chapitre précédent retour chapitre suivant

Vigouroux – Siracide 40

Misères communes à tous les hommes. Sort funeste des richesses injustes. Avantage de la crainte du Seigneur. Ne pas mener une vie de mendiant.

40 Une grande préoccupation a été imposée à (créée pour) tous les hommes, et un joug pesant est sur les enfants (fils) d’Adam, depuis le jour où ils sortent du sein de leur mère jusqu’au jour de leur sépulture, où ils rentrent dans la mère commune de tous. [40.1 La mère de tous ; la terre.]2 Leurs pensées, les appréhensions de leur cœur, les réflexions qui les tiennent en suspens (imaginations de l’espérance), et le jour de la mort (les troublent tous), 3 depuis celui qui est assis sur un trône de gloire, jusqu’à celui qui est couché sur la terre et dans la cendre ; 4 depuis celui qui est vêtu de pourpre et qui porte la couronne, jusqu’à celui qui est couvert de toile grossière. Ce n’est que fureur, jalousie, inquiétude (trouble), agitation, crainte de la mort, colère(s) perpétuelle (persévérantes) et querelles. 5 Sur leur couche même, au temps du repos, le sommeil de la nuit bouleverse (change) leurs pensées. [40.5 Trouble (immutat) ; verbe au singulier, qui a pour sujet la fureur, la jalousie, etc., du verset 4 ; voilà pourquoi nous avons ajouté tout cela. ― De l’homme, qui est assez clairement indiqué dans ce qui précède ; littéralement de lui (ejus).]6 L’homme se repose si peu, que ce n’est rien, pour ainsi dire, et ensuite dans ses songes il est (s’échappe) comme au jour où l’on monte la garde (un regard jeté en arrière). 7 Les fantômes qu’il voit en son âme l’inquiètent ; il est comme un homme qui fuit au jour du combat ; au moment où il est sauvé il s’éveille (s’est levé), et il admire (s’est étonné) sa frayeur dénuée de fondement. [40.7 Son cœur ; pour son esprit. Les Hébreux donnaient le nom de cœur à l’intelligence, à l’esprit, à l’âme, aussi bien qu’à la volonté, à la vie, etc. ― Au moment, etc. Au moment où, dans son rêve, il croyait avoir échappé à tout danger, il s’est réveillé, tout surpris d’avoir eu des frayeurs sans aucun fondement.]8 Ainsi en est-il de toute chair, depuis l’homme jusqu’à la bête, et c’est sept fois pire pour les pécheurs (c’est le septuple). 9 De plus, la mort, le sang, les querelles, le glaive (à deux tranchants), les oppressions, la famine (faim), la ruine et les fléaux, [40.9 Voir Ecclésiastique, 39, 35-36.]10 toutes ces choses ont été créées contre les méchants (iniques), et le déluge est arrivé à cause d’eux. [40.10 Voir Genèse, 7, 10.]11 Tout ce qui vient de la terre retournera dans la terre ; comme toutes les eaux rentrent dans la mer. [40.11 Voir Ecclésiastique, 41, 13 ; Ecclésiaste, 1, 7.]12 Tout présent et toute iniquité périra ; mais la (bonne) foi subsistera éternellement. [40.12 Tout présent injuste ; c’est-à-dire reçu par des juges injustes. ― Toute. Dans le style biblique l’adjectif tout, toute, exprimé dans le premier membre d’une phrase, est sous-entendu dans le second. Le contexte autorise à croire que cet idiotisme est applicable ici.]13 Les richesses des injustes se dessécheront comme un torrent (fleuve), et elles retentiront comme un grand tonnerre pendant la pluie. [40.13 Comme un grand tonnerre, etc. ; c’est-à-dire que les biens des hommes injustes feront un grand bruit comme le tonnerre, mais, comme le bruit du tonnerre, passeront rapidement. Comparer à Psaumes, 36, 35-36 ; Proverbes, 10, 25.]14 Celui qui ouvre ses mains se réjouira ; mais les prévaricateurs périront à la fin. [40.14 En ouvrant ses mains pour recevoir des présents.]15 Les petits-enfants (fils) des impies ne multiplieront pas leurs rameaux ; ils seront comme des racines gâtées (impures) qui s’agitent (font du bruit) au sommet d’un rocher. [40.15 Impures ; mauvaises, desséchées. ― Font du bruit ; quand on les rompt, précisément parce qu’elles sont desséchées, et par là même très dures.]16 La verdure qui croît sur les eaux et au bord d’un fleuve sera arrachée avant toute autre herbe (sorte de foin). 17 La bonté (bienfaisance) est comme un paradis de bénédictions, et la miséricorde durera éternellement. [40.17 Béni ; littéralement dans ou avec des bénédictions. Les adjectifs sont souvent remplacés, en hébreu, comme en arabe, par un substantif précédé d’une préposition.]18 La vie de l’ouvrier qui se suffit à lui-même sera remplie de douceur, et en elle tu trouveras un trésor. 19 Des enfants (fils) et la fondation d’une ville perpétuent le (assureront un) nom ; mais une femme sans tache l’emporte sur ces choses. 20 Le vin et la musique réjouissent le cœur ; mais l’amour de la sagesse les surpasse l’un et l’autre. 21 La(es) flûte(s) et la harpe (le psaltérion) produisent une suave (douce) harmonie ; mais la langue douce les surpasse l’une et l’autre. 22 La grâce et la beauté plaisent à ton regard ; mais la verdure des champs les surpasse l’une et l’autre. 23 L’ami et le compagnon (Un ami et un ami) se rencontrent dans l’occasion (se viendront en aide) ; mais une femme et un (le fera avec son) mari les surpassent l’un et l’autre. 24 Les frères sont un secours au temps de l’affliction ; mais la miséricorde délivre encore plus qu’eux. [40.24 Sont un secours ; littéralement et par hébraïsme, en un secours.]25 L’or et l’argent affermissent les pas (sont la consistance des pieds, note) ; mais un sage (bon) conseil les surpasse l’un et l’autre. [40.25 La consistance des pieds (constitutio pedum) ; c’est-à-dire un puissant appui.]26 La richesse et la force exaltent le cœur ; mais la crainte du Seigneur les surpasse l’une et l’autre. 27 Rien ne manque à celui qui craint le Seigneur, et il n’a pas besoin (, dans cette crainte,) de chercher du secours. [40.27 Il n’y a pas dans la crainte, etc. Quand on a la crainte du Seigneur, on ne souffre aucun dommage, rien ne manque.]28 La crainte du Seigneur lui est comme un paradis de bénédiction, et on le couvre d’une gloire qui dépasse toute gloire. [40.28 Il a été couvert ; le paradis.]29 Mon fils, tant que tu vivras ne sois pas un mendiant (ne mendie pas, note), car il vaut mieux mourir que mendier. [40.29 Ne mendie pas. L’auteur parle ici de la mendicité exercée par paresse ou par oisiveté.]30 La vie de celui qui regarde à la table d’autrui n’est pas réellement une vie (n’emploie sa vie à songer à son existence), car il se nourrit de mets étrangers (des vivres d’autrui) ; 31 mais celui qui est bien réglé et instruit se gardera de cet état. 32 La mendicité peut avoir de la douceur dans la bouche de l’insensé (d’un imprudent) ; mais un feu brûlera dans ses entrailles. [40.32 Un feu produit par l’avidité de manger.]

chapitre précédent retour chapitre suivant