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Bible de Jérusalem

2 Maccabées 11

Première campagne de Lysias.r

11 Très peu de temps après, Lysias, tuteur et parent du roi, à la tête des affaires du royaume, très affecté par les derniers événements,

r Les événements rapportés en 11.1-21 et 11.27—12.9 se situent encore en 164, du vivant d’Antiochus Épiphane. Chez Jason de Cyrène, la péricope devait suivre 8.36 (et ainsi se justifie le « très peu de temps après » du v. 1), mais pour l’abréviateur l’action se passe sous Antiochus V, cf. v. 23.

2 assembla environ quatre-vingt mille hommes de pied, avec toute sa cavalerie, et se mit en marche contre les Juifs, comptant bien faire de la Ville une résidence pour les Grecs, 3 soumettre le sanctuaire à un impôt comme les autres lieux de culte des nations et vendre tous les ans la dignité de grand prêtre, 4 ne tenant aucun compte de la puissance de Dieu, mais pleinement confiant dans ses myriades de fantassins, dans ses milliers de cavaliers et ses quatre-vingts éléphants.

5 Ayant donc pénétré en Judée, il s’approcha de Bethsour, qui est une place forte distante de Jérusalem d’environ cinq schœnes,s et la pressa vivement.

s « schœnes » mss grecs ; « stades » grec et versions (avec des chiffres variables). — Le schœne comptait 30 stades, soit environ 5 km et demi.

6 Lorsque Maccabée et les siens apprirent que Lysias assiégeait les forteresses, ils prièrent le Seigneur avec gémissements et larmes, de concert avec la foule, d’envoyer un bon ange à Israël pour le sauver. 7 Maccabée lui-même, prenant les armes le premier, exhorta les autres à s’exposer avec lui au danger pour secourir leurs frères. Ceux-là donc s’élancèrent ensemble, remplis d’ardeur ; 8 ils se trouvaient encore près de Jérusalem lorsqu’un cavalier vêtu de blanc apparut à leur tête, agitant des armes d’or. 9 Alors tous à la fois bénirent le Dieu miséricordieux et se sentirent animés d’une telle ardeur qu’ils étaient prêts à transpercer, non seulement des hommes, mais encore les bêtes les plus sauvages et des murailles de fer. 10 Ils s’avancèrent en ordre de bataille, aidés par un allié venu du ciel, le Seigneur ayant eu pitié d’eux. 11 Ils foncèrent donc à la façon des lions sur les ennemis, couchèrent sur le sol onze mille fantassins et seize cents cavaliers, et contraignirent tous les autres à fuir.

12 La plupart n’en réchappèrent que blessés et sans armes. Lysias lui-même sauva sa vie par une fuite honteuse.

Paix avec les Juifs. Quatre lettres concernant le traité.

13 Mais Lysias, qui ne manquait pas de sens, réfléchit sur le revers qu’il venait d’essuyer ; comprenant que les Hébreux étaient invincibles puisque le Dieu puissant combattait avec eux, il leur envoya une députation 14 pour les amener à un arrangement sous toutes conditions équitables, et leur promettait de contraindre le roi à devenir leur ami.t

t « de contraindre » Vet. Lat., Vulg. ; « de persuader » mss lat. ; « de persuader de contraindre » grec. — L’expression aura paru trop forte à un copiste qui l’aura remplacée en marge par « persuader », mot ensuite incorporé à plusieurs mss. — Pour l’abréviateur, le roi est Antiochus V ; c’est encore un enfant et une telle pression n’a rien d’étonnant.

15 Maccabée consentit à tout ce que proposait Lysias, n’ayant souci que du bien public. Tout ce que Maccabée transmit par écrit à Lysias au sujet des Juifs, le roi l’accorda.u

u Cet accord explique que Judas n’ait pas été autrement inquiété pendant cette année 164.

16 La lettre écrite aux Juifs par Lysias était ainsi libellée : « Lysias au peuple juif, salut. 17 Jean et Absalom,v vos émissaires, m’ayant remis l’acte transcrit ci-dessous, m’ont prié de ratifier les choses qu’il contenait.

v Ce Jean peut être l’aîné des fils de Mattathias, 1 M 2.2 ; Absalom doit être un personnage important, car deux de ses fils exerceront des commandements militaires, cf. 1 M 11.70 ; 13.11.

18 J’ai donc exposé au roiw ce qui devait lui être soumis. Quant à ce qui était possible, je l’ai accordé.

w Antiochus IV. S’il s’agissait du jeune Antiochus V, comme le croit l’abréviateur, la démarche du tout-puissant Lysias s’expliquerait moins bien.

19 Si donc vous conservez vos dispositions favorables envers les intérêts de l’État, je m’efforcerai à l’avenir de travailler à votre bien. 20 Quant aux matières de détail, j’ai donné des ordres à vos envoyés et à mes gens pour en conférer avec vous. 21 Portez-vous bien. L’an cent quarante-huit, le vingt-quatre de Dioscore. »x

x « Dioscore » lat. ; « de Jupiter corinthien » (dioscorinthios) grec. — C’est le nom d’un mois crétois, équivalent de Xanthique, cf. v. 30. On est au printemps de 164.

22 La lettre du roi contenait ce qui suit : « Le roi Antiochusy à son frère Lysias, salut.

y Ici, il s’agit d’Antiochus V, cf. v. suivant, et du rescrit accordé aux Juifs après la deuxième campagne de Lysias, cf. 13.23 ; 1 M 6.59.

23 Notre père ayant émigré vers les dieux,z et nous-même désirant que ceux de notre royaume soient à l’abri des troubles pour s’appliquer au soin de leurs propres affaires,

z Allusion à l’apothéose du souverain, qui était en usage chez les Séleucides autant que chez les Lagides.

24 ayant appris d’autre part que les Juifs ne consentent pas à l’adoption des mœurs grecques voulue par notre père, mais que, préférant leur manière de vivre particulière, ils demandent qu’on leur permette l’observation de leurs lois, 25 désirant donc que ce peuple aussi reste tranquille, nous décidons que le Temple leur soit rendu et qu’ils puissent vivre selon les coutumes de leurs ancêtres. 26 Tu feras donc bien d’envoyer quelqu’un vers eux pour leur tendre la main afin que, au fait du parti adopté par nous, ils aient confiance et vaquent joyeusement à leurs propres affaires. »

27 La lettre du roi à la nation des Juifs était ainsi conçue : « Le roi Antiochus au Sénat des Juifs et aux autres Juifs, salut. 28 Si vous allez bien, cela est conforme à nos vœux, et nous-même nous sommes en bonne santé. 29 Ménélas nous a fait connaître le désir que vous avez de retourner à vos propres demeures. 30 Tous ceux qui, jusqu’au trente Xanthique, retourneront chez eux, obtiendront l’assurance de l’impunité. 31 Les Juifs auront l’usage de leurs aliments spéciaux et de leurs lois comme auparavant. Que nul d’entre eux ne soit molesté d’aucune façon pour des fautes commises par ignorance. 32 J’envoie pareillement Ménélas pour vous tranquilliser.a

a Le rôle conféré au grand prêtre honni par les insurgés montre que le roi n’entendait pas reconnaître leur chef, Judas. Mais l’objectif religieux de la révolte, à savoir le retrait de l’édit d’abolition du culte juif, était atteint.

33 Portez-vous bien. L’an cent quarante-huit, le quinze Xanthique. »

34 Les Romains adressèrent aussi aux Juifs une lettre de cette teneur : « Quintus Memmius, Titus Manilius, Manius Sergius,b légats romains, au peuple des Juifs, salut.

b « Manilius » et « Sergius » sont restitués d’après 2 Mss grecs le reste du grec lit seulement « Titus Manius », mais ce nom formé de deux prénoms est impossible. Titus Manilius et Manius Sergius sont d’ailleurs des personnages connus. Quant à Quintus Memmius, il n’est pas lui-même connu, mais un Titus Memmius avait été légat en 170.

35 Les choses que Lysias, parent du roi, vous a accordées, nous vous les concédons aussi. 36 Quant à celles qu’il a jugé devoir soumettre au roi, envoyez-nous quelqu’un sans délai, après les avoir bien examinées, afin que nous les exposions au roi d’une façon qui vous soit avantageuse, car nous nous rendons à Antioche. 37 Aussi bien, hâtez-vous de nous expédier des gens afin que nous sachions, nous aussi, quelles sont vos intentions. 38 Portez-vous bien. L’an cent quarante-huit, le quinze de Dioscore. »c

c « Dioscore » Vet. Lat. ; « Xanthique » grec.