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Vigouroux – Siracide 13

Danger de la société avec les superbes et les puissants. Conduite qu’on doit tenir à l’égard des grands. S’attacher à Dieu. S’unir à ses semblables. Parallèle du pauvre et du riche.

13 Celui qui touche de la poix en sera souillé, et celui qui se joint au (communique avec le) superbe deviendra superbe. [13.1 Voir Ecclésiastique, 7, 2.]2 Celui qui se lie avec un plus grand que lui, s’impose un fardeau ; ne t’associe (donc) pas à un plus riche que toi. [13.2 Plus riche ; littéralement plus honnête. Dans l’Ecclésiastique, comme dans la Sagesse, honestas, honestus, signifient richesse, riche.]3 Comment le pot de terre (la chaudière) s’associera-t-il au pot de fer (avec la marmite) ? car, lorsqu’ils (elle) se heurteront, le pot de terre (l’une d’elles) sera brisé(e). [13.3 L’une d’elles sera brisée. Ces mots sont absolument nécessaires pour compléter le sens du verbe sera brisé (confringetur). Ils sont d’ailleurs parfaitement conformes au texte grec. ― La chaudière avec la marmite. L’une est de métal, l’autre de terre, et le pot de terre se brise contre le pot de fer. Nous avons là l’idée de la fable du pot de terre et du pot de fer racontée par Esope et par La Fontaine.]4 Le riche fait une injustice, et il pousse de grands cris (murmurera) ; le pauvre a été offensé, et il se tait. 5 Si tu lui fais des largesses, il t’emploiera, et lorsque tu n’auras plus rien, il t’abandonnera. 6 Si tu possèdes, il fera bonne chère avec toi, et il t’épuisera ; et il n’aura aucune pitié pour toi. 7 Si tu lui es nécessaire, il te trompera, il te donnera de bonnes espérances en souriant, il te racontera de belles choses, et dira : De quoi as-tu besoin ? 8 Il te séduira par ses festins, jusqu’à ce qu’il t’ait ruiné (t’épuise en) deux ou trois fois, et à la fin il se moquera de toi ; puis, te regardant, il t’abandonnera et branlera la tête sur toi. [13.8 Et il te confondra, etc. Le sens de cette première partie du verset paraît être : Il t’invitera à des festins si magnifiques et si somptueux, que tu en seras confondu ; et que, l’invitant à ton tour, et voulant le traiter de la même manière, tu épuiseras tes ressources en deux ou trois fois. ― Ou. Ainsi lit le texte grec, et c’est très probablement le sens du mot et de la Vulgate ; surtout si l’on considère qu’en hébreu la particule correspondante à et signifie aussi ou, ou bien.]9 Humilie-toi devant Dieu, et attends que sa main agisse (ses mains). [13.9 Ses mains ; pour te secourir, ou son secours ; signification qu’a quelquefois le terme hébreu main.]10 Prends garde de ne pas être humilié, en te laissant séduire et entraîner à la sottise (folie). [13.10-11 Jusqu’à la folie ; expression qui peut se rapporter également au verbe humilier, ou au participe séduit.]11 Ne t’humilie pas dans ta sagesse, de peur qu’étant humilié tu ne sois séduit et entraîné à la sottise (folie). 12 Si un plus puissant que toi t’appelle, retire-toi ; car il t’en appellera d’autant plus. 13 Ne sois pas importun, de peur qu’il ne se dégoûte de toi (tu n’échoues) ; et ne t’éloigne pas trop de lui, de peur qu’il ne t’oublie. 14 Ne l’entretiens pas longuement, comme si tu étais son égal, et ne te fie pas à ses nombreuses paroles ; car il te tentera en parlant beaucoup, et en souriant il t’interrogera sur tes secrets. 15 Son cœur (esprit) impitoyable conservera tes paroles, et il n’épargnera ni les mauvais traitements, ni les chaînes. 16 Prends garde à toi, et écoute avec une grande attention ce qu’il te dira, parce que tu marches avec (sur) ta ruine. 17 Mais, en écoutant ses paroles, traite-les comme un songe, et tu veilleras. [13.17 Entendant, etc. ; c’est-à-dire quand tu entendras de sa part des paroles blessantes, regarde-les comme ayant été dites en songe, et prends garde de ne pas le contredire.]18 Aime Dieu toute ta vie, et invoque-le pour ton salut. 19 Tout animal aime son semblable ; ainsi tout homme aime son prochain (ce qui lui est proche). 20 Toute chair s’unit à celle qui lui ressemble, et tout homme s’unit (s’associera) avec son semblable. 21 Comme (Si) le loup n’a jamais de commerce avec l’agneau, ainsi le pécheur n’en a pas avec le (il en sera du pécheur et du) juste. 22 Quelles relations a un homme saint avec un chien ? et (ou) quelle liaison (part) a un homme riche avec un pauvre ? [13.22 Voir 2 Corinthiens, 6, 14. ― Avec un chien. Le chien était un animal impur chez les Hébreux (voir Lévitique, 11, 26 ; Deutéronome, 23, 18). Tout Israélite, fidèle observateur de la loi, évitait soigneusement de toucher cet animal. Le chien se prend aussi dans l’Ecriture pour un homme impur, un cynique. Comparer à Matthieu, 7, 6 ; 15, 26 ; Apocalypse, 22, 15.]23 L’âne sauvage est la proie du lion dans le désert ; ainsi les pauvres sont la proie (pâture) des riches. [13.23 L’onagre, âne sauvage. Voir Job, 39, 5-8.]24 Et de même que l’humilité est en abomination au superbe, ainsi le pauvre est en horreur au riche. 25 Si le riche est ébranlé, ses amis le soutiennent ; mais lorsque le pauvre (l’humble) tombe, ses amis (familiers) eux-mêmes le repoussent. [13.25 ; 13.27 L’humble (humilis) ; c’est aussi le sens du texte grec ; mais on peut entendre ce terme d’un homme qui est dans une humble, une basse position ; quelques-uns le rendent par pauvre. Remarquons que le mot humble, comme nous venons de l’expliquer, n’exclut pas l’idée de pauvreté. Comparer à Proverbes, 19, vv. 4, 7 ; Jacques, 2, 6.]26 Si le riche a été trompé, beaucoup l’assistent ; il parle insolemment, et on le justifie. [13.26 Récupérateurs (recuperatores) ; c’est-à-dire, selon le texte grec, aides, auxiliaires, défenseurs.]27 Si le pauvre (l’humble) a été trompé, on lui fait (l’accuse) encore des reproches ; il parle sagement (sensément), et on ne l’écoute pas. 28 Le riche (a) parle(é), et tous se taisent (sont tus), et on élève(ra) son discours jusqu’aux nues. 29 Le pauvre (a) parle(é), et on dit : Quel est celui-ci ? et s’il fait un faux pas, on le renverse tout à fait. 30 Les richesses sont bonnes à celui dont la conscience est sans péché, et la pauvreté est très mauvaise au dire (dans la bouche) de l’impie. [13.30 Les richesses, etc. L’écrivain sacré prouve par ce verset qu’il ne condamne pas généralement toutes les richesses, et qu’il n’approuve pas non plus universellement ceux qui sont pauvres ; puisqu’il y a des riches qui sont des gens de bien, et des pauvres méchants, dont la pauvreté n’est ni louable ni méritoire, parce qu’elle est forcée et en même temps accompagnée d’impatiences et de murmures.]31 Le cœur de l’homme change sa physionomie (face) soit en bien, soit en mal. 32 La marque d’un bon cœur et un bon visage se trouvent difficilement et avec travail.

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