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Vigouroux – Siracide 18

Grandeur de Dieu. Faiblesse de l’homme. Patience et miséricorde de Dieu. Faire l’aumône avec joie. Prévenir les maux. Résister à ses passions.

18 Celui qui vit éternellement a créé toutes choses à la fois. Le Seigneur sera seul trouvé juste, et il demeure à jamais le roi invincible. [18.1 Voir Genèse, 1, 1. ― Ensemble ; c’est-à-dire généralement, sans aucune exception, ou, selon d’autres, en même temps, dans le même moment ; mais la première explication nous paraît plus probable. Le simul de la Vulgate a ici le même sens que dans Psaumes, 13, 3 ; 48, vv. 2, 10. ― Sera justifié ; sera trouvé juste, reconnu pour juste.]2 Qui est capable de raconter ses œuvres ? 3 (Car) Qui pourra pénétrer ses merveilles ? 4 Qui exprimera la puissance de sa grandeur, ou qui entreprendra d’expliquer sa miséricorde ? 5 On ne peut rien diminuer, ni rien ajouter aux merveilles de Dieu, et elles sont incompréhensibles (n’y a pas à découvrir). 6 Lorsque l’homme aura fini ses recherches, il ne fera que commencer ; et lorsqu’il s’arrêtera, il sera saisi d’étonnement (dans la perplexité). [18.6 Aura fini de chercher à découvrir les merveilles (voir verset 5). ― Il commencera ; ce sera comme s’il ne faisait que de commencer. ― Se sera arrêté dans ses recherches.]7 Qu’est-ce que l’homme ? et quel est son mérite ? Quel bien ou quel mal y a-t-il en lui ? [18.7 L’auteur veut dire ici que l’homme ne peut être ni utile ni nuisible à Dieu.]8 Le nombre des jours de l’homme est tout au plus de cent ans. Ces courtes années, comparées à l’éternité, seront réputées comme une goutte d’eau dans la mer, ou (et) un grain de sable. [18.8 Voir Psaumes, 89, 10.]9 C’est pourquoi Dieu est patient à leur égard, et il répand sur eux sa miséricorde. 10 Il a vu que la présomption de leur cœur est mauvaise, et il sait que leur perversion (fin) est fâcheuse (mauvaise). [18.10 Que leur fin est mauvaise. Le mot subversio de la Vulgate signifiant ordinairement renversement, ruine, destruction, nous avons cru devoir le rendre par fin, c’est-à-dire mort ; d’autant plus que les Septante présentent le même sens.]11 C’est pourquoi il les traite dans la plénitude de sa douceur, et leur montre le chemin de sa justice (voie de l’équité). 12 La miséricorde (commisération) de l’homme s’exerce envers le prochain ; mais la miséricorde de Dieu s’étend sur toute chair. 13 Rempli de compassion, il (Dieu) enseigne et châtie (les hommes), comme un pasteur fait de son troupeau. 14 Il a pitié de celui qui reçoit les instructions de sa miséricorde, et qui se hâte d’accomplir ses commandements (se soumettre à ses jugements). 15 Mon fils, ne mêle pas tes reproches à tes bonnes œuvres, et à tes divers dons ne joins pas l’affliction d’une parole méchante (mauvaise). [18.15 Ne mets pas la tristesse. Nous rappellerons que la Vulgate traduit souvent par donner (dare), le verbe hébreu qui signifie proprement poser, mettre. ― Mauvaise ; c’est-à-dire dure, affligeante.]16 La rosée ne rafraîchit-elle pas la chaleur brûlante ? Ainsi la parole vaut mieux que le don. 17 La parole ne vaut-elle pas mieux que le don le plus excellent ? Mais l’une et l’autre se trouvent dans l’homme (reconnu pour) juste. 18 L’insensé fait d’aigres reproches, et le don de l’indiscret dessèche les yeux. [18.18 Dessèche les yeux ; fait de la peine.]19 Avant de juger acquiers la justice, et avant de parler apprends. 20 Avant la maladie emploie le remède, et avant le jugement interroge-toi toi-même, et tu trouveras grâce (propitiation) devant Dieu. [18.20 Voir 1 Corinthiens, 11, 28.]21 Avant la maladie humilie-toi, et au temps de l’infirmité manifeste ta conduite. 22 Que rien ne t’empêche de prier toujours, et ne cesse (crains) pas de pratiquer la justice (devenir de plus en plus juste) jusqu’à la mort, car la récompense de Dieu demeure éternellement. [18.22 Voir Luc, 18, 1 ; 1 Thessaloniciens, 5, 17.]23 Avant la prière prépare ton âme, et ne sois pas comme un homme qui tente Dieu. 24 Souviens-toi de la colère du dernier jour (au jour de la consommation), et du temps (de la rétribution) où Dieu (châtiera en) détournant (détournera) sa face. [18.24 Voir Ecclésiastique, 7, 18. ― Du jour de la consommation ; c’est-à-dire du jour dernier. ― Du temps ; second complément du verbe souviens-toi (memento). Il devrait être régulièrement au génitif comme le premier de la colère (iræ) ; mais il est à l’accusatif (tempus) dans la Vulgate et les Septante. La Bible, comme nous l’avons déjà remarqué, fournit plus d’un exemple de ce genre d’anomalie. ― Lorsqu’il détournera sa face des impies. C’est le vrai sens de in conversatione faciei expliqué par le grec.]25 Souviens-toi de la pauvreté au temps de l’abondance, et des besoins de l’indigence au jour des richesses. [18.25 Voir Ecclésiastique, 11, 27.]26 Du matin au soir le temps peut changer (sera changé), et toutes ces choses sont bien rapides aux yeux de Dieu. 27 L’homme sage sera toujours dans la crainte, et aux jours du péché il se gardera de la paresse (l’inertie). 28 Tout homme habile reconnaît la sagesse, et il rend honneur à celui qui l’a trouvée. 29 Ceux qui sont sages dans leurs paroles agissent aussi avec sagesse ; ils comprennent (ont compris) la vérité et la justice, et ils répandent comme une pluie les sentences et les paraboles. 30 Ne te laisse pas aller à tes convoitises, et détourne-toi de ta propre volonté. [18.30 Voir Romains, 6, 12 ; 13, 13-14.]31 Si tu contentes les désirs de ton âme, elle fera de toi la joie de tes ennemis. 32 Ne te plais pas dans les assemblées (foules), même les plus petites, parce qu’on y commet sans cesse le mal (les conflits y sont continuels). [18.32 Les conflits ; telle est la signification première et ordinaire du latin commissio, et c’est le sens du texte grec ; plusieurs cependant l’entendent de l’action de commettre des péchés.]33 Ne t’appauvris pas en empruntant pour rivaliser en dépenses avec d’autres (par l’usure pour ta cote dans les festins, note), alors que tu n’as rien dans ta bourse ; ce serait être envieux de ta propre vie. [18.33 Par l’usure ; c’est-à-dire en empruntant à usure. ― Pour ta cote ; pour lutter avec les autres (in contentione), au sujet de la cote à payer. ― Tu seras envieux, etc. ; c’est-à-dire tu t’ôteras toi-même le moyen de vivre.]

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