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Vigouroux – Sagesse 8

Excellence de la sagesse. Avantages que l’on trouve dans la possession de la sagesse. C’est de Dieu qu’on la reçoit.

8 La sagesse atteint donc (au contraire) avec force depuis une extrémité jusqu’à l’autre, et elle dispose tout avec suavité (douceur). 2 Je l’ai aimée, je l’ai recherchée dès ma jeunesse, et j’ai tâché de l’avoir pour épouse, et je me suis épris de sa beauté. 3 Elle manifeste la gloire de son origine, car elle habite avec (jouissant de l’union étroite de) Dieu, et le Seigneur de toutes choses la chérit. 4 C’est elle qui enseigne la science de Dieu, et qui est la directrice de (choisit) ses œuvres. 5 Si l’on souhaite les richesses dans cette vie, qu’y a-t-il de plus riche que la sagesse qui fait toutes choses ? 6 Si la prudence peut agir (Mais si c’est l’intelligence de l’homme qui produit), qui a plus de part que la sagesse à tout ce qui se fait ? [8.6 Mais si c’est, etc. Si c’est l’intelligence (humaine), qui fait tant d’excellents ouvrages, pour faire tout ce qui existe, n’a-t-il pas fallu une intelligence bien supérieure ? Comparer à Sagesse, 7, 12-21 ; Proverbes, 8, 22.]7 Et si quelqu’un aime la justice, les grandes vertus sont son ouvrage : car c’est elle qui enseigne la tempérance (sobriété), et la prudence, et la justice, et la force (d’âme), qui sont les choses les plus utiles à l’homme dans cette vie. 8 Et si quelqu’un désire l’étendue de la (une grande) science, elle connaît le passé, et juge de l’avenir ; elle pénètre les subtilités des discours et les solutions des arguments ; elle connaît les signes et les prodiges avant qu’ils paraissent, et les événements des temps et des siècles. [8.8 La solution des arguments ; ou selon le grec : La solution des énigmes.]9 J’ai donc résolu de la prendre avec moi pour compagne de ma vie, sachant qu’elle me fera part de ses biens, et qu’elle sera ma consolation dans mes peines (de ma pensée) et dans mes (de mon) ennui(s). 10 J’aurai, grâce à elle, de la gloire auprès des foules, et, quoique jeune, de l’honneur auprès des vieillards ; 11 on reconnaîtra ma pénétration dans les jugements, je paraîtrai admirable en présence des puissants, et les princes témoigneront leur étonnement sur leurs visages. 12 Quand je me tairai, ils attendront que je parle (patiemment, note) ; quand je parlerai, ils me regarderont (attentivement), et si je prolonge mes discours, ils mettront la main sur leur bouche. [8.12 Ils attendront patiemment ; que je parle. ― Ils me regarderont ; comme ravis d’admiration par la sagesse de mes discours. ― Ils mettront la main, etc. Comparer à Job, 29, 9-10.]13 C’est par elle aussi que j’aurai l’immortalité, et que je laisserai un souvenir (éternel) à ceux qui vivront après moi. 14 Je gouvernerai les (des) peuples, et les (des) nations me seront soumises. 15 Les rois (les plus) redoutables craindront lorsqu’ils entendront parler de moi. Je me montrerai bon pour mon peuple, et vaillant à la guerre. [8.15 Lorsqu’ils m’entendront ; ou Lorsqu’ils entendront parler de moi.]16 En rentrant dans ma maison, je me reposerai avec elle ; car il n’y a pas d’amertume à converser avec elle, ni d’ennui à vivre auprès d’elle, mais seulement de la satisfaction (de l’allégresse) et de la joie. 17 Je pensais donc à ces choses, et je considérais dans mon cœur que l’immortalité est dans l’union avec (alliée de) la sagesse, 18 qu’il y a un saint bonheur dans son amitié, des richesses inépuisables dans les œuvres de ses mains, et qu’on trouve l’intelligence dans ses entretiens, et la gloire dans la communication de ses discours ; je cherchais de tous côtés, afin de la prendre pour ma compagne. [8.18 Des richesses (honestas). Voir sur ce mot, Sagesse, 7, 11.]19 J’étais un enfant d’une excellente nature (ingénieux), et j’avais reçu en partage une bonne âme. [8.19 Un enfant ingénieux (ingeniosus).J’ai reçu en partage ; littéralement par le sort ; c’est-à-dire par un pur effet de la bonté de Dieu.]20 Et (plutôt,) comme j’étais bon (je devenais bon de plus en plus) bon, je suis (par)venu dans (à conserver) un corps sans souillure. [8.20 Ce verset mal entendu a fait croire à plusieurs que l’auteur favorisait la préexistence des âmes, système condamné par le Ve concile général tenu à Constantinople. Quand le Sage dit qu’il est venu dans un corps sans souillure, il n’entend nullement parler du moment de la création, lorsque son âme a été jointe à son corps ; il veut dire seulement qu’ayant reçu de Dieu une âme pleine de dispositions favorables pour le bien (voir verset 19), il les a cultivés avec soin, en sorte que son corps a été exempt des souillures qui sont un obstacle à l’étude de la sagesse, qu’il reconnaît lui-même (voir verset 21) être un don particulier de Dieu.]21 Et comme je savais que je ne pouvais avoir la continence si Dieu ne me la donnait, et c’était déjà un effet de la sagesse de savoir de qui venait ce don, je m’adressai au Seigneur, et je l’implorai, et je lui dis de tout mon cœur : [8.21 Etre continent (esse continens) ; posséder la continence ; sens que favorise le verset précédent ; cependant d’autres traduisent par posséder, retenir, conserver la sagesse, fondés principalement sur ce que : 1° le grec signifie obtenir ce qu’on désire, posséder, aussi bien qu’être continent, chaste ; 2° la Vulgate elle-même emploie, dans l’Ecclésiastique (voir Ecclésiastique, 6, 28 et 15, 1), le mot continens dans le sens de possesseur de la sagesse (sapientiæ) et possesseur de la justice (justitiæ) ; 3° que dans la prière qui suit immédiatement, c’est la sagesse qui en fait l’objet.]

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