retour

Bible de Jérusalem

Actes 12

L’arrestation de Pierre et sa délivrance miraculeuse.m

12 Vers ce temps-là, le roi Hérode mit la main sur quelques membres de l’Église pour les maltraiter.

m Agrippa Ier, petit-fils du roi Hérode le Grand, fut décoré du titre royal par Caligula, en 37, mais ne fut réellement roi de Judée qu’en 41 ; il mourut, probablement en septembre ou octobre 43, et en tout cas avant la fin de février 44. Littérairement, le récit tranche sur son contexte actuel et rappelle la manière de Marc.

2 Il fit périr par le glaive Jacques, frère de Jean. 3 Voyant que c’était agréable aux Juifs, il fit encore arrêter Pierre. C’étaient les jours des Azymes. 4 Il le fit saisir et jeter en prison, le donnant à garder à quatre escouades de quatre soldats ; il voulait le faire comparaître devant le peuple après la Pâque. 5 Tandis que Pierre était ainsi gardé en prison, la prière de l’Église s’élevait pour lui vers Dieu ardemment.

6 Or, la nuit même avant le jour où Hérode devait le faire comparaître, Pierre était endormi entre deux soldats ; deux chaînes le liaientn et, devant la porte, des sentinelles gardaient la prison.

n Aux deux soldats qui étaient à ses côtés.

7 Soudain, l’ange du Seigneur survint, et le cachot fut inondé de lumière. L’ange frappa Pierre au côté et le fit lever : « Debout ! Vite ! » dit-il. Et les chaînes lui tombèrent des mains. 8 L’ange lui dit alors : « Mets ta ceinture et chausse tes sandales »; ce qu’il fit. Il lui dit encore : « Jette ton manteau sur tes épaules et suis-moi. » 9 Pierre sortit, et il le suivait ; il ne se rendait pas compte que ce fût vrai, ce qui se faisait par l’ange, mais il se figurait avoir une vision. 10 Ils franchirent ainsi un premier poste de garde, puis un second, et parvinrent à la porte de fer qui donne sur la ville. D’elle-même, elle s’ouvrit devant eux. Ils sortirent,o allèrent jusqu’au bout d’une rue, puis brusquement l’ange le quitta.

o Add. « descendirent les sept degrés ».

11 Alors Pierre, revenant à lui, dit : « Maintenant je sais réellement que le Seigneur a envoyé son Ange et m’a arraché aux mains d’Hérode et à tout ce qu’attendait le peuple des Juifs. »

12 Et s’étant reconnu, il se rendit à la maison de Marie, mère de Jean, surnommé Marc,p où une assemblée assez nombreuse s’était réunie et priait.

p On retrouve Jean-Marc en 12.25 ; 13.5, 13 ; 15.37-39 ; il était le cousin de Barnabé, Col 4.10. Il sera auprès de Paul durant sa première captivité romaine, Col 4.10 ; Phm 24, et Paul réclamera encore ses services peu avant de mourir, 2 Tm 4.11. Il fut également le disciple de Pierre, 1 P 5.13, et la tradition reconnaît en lui l’auteur du deuxième évangile.

13 Il heurta le battant du portail, et une servante, nommée Rhodé, vint aux écoutes. 14 Elle reconnut la voix de Pierre et, dans sa joie, au lieu d’ouvrir la porte, elle courut à l’intérieur annoncer que Pierre était là, devant le portail. 15 On lui dit : « Tu es folle ! » mais elle soutenait qu’il en était bien ainsi. « C’est son ange ! »q dirent-ils alors.

q Ils supposent que Rhodé voyait une apparition de Pierre revenant des morts ; cf. 23.9.

16 Pierre cependant continuait à frapper. Quand ils eurent ouvert, ils virent que c’était bien lui et furent saisis de stupeur. 17 Mais il leur fit de la main signe de se taire et leur raconta comment le Seigneur l’avait tiré de la prison. Il ajouta : « Annoncez-le à Jacquesr et aux frères. » Puis il sortit et s’en alla dans un autre endroit.

r « Jacques », sans autre spécification, désigne le « frère du Seigneur ». Dès l’époque de la première visite de Paul à Jérusalem, Ga 1.19 (ce serait en 36, cf. 9.1), Jacques est le chef du groupe « hébreu » des chrétiens de Jérusalem. Il gouvernera l’Église mère après le départ de Pierre. Voir 15.13 ; 21.18 ; 1 Co 15.7. L’Épître de Jacques se présente comme son œuvre.

18 Au lever du jour, ce fut grand émoi chez les soldats : qu’était donc devenu Pierre ? 19 Hérode l’ayant envoyé chercher sans qu’on le trouvât, ordonna, après interrogatoire des gardes, de les exécuter.s Puis de Judée il descendit à Césarée, où il demeura.

s Responsables de leurs prisonniers, les soldats devaient subir la peine de ceux qu’ils avaient laissé échapper, cf. 16.27 ; 27.42.

La mort du persécuteur.t

20 Hérode était en conflit aigu avec les gens de Tyr et de Sidon. D’un commun accord ceux-ci se présentèrent devant lui et, après avoir gagné Blastus, le chambellan du roi, ils sollicitaient la paix. Leur pays, en effet, tirait sa subsistance de celui du roi.

t Josèphe offre aussi une notice sur l’apothéose et la mort d’Agrippa qui complète celle du livre des Actes.

21 Au jour fixé, Hérode, vêtu de ses habits royaux, prit place sur la tribune et, tandis qu’il les haranguait, 22 le peuple se mit à crier : « C’est un dieu qui parle, ce n’est pas un homme ! » 23 Mais à l’instant même, l’Ange du Seigneur le frappa, parce qu’il n’avait pas rendu gloire à Dieu ; et rongé de vers,u il rendit l’âme.

u Var. « étant descendu de la tribune, il devint, encore vivant, la pâture des vers, et ainsi rendit l’âme ».

Barnabé et Saul rentrent à Antioche.

24 Cependant la parole de Dieu croissait et se multipliait.

25 Quant à Barnabé et Saul, après avoir accompli leur ministère à Jérusalem,v ils revinrent, ramenant avec eux Jean, surnommé Marc.

v Var. « à Jérusalem ». Cette leçon mieux attestée peut s’entendre si l’on rapporte ces mots au verbe « accomplir »; la var. « de Jérusalem » suppose qu’on rattache l’expression au verbe « revinrent », mais elle semble être une correction facilitante.