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Vigouroux – Tobie 2

Zèle de Tobie pour ensevelir les morts. Il devient aveugle. Sa constance au milieu de son affliction. Reproches que sa femme lui fait.

2 Or, après cela, comme c’était un jour de fête du Seigneur, un grand (bon) repas fut préparé dans la maison de Tobie ; [2.1 Repas ; proprement le premier de la journée.]2 et il dit à son fils : Va, et amène quelques-uns de notre tribu qui craignent Dieu, afin qu’ils mangent avec nous. 3 Son fils partit, et revint lui annoncer qu’un des fils d’Israël gisait égorgé dans la rue (sur la place). Tobie se leva aussitôt de table, et laissant là le repas, arriva à jeun auprès du cadavre (corps). [2.3 De son lit de table. Les anciens Hébreux se mettaient à table couchés sur des lits. Cependant cet usage n’était pas universel parmi eux.]4 Il l’enleva et l’emporta secrètement dans sa maison, afin de l’ensevelir avec précaution lorsque le soleil serait couché. 5 Et après avoir caché le corps, il se mit à manger avec larmes et tremblement, 6 se souvenant de cette parole que le Seigneur avait dite par le prophète Amos : Vos jours de fête se changeront en lamentation et en deuil (pleur). [2.6 Voir Amos, 8, 10 ; 1 Machabées, 1, 41.]7 Et lorsque le soleil fut couché, il alla l’ensevelir. 8 Or tous ses proches le blâmaient, en disant : Déjà, pour ce sujet, on a ordonné de te faire mourir, et tu n’as échappé qu’avec peine à l’arrêt de mort, et de nouveau tu ensevelis les morts ? 9 Mais Tobie, craignant plus Dieu que le roi, emportait les corps de ceux qui avaient été tués, les cachait dans sa maison, et les ensevelissait au milieu de la nuit (des nuits). [2.9 Voir Tobie, 1, 21.]10 Or il arriva un jour que, s’étant fatigué à ensevelir les morts, il revint dans sa maison, se coucha près d’une (de la) muraille et s’endormit ; [2.10 La muraille de sa maison. Tobie, n’ayant pu se purifier de l’impureté légale qu’il avait contractée en touchant les morts, demeura hors de sa maison.]11 et pendant qu’il dormait, il tomba d’un nid d’hirondelle de la fiente chaude sur ses yeux ; ce qui le rendit aveugle. [2.11 Un nid d’hirondelles. Ces oiseaux étaient des hirondelles, d’après la traduction de saint Jérôme, des passereaux d’après l’ancienne Italique et les textes grecs, qui ne parlent pas non plus de nid. La cécité ne fut pas instantanée, d’après les versions grecques ; mais les excréments qui étaient chauds, en tombant sur les yeux, ouverts, ajoutent le Codex Vaticanus et autres, produisirent dans les yeux une inflammation et une taie, laquelle, par la maladresse des médecins, dégénéra en perte complète de la vue. Saint Jérôme a résumé tous les détails fournis par les autres textes en deux mots : il devint aveugle.]12 (Or) Dieu permit que cette épreuve lui arrivât, pour que sa patience servît d’exemple à la postérité, comme celle du saint homme Job. 13 Car, ayant toujours craint Dieu dès son enfance, et ayant gardé ses commandements, il ne s’attrista pas (et ne murmura pas) contre Dieu de ce qu’il l’avait affligé par cette (plaie de) cécité ; 14 mais il demeura immobile (inébranlable) dans la crainte du Seigneur, rendant grâces à Dieu tous les jours de sa vie. 15 Et de même que des rois insultaient au bienheureux Job, ainsi ses parents et ses proches se raillaient de sa conduite, en disant : 16 Où est ton espérance pour laquelle tu faisais (tant) d’aumônes et de sépultures ? 17 Mais Tobie, les reprenant, leur disait : Ne parlez pas ainsi ; 18 car nous sommes enfants des saints, et nous attendons cette vie que Dieu doit donner à ceux qui ne changent jamais leur foi (fidélité) envers lui. 19 Mais (Or) Anne, sa femme, allait tous les jours faire de la toile, et apportait du travail de ses mains ce qu’elle pouvait gagner pour vivre. 20 Il arriva donc qu’ayant reçu un jour un chevreau, elle l’apporta à la maison. 21 Et son mari, l’ayant entendu bêler, dit : Prenez garde qu’il n’ait été dérobé ; rendez-le à ses maîtres, car il ne nous est pas permis de manger ou de toucher ce qui a été dérobé. 22 Alors sa femme lui répondit avec colère : Il est évident que ton espérance était vaine, et voilà le résultat de tes aumônes. [2.22 Voir Job, 2, 9.]23 C’est ainsi, et par d’autres paroles semblables, qu’elle lui insultait (le blâmait).

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