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Bible de Jérusalem

1 Corinthiens 8-9

2. LES IDOLOTHYTESx

L’aspect théorique.

8 Pour ce qui est des viandes immolées aux idoles, « nous avons tous la science », c’est entendu. Mais la science enfle ; c’est la charité qui édifie.

x Les idolothytes sont les viandes des animaux sacrifiés aux idoles et dont le surplus, non utilisé aux banquets sacrés, était vendu au marché, 10.25, ou consommé dans les dépendances du temple, 8.10. Les Corinthiens étaient divisés à ce sujet pouvait-on les manger sans pactiser avec l’idolâtrie ? Paul cite, pour les corriger, les arguments des forts, vv. 1, 4, 8 et répond comme en Rm 14-15 le chrétien est libre mais la charité exige de lui qu’il respecte les opinions des scrupuleux et qu’il évite de les scandaliser. Paul ne fait pas usage du décret de Jérusalem, Ac 15.20, 29, et paraît même l’ignorer, Ac 15.1.

2 Si quelqu’un s’imagine connaître quelque chose, il ne connaît pas encore comme il faut connaître ; 3 mais si quelqu’un aime Dieu, celui-là est connu de lui.y

y Au sens biblique, c’est-à-dire « aimé de Dieu ». Cf. Os 2.22.

4 Donc, pour ce qui est de manger des viandes immolées aux idoles, nous savons qu’« une idole n’est rien dans le monde » et qu’« il n’est de Dieu que le Dieu unique ». 5 Car, bien qu’il y ait, soit au ciel, soit sur la terre, de prétendus dieux — et de fait il y a quantité de dieux et quantité de seigneursz —,

z Paul constate simplement un fait. Les « dieux » sont les êtres fictifs de l’Olympe et les corps sidéraux ; les « seigneurs » sont les hommes divinisés.

6 pour nous en tout cas, il n’y a qu’un seul Dieu, le Père, de qui viennent toutes choses et vers qui nous allons, et un seul Seigneur, Jésus Christ, par qui viennent toutes choses et par qui nous allons.a

a Acclamation baptismale. Dans le texte grec, les verbes ne sont pas explicités, mais les prépositions sont d’abord l’indication d’un mouvement. Compléter par le verbe être, comme dans la plupart des versions, c’est ici pétrifier la pensée.

Le point de vue de la charité.

7 Mais tous n’ont pas la science. Certains, par suite de leur fréquentation encore récente des idoles,b mangent les viandes immolées comme telles, et leur conscience, qui est faible, s’en trouve souillée.

b Var. « de l’idée qu’ils se font encore de l’idole ».

8 Ce n’est pas un aliment qui nous fera comparaître en jugement devant Dieu.c Si nous n’en mangeons pas, nous n’avons rien de plus ; et si nous en mangeons, nous n’avons rien de moins.

c Les var. du grec permettent d’autres traductions moins probables.

9 Mais prenez garde que cette liberté dont vous usez ne devienne pour les faibles occasion de chute. 10 Si en effet quelqu’un te voit, toi qui as la science, attablé dans un temple d’idoles, sa conscience à lui qui est faible ne va-t-elle pas se croire autorisée à manger des viandes immolées aux idoles ? 11 Et ta science alors va faire périr le faible, ce frère pour qui le Christ est mort ! 12 En péchant ainsi contre vos frères, en blessant leur conscience, qui est faible, c’est contre le Christ que vous péchez.d

d Le Christ ici c’est la communauté comme en 1.13 ; 6.15 ; 12.12.

13 C’est pourquoi, si un aliment doit causer la chute de mon frère, je me passerai de viande à tout jamais, afin de ne pas causer la chute de mon frère.

L’exemple de Paul.e

9 Ne suis-je pas libre ? Ne suis-je pas apôtre ? N’ai-je donc pas vu Jésus, notre Seigneur ? N’êtes-vous pas mon œuvre dans le Seigneur ?

e Dans la question des idolothytes, la charité doit primer la liberté du jugement propre. Paul va montrer comment lui-même a renoncé, par charité envers tous, à certains droits que lui conférait l’apostolat.

2 Si pour d’autres je ne suis pas apôtre, pour vous du moins je le suis ; car c’est vous qui, dans le Seigneur, êtes le sceau de mon apostolat. 3 Ma défense contre ceux qui m’accusent, la voici : 4 N’avons-nous pas le droit de manger et de boire ?f

f Aux frais des communautés.

5 N’avons-nous pas le droit d’emmener avec nous une épouse croyante,g comme les autres apôtres, et les frères du Seigneur, et Céphas ?

g Littéralement « une sœur comme femme ».

6 Ou bien, est-ce que moi seul et Barnabé, nous n’avons pas le droit de ne pas travailler ? 7 Qui fait jamais campagne à ses propres frais ? Qui plante une vigne et n’en mange pas le fruit ? Qui fait paître un troupeau et ne se nourrit pas du lait du troupeau ?

8 N’y a-t-il là que propos humains ? Ou bien la Loi ne le dit-elle pas aussi ? 9 C’est bien dans la Loi de Moïse qu’il est écrit : Tu ne muselleras pas le bœuf qui foule le grain. Dieu se mettrait-il en peine des bœufs ? 10 N’est-ce pas évidemment pour nous qu’il parle ? Oui, c’est pour nous que cela a été écrit : celui qui laboure doit labourer dans l’espérance, et celui qui foule le grain, dans l’espérance d’en avoir sa part. 11 Si nous avons semé en vous les biens spirituels, est-ce chose extraordinaire que nous récoltions vos biens temporels ?

12 Si d’autres ont ce droit sur vous, ne l’avons-nous pas davantage ? Cependant nous n’avons pas usé de ce droit. Nous supportons tout au contraire pour ne pas créer d’obstacle à l’Évangile du Christ. 13 Ne savez-vous pas que les ministres du temple vivent du temple, que ceux qui servent à l’autel partagent avec l’autel ? 14 De même, le Seigneur a prescrit à ceux qui annoncent l’Évangile de vivre de l’Évangile.

15 Mais je n’ai usé, moi, d’aucun de ces droits, et je n’écris pas cela pour qu’il en soit ainsi à mon égard ; plutôt mourir que de... Mon titre de gloire, personne ne le réduira à néant. 16 Annoncer l’Évangile en effet n’est pas pour moi un titre de gloire ; c’est une nécessité qui m’incombe. Oui, malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile ! 17 Si j’avais l’initiative de cette tâche, j’aurais droit à une récompense ; si je ne l’ai pas, c’est une charge qui m’est confiée. 18 Quelle est donc ma récompense ? C’est qu’en annonçant l’Évangile, j’offre gratuitement l’Évangile, sans pleinement user du droit que me confère l’Évangile.

19 Oui, libre à l’égard de tous, je me suis fait l’esclave de tous, afin de gagner le plus grand nombre. 20 Je me suis fait Juif avec les Juifs, afin de gagner les Juifs ; sujet de la Loi avec les sujets de la Loi — moi, qui ne suis pas sujet de la Loi — afin de gagner les sujets de la Loi. 21 Je me suis fait un sans-loi avec les sans-loi — moi qui ne suis pas sans une loi de Dieu, étant sous la loi du Christh — afin de gagner les sans-loi.

h Au sens de la loi d’amour vécue par le Christ, Ga 6.2.

22 Je me suis fait faible avec les faibles, afin de gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous, afin d’en sauver à tout prix quelques-uns. 23 Et tout cela, je le fais à cause de l’Évangile, afin d’en avoir ma part.

24 Ne savez-vous pas que, dans les courses du stade, tous courent, mais un seul obtient le prix ? Courez donc de manière à le remporter. 25 Tout athlète se prive de tout ; mais eux, c’est pour obtenir une couronne périssable, nous une impérissable. 26 Et c’est bien ainsi que je cours, moi, non à l’aventure ; c’est ainsi que je fais du pugilat, sans frapper dans le vide. 27 Je meurtris mon corps au contraire et le traîne en esclavage, de peur qu’après avoir été celui qui proclame aux autres, je ne sois moi-même disqualifié.i

i Le passage utilise le vocabulaire sportif de l’époque. Paul invite les « forts » à l’imiter en sacrifiant leurs droits par charité, en vue de la récompense céleste, de même que les athlètes se privent de tout pour remporter le prix.