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Bible de Jérusalem

2 Rois 2-13

VI. Le cycle d’Élisée

1. LES DÉBUTS

Enlèvement d’Élie, qui a pour successeur Élisée.f

2 Voici ce qui arriva lorsque Yahvé enleva Élie au ciel dans le tourbillon : Élie et Élisée partirent de Gilgal,g

f Littérairement, ce beau passage appartient déjà au cycle d’Élisée, auquel il sert d’introduction.

g Ce Gilgal, au nord de Béthel, est différent du Gilgal de Jos 4.19, voir la note.

2 et Élie dit à Élisée : « Reste donc ici, car Yahvé ne m’envoie qu’à Béthel »; mais Élisée répondit : « Aussi vrai que Yahvé est vivant et que tu vis toi-même, je ne te quitterai pas ! » et ils descendirent à Béthel. 3 Les frères prophètes,h qui résident à Béthel, sortirent à la rencontre d’Élisée et lui dirent : « Sais-tu qu’aujourd’hui Yahvé va emporter ton maître par-dessus ta tête ? » Il dit : « Moi aussi je sais ; silence ! »

h Les « frères prophètes », litt. les « fils des prophètes », sont des prophètes groupés en confréries et vivant ensemble. Élisée avait des relations étroites avec eux, au contraire d’Élie, le prophète solitaire.

4 Élie lui dit : « Élisée ! Reste donc ici, car Yahvé ne m’envoie qu’à Jéricho »; mais il répondit : « Aussi vrai que Yahvé est vivant et que tu vis toi-même, je ne te quitterai pas ! » et ils allèrent à Jéricho. 5 Les frères prophètes qui résident à Jéricho s’approchèrent d’Élisée et lui dirent : « Sais-tu qu’aujourd’hui Yahvé va emporter ton maître par-dessus ta tête ? » Il dit : « Moi aussi je sais ; silence ! » 6 Élie lui dit : « Reste donc ici, car Yahvé ne m’envoie qu’au Jourdain »; mais il répondit : « Aussi vrai que Yahvé est vivant et que tu vis toi-même, je ne te quitterai pas ! » et ils s’en allèrent tous deux.

7 Cinquante frères prophètes vinrent et s’arrêtèrent à distance, au loin, pendant que tous deux se tenaient au bord du Jourdain. 8 Alors Élie prit son manteau, le roula et frappa les eaux, qui se divisèrent d’un côté et de l’autre, et tous deux traversèrent à pied sec. 9 Dès qu’ils eurent passé, Élie dit à Élisée : « Demande : Que puis-je faire pour toi avant d’être enlevé d’auprès de toi ? » Et Élisée répondit : « Que me revienne une double part de ton esprit ! »i

i Le fils aîné recevait une double part de l’héritage paternel, Dt 21.17. Élisée veut être reconnu pour le principal héritier spirituel d’Élie. Demande difficile, car l’esprit prophétique ne se transmet pas il vient de Dieu et c’est Dieu qui signifiera que la demande est exaucée en accordant à Élisée de voir ce qui est voilé aux yeux humains, cf. v. 12 et 2 R 6.17 ; les « frères prophètes » ne percevront que l’encadrement naturel du mystère.

10 Élie reprit : « Tu demandes une chose difficile : si tu me vois pendant que je serai enlevé d’auprès de toi, cela t’arrivera ; sinon, cela n’arrivera pas. » 11 Or, comme ils marchaient en conversant, voici qu’un char de feu et des chevaux de feu se mirent entre eux deux, et Élie monta au ciel dans le tourbillon. 12 Élisée voyait et il criait : « Mon père ! Mon père ! Char d’Israël et son attelage ! » puis il ne le vit plus et, saisissant ses vêtements, il les déchira en deux. 13 Il ramassa le manteau d’Élie, qui avait glissé, et revint se tenir sur la rive du Jourdain.

14 Il prit le manteau d’Élie qui avait glissé et il frappa les eaux en disant : « Où est Yahvé, le Dieu d’Élie ? » Il frappa lui aussi les eaux, qui se divisèrent d’un côté et de l’autre, et Élisée traversa. 15 Les frères prophètes de Jéricho le virent à distance et dirent : « L’esprit d’Élie s’est reposé sur Élisée ! »; ils vinrent à sa rencontre et se prosternèrent à terre devant lui. 16 Ils lui dirent : « Il y a ici avec tes serviteurs cinquante braves. Permets qu’ils aillent à la recherche de ton maître ; peut-être l’Esprit de Yahvé l’a-t-il enlevé et jeté sur quelque montagne ou dans quelque vallée », mais il répondit : « N’envoyez personne. » 17 Cependant, comme ils l’importunaient de leurs instances, il dit : « Envoyez ! » Ils envoyèrent donc cinquante hommes, qui cherchèrent pendant trois jours sans le trouver. 18 Ils revinrent vers Élisée qui était resté à Jéricho, et il leur dit : « Ne vous avais-je pas prévenus de ne pas aller ? »j

j La recherche infructueuse certifie seulement qu’Élie n’est plus de ce monde, son destin est un mystère qu’Élisée ne veut pas éclairer. Le texte ne dit pas qu’Élie n’est pas mort, mais on a pu facilement le conclure. Sur le « retour d’Élie », cf. Ml 3.23.

La puissance d’Élisée.k

19 Les hommes de la ville dirent à Élisée : « La ville est un séjour agréable, comme Monseigneur peut voir, mais les eaux sont malsaines et le pays stérile. »

k Récits de la même veine que ceux du chap. 4. Élisée détient un pouvoir divin pour sauver ou pour perdre : il est bienfaisant à ceux qui reconnaissent sa mission, mais on ne se moque pas impunément de l’homme de Dieu.

20 Il dit : « Apportez-moi une écuelle neuve où vous aurez mis du sel », et ils la lui apportèrent. 21 Il alla où jaillissaient les eaux, il y jeta du sel et dit : « Ainsi parle Yahvé : J’assainis ces eaux, il ne viendra plus de là ni mort ni stérilité. »

22 Et les eaux furent assainies jusqu’à ce jour, selon la parole qu’Élisée avait dite.

23 Il monta de là à Béthel, et, comme il montait par le chemin, de jeunes garçons sortirent de la ville et se moquèrent de lui, en disant : « Monte, tondu ! Monte, tondu ! » 24 Il se retourna, les vit et les maudit au nom de Yahvé. Alors deux ourses sortirent du bois et déchirèrent quarante-deux des enfants. 25 Il alla de là au mont Carmel, puis il revint à Samarie.

2. LA GUERRE MOABITE

Règne de Joram en Israël (852-841).

3 Joram fils d’Achab devint roi sur Israël à Samarie en la dix-huitième année de Josaphat roi de Juda, et il régna douze ans.l

l Ce chiffre appartient à un système chronologique secondaire. D’après les dates les mieux assurées, Joram d’Israël n’aurait pas régné plus de huit ans.

2 Il fit ce qui déplaît à Yahvé ; non pas pourtant comme son père et sa mère, car il supprima la stèle de Baal que son père avait faite. 3 Seulement, il resta attaché aux péchés où Jéroboam fils de Nebat entraîna Israël et ne s’en détourna pas.

Expédition d’Israël et de Juda contre Moab.

4 Mésha, roi de Moab,m était éleveur de troupeaux et il livrait en tribut au roi d’Israël cent mille agneaux et cent mille béliers avec leur laine ;

m La « stèle de Mésha », retrouvée à Dibôn, rappelle que Moab était assujetti à Israël sous Omri et Achab, et célèbre la guerre de libération, mais passe sous silence l’épisode peu glorieux que la Bible a retenu.

5 mais, à la mort d’Achab, le roi de Moab se révolta contre le roi d’Israël.

6 En ce temps-là, le roi Joram sortit de Samarie et passa en revue tout Israël.

7 Ensuite, il envoya ce message à Josaphat,n roi de Juda : « Le roi de Moab s’est révolté contre moi. Viendras-tu faire la guerre avec moi en Moab ? » Il répondit : « Je viendrai ! Il en sera pour moi comme pour toi ; pour mon peuple comme pour ton peuple, pour mes chevaux comme pour tes chevaux ! »

n D’après d’autres données chronologiques c’est plutôt sous son fils Joram que cette guerre a eu lieu. Mais le nom de Josaphat pourrait avoir été préféré en considération de sa piété (voir v. 11, 13-14) et du rôle analogue qu’il joue en 1 R 22.

8 Il ajouta : « Par quel chemin monterons-nous ? » et l’autre répondit : « Par le chemin du désert d’Édom. »

9 Le roi d’Israël, le roi de Juda et le roi d’Édomo partirent. Ils firent un détour de sept jours de marche et l’eau manqua pour la troupe et pour les bêtes de somme qui suivaient.

o Le concours de Juda et de son vassal Édom est nécessaire au roi d’Israël pour attaquer Moab par le sud, en contournant la mer Morte et en passant par le territoire édomite.

10 Le roi d’Israël s’écria : « Malheur ! c’est que Yahvé a appelé les trois rois que nous sommes pour les livrer aux mains de Moab ! » 11 Mais le roi de Juda dit : « N’y a-t-il pas ici un prophète de Yahvé, que nous consultions Yahvé par lui ? » Alors un des serviteurs du roi d’Israël répondit : « Il y a Élisée fils de Shaphat, qui versait l’eau sur les mains d’Élie. » 12 Josaphat dit : « Il a la parole de Yahvé. » Le roi d’Israël, Josaphat et le roi d’Édom descendirent donc vers lui. 13 Mais Élisée dit au roi d’Israël : « Qu’ai-je à faire avec toi ? Va trouver les prophètes de ton père et les prophètes de ta mère ! » Le roi d’Israël lui répondit : « Mais non ! c’est que Yahvé a appelé les trois rois que nous sommes pour les livrer aux mains de Moab ! » 14 Élisée reprit : « Par la vie de Yahvé Sabaot, que je sers, si je n’avais égard à Josaphat, roi de Juda, je ne ferais pas attention à toi, je ne te regarderais même pas. 15 Maintenant, amenez-moi un musicien. » Or, comme le musicienp jouait, la main de Yahvé fut sur lui

p La musique aide à procurer l’extase.

16 et il dit : « Ainsi parle Yahvé : “Creusez dans cette vallée des fosses et des fosses”, 17 car ainsi parle Yahvé : “Vous ne verrez pas de vent, vous ne verrez pas de pluie, et cette vallée se remplira d’eau, et vous boirez, vous, vos troupeaux et vos bêtes de somme.” 18 Encore cela est-il peu aux yeux de Yahvé, car il livrera Moab entre vos mains. 19 Vous frapperez toutes les villes fortes et toutes les villes de choix, vous abattrez tous les arbres de rapport, vous boucherez toutes les sources et vous désolerez tous les meilleurs champs en y jetant des pierres. » 20 Or, le matin à l’heure de la présentation de l’offrande, voici que l’eau venait de la direction d’Édom et la contrée en fut remplie.

21 Les Moabites ayant appris que les rois étaient montés pour les combattre, tous ceux qui étaient en âge de porter les armes et au-delà furent convoqués, et ils se tenaient sur la frontière. 22 Quand ils se levèrent le matin et que le soleil brilla sur les eaux, les Moabites virent de loin les eaux rouges comme du sang.q

q Coloration due sans doute aux sables du Wadi el-Hésa. Il y a jeu de mots entre ’adom « rouge », dam « sang », et le nom d’Édom.

23 Ils dirent : « C’est du sang ! Sûrement les rois se sont entre-tués, ils se sont mutuellement frappés. Et maintenant, au pillage, Moab ! »

24 Mais quand ils arrivèrent au camp des Israélites, ceux-ci se dressèrent et battirent les Moabites, qui s’enfuirent devant eux ; et ils allèrent de l’avant,r les taillant en pièces.

r « et ils allèrent de l’avant » grec ; l’hébr. est corrompu.

25 Ils détruisaient les villes, ils jetaient chacun sa pierre dans tous les meilleurs champs pour les remplir, ils bouchaient toutes les sources et abattaient tous les arbres de rapport. Finalement, il ne resta plus à Qir-Haréset que ses pierres :s les frondeurs l’encerclèrent et la battirent de leurs coups.

s Ou, plus couramment, Qir-Hérès, capitale de Moab, Isa 16.7, 11 ; Jr 48.31, 36, sur le site actuel de Kérak.

26 Quand le roi de Moab vit qu’il ne pouvait pas soutenir le combat, il prit avec lui sept cents hommes armés de l’épée pour faire une trouée et aller vers le roi d’Édom, mais ils n’y réussirent pas. 27 Alors il prit son fils aîné, qui devait régner à sa place, et il l’offrit en holocauste sur le rempart. Il y eut une grande colèret sur les Israélites, qui décampèrent loin de lui et rentrèrent au pays.

t Interprétation disputée. Le sacrifice de son fils est un acte désespéré du roi de Moab pour se concilier son dieu Kemosh. Accompli sur le rempart, il provoque la panique parmi les assiégeants qui se sentent l’objet d’une colère divine.

3. QUELQUES MIRACLES D’ÉLISÉE

L’huile de la veuve.

4 La femme d’un des frères prophètes implora Élisée en ces termes : « Ton serviteur, mon mari, est mort, et tu sais que ton serviteur craignait Yahvé. Or le prêteur sur gages est venu pour prendre mes deux enfants et en faire ses esclaves. » 2 Élisée lui dit : « Que puis-je faire pour toi ? Dis-moi, qu’as-tu à la maison ? » Elle répondit : « Ta servante n’a rien du tout à la maison, sauf un flacon d’huile. » 3 Alors, il dit : « Va emprunter dehors des vases à tous tes voisins, des vases vides et pas trop peu ! 4 Puis tu rentreras, tu fermeras la porte sur toi et sur tes fils et tu verseras l’huile dans tous ces vases, en les mettant de côté à mesure qu’ils seront pleins. » 5 Elle le quitta et ferma la porte sur elle et sur ses fils ; ceux-ci lui tendaient les vases et elle ne cessait de verser.

6 Or, quand les vases furent pleins, elle dit à son fils : « Tends-moi encore un vase », mais il répondit : « Il n’y a plus de vase »; alors l’huile cessa de couler. 7 Elle alla rendre compte à l’homme de Dieu,u qui dit : « Va vendre cette huile, tu rachèteras ton gage et tu vivras du reste, toi et tes fils ! »

u Titre ordinaire d’Élisée dans les récits émanant des « frères prophètes » cf. Ch 4 ; 2 R 6.17.

Élisée, la Shunamite et son fils.

8 Un jour qu’Élisée passait à Shunem, une femme de qualité qui y vivait l’invita à table. Depuis, chaque fois qu’il passait, il se rendait là pour manger. 9 Elle dit à son mari : « Vois ! Je suis sûre que c’est un saint homme de Dieu qui passe toujours par chez nous. 10 Construisons-lui donc une petite chambre haute avec des murs, et nous y mettrons pour lui un lit, une table, un siège et une lampe : quand il viendra chez nous, il se retirera là. » 11 Un jour qu’il vint là, il se retira dans la chambre haute et s’y coucha. 12 Il dit à Géhazi son serviteur : « Appelle cette Shunamite. » — Il l’appela et elle se tint devant lui. — 13 Élisée reprit : « Dis-lui : Tu t’es donné tout ce souci pour nous. Que peut-on faire pour toi ? Y a-t-il un mot à dire pour toi au roi ou au chef de l’armée ? » Mais elle répondit : « Je séjourne au milieu des miens. »v

v Élisée a proposé d’intervenir à la cour. La femme répond fièrement que la protection de son clan lui suffit.

14 Il continua : « Alors, que peut-on faire pour elle ? » Géhazi répondit : « Eh bien ! Elle n’a pas de fils et son mari est âgé. » 15 Élisée dit : « Appelle-la. » — Le serviteur l’appela et elle se tint à l’entrée. 16 — « En cette saison, l’an prochain, dit-il, tu tiendras un fils dans tes bras. » Mais elle dit : « Non, Monseigneur homme de Dieu, ne trompe pas ta servante ! » 17 Or la femme conçut et elle enfanta un fils en cette saison, l’année suivante,w comme lui avait dit Élisée.

w La formulation est exactement la même qu’au v. 16 (litt. « l’an prochain ») peut-être simple répétition accidentelle.

18 L’enfant grandit. Un jour il alla trouver son père auprès des moissonneurs

19 et il dit à son père : « Oh ! ma tête ! ma tête ! » et le père ordonna à un serviteur de le porter à sa mère. 20 Celui-ci le prit et le conduisit à sa mère ; il resta sur ses genoux jusqu’à midi et il mourut. 21 Elle monta l’étendre sur le lit de l’homme de Dieu, ferma la porte et sortit.x

x Foi de cette femme Élisée, qui lui a obtenu ce fils, pourra le lui rendre ; en attendant, personne ne doit rien savoir de sa mort, v. 23, et elle dissimule le cadavre.

22 Elle appela son mari et dit : « Envoie-moi l’un des serviteurs avec une ânesse, je cours chez l’homme de Dieu et je reviens. » 23 Il demanda : « Pourquoi vas-tu chez lui aujourd’hui ? Ce n’est pas la néoménie ni le sabbat »,y mais elle répondit : « Reste en paix. »

y On avait donc coutume de visiter, aux fêtes, les saints personnages.

24 Elle fit seller l’ânesse et dit à son serviteur : « Mène-moi, va ! Ne m’arrête pas en route sans que je te l’ordonne » ; 25 elle partit et alla vers l’homme de Dieu, au mont Carmel. Lorsque l’homme de Dieu la vit de loin, il dit à son serviteur Géhazi : « Voici cette Shunamite. 26 Maintenant, cours à sa rencontre et demande-lui : Vas-tu bien ? Ton mari va-t-il bien ? Ton enfant va-t-il bien ? » Elle répondit : « Bien. » 27 Quand elle rejoignit l’homme de Dieu sur la montagne, elle saisit ses pieds. Géhazi s’approcha pour la repousser, mais l’homme de Dieu dit : « Laisse-la, car son âme est dans l’amertume ; Yahvé me l’a caché, il ne m’a rien annoncé. » 28 Elle dit : « Avais-je demandé un fils à Monseigneur ? Ne t’avais-je pas dit de ne pas me leurrer ? »

29 Élisée dit à Géhazi : « Ceins tes reins, prends mon bâton en main et va ! Si tu rencontres quelqu’un, tu ne le salueras pas, et si quelqu’un te salue, tu ne lui répondras pas.z Tu étendras mon bâtona au-dessus de l’enfant. »

z Ne saluer personne signe d’une mission pressante.

a Une puissance magique paraît attribuée au bâton d’Élisée (comme à celui de Moïse, Ex 4.17), mais la suite montrera que rien ne peut se faire sans la prière et l’intervention personnelle du prophète.

30 Mais la mère de l’enfant dit : « Aussi vrai que Yahvé est vivant et que tu vis toi-même, je ne te quitterai pas ! » Alors il se leva et la suivit. 31 Géhazi les avait précédés et il avait étendu le bâton au-dessus de l’enfant, mais il n’y eut ni voix ni réaction. Il revint au-devant d’Élisée et lui rapporta ceci : « L’enfant ne s’est pas réveillé. »

32 Élisée arriva à la maison ; là était l’enfant, mort et couché sur son propre lit.

33 Il entra, ferma la porte sur eux deux et pria Yahvé. 34 Puis il monta sur le lit, s’étendit sur l’enfant, mit sa bouche contre sa bouche, ses yeux contre ses yeux, ses mains contre ses mains, il se replia sur lui et la chair de l’enfant se réchauffa. 35 Il se remit à marcher de long en large dans la maison, puis remonta et se replia sur lui : alors l’enfant éternuab jusqu’à sept fois et ouvrit les yeux.

b Dieu insuffle l’esprit de vie dans les narines d’Adam, Gn 2.7, et c’est par les narines que l’homme respire, Isa 2.22. L’éternuement manifeste le retour à la vie.

36 Il appela Géhazi et lui dit : « Fais venir cette Shunamite. » Il l’appela. Lorsqu’elle arriva près de lui, il dit : « Prends ton fils. » 37 Elle entra, tomba à ses pieds et se prosterna à terre, puis elle prit son fils et sortit.

La marmite empoisonnée.

38 Élisée revint à Gilgal pendant que la famine était dans le pays. Comme les frères prophètes étaient assis devant lui, il dit à son serviteur : « Mets la grande marmite sur le feu et cuis une soupe pour les frères prophètes. » 39 L’un d’eux sortit dans la campagne pour ramasser des herbes, trouva des sarments sauvages, sur lesquels il cueillit des coloquintes,c plein son vêtement. Il revint et les coupa en morceaux dans la marmite de soupe, car on ne savait pas ce que c’était.

c Fruits d’une grande amertume et d’un violent effet purgatif.

40 On versa à manger aux hommes. Mais à peine eurent-ils goûté le potage qu’ils poussèrent un cri : « Homme de Dieu ! Il y a la mort dans la marmite ! » et ils ne purent pas manger. 41 Alors Élisée dit : « Eh bien ! apportez de la farine. » Il la jeta dans la marmite et dit : « Verse aux gens et qu’ils mangent. » — Il n’y avait plus rien de mauvais dans la marmite.

La multiplication des pains.

42 Un homme vint de Baal-Shalisha et apporta à l’homme de Dieu du pain de prémices, vingt pains d’orge et du grain frais dans sa besace. Celui-ci ordonna : « Offre aux gens et qu’ils mangent », 43 mais son serviteur répondit : « Comment servirai-je cela à cent personnes ? » Il reprit : « Offre aux gens et qu’ils mangent, car ainsi a parlé Yahvé : "On mangera et on en aura de reste." » 44 Il leur servit, ils mangèrent et en eurent de reste, selon la parole de Yahvé.

La guérison de Naamân.

5 Naamân, chef de l’armée du roi d’Aram, était un homme en grande considération et faveur auprès de son maître, car c’était par lui que Yahvé avait accordé la victoire aux Araméens,d mais ce vaillant homme était lépreux.e

d Yahvé, Dieu universel, préside aux destinées d’Aram comme à celles d’Israël ; l’enseignement de ce chap. rejoint celui de 1 R 18.

e Cette « lèpre », comme celle de Géhazi, v. 27, n’est peut-être qu’une maladie de peau autre que la vraie lèpre, puisqu’elle n’interrompt pas les relations sociales. Cf. Lv 13.1.

2 Or les Araméens, sortis en razzia, avaient enlevé du territoire d’Israël une petite fille qui était entrée au service de la femme de Naamân. 3 Elle dit à sa maîtresse : « Ah ! si seulement mon maître s’adressait au prophète de Samarie ! Il le délivrerait de sa lèpre. » 4 Naamân alla informer son seigneur : « Voilà, dit-il, de quelle et quelle manière a parlé la jeune fille qui vient du pays d’Israël. » 5 Le roi d’Aram répondit : « Pars donc, je vais envoyer une lettre au roi d’Israël. » Naamân partit, prenant avec lui dix talents d’argent, six mille sicles d’or et dix habits de fête. 6 Il présenta au roi d’Israël la lettre, ainsi conçue : « En même temps que te parvient cette lettre, je t’envoie mon serviteur Naamân, pour que tu le délivres de sa lèpre. » 7 À la lecture de la lettre, le roi d’Israël déchira ses vêtements et dit : « Suis-je un dieu qui puisse donner la mort et la vie, pour que celui-là me demande de délivrer quelqu’un de sa lèpre ? Pour sûr, rendez-vous bien compte qu’il me cherche querelle ! »

8 Mais quand Élisée l’homme de Dieu apprit que le roi d’Israël avait déchiré ses vêtements, il fit dire au roi : « Pourquoi as-tu déchiré tes vêtements ? Qu’il vienne donc vers moi, et il saura qu’il y a un prophète en Israël. » 9 Naamân arriva avec son attelage et son char et s’arrêta à la porte de la maison d’Élisée,

10 et Élisée envoya un messager lui dire : « Va te baigner sept fois dans le Jourdain, ta chair redeviendra nette. » 11 Naamân, irrité, s’en alla en disant : « Je m’étais dit : Sûrement il sortira et se présentera lui-même, puis il invoquera le nom de Yahvé son Dieu, il agitera la main sur l’endroit malade et délivrera la partie lépreuse. 12 Est-ce que les fleuves de Damas, l’Abana et le Parpar, ne valent pas mieux que toutes les eaux d’Israël ? Ne pourrais-je pas m’y baigner pour être purifié ? » Il tourna bride et partit en colère. 13 Mais ses serviteurs s’approchèrent et s’adressèrent à lui en ces termes : « Mon père ! Si le prophète t’avait prescrit quelque chose de difficile, ne l’aurais-tu pas fait ? Combien plus, lorsqu’il te dit : “Baigne-toi et tu seras purifié.” » 14 Il descendit donc et se plongea sept fois dans le Jourdain, selon la parole de l’homme de Dieu : sa chair redevint comme la chair d’un petit enfant ; il était purifié.

15 Il revint chez l’homme de Dieu avec toute son escorte, il entra, se présenta devant lui et dit : « Oui, je sais désormais qu’il n’y a pas de Dieu par toute la terre sauf en Israël !f Maintenant, accepte, je te prie, un présent de ton serviteur. »

f Yahvé seul est vraiment Dieu. Mais ce Dieu unique a des rapports spéciaux avec le peuple et le pays d’Israël et c’est pourquoi Naamân emportera de la terre de Samarie pour dresser un autel de Yahvé à Damas.

16 Mais Élisée répondit : « Aussi vrai qu’est vivant Yahvé que je sers, je n’accepterai rien. » Naamân le pressa d’accepter, mais il refusa. 17 Alors Naamân dit : « Puisque c’est non, permets qu’on donne à ton serviteur de quoi charger de terre deux mulets, car ton serviteur n’offrira plus ni holocauste ni sacrifice à d’autres dieux qu’à Yahvé. 18 Seulement, que Yahvé pardonne ceci à ton serviteur : quand mon maître va au temple de Rimmôn pour y adorer, il s’appuie sur mon bras et je me prosterne dans le temple de Rimmôn. Veuille Yahvé, quand je me prosternerai dans le temple de Rimmôn,g pardonner cette action à son serviteur ! »

g Le grec et la Vulg. précisent « en même temps qu’il le fait. » — Rimmôn autre nom de Hadad, dieu de l’orage, divinité principale de Damas.

19 Élisée lui répondit : « Va en paix »,h et Naamân s’éloigna un bout de chemin.

h Élisée excuse cette marque extérieure d’idolâtrie.

20 Géhazi, le serviteur d’Élisée, l’homme de Dieu, se dit : « Mon maître a ménagé Naamân, cet Araméen, en n’acceptant pas de lui ce qu’il avait offert. Aussi vrai que Yahvé est vivant, je cours après lui et j’en obtiendrai quelque chose. » 21 Et Géhazi se lança à la poursuite de Naamân. Lorsque Naamân le vit courir derrière lui, il sauta de son char à sa rencontre et demanda : « Cela va-t-il bien ? » 22 Il répondit : « Bien. Mon maître m’a envoyé te dire : À l’instant m’arrivent deux jeunes gens de la montagne d’Éphraïm, des frères prophètes. Donne pour eux, je te prie, un talent d’argent et deux habits de fête. » 23 Naamân dit : « Veuille accepter deux talents », et il insista ; il lia les deux talents d’argent dans deux sacs, avec les deux habits de fête, et les remit à deux de ses serviteurs qui les portèrent devant Géhazi. 24 Quand il arriva à l’Ophel,i il les prit de leurs mains et les déposa dans la maison ; puis il congédia les hommes, qui s’en allèrent.

i Il y avait aussi un Ophel à Jérusalem. Dans les deux cas, la hauteur fortifiée qui portait la résidence royale. Le mot signifie « excroissance ».

25 Quant à lui, il vint se tenir près de son maître. Élisée lui demanda : « D’où viens-tu, Géhazi ? » Il répondit : « Ton serviteur n’est allé nulle part. » 26 Mais Élisée lui dit : « Mon cœur n’était-il pas présent lorsque quelqu’un a quitté son char à ta rencontre ? Maintenant tu as reçu l’argent, et tu peux acheter avec cela jardins, oliviers et vignes, petit et gros bétail, serviteurs et servantes. 27 Mais la lèpre de Naamân s’attachera à toi et à ta postérité pour toujours. » Et Géhazi s’éloigna de lui blanc de lèpre comme la neige.

La hache perdue et retrouvée.

6 Les frères prophètes dirent à Élisée : « Voici que l’endroit où nous habitonsj près de toi est trop étroit pour nous.

j Probablement Gilgal, où Élisée résidait parfois au milieu des prophètes, 1 R 4.38.

2 Allons donc jusqu’au Jourdain ; nous y prendrons chacun une poutre et nous nous ferons là une demeure. » Il répondit : « Allez. » 3 L’un d’eux dit : « Consens à accompagner tes serviteurs », et il répondit : « J’irai »; 4 il partit avec eux. Arrivés au Jourdain, ils coupèrent le bois. 5 Or, comme l’un deux abattait sa poutre, la lame de fer tomba dans l’eau, et il s’écria : « Hélas, Monseigneur ! Et encore elle était empruntée ! » 6 Mais l’homme de Dieu lui demanda : « Où est-elle tombée ? » et l’autre lui montra la place. Alors il cassa un bout de bois, le jeta à cet endroit et fit flotter le fer. 7 Il dit : « Retire-le », et l’homme étendit la main et le prit.

4. GUERRES ARAMÉENNES

Élisée capture tout un détachement araméen.

8 Le roi d’Aram était en guerre avec Israël. Il tint conseil avec ses officiers et dit : « À telle et telle place sera mon camp. » 9 Mais l’homme de Dieu envoya dire au roi d’Israël : « Sois sur tes gardes, ne traverse pas cette place, car les Araméens y descendent », 10 et le roi d’Israël envoya des hommes à la place que l’homme de Dieu lui avait dite. Il l’avertissait et le roi se tenait sur ses gardes, et cela pas rien qu’une ou deux fois.

11 Le cœur du roi d’Aram fut troublé par cette affaire, il convoqua ses officiers et leur demanda : « Ne m’apprendrez-vous pas qui parmi les nôtres est pour le roi d’Israël ? » 12 L’un de ses officiers répondit : « Non, Monseigneur le roi ; c’est Élisée, le prophète d’Israël, qui révèle au roi d’Israël les paroles que tu prononces dans ta chambre à coucher. » 13 Il dit : « Allez, voyez où il est, et j’enverrai le saisir. » On lui fit ce rapport : « Voici qu’il est à Dotân. » 14 Alors le roi envoya là-bas des chevaux, des chars et une forte troupe, qui arrivèrent de nuit et cernèrent la ville.

15 Le serviteur de l’homme de Dieu se leva de bon matin et sortit. Et voilà qu’une troupe entourait la ville avec des chevaux et des chars ! Son serviteur lui dit : « Ah ! Monseigneur, comment allons-nous faire ? » 16 Mais il répondit : « N’aie pas peur, car il y en a plus avec nous qu’avec eux. » 17 Et Élisée fit cette prière : « Yahvé, daigne ouvrir ses yeux pour qu’il voie ! » Yahvé ouvrit les yeux du serviteur et il vit : voilà que la montagne était couverte de chevaux et de chars de feu autour d’Élisée !

18 Comme les Araméens descendaient vers lui, Élisée pria ainsi Yahvé : « Daigne frapper ces gens de berlue », et il les frappa de berlue,k selon la parole d’Élisée.

k Non pas la cécité complète, mais une aberration de la vue, cf. Gn 19.11. Dieu avait au contraire manifesté au serviteur, v. 17, ce qui est caché aux yeux humains.

19 Alors Élisée leur dit : « Ce n’est pas le chemin, et ce n’est pas la ville. Suivez-moi, je vous conduirai vers l’homme que vous cherchez. » Mais il les conduisit à Samarie. 20 À leur entrée dans Samarie, Élisée dit : « Yahvé, ouvre les yeux de ces gens et qu’ils voient. » Yahvé ouvrit leurs yeux et ils virent : voilà qu’ils étaient au milieu de Samarie !

21 Le roi d’Israël, en les voyant, dit à Élisée : « Faut-il les tuer, mon père ? »l

l Le titre marque la vénération du roi pour le prophète, cf. 2 R 8.9 ; 13.14.

22 Mais il répondit : « Ne les tue pas. Ceux même que ton épée et ton arc ont fait captifs, les mets-tu à mort ?m Offre-leur du pain et de l’eau pour qu’ils mangent et qu’ils boivent, et qu’ils aillent chez leur maître. »

m En dehors de l’anathème prononcé par Yahvé, ou de cas particuliers, ce n’était pas la coutume en Israël de massacrer les prisonniers de guerre, cf. 1 R 20.31.

23 Le roi leur servit un grand festin ; après qu’ils eurent mangé et bu, il les congédia et ils partirent chez leur maître. Les bandes araméennes ne revinrent plus sur le territoire d’Israël.

La famine dans Samarie assiégée.

24 Il advint, après cela, que Ben-Hadad, roi d’Aram,n rassembla toute son armée et vint mettre le siège devant Samarie.

n Peut-être Ben-Hadad III de Damas, voir 13. L’ordre de tous ces récits paraît artificiel.

25 Il y eut une grande famine à Samarie et le siège fut si dur que la tête d’âne valait quatre-vingts sicles d’argent et le quarteron d’oignons sauvageso cinq sicles d’argent.

o « oignons sauvages » harçonîm conj. ; l’hébr. hary yonim « fiente de pigeon » (?) est impossible ici.

26 Comme le roi d’Israël passait sur le rempart, une femme lui cria : « Au secours, Monseigneur le roi ! » 27 Il répondit : « Si Yahvé ne te secourt pas, d’où pourrais-je te secourir ? Serait-ce de l’aire ou du pressoir ? » 28 Puis le roi lui dit : « Qu’as-tu ? » Elle reprit : « Cette femme m’a dit : "Donne ton fils, que nous le mangions aujourd’hui, et nous mangerons mon fils demain." 29 Nous avons fait cuire mon fils et nous l’avons mangé ; le jour d’après, je lui ai dit : "Donne ton fils, que nous le mangions", mais elle a caché son fils. » 30 Quand le roi entendit les paroles de cette femme, il déchira ses vêtements ; le roi passait sur le rempart, et le peuple vit qu’en dessous, il portait le sac à même le corps. 31 Il dit : « Que Dieu me fasse tel mal et y ajoute tel autre, si la tête d’Élisée fils de Shaphat lui reste aujourd’hui sur les épaules ! »p

p Élisée avait sans doute encouragé la résistance en prédisant le secours de Yahvé ; le roi, qui l’a écouté, pense maintenant qu’Élisée l’a trompé.

Élisée annonce la fin imminente de l’épreuve.

32 Élisée était assis dans sa maison et les anciens étaient assis avec lui, et le roi se fit précéder par un messager. Mais avant que celui-ci n’arrivât jusqu’à lui, Élisée dit aux anciens : « Avez-vous vu que ce fils d’assassin a donné l’ordre qu’on m’ôte la tête ! Voyez : quand arrivera le messager, fermez la porte et repoussez-le avec la porte. Est-ce que le bruit des pas de son maître ne le suit point ? » 33 Il leur parlait encore que le messager descendit chez lui et dit : « Voici que tout ce mal vient de Yahvé ! Pourquoi garderais-je confiance en Yahvé ? »

7 Élisée dit : « Écoutez la parole de Yahvé ! Ainsi parle Yahvé : Demain à pareille heure, on aura un boisseau de gruau pour un sicle et deux boisseaux d’orge pour un sicle à la porte de Samarie. » 2 L’écuyer sur le bras de qui s’appuyait le roi répondit à l’homme de Dieu : « À supposer même que Yahvé fasse des fenêtres dans le ciel, cette parole se réaliserait-elle ? » Élisée dit : « Tu le verras de tes yeux, mais tu n’en mangeras pas. »

On découvre le camp araméen abandonné.

3 Or quatre hommes se trouvaient — car ils étaient lépreux — à l’entrée de la porte et ils se disaient entre eux : « Pourquoi restons-nous ici à attendre la mort ? 4 Si nous décidons d’entrer en ville, il y a la famine dans la ville et nous y mourrons ; si nous restons ici, nous mourrons de même. Venez ! Désertons et passons au camp des Araméens : s’ils nous laissent la vie, nous vivrons, et s’ils nous tuent, eh bien ! nous mourrons ! » 5 Au crépuscule, ils se levèrent pour aller au camp des Araméens ; ils arrivèrent à la limite du camp, et voilà qu’il n’y avait personne ! 6 Car Yahvé avait fait entendre dans le camp des Araméens un bruit de chars et de chevaux, le bruit d’une grande armée, et ils s’étaient dit entre eux : « Le roi d’Israël a pris à solde contre nous les rois des Hittites et les rois d’Égypte,q pour qu’ils marchent contre nous. »

q Les princes de la Syrie du Nord. Il n’y a pas de raison pour corriger Miçrayim (Égypte) en Muçri, un énigmatique pays d’Asie Mineure.

7 Ils se levèrent et s’enfuirent au crépuscule : abandonnant leurs tentes, leurs chevaux et leurs ânes, bref le camp comme il était, ils s’enfuirent pour sauver leur vie. 8 Ces lépreux donc arrivèrent à la limite du camp et pénétrèrent dans une tente ; ayant mangé et bu, ils emportèrent de là argent, or et vêtements qu’ils allèrent cacher. Puis ils revinrent, pénétrèrent dans une autre tente et en emportèrent du butin qu’ils allèrent cacher.

Fin du siège et de la famine.

9 Alors ils se dirent entre eux : « Nous faisons là quelque chose d’injuste. Ce jour-ci est un jour de bonne nouvelle, et nous nous taisons ! Si nous attendons que le matin se lève, un châtiment nous frappera. Maintenant, venez ! Allons porter la nouvelle au palais. » 10 Ils vinrent, appelèrent les gardes à la porte de la ville et leur annoncèrent : « Nous sommes allés au camp des Araméens. Il n’y a là personne, aucun bruit humain, seulement les chevaux à l’entrave, les ânes à l’entrave, et leurs tentes telles quelles. » 11 Les gardes de la porte crièrent, et on porta la nouvelle à l’intérieur du palais.

12 Le roi se leva de nuit et dit à ses officiers : « Je vais vous expliquer ce que les Araméens nous ont fait. Comme ils savent que nous sommes affamés, ils ont quitté le camp pour se cacher dans la campagne en se disant : ils sortiront de la ville, nous les prendrons vivants et nous entrerons dans la ville. » 13 L’un de ses officiers répondit : « Qu’on prenne donc cinq des chevaux survivants, qui restent ici — il leur arrivera comme à l’ensemble d’Israël qui reste dans la ville, comme à l’ensemble d’Israël qui a périr —, nous les enverrons et nous verrons. »

r On peut bien sacrifier pour cette reconnaissance quelques chevaux, qui autrement mourront de faim.

14 On prit deux attelages, que le roi envoya derrière les Araméens en disant : « Allez et voyez. » 15 Ils les suivirent jusqu’au Jourdain ; la route était jonchée de vêtements et de matériel que les Araméens avaient abandonnés dans leur panique ; les messagers revinrent et informèrent le roi.

16 Le peuple sortit et pilla le camp des Araméens : le boisseau de gruau fut à un sicle et les deux boisseaux d’orge à un sicle, selon la parole de Yahvé. 17 Le roi avait mis de surveillance à la porte l’écuyer sur le bras duquel il s’appuyait ; le peuple le foula aux pieds, à la porte, et il mourut, selon ce qu’avait dit l’homme de Dieu (ce qu’il avait dit lorsque le roi était descendu chez lui. 18 Il arriva ce que l’homme de Dieu avait dit au roi : « On aura deux boisseaux d’orge pour un sicle et un boisseau de gruau pour un sicle, demain à pareille heure, à la porte de Samarie. » 19 L’écuyer répondit à l’homme de Dieu : « À supposer même que Yahvé fasse des fenêtres dans le ciel, cette parole se réaliserait-elle ? » Élisée dit : « Tu le verras de tes yeux, mais tu n’en mangeras pas. » 20 C’est ce qui lui arriva : le peuple le foula aux pieds à la porte, et il mourut).s

s Les vv. 17-20 sont vraisemblablement une addition, qui répète les vv. 1, 2 et 17.

Épilogue à l’histoire de la Shunamite.t

8 Élisée avait dit à la femme dont il avait fait revenir le fils à la vie : « Lève-toi, va-t’en avec ta famille et séjourne où tu pourras, car Yahvé a appelé la famine, déjà elle vient sur le pays, pour sept ans. »

t Suite naturelle de 2 R 4.37.

2 La femme se leva et fit ce qu’avait dit l’homme de Dieu : elle partit, elle et sa famille, et séjourna sept ans au pays des Philistins. 3 Au bout de sept années, cette femme revint du pays des Philistins et elle alla faire appel au roi pour sa maison et pour son champ.u

u Devenus bien domaniaux, sous juridiction du roi.

4 Or le roi s’entretenait avec Géhazi, le serviteur de l’homme de Dieu : « Raconte-moi, disait-il, toutes les grandes choses qu’Élisée a faites. » 5 Il racontait justement au roi comment il avait fait revivre l’enfant mort quand la femme dont Élisée avait ressuscité le fils en appela au roi pour sa maison et pour son champ, et Géhazi dit : « Monseigneur le roi, voici cette femme, et voici son fils qu’Élisée a fait revenir à la vie. » 6 Le roi interrogea la femme et elle lui fit le récit. Alors le roi lui donna un eunuque, auquel il commanda : « Qu’on lui restitue tout ce qui est à elle et tous les revenus du champ depuis le jour où elle a quitté le pays jusqu’à maintenant. »

Élisée et Hazaël de Damas.

7 Élisée vint à Damas. Le roi d’Aram, Ben-Hadad,v était malade et on lui annonça : « L’homme de Dieu est venu jusque chez nous. »

v Ben-Hadad II comme en 1 R 20.1.

8 Alors le roi dit à Hazaël :w « Prends avec toi un présent, va au-devant de l’homme de Dieu et consulte par lui Yahvé pour savoir si je guérirai de ce mal que j’ai. »

w Avant son usurpation, v. 15, Hazaël apparaît comme un officier de Ben-Hadad.

9 Hazaël alla au-devant d’Élisée et emporta en présent tout ce qu’il y avait de meilleur à Damas, la charge de quarante chameaux. Il vint et, se tenant devant lui : « Ton fils Ben-Hadad roi d’Aram, dit-il, m’a envoyé te demander : Guérirai-je de mon mal présent ? » 10 Élisée lui répondit : « Va lui dire : “Tu peux guérir”, mais Yahvé m’a fait voir que sûrement il mourra. »x

x La traduction se fonde sur une valeur de l’infinitif absolu préposé, attestée en Gn 2.16 et ailleurs. Pour décharger Élisée d’un mensonge, l’hébr. a remplacé « lui » par la négation lo’ « va dire tu ne guériras pas ». En réalité Ben-Hadad importe peu ; la révélation concerne d’abord Hazaël, qui supplantera Ben-Hadad. Élisée n’incite pas au meurtre, il prévoit comme inévitable la réalisation des desseins de Dieu.

11 Puis ses traits se figèrent, il les figea à l’extrême,y et l’homme de Dieu pleura.

y Ce sont des signes physiques de l’extase.

12 Hazaël dit : « Pourquoi Monseigneur pleure-t-il ? » Élisée répondit : « C’est que je sais le mal que tu feras aux Israélites : tu mettras le feu à leurs places fortes, tu tueras par l’épée l’élite de leurs guerriers, tu écraseras leurs petits enfants, tu éventreras leurs femmes enceintes. » 13 Hazaël dit : « Mais qu’est ton serviteur ? Comment ce chien pourrait-il accomplir cette grande chose ? »z Élisée répondit : « Dans une vision de Yahvé, je t’ai vu roi d’Aram. »

z « chien », ici simple terme d’humilité, cf. 1 S 24.15 ; 2 S 9.8. Hazaël s’étonne de la glorieuse destinée qu’on lui prédit.

14 Hazaël quitta Élisée et alla chez son maître, qui lui demanda : « Que t’a dit Élisée ? » Il répondit : « Il m’a dit que tu pourrais guérir. » 15 Le lendemain, il prit une couverture, qu’il trempa dans l’eau et étendit sur sa figure.a Ben-Hadad mourut et Hazaël régna à sa place.

a Le sujet de la phrase n’est pas exprimé, mais il doit s’agir de l’usurpateur en personne, Hazaël. Les annales de Salmanasar III le qualifient de « fils de personne », confirmant que Hazaël n’est pas issu d’une dynastie royale.

Règne de Joram en Juda (848-841).

16 La cinquième année de Joram fils d’Achab, roi d’Israël — Josaphat étant roi de Juda —, Joram fils de Josaphat devint roi de Juda. 17 Il avait trente-deux ans à son avènement et régna huit ans à Jérusalem. 18 Il imita la conduite des rois d’Israël, comme avait fait la maison d’Achab, car c’était une fille d’Achab qu’il avait prise comme épouse,b et il fit ce qui déplaît à Yahvé.

b C’est Athalie, cf. 11, fille d’Omri et sour d’Achab, cf. v. 26 et 2 Ch 22.2, ou fille d’Achab, ici (hébr.) et 2 Ch 21.6. La chronologie favorise la première solution.

19 Cependant Yahvé ne voulut pas détruire Juda, à cause de son serviteur David, selon la promesse qu’il lui avait faite de lui laisser une lampe, ainsi qu’à ses fils, pour toujours.

20 De son temps, Édom s’affranchit de la domination de Juda et se donna un roi.c

c Édom, cf. Nb 20.23, était un royaume vassal de Juda sous Josaphat, 1 R 22.48, et encore au début du règne de Joram, 2 R 3.9.

21 Joram passa à Çaïr,d et avec lui tous les chars... Il se leva de nuit et força la ligne des Édomites qui l’encerclaient, et les commandants de chars avec lui ; le peuple s’enfuit à ses tentes.

d Localité inconnue en Transjordanie. La suite du texte est mutilée on a cherché à effacer le souvenir d’un échec. De même au v. 22.

22 Ainsi Édom s’affranchit de la domination de Juda, jusqu’à ce jour ; Libnae aussi se révolta. Dans ce temps-là...

e La ville passa alors aux Philistins.

23 Le reste de l’histoire de Joram, tout ce qu’il a fait, cela n’est-il pas écrit au livre des Annales des rois de Juda ? 24 Joram se coucha avec ses pères et on l’enterra avec ses pères dans la Cité de David. Son fils Ochozias régna à sa place.

Règne d’Ochozias en Juda (841).

25 La douzième année de Joram fils d’Achab, roi d’Israël, Ochozias fils de Joram devint roi de Juda. 26 Ochozias avait vingt-deux ans à son avènement et il régna un an à Jérusalem. Le nom de sa mère était Athalie, fille d’Omri, roi d’Israël. 27 Il imita la conduite de la famille d’Achab et fit ce qui déplaît à Yahvé, comme la famille d’Achab, car il lui était allié.

28 Il alla avec Joram fils d’Achab pour combattre Hazaël, roi d’Aram, à Ramot de Galaad. Mais les Araméens blessèrent Joram. 29 Le roi Joram revint à Yizréel pour faire soigner les blessures reçues des Araméens à Ramot lorsqu’il combattait Hazaël roi d’Aram, et Ochozias fils de Joram, roi de Juda, descendit à Yizréel pour visiter Joram fils d’Achab parce qu’il était souffrant.

5. HISTOIRE DE JÉHU

Un disciple d’Élisée donne l’onction royale à Jéhu.

9 Le prophète Élisée appela l’un des frères prophètes et lui dit : « Ceins tes reins, prends avec toi cette fiole d’huile et va à Ramot de Galaad.

2 Arrivé là, cherche à voir Jéhu fils de Yehoshaphat fils de Nimshi. L’ayant trouvé, fais qu’il se lève d’entre ses compagnons et conduis-le dans une chambre retirée. 3 Tu prendras la fiole d’huile et tu la répandras sur sa tête en disant : “Ainsi parle Yahvé. Je t’ai oint comme roi d’Israël”, puis ouvre la porte et sauve-toi sans tarder. »

4 Le jeune homme, le jeune prophète, partit pour Ramot de Galaad. 5 Lorsqu’il arriva, les chefs de l’armée étaient assis ensemble ; il dit : « J’ai un mot à te dire, chef. » Jéhu demanda : « Auquel d’entre nous ? » Il répondit : « À toi, chef. »

6 Alors Jéhu se leva et entra dans la maison. Le jeune homme lui versa l’huile sur la tête et lui dit : « Ainsi parle Yahvé, Dieu d’Israël. Je t’ai oint comme roi sur le peuple de Yahvé, sur Israël. 7 Tu frapperas la maison d’Achab, ton maître, et je vengerai le sang de mes serviteurs les prophètes et de tous les serviteurs de Yahvé sur Jézabel 8 et toute la maison d’Achab périra. J’exterminerai les mâles de la famille d’Achab, liés ou libres en Israël. 9 Je traiterai la maison d’Achab comme celle de Jéroboam fils de Nebat et celle de Basha fils d’Ahiyya.

10 Quant à Jézabel, les chiens la dévoreront dans le champ de Yizréel ; personne ne l’enterrera. »f Puis il ouvrit la porte et s’enfuit.

f Les vv. 7-10a ont été ajoutés par l’auteur des Rois dans le récit primitif, le jeune homme devait s’enfuir aussitôt après l’onction, suivant l’ordre d’Élisée, v. 3.

Jéhu est proclamé roi.

11 Jéhu sortit pour rejoindre les officiers de son maître. Ils lui demandèrent :g « Tout va-t-il bien ? Pourquoi ce fouh est-il venu à toi ? » Il répondit : « Vous connaissez l’homme et sa chanson ! »

g « Ils lui demandèrent » versions ; l’hébr. a le singulier.

h Le peuple traitait ainsi les prophètes, Jr 29.26 ; Os 9.7. Le terme n’est pas absolument méprisant, mais il comporte une nuance de moquerie, et Jéhu va répondre sur le même ton.

12 Mais ils dirent : « C’est faux ! Explique-nous donc ! » Il dit : « Il m’a parlé de telle et telle façon et a dit : Ainsi parle Yahvé : Je t’ai oint comme roi d’Israël. » 13 Aussitôt, tous prirent leurs manteaux et les étendirent sous lui,i à même les degrés ; ils sonnèrent du cor et crièrent : « Jéhu est roi ! »

i Comme la foule qui rend les honneurs royaux à Jésus, Mt 21.8.

Jéhu prépare l’usurpation du pouvoir.

14 Jéhu fils de Yehoshaphat fils de Nimshi forma une conspiration contre Joram. — Joram, avec tout Israël, gardait alors Ramot de Galaadj contre une attaque de Hazaël, roi d’Aram.

j La ville avait donc été récupérée par les Israélites ; les Araméens cherchaient à la reprendre.

15 Mais le roi Joram était revenu à Yizréel pour faire soigner les blessures que les Araméens lui avaient infligées dans les combats qu’il soutenait contre Hazaël, roi d’Aram. — Jéhu dit : « Si c’est votre sentiment, que personne ne s’échappe de la ville et n’aille porter la nouvelle à Yizréel ! » 16 Jéhu monta en char et partit pour Yizréel ; Joram y était alité et Ochozias, roi de Juda, était descendu le visiter.

17 Le guetteur, posté sur la tour de Yizréel, vit la troupe de Jéhu qui arrivait et annonça : « Je vois une troupe. » Joram ordonna : « Qu’on prenne un cavalier, qu’on l’envoie au-devant de ces gens et qu’il demande : Cela va-t-il bien ? »k

k Le roi n’imagine pas d’abord une trahison, mais il est inquiet des nouvelles de Ramot de Galaad.

18 Le cavalier alla au-devant de Jéhu et demanda : « Ainsi parle le roi : Cela va-t-il bien ? » — « Que t’importe si cela va bien ? répondit Jéhu. Passe derrière moi. » Le guetteur annonça : « Le messager les a rejoints et ne revient pas. » 19 Le roi envoya un second cavalier ; celui-ci les rejoignit et demanda : « Ainsi parle le roi : Cela va-t-il bien ? » — « Que t’importe si cela va bien ? répondit Jéhu. Passe derrière moi. » 20 Le guetteur annonça : « Il les a rejoints et ne revient pas. La manière de conduire est celle de Jéhu fils de Nimshi : il conduit comme un fou ! »

21 Joram dit : « Qu’on attelle ! » et on attela son char. Joram, roi d’Israël, et Ochozias, roi de Juda, partirent, chacun sur son char, au-devant de Jéhu. Ils le rejoignirent dans le champ de Nabot de Yizréel.

Meurtre de Joram.

22 Dès que Joram vit Jéhu, il demanda : « Cela va-t-il bien, Jéhu ? » Celui-ci répondit : « Quelle question, tant que durent les prostitutionsl de ta mère Jézabel et ses nombreux sortilèges ! »

l Au sens métaphorique de culte des faux dieux, comme dans les Prophètes, avec peut-être une allusion à la prostitution sacrée, cf. Dt 23.19, tare de la religion phénicienne.

23 Joram tourna bride et s’enfuit, en disant à Ochozias : « Trahison, Ochozias ! » 24 Jéhu avait bandé son arc, il atteignit Joram entre les épaules et la flèche traversa le cœur du roi, qui s’affaissa sur son char. 25 Jéhu dit à Bidqar son écuyer : « Enlève-le et jette-le dans le champ de Nabot de Yizréel. Souviens-toi : lorsque moi et toi nous étions tous deux en char derrière son père Achab, Yahvé a prononcé contre lui cette sentence :

26 “Je l’assure ! J’ai vu hier le sang de Nabot et le sang de ses fils, oracle de Yahvé. Je te rendrai la pareille dans ce champ même, oracle de Yahvé.” Enlève-le donc et jette-le dans le champ, selon la parole de Yahvé. »

Meurtre d’Ochozias.

27 Quand Ochozias, roi de Juda, eut vu cela, il prit la fuite sur la route de Bet-ha-Gân, mais Jéhu le poursuivit et ordonna : « Lui aussi, frappez-le ! » On le blessam sur son char, à la montée de Gur, qui est près de Yibleam, et il se réfugia à Megiddo où il mourut.

m « On le blessa » syr. ; manque dans l’hébr.

28 Ses serviteurs le portèrent en char à Jérusalem et l’ensevelirent dans son tombeau avec ses pères, dans la Cité de David. 29 C’était en la onzième année de Joram fils d’Achab qu’Ochozias était devenu roi de Juda.

Meurtre de Jézabel.

30 Jéhu rentra à Yizréel et Jézabel l’apprit. Elle se farda les yeux, s’orna la tête, se mit à la fenêtre 31 et, lorsque Jéhu franchit la porte, elle dit : « Cela va-t-il bien, Zimri, assassin de son maître ? »n

n Allusion sarcastique à Zimri, qui ne régna que huit jours après avoir assassiné Éla, roi d’Israël.

32 Jéhu leva la tête vers la fenêtre et dit : « Qui est avec moi, qui ? » et deux ou trois eunuques se penchèrent vers lui. 33 Il dit : « Jetez-la en bas. » Ils la jetèrent en bas, son sang éclaboussa le mur et les chevaux, et Jéhu lui passa sur le corps. 34 Il entra, mangea et but, puis il ordonna : « Occupez-vous de cette maudite et donnez-lui la sépulture, car elle est fille de roi. » 35 On alla pour l’ensevelir, mais on ne trouva d’elle que le crâne, les pieds et les mains. 36 On revint en informer Jéhu, qui dit : « C’est la parole de Yahvé, qu’il a prononcée par le ministère de son serviteur Élie le Tishbite : “Dans le champ de Yizréel, les chiens dévoreront la chair de Jézabel,

37 le cadavre de Jézabel sera comme du fumier épandu dans la campagne, dans le champ de Yizréel, en sorte qu’on ne pourra pas dire : C’est Jézabel !” »

Massacre de la famille royale d’Israël.

10 Il y avait à Samarie soixante-dix fils d’Achab.o Jéhu écrivit des lettres qu’il envoya à Samarie aux commandants de la ville, aux anciens et aux tuteurs des enfants d’Achab. Il disait :

o « Soixante-dix » est un chiffre consacré pour exprimer la totalité d’une descendance, Gn 46.27 ; Jg 8.30 ; 9.2 ; 12.14. Il s’agit des fils et petits-fils d’Achab, mais en premier lieu des fils de Joram. — « de la ville » grec luc. ; « de Yizréel » hébr. ; — « des enfants » grec luc. ; omis par hébr.

2 « Maintenant — quand cette lettre vous parviendra — , vous avez avec vous les fils de votre maître, vous avez les chars et les chevaux, une ville forte et des armes. 3 Voyez quel est, parmi les fils de votre maître, le meilleur et le plus digne, mettez-le sur le trône de son père, et combattez pour la maison de votre maître. » 4 Ils eurent une très grande peur et dirent : « Voilà que les deux rois n’ont pas tenu devant lui, comment pourrions-nous tenir nous-mêmes ? » 5 Le maître du palais, le commandant de la ville, les anciens et les tuteurs envoyèrent ce message à Jéhu : « Nous sommes tes serviteurs, nous ferons tout ce que tu ordonneras, nous ne proclamerons pas de roi, fais ce qui te paraît bon. »

6 Jéhu leur écrivit une seconde lettre, où il disait : « Si donc vous êtes pour moi et si vous voulez m’écouter, prenez les chefsp des hommes de la maison de votre maître et venez me trouver demain à cette heure à Yizréel. » (Il y avait soixante-dix fils du roi chez les grands de la ville, qui les élevaient.)

p L’hébreu rosh signifie à la fois « chef » et « tête ». L’équivoque, voulue peut-être par Jéhu, est résolue dans le sens le plus brutal par ses correspondants, v. 7, sur lesquels il rejette alors la responsabilité, v. 9.

7 Dès que cette lettre leur parvint, ils prirent les fils du roi, les égorgèrent tous les soixante-dix, mirent leurs têtes dans des corbeilles et les lui envoyèrent à Yizréel.

8 Le messager vint annoncer à Jéhu : « On a apporté les têtes des fils du roi. » Il dit : « Mettez-les en deux tas à l’entrée de la porte, jusqu’au matin. » 9 Le matin, il sortit et, se tenant debout, il dit à tout le peuple : « Soyez sans reproche ! Moi, j’ai conspiré contre mon maître et je l’ai assassiné, mais tous ceux-là, qui les a tués ? 10 Sachez donc que rien ne tombera à terre de l’oracle que Yahvé a prononcé contre la famille d’Achab : Yahvé a fait ce qu’il avait dit par le ministère de son serviteur Élie. » 11 Et Jéhu frappa tous ceux qui restaient de la maison d’Achab à Yizréel, tous ses grands, ses familiers, ses prêtres ; il n’en laissa échapper aucun.

Massacre des princes de Juda.

12 Jéhu partit et alla à Samarie. Comme il était en route, à Bet-Éqèd-des-Pasteurs, 13 il y trouva les frèresq d’Ochozias, roi de Juda, et demanda : « Qui êtes-vous ? » Ils répondirent : « Nous sommes les frères d’Ochozias et nous descendons saluer les fils du roi et les fils de la reine mère. »

q « Frères » au sens large de « parents ». Ils vont visiter les fils de Joram et ceux de Jézabel. Il est invraisemblable qu’ayant déjà dépassé Samarie, ils ne sachent rien du massacre des vv. 6-7. L’épisode est hors de place.

14 Il ordonna : « Prenez-les vivants. » On les prit vivants et on les égorgea à la citerne de Bet-Éqèd, au nombre de quarante-deux ; il n’en épargna pas un seul.

Jéhu et Yonadab.

15 Parti de là, il trouva Yonadab fils de Rékab, qui venait à sa rencontre ; il le salua et lui dit : « Ton cœur est-il loyalement avec le mien,r comme mon cœur est avec le tien ? » Yonadab répondit : « Oui. » — « Si c’est oui, donne-moi la main. » Yonadab lui donna la main et Jéhu le fit monter près de lui sur le char.

r « Ton cour... avec le mien » grec., hébr. intraduisible. — Yonadab, fils de Rékab, était un Yahviste fervent qui avait imposé à son clan les règles de la vie du désert, Jr 35.1-11. Il est normal qu’il ait soutenu Jéhu ; mais cet épisode, comme le précédent, ne doit pas être à sa vraie place.

16 Il lui dit : « Viens avec moi, tu admireras mon zèle pour Yahvé », et il l’emmena sur son char. 17 Il entra dans Samarie et frappa tous les survivants de la famille d’Achab à Samarie, il l’extermina, selon la parole que Yahvé avait dite à Élie.

Massacre des fidèles de Baal et destruction de son temple.

18 Jéhu rassembla tout le peuple et lui dit : « Achab a vénéré Baal un peu, Jéhu va le vénérer beaucoup. 19 Maintenant, appelez-moi tous les prophètes de Baal, tous ses fidèles et tous ses prêtres, qu’il n’en manque pas un, car j’ai à offrir un grand sacrifice à Baal. Quiconque s’abstiendra perdra la vie. » — Jéhu agissait par ruse, pour anéantir les fidèles de Baal. — 20 Il ordonna : « Convoquez une assemblée sainte pour Baal »; et ils la convoquèrent. 21 Jéhu envoya des messagers dans tout Israël et tous les fidèles de Baal arrivèrent, il n’en resta pas un qui ne vînt. Ils se rendirent au temple de Baal, qui fut rempli d’un mur à l’autre. 22 Jéhu dit au gardien du vestiaire : « Sors des vêtements pour tous les fidèles de Baal »,s et il sortit pour eux les vêtements.

s Le changement de vêtements est une purification préliminaire à la participation au culte, attestée chez les Phéniciens et chez les Arabes païens ; cf. Gn 35.2.

23 Jéhu vint au temple de Baal avec Yonadab fils de Rékab et dit aux fidèles de Baal : « Assurez-vous bien qu’il n’y a pas de serviteurs de Yahvé ici avec vous, mais rien que des fidèles de Baal », 24 et il s’avança pour offrir des sacrifices et des holocaustes.

Or Jéhu avait posté au-dehors quatre-vingts de ses gens et avait dit : « Si l’un de vous laisse échapper un des hommes que je vais vous livrer, sa vie paiera pour la vie de l’autre. » 25 Lorsque Jéhu eut achevé d’offrir l’holocauste, il ordonna aux gardes et aux écuyers : « Entrez, frappez-les ! Que pas un ne sorte ! » Les gardes et les écuyers entrèrent, les passèrent au fil de l’épée et arrivèrent jusqu’au sanctuaire du temple de Baal.t

t Trad. conjecturale d’un texte corrompu ; hébr. « Les gardes et les écuyers les passèrent au fil de l’épée, et jetèrent et allèrent jusqu’à la ville du temple de Baal ».

26 Ils enlevèrent la stèleu du temple de Baal et la brûlèrent.

u Cette stèle est probablement un pieu sacré (on ne pouvait brûler une stèle de pierre).

27 Ils démolirent la stèle de Baal, ils démolirent aussi le temple de Baal et en firent un cloaque, ce qu’il est resté jusqu’à maintenant.

Règne de Jéhu en Israël (841-814).

28 Ainsi Jéhu fit que Baal disparut d’Israël. 29 Cependant Jéhu ne se détourna pas des péchés de Jéroboam fils de Nebat, où il avait entraîné Israël, les veaux d’or de Béthel et de Dan.v

v Jugement de type deutéronomiste. La source que suivait l’auteur des Rois dans les récits précédents louait sans réticence, v. 30, le yahvisme sincère et brutal de Jéhu. Mais en exterminant les fidèles de Baal, Jéhu voulait sans doute aussi supprimer les derniers appuis de la dynastie d’Achab.

30 Yahvé dit à Jéhu : « Parce que tu as bien exécuté ce qui m’était agréable et que tu as accompli tout ce que j’avais dans le cœur contre la maison d’Achab, tes fils jusqu’à la quatrième génération s’assiéront sur le trône d’Israël. » 31 Mais Jéhu ne suivit pas fidèlement et de tout son cœur la loi de Yahvé, Dieu d’Israël : il ne se détourna pas des péchés de Jéroboam, où il avait entraîné Israël.

32 En ce temps-là, Yahvé commença à tailler dans Israël et Hazaël battit les Israélites dans tout le territoire 33 à partir du Jourdain vers le soleil levant, tout le pays de Galaad, le pays des Gadites, des Rubénites, des Manassites, depuis Aroër qui est sur le torrent d’Arnon, Galaad et Bashân.w

w Les Israélites perdaient ainsi toutes leurs possessions de Transjordanie. Le v. est surchargé de gloses inspirées de Dt 3.12s.

34 Le reste de l’histoire de Jéhu, tout ce qu’il a fait, tous ses exploits, cela n’est-il pas écrit au livre des Annales des rois d’Israël ? 35 Il se coucha avec ses pères et on l’enterra à Samarie ; son fils Joachaz devint roi à sa place. 36 Jéhu avait régné sur Israël pendant vingt-huit ans à Samarie.

6. DU RÈGNE D’ATHALIE À LA MORT D’ÉLISÉE

Histoire d’Athalie (841-835).x

11 Lorsque la mère d’Ochozias, Athalie, eut appris que son fils était mort, elle entreprit d’exterminer toute la descendance royale.

x On reconnaît, dans cette histoire, deux récits combinés. Le premier, vv. 1-12 et 18-20, attribue la chute d’Athalie à l’action du sacerdoce, soutenu par la garde royale. Le second, vv. 13-18, incomplet, donne plutôt au fait le caractère d’un mouvement populaire.

2 Mais Yehosheba,y fille du roi Joram et sœur d’Ochozias, retira furtivement Joas, le fils d’Ochozias, du groupe des fils du roi qu’on massacrait et elle le mit, avec sa nourrice, dans la chambre des lits ; elle le déroba ainsi à Athalie et il ne fut pas mis à mort.

y D’après 2 Ch 22.11, elle était femme du prêtre Yehoyada, v. 4, ce qui explique qu’elle puisse garder Joas caché dans le Temple, v. 3.

3 Il resta six ans avec elle, caché dans le Temple de Yahvé, pendant qu’Athalie régnait sur le pays.

4 La septième année, Yehoyadaz envoya chercher les centeniers des Cariensa et des gardes, et les fit venir auprès de lui, dans le Temple de Yahvé. Il conclut un pacte avec eux, leur fit prêter serment dans le temple de Yahvé et leur montra le fils du roi.

z Le chef du sacerdoce de Jérusalem, 2 R 12.8.

a Mercenaires originaires d’Asie Mineure. Ils sont différents des Kérétiens qui ne sont plus mentionnés après Salomon, 1 R 1.38. — « gardes » litt. « coureurs ».

5 Il leur donna cet ordre : « Voici ce que vous allez faire : le tiers de ceux d’entre vous qui terminent le jour du sabbat et assurent la garde du palais royal, 6 le tiers à la porte de Sûr et le tiers à la porte derrière les gardes, vous prendrez la faction au temple, à tour de rôle.b

b Trad. hypothétique d’un mot unique dans l’AT. — Le dispositif semble impliquer toutes les forces, sans autoriser les permissions hebdomadaires ; une force, découpée en trois tiers en temps ordinaire, est maintenue, avec une nouvelle mission : avoir l’œil sur le temple proprement dit, à l’intérieur duquel une autre force, les deux « sections », sera chargée de la défense rapprochée du jeune roi.

7 Quant aux deux sections d’entre vous qui prennent le service le jour du sabbat, elles assureront la faction au Temple de Yahvé, auprès du roi. 8 Vous ferez un cercle autour du roi ; chacun aura ses armes à la main et quiconque voudra forcer vos rangs sera mis à mort. Vous accompagnerez le roi dans ses allées et venues. »

9 Les centeniers firent tout ce que leur avait ordonné le prêtre Yehoyada. Ils prirent chacun leurs hommes, ceux terminant le service le jour du sabbat en même temps que ceux débutant le jour du sabbat. Ils vinrent auprès du prêtre Yehoyada. 10 Le prêtre donna aux centeniers les lances et les boucliers du roi David, qui étaient dans le Temple de Yahvé.c

c Sans doute glose provenant du récit parallèle, 2 Ch 23.9, dans lequel le rôle des gardes est tenu par des lévites, qui avaient besoin d’être armés. — « les lances » versions ; « la lance » hébr.

11 Les gardes se rangèrent, leurs armes à la main, depuis l’angle sud jusqu’à l’angle nord du Temple, entourant le roi. 12 Alors Yehoyada fit sortir le fils du roi,d il lui imposa le diadème et lui remit le document de l’alliance ; on le fit roie et on lui donna l’onction. On battit des mains et on cria : « Vive le roi ! »

d Le roi sort non point de sa cachette (cela a été fait avec les gardes, v. précédent), mais en public, sur un des parvis du Temple, d’où le peuple pourra l’acclamer.

e Les rois de Juda recevaient donc au moment de leur sacre un document de l’alliance conclue entre Yahvé et la race de David. On y a comparé le « protocole » rédigé pour les pharaons au moment de leur couronnement. Le même terme en araméen et en assyrien signifie « stipulation d’alliance ».

13 Entendant la clameur des gardes et du peuple, Athalie se rendit vers le peuple au Temple de Yahvé. 14 Quand elle vit le roi debout sur l’estrade, selon l’usage, les chefs et les trompettes près du roi, tout le peuple du pays exultant de joie et sonnant de la trompette, Athalie déchira ses vêtements et cria : « Trahison ! Trahison ! » 15 Alors le prêtre Yehoyada donna un ordre aux centeniers chargés de la troupe : « Faites-la sortir entre les rangs, leur dit-il, et si quelqu’un la suit, qu’on le passe au fil de l’épée »; car le prêtre s’était dit : « Il ne faut pas qu’elle soit tuée dans le Temple de Yahvé. » 16 Ils mirent la main sur elle et, quand elle arriva au palais royal par l’Entrée des Chevaux, là elle fut mise à mort.

17 Yehoyada conclut entre Yahvé, le roi et le peuple l’alliance par laquelle celui-ci s’obligeait à être le peuple de Yahvé ; de même entre le roi et le peuple.f

f Les derniers mots sont souvent considérés comme une addition ; ils manquent dans 2 Ch 23.16. Cependant l’existence d’un pacte entre le roi et le peuple est indiquée par 1 S 10.25 (Saül) ; 2 S 5.3 (David) ; 1 R 12.1s (Roboam).

18 Tout le peuple du pays se rendit ensuite au temple de Baal et le démolit ; on brisa de belle façon ses autels et ses images et on tua Mattân, prêtre de Baal, devant les autels.g

Le prêtre établit des postes de surveillance pour le Temple de Yahvé,

g La révolution est parallèle à celle de Jéhu dans le royaume du Nord, 2 R 10.18-28.

19 puis il prit des centeniers, les Cariens et les gardes, et tout le peuple du pays. Ils firent descendre le roi du Temple de Yahvé et entrèrent au palais par la porte des Gardes. Joas s’assit sur le trône des rois. 20 Tout le peuple du pays était en liesse et la ville était calme. Quant à Athalie, on la fit périr par l’épée dans le palais royal.

Règne de Joas en Juda (835-796).

12 Joas avait sept ans à son avènement. 2 En la septième année de Jéhu, Joas devint roi et il régna quarante ans à Jérusalem ; sa mère s’appelait Çibya et était de Bersabée. 3 Joas fit ce qui est agréable à Yahvé, pendant toute sa vie, car le prêtre Yehoyada l’avait instruit.h

h Et non « pendant tout le temps que le prêtre Yehoyada lui donna des instructions », comme on traduit parfois pour harmoniser avec 2 Ch 24.2 et 17s.

4 Seulement, les hauts lieux ne disparurent pas et le peuple continuait d’offrir sacrifices et encens sur les hauts lieux.

5 Joas dit aux prêtres : « Tout l’argent des redevances sacrées qu’on apporte au Temple de Yahvé, l’argent des taxes personnellesi et tout l’argent offert volontairement au Temple,

i Texte incertain rétabli d’après grec. — L’hébr. ajoute ici « l’argent des personnes qu’il (le prêtre ?) a estimées », glose explicative. — Ces taxes ne sont pas les impôts civils, mais des sommes dues au sanctuaire.

6 les prêtres le recevront chacun des gens de sa connaissance et ils feront au Temple toutes les réparations qu’il y a à faire. »j

j Une première ordonnance royale les prêtres prendront sur leurs revenus les frais de réparation du Temple.

7 Or, en la vingt-troisième année du roi Joas, les prêtres n’avaient pas réparé le Temple ; 8 alors le roi Joas appela le prêtre Yehoyada et les prêtres et il leur dit : « Pourquoi ne réparez-vous pas le Temple ? Il ne faut plus que vous receviez l’argent des gens de votre connaissance, vous le donnerez pour le dommage du Temple. » 9 Les prêtres consentirent à ne pas accepter d’argent du peuple et à n’être plus chargés de réparer le Temple.

10 Le prêtre Yehoyada prit un coffre, perça un trou dans son couvercle et le plaça à côté de l’autel, à droite quand on entre dans le Temple de Yahvé, et les prêtres gardiens du seuil y déposaient tout l’argent livré au Temple de Yahvé.

11 Quand ils voyaient qu’il y avait beaucoup d’argent dans le coffre, le secrétaire royal et le grand prêtre montaient, ramassaient puis comptaient l’argent qui se trouvait dans le Temple de Yahvé. 12 Une fois l’argent éprouvé, on le remettait aux maîtres d’œuvre attachés au Temple de Yahvé et ceux-ci le dépensaient pour les charpentiers et les ouvriers du bâtiment qui travaillaient au Temple de Yahvé, 13 pour les maçons et les tailleurs de pierres, et pour acheter le bois et les pierres de taille, destinés à la réparation du Temple de Yahvé, bref pour tous les frais de réparation du Temple. 14 Mais on ne faisait dans le Temple de Yahvé ni bassins d’argent, ni couteaux, ni bols à aspersion, ni trompettes, ni aucun objet d’or ou d’argent avec l’argent qui y était livré, 15 on le donnait aux maîtres d’œuvre qui l’employaient à réparer le Temple de Yahvé.

16 On ne tenait pas de comptes avec les gens aux mains desquels on remettait l’argent pour le donner aux artisans, car ils agissaient avec probité. 17 Quant à l’argent versé pour la satisfaction d’un délit ou d’un péché, il n’était pas livré au Temple de Yahvé, il était pour les prêtres.

18 Alors Hazaël, roi d’Aram, partit en guerre contre Gat et la prit, puis il se disposa à monter contre Jérusalem. 19 Joas, roi de Juda, prit tout ce qu’avaient consacré les rois de Juda, ses pères, Josaphat, Joram et Ochozias, ce qu’il avait consacré lui-même et tout l’or qu’on trouva dans les trésors du Temple de Yahvé et du palais royal ; il envoya le tout à Hazaël, roi d’Aram, et celui-ci s’éloigna de Jérusalem.

20 Le reste de l’histoire de Joas et tout ce qu’il a fait, cela n’est-il pas écrit au livre des Annales des rois de Juda ? 21 Ses officiers se soulevèrent et ourdirent un complot ; ils frappèrent Joas au Bet-Millok à la descente de Silla.

k « La maison du Millo », cf. 1 R 9.15. À la fin, on pourrait comprendre « alors qu’il descendait à Silla » ; ce dernier site demeure inconnu.

22 Ce furent Yozakarl fils de Shiméat et Yehozabad fils de Shomer qui le frappèrent, et il mourut. On l’enterra avec ses pères dans la Cité de David et son fils Amasias régna à sa place.

l Yozabad, selon certains mss.

Règne de Joachaz en Israël (814-798).

13 En la vingt-troisième année de Joas fils d’Ochozias, roi de Juda, Joachaz fils de Jéhu devint roi sur Israël à Samarie. Il régna dix-sept ans.

2 Il fit ce qui déplaît à Yahvé et imita le péchém de Jéroboam fils de Nebat, où celui-ci avait entraîné Israël ; il ne s’en détourna pas.

m « le péché » au pluriel en hébr. mais le pronom qui s’y rapporte est au singulier ; de même au v. 11.

3 Alors la colère de Yahvé s’enflamma contre les Israélites et il les livra à Hazaël, roi d’Aram, et à Ben-Hadad,n fils de Hazaël, tout le temps.

n Ben-Hadad III, qui sera l’adversaire de Joas d’Israël, v. 25.

4 Mais Joachaz chercha à apaiser Yahvé, et Yahvé l’exauça, car il avait vu l’oppression que le roi d’Aram faisait subir à Israël. 5 Yahvé donna à Israël un libérateur ; ils s’affranchirento de l’emprise d’Aram, et les Israélites habitèrent leurs tentes comme auparavant.

o Ce libérateur n’est pas Joachaz, ni son fils Joas, malgré le v. 25, mais Jéroboam II, voir 2 R 14.27, dont s’inspire le rédacteur qui a ajouté les vv. 4-6 comme une anticipation.

6 Seulement, ils ne se détournèrent pas du péché de la maison de Jéroboam, où celle-ci avait entraîné Israël : ils y persistèrent, et même le pieu sacré resta dressé à Samarie. 7 Yahvép ne laissa comme troupes à Joachaz que cinquante cavaliers, dix chars et dix mille hommes de pied ; le roi d’Aram les avait exterminés et rendus comme poussière qu’on foule aux pieds.

p Le v. 7 se rattache au v. 3 par-dessus l’addition des vv. 4-6. Le sujet, sous-entendu en hébr., est explicité pour la clarté.

8 Le reste de l’histoire de Joachaz, tout ce qu’il a fait et ses exploits, cela n’est-il pas écrit au livre des Annales des rois d’Israël ? 9 Joachaz se coucha avec ses pères, on l’enterra à Samarie et son fils Joas régna à sa place.

Règne de Joas en Israël (798-783).

10 En la trente-septième année de Joas, roi de Juda, Joas fils de Joachaz devint roi sur Israël à Samarie ; il régna seize ans. 11 Il fit ce qui déplaît à Yahvé, il ne se détourna pas du péché de Jéroboam fils de Nebat, où celui-ci avait entraîné Israël, il y persista.

12 Le reste de l’histoire de Joas, tout ce qu’il a fait et ses exploits, comment il fit la guerre à Amasias, roi de Juda, cela n’est-il pas écrit au livre des Annales des rois d’Israël ? 13 Joas se coucha avec ses pères et Jéroboam monta sur son trône. Joas fut enterré à Samarie avec les rois d’Israël.

Mort d’Élisée.

14 Quand Élisée fut frappé de la maladie dont il devait mourir, Joas, le roi d’Israël, descendit vers lui, pleura sur son visage et dit : « Mon père ! Mon père ! Char d’Israël et son attelage ! » 15 Élisée lui dit : « Va chercher un arc et des flèches », et il alla chercher un arc et des flèches. 16 Élisée dit au roi d’Israël : « Bande l’arc », et il le banda. Élisée mit ses mains sur les mains du roi, 17 puis il dit : « Ouvre la fenêtre vers l’orient », et il l’ouvrit. Alors Élisée dit : « Tire ! » et il tira. Élisée dit : « Flèche de victoire pour Yahvé ! Flèche de victoire contre Aram ! Tu battras Aram à Apheq, complètement. »q

q En mettant ses mains sur celles du roi, Élisée lui communique la force divine. La flèche tirée vers l’orient est dirigée contre les Araméens. L’action prophétique préfigure l’événement et ainsi en procure la réalisation, cf. Jr 18.1.

18 Élisée dit : « Prends les flèches »; et il les prit. Élisée dit au roi d’Israël : « Frappe contre terre », il frappa trois coups et il s’arrêta. 19 Alors l’homme de Dieu s’irrita contre lui : « Il fallait frapper cinq ou six coups ! Alors tu aurais battu Aram complètement ; maintenant, tu ne le battras que trois fois ! »

20 Élisée mourut et on l’enterra. Des bandes de Moabites faisaient incursion dans le pays chaque année.r

r « chaque année » shanah beshanah conj. ; hébr. ba’ shanah corrompu. On peut aussi comprendre « au commencement de l’année suivante ».

21 Il arriva que des gens qui portaient un homme en terre virent la bande ; ils jetèrent l’homme dans la tombe d’Élisée et partirent. L’homme toucha les ossements d’Élisée : il reprit vie et se dressa sur ses pieds.

Victoire sur les Araméens.

22 Hazaël, roi d’Aram, avait opprimé les Israélites pendant toute la vie de Joachaz. 23 Mais Yahvé leur fit grâce et les prit en pitié. Il se tourna vers eux à cause de l’alliance qu’il avait conclue avec Abraham, Isaac et Jacob ; il ne voulut pas les anéantir et ne les rejeta pas loin de sa face, jusqu’à présent. 24 Hazaël, roi d’Aram, mourut et son fils Ben-Hadad régna à sa place. 25 Alors Joas, fils de Joachaz, reprit des mains de Ben-Hadad, fils de Hazaël, les villes que Hazaël avait enlevées par les armes à son père Joachaz. Joas le battit trois fois et recouvra les villes d’Israël.