t’enfuir ? Et toi, Jourdain, pour retourner en arrière ? 6 Pourquoi, montagnes, avez-vous bondi comme des béliers ? et vous, collines, comme des agneaux (de brebis) ? 7 La terre a été ébranlée devant la face du Seigneur, devant la face du Dieu de Jacob, 8 qui a changé la pierre en des torrents d’eaux, et la roche en fontaines abondantes (d’eaux).

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