10 Il y avait à Damas un disciple du nom d’Ananie. Le Seigneur l’appela dans une vision : « Ananie » — « Me voici, Seigneur », répondit-il. —
o Var. « et qui dans une vision a vu ». Deux révélations parallèles, à Paul et à Ananie ; comp. 10.11, 30s.
p Dieu étant le Saint par excellence, Isa 6.3, ceux qui se consacrent à son service sont appelés « saints », Lv 17.1. Appliqué d’abord au peuple d’Israël, Ex 19.6, et particulièrement à la communauté des temps messianiques, Dn 7.18, ce terme vaut éminemment pour les chrétiens qui sont le nouveau « peuple saint », 1 P 2.5, 9, appelés, Rm 1.7 ; 1 Co 1.2 ; Ep 1.4 ; 2 Tm 1.9 ; Mt 3.1, par la consécration du baptême, Ep 5.26s, à une vie pure, 1 Co 7.34 ; Ep 1.4 ; 5.3 ; Col 1.22, qui les rend saints comme Dieu, 1 P 1.15s, cf. 1 Jn 3.3, et comme Jésus, « le Saint de Dieu », Mc 1.24, car la sainteté est l’œuvre de Dieu, 1 Th 4.3 ; 5.23. Aussi est-il devenu dans la communauté primitive la désignation ordinaire des chrétiens, d’abord en Palestine, 9.13, 32, 41 ; Rm 15.26, 31 ; 1 Co 16.1, 15 ; 2 Co 8.4 ; 9.1, 12, puis dans toutes les Églises, Rm 8.27 ; 12.13 ; 16.2, 15 ; 1 Co 6.1s ; 14.33 ; 2 Co 13.12 ; Ep 1.15 ; 3.18 ; 4.12 ; 6.18 ; Ph 4.21s ; Col 1.4 ; 1 Tm 5.10 ; Phm 5, 7 ; He 6.10 ; 13.24 ; Jude 3 (et dans les adresses des épîtres, 2 Co 1.1, etc.). En Ap 5.8 ; 8.3, etc., le terme désigne les martyrs. Il se peut qu’il soit parfois restreint aux chefs, « apôtres et prophètes », Ep 3.5 et Col 1.26 ; Ep 3.8 ; 4.12 ; Ap 18.20. Enfin, comme dans l’AT, Jb 5.1, le terme peut s’appliquer aux anges, Mc 8.38 ; Lc 9.26 ; 10.22 ; Jude 14 ; Ap 14.10, et il est malaisé de savoir si certains textes parlent de ceux-ci ou des hommes parvenus à la gloire, Ep 1.18 ; Col 1.12 ; 1 Th 3.13 ; 2 Th 1.10.
q Cf. Jr 1.10. La mission de Paul concerne « tous les hommes », 22.15, les nations païennes, 26.17, ce qui correspond à ce que Paul écrit lui-même en Ga 1.16, cf. Rm 1.5 ; 11.13 ; 15.16-18 ; Ga 2.2, 8, 9 ; Ep 3.8 ; Col 1.27 ; 1 Tm 2.7. Sur les « rois », cf. 26.2.
r Expression typique de saint Luc, Lc 1.15, 41, 67 ; 2.4 ; 4.8, 31 ; 7.55 ; Lc 13.9. Cf. Lc 4.1.
s « Fils de Dieu » correspond à « Christ » du v. 22. Cf. Mt 4.3. Le titre de « Fils de Dieu » ne reparaît dans les Actes qu’en 13.33. Il caractérise la christologie paulinienne, Ga 1.16 ; 2.20 ; 4.4, 6 ; Rm 1.3 — 4.9 ; 1 Th 1.10 ; cf. Rm 9.5.
23 Au bout d’un certain temps,t les Juifs se concertèrent pour le faire périr.
t Ga 1.17-18 précise trois ans ; pendant ce temps, Paul a fait un séjour en Arabie. Luc simplifie les faits.
u Var. « ses disciples ».
26 Arrivé à Jérusalem, il essayait de se joindre aux disciples, mais tous en avaient peur, ne croyant pas qu’il fût vraiment disciple.
v Paul raconte cette visite, Ga 1.18-19. Il remarque qu’à ce moment les Églises de Judée ne le connaissaient pas encore de vue, mais ne dit rien de l’intervention de Barnabé. Il déclare n’avoir vu, en fait d’apôtres, que Pierre, et aussi Jacques, le frère du Seigneur ; schématise en parlant des apôtres en général.
w Var « aux Grecs » (c’est-à-dire aux païens) ; même var. en 11.20. — De même que, dans l’Église, les Hellénistes (cf. 6.1) sont les plus entreprenants, de même, dans le judaïsme, ce sont eux qui réagissent le plus violemment contre la propagande chrétienne, 6.9s ; 7.58 ; 9.1 ; 21.27 ; 24.19.
30 L’ayant su, les frères le ramenèrent à Césarée, d’où ils le firent partir pour Tarse.x
x Où Barnabé ira le chercher, 11.25. Comparer à Ga 1.18-21 et à 22.17-21.
31 Cependant les Églisesy jouissaient de la paix dans toute la Judée, la Galilée et la Samarie ; elles s’édifiaient et vivaient dans la crainte du Seigneur, et elles étaient comblées de la consolation du Saint Esprit.z
y « les Églises » texte occ. et antiochien ; « l’Église » texte alex.
z C’est la joie de la foi, 2.46. D’autres traduisent « elles croissaient par la consolation (ou par l’assistance ; ou grâce aux encouragements) du Saint-Esprit ».
32 Pierre, qui passait partout, descendit également chez les saints qui habitaient Lydda.
a Miracles analogues Lc 5.18-26 ; 13.11-13 ; Jn 5.1-14 ; 3.1-10 ; 14.8-10.
36 Il y avait à Joppé parmi les disciples une femme du nom de Tabitha, en grec Dorcas.b Elle était riche des bonnes œuvres et des aumônes qu’elle faisait.
b Littéralement « ce qui se traduit Dorcas » le nom signifie « gazelle ».
39 Pierre partit tout de suite avec eux. Aussitôt arrivé, on le fit monter à la chambre haute, où toutes les veuves en pleurs s’empressèrent autour de lui, lui montrant les tuniques et les manteaux que faisait Dorcas lorsqu’elle était avec elles.
43 Pierre demeura un certain temps à Joppé chez un corroyeur appelé Simon.
3 Il eut une vision. Vers la neuvième heure du jour, l’Ange de Dieu — il le voyait clairement — entrait chez lui et l’appelait : « Corneille ! »
e Littéralement « sont montées en mémorial devant Dieu ». L’expression évoque le sacrifice de « mémorial », cf. Lv 2.2, 9, 16, auquel Tb 12.12 assimile la prière.
9 Le lendemain, tandis qu’ils faisaient route et approchaient de la ville, Pierre monta sur la terrasse, vers la sixième heure, pour prier.
f On a suivi le texte occ.
g Pierre est invité à s’affranchir de ses scrupules touchant la pureté légale, 11.9. Cf. Mt 15.1-20 ; Rm 14.14, 17. L’application est faite en 15.9 par la foi, Dieu a purifié le cœur des païens, bien que leur corps, n’ayant pas été circoncis, reste rituellement impur. Conséquence pratique Pierre ne doit plus craindre de frayer avec des incirconcis, 10.27-28.
17 Tout perplexe, Pierre était à se demander en lui-même ce que pouvait bien signifier la vision qu’il venait d’avoir, quand justement les hommes envoyés par Corneille, s’étant enquis de la maison de Simon, se présentèrent au portail.
h Le rôle de l’Esprit est parallèle à celui de l’Ange du Seigneur, cf. 8.26, 29.
i Var. « trois hommes », cf. 11.11.
26 Mais Pierre le releva en disant : « Relève-toi. Je ne suis qu’un homme, moi aussi. »
j Var. « je jeûnais et j’étais en prière ».
k Cette tournure impersonnelle, respectueuse de la majesté divine, évoque en même temps le ministère des anges ; cf. Mt 18.11, 14 ; Ap 5.8 ; 8.3 ; Tb 12.12.
34 Alors Pierre prit la parole et dit : « Je constate en vérité que Dieu ne fait pas acception des personnes,
l Terminologie cultuelle (cf. v. 4). Est agréable à Dieu un sacrifice irréprochable ou celui qui l’offre, Lv 1.3 ; 19.5 ; 22.19-27. Isaïe (Isa 56.7) avait annoncé qu’à la fin des temps les sacrifices des païens seraient agréables à Yahvé ; voir Ml 1.10-11. Cf. Rm 15.16 ; Ph 4.18 ; 1 P 2.5.
37 Vous savez ce qui s’est passé dans toute la Judée :m Jésus de Nazareth, ses débutsn en Galilée, après le baptême proclamé par Jean ;
m Les vv. 37-42 forment un résumé de l’histoire évangélique, cf. 1.21-22 ; 2.22, soulignant les points que Luc lui-même met en relief dans son évangile.
n Var. « le début ».
o « Ressuscité le troisième jour » la formule classique de la prédication et de la foi chrétiennes. Elle apparaît déjà dans le Credo embryonnaire de 1 Co 15.4, avec la précision « selon les Écritures ». La formule fait écho à Jon 2.1 (cf. Mt 12.40) ; voir aussi Os 6.2. On la retrouve dans Mt 16.21 ; 17.23 ; 20.19 ; 27.64 ; Lc 9.22 ; 18.33 ; 24.7, 46.
41 non à tout le peuple, mais aux témoins que Dieu avait choisis d’avance, à nous qui avons mangé et bu avec luip après sa résurrection d’entre les morts ;
p Add. occ. « et avons vécu familièrement en sa compagnie pendant quarante jours après sa résurrection d’entre les morts ».
42 et il nous a enjoint de proclamer au Peupleq et d’attester qu’il est, lui, le juge établi par Dieu pour les vivants et les morts.r
q Le « Peuple » par excellence, c’est le peuple d’Israël, 10.2 ; 21.28.
r Les vivants ceux qui seront en vie au moment de la parousie ; les morts ceux qui, déjà morts, ressusciteront alors pour le jugement. Voir 1 Th 4.13—5.10. — En ressuscitant Jésus, Dieu l’a établi dans sa dignité de souverain Juge, 17.31 ; Jn 5.22, 27 ; 2 Tm 4.1 ; 1 P 4.5 ; l’annonce de la Résurrection est donc en même temps pour les hommes une invitation au repentir, cf. 17.30-31.
44 Pierre parlait encore quand l’Esprit Saint tombas sur tous ceux qui écoutaient la parole.
s C’est « la Pentecôte des païens », analogue à la première Pentecôte, ainsi que Pierre le constate, v. 47 ; 11.15 ; 15.8.
t Les apôtres n’administraient généralement pas le baptême eux-mêmes, cf. 19.5 ; 1 Co 1.14, 17.
u D’après 11.2-3 (cf. 10.28), c’est ce séjour de Pierre chez des incirconcis, plus encore que l’autorisation de les baptiser, qui a semblé illégitime aux « Hébreux » de Jérusalem. Le même problème donna occasion à l’affaire d’Antioche, Ga 2.11s.
11 Cependant les apôtres et les frères de Judée apprirent que les païens, eux aussi, avaient accueilli la parole de Dieu.
v Texte occ. « Pierre donc, au bout d’un temps assez long, voulut se mettre en route pour Jérusalem. Après avoir parlé aux frères et les avoir affermis, il s’en alla, faisant par les campagnes d’abondants discours et instruisant les gens. Lorsqu’il arriva chez eux et leur annonça la grâce accordée par Dieu, les frères circoncis le prirent à partie. »
11 « Juste au même moment, trois hommes se présentèrent devant la maison où nous étions ; ils m’étaient envoyés de Césarée.
15 « Or, à peine avais-je commencé à parler que l’Esprit Saint tomba sur eux, tout comme sur nous au début.
w « Dieu » omis par occ. (c’est le Christ qui donne l’Esprit).
x Pierre s’explique sur le baptême accordé à un païen ; il ne répond pas au grief d’avoir accepté l’hospitalité d’un incirconcis, cf. v. 3, voir 10.1. D’après Luc, c’est Pierre, qui, au moins idéalement, a le premier agrégé des païens à l’Église, cela quelle que soit la portée du baptême de l’eunuque éthiopien, 8.26-39, et quelle que soit la chronologie de l’évangélisation d’Antioche, dont le récit est réservé pour la suite vv. 19s. Dans cette perspective, le Concile de Jérusalem, 15.5-29, apparaîtra un peu comme la suite ou la reprise des délibérations de 11.1-18.
18 Ces paroles les apaisèrent, et ils glorifièrent Dieu en disant : « Ainsi donc aux païens aussi Dieu a donné la repentance qui conduit à la vie ! »
19 Ceux-là doncy qui avaient été dispersés lors de la tribulation survenue à l’occasion d’Étienne poussèrent jusqu’en Phénicie, à Chypre et à Antioche,z mais sans prêcher la parole à d’autres qu’aux Juifs.
y Le v. 19, reprenant 8.1, 4, introduit l’épisode de la fondation de l’Église d’Antioche comme la suite directe du martyre d’Étienne, dont il a été séparé par l’insertion des Actes de Philippe, 8.5-40, et de Pierre, 9.31—11.18. Le récit suppose toutefois l’histoire de la vocation de Saul, 9.1-30, elle-même liée au martyre d’Étienne.
z Antioche sur l’Oronte, capitale de la province romaine de Syrie, troisième ville de l’empire après Rome et Alexandrie.
a Var. « Hellénistes », cf. 9.29. — « Grecs », par opposition à « Juifs », v. 19, désigne les incirconcis en général.
b Plutôt que le titre de « Christ », qui répondait à l’attente particulière des Juifs, la prédication aux païens donne à Jésus le titre de « Seigneur », cf. 25.26. Jésus est « Seigneur » devenu, par son exaltation à la droite de Dieu, le Souverain du Royaume de la fin des temps, cf. 2.21, 36 ; 7.59-60 ; 10.36 ; 1 Th 4.15-17 ; 2 Th 1.7-12 ; Rm 10.9-13.
22 La nouvelle en vint aux oreilles de l’Église de Jérusalem,c et l’on envoya Barnabé à Antioche.
c Cette Église use d’un droit de regard sur les autres Églises, cf. 8.14 ; 11.1, et voir Ga 2.2.
d Jeu de mots, semble-t-il, sur le nom de Barnabé, « fils de l’encouragement », 4.36.
e Var. « dans le Seigneur ».
25 Barnabé partit alors chercher Saul à Tarse.
f Sens incertain. On pourrait entendre « ils agirent de concert », ou « ils furent reçus (par l’Église) », c’est-à-dire furent les hôtes de l’Église.
g C’est-à-dire partisans ou sectateurs de Christus (ou Chrestus). En créant ce sobriquet, les païens d’Antioche ont pris le titre de « Christ » (oint) pour un nom propre.
27 En ces jours-là, des prophètesh descendirent de Jérusalem à Antioche.i
h Comme les prophètes de l’AT, Dt 18.18 ; 2 P 1.21 ; Mt 5.12, ceux du NT sont des charismatiques, 1 Co 12.1, qui parlent au nom de Dieu sous l’inspiration de son Esprit. Il y a même dans la nouvelle Alliance une effusion plus large de ce charisme, 2.17-18, et tous les fidèles en bénéficient à l’occasion, 19.6 ; 1 Co 11.4-5 ; 14.26, 29-33, 37. Cependant certains personnages en sont spécialement doués au point de mériter le titre habituel de « prophètes », 11.27 ; 13.1 ; 15.32 ; 21.9, 10. Dans la hiérarchie des charismes ils viennent normalement en deuxième lieu, après les « apôtres », 1 Co 12.28-29 ; Ep 4.11 ; mais cf. 1 Co 12.10 ; Rm 12.6 ; Lc 11.49 ; c’est qu’ils sont les témoins attitrés de l’Esprit, Ap 1.3 et 2.7, etc. ; 1 Th 5.19-20, et transmettent ses « révélations », 1 Co 14.6, 26, 30 ; Ep 3.5 ; Ap 1.1, comme les « apôtres » sont les témoins du Christ ressuscité, Rm 1.1 ; 1.8, et proclament le « kérygme », 2.22. Leur rôle ne se borne pas à prédire l’avenir, 11.28 ; 21.11, ou à lire dans les cœurs, 1 Co 14.24-25 ; cf. 1 Tm 1.18 ; 4.14, et s’ils « édifient, exhortent, consolent », 1 Co 14.3 ; cf. 4.36 ; 11.23-24, c’est par des révélations pneumatiques qui les rapprochent des glossolalies, 2.4 ; 19.6, tout en les plaçant au-dessus de ceux-ci parce que leur parole est intelligible, 1 Co 14. Leur fonction principale a dû être d’expliquer, sous la lumière de l’Esprit, les oracles des Écritures, en particulier des anciens prophètes, 1 P 1.10-12, et ainsi de découvrir le « mystère » du plan divin, 1 Co 13.2 ; Ep 3.5 ; Rm 16.25. C’est pourquoi ils sont associés aux apôtres comme fondement de l’Église, Ep 2.20. L’Apocalypse de saint Jean est un cas typique de cette prophétie du NT, Ap 1.3 ; 10.11 ; 19.10 ; 22.7-10, 18-19. Si élevé qu’il soit, le charisme de prophétie ne donne qu’une connaissance imparfaite et provisoire, en relation avec la foi, Rm 12.6, qui devra disparaître devant la vision béatifique, 1 Co 13.8-12.
i Le texte occ. ajoute « et il y avait une grande allégresse. Tandis que nous étions réunis, l’un d’eux... ». On aurait alors ici le premier passage où Luc emploie le « nous », cf. 16.10.
j Sous le règne de Claude (41-54), l’empire eut à souffrir d’une grande famine vers 49-50, plus tôt en Grèce, plus tard à Rome. Josèphe situe l’événement au temps du procurateur Tibère Alexandre (46-48). Parler d’une famille universelle montre la même tendance hyperbolique qu’en Lc 2.1.
k Mentionnés ici pour la première fois ; cf. 15.4 ; 21.18.
l D’après les Actes, 9.26 ; 11.29s ; 15.2, Paul aurait fait trois voyages à Jérusalem avant de visiter par deux fois la Galatie, 16.6 ; 18.23 ; mais Paul lui-même, en Ga 1.18 ; 2.1s ; cf. 4.13, n’en mentionne que deux. La présentation différente des Actes résulte peut-être de la façon dont Luc a combiné ses sources. Il se pourrait que ce voyage de 11.29 soit identique à celui de 15.2. Les « secours » qui en sont l’objet restent sans doute à distinguer de ceux que Paul apporte plus tard, 24.17, au terme de la grande collecte faite sur la demande de l’Église de Jérusalem, Ga 2.10 ; cf. 1 Co 16.1 ; 2 Co 8.4 ; 9.1, 12, 13 ; Rm 15.31.
12 Vers ce temps-là, le roi Hérode mit la main sur quelques membres de l’Église pour les maltraiter.
m Agrippa Ier, petit-fils du roi Hérode le Grand, fut décoré du titre royal par Caligula, en 37, mais ne fut réellement roi de Judée qu’en 41 ; il mourut, probablement en septembre ou octobre 43, et en tout cas avant la fin de février 44. Littérairement, le récit tranche sur son contexte actuel et rappelle la manière de Marc.
6 Or, la nuit même avant le jour où Hérode devait le faire comparaître, Pierre était endormi entre deux soldats ; deux chaînes le liaientn et, devant la porte, des sentinelles gardaient la prison.
n Aux deux soldats qui étaient à ses côtés.
o Add. « descendirent les sept degrés ».
12 Et s’étant reconnu, il se rendit à la maison de Marie, mère de Jean, surnommé Marc,p où une assemblée assez nombreuse s’était réunie et priait.
p On retrouve Jean-Marc en 12.25 ; 13.5, 13 ; 15.37-39 ; il était le cousin de Barnabé, Col 4.10. Il sera auprès de Paul durant sa première captivité romaine, Col 4.10 ; Phm 24, et Paul réclamera encore ses services peu avant de mourir, 2 Tm 4.11. Il fut également le disciple de Pierre, 1 P 5.13, et la tradition reconnaît en lui l’auteur du deuxième évangile.
13 Il heurta le battant du portail, et une servante, nommée Rhodé, vint aux écoutes.
q Ils supposent que Rhodé voyait une apparition de Pierre revenant des morts ; cf. 23.9.
r « Jacques », sans autre spécification, désigne le « frère du Seigneur ». Dès l’époque de la première visite de Paul à Jérusalem, Ga 1.19 (ce serait en 36, cf. 9.1), Jacques est le chef du groupe « hébreu » des chrétiens de Jérusalem. Il gouvernera l’Église mère après le départ de Pierre. Voir 15.13 ; 21.18 ; 1 Co 15.7. L’Épître de Jacques se présente comme son œuvre.
18 Au lever du jour, ce fut grand émoi chez les soldats : qu’était donc devenu Pierre ?
s Responsables de leurs prisonniers, les soldats devaient subir la peine de ceux qu’ils avaient laissé échapper, cf. 16.27 ; 27.42.
20 Hérode était en conflit aigu avec les gens de Tyr et de Sidon. D’un commun accord ceux-ci se présentèrent devant lui et, après avoir gagné Blastus, le chambellan du roi, ils sollicitaient la paix. Leur pays, en effet, tirait sa subsistance de celui du roi.
t Josèphe offre aussi une notice sur l’apothéose et la mort d’Agrippa qui complète celle du livre des Actes.
u Var. « étant descendu de la tribune, il devint, encore vivant, la pâture des vers, et ainsi rendit l’âme ».
24 Cependant la parole de Dieu croissait et se multipliait.
25 Quant à Barnabé et Saul, après avoir accompli leur ministère à Jérusalem,v ils revinrent, ramenant avec eux Jean, surnommé Marc.
v Var. « à Jérusalem ». Cette leçon mieux attestée peut s’entendre si l’on rapporte ces mots au verbe « accomplir »; la var. « de Jérusalem » suppose qu’on rattache l’expression au verbe « revinrent », mais elle semble être une correction facilitante.
13 Il y avait dans l’Église établie à Antioche des prophètes et des docteurs :w Barnabé, Syméon appelé Niger, Lucius de Cyrène, Manaën, ami d’enfance d’Hérode le tétrarque, et Saul.
w Sur les prophètes, voir 11.27. Le charisme propre du docteur, ou didascale, le rend apte à donner à ses frères un enseignement moral et doctrinal, normalement fondé sur l’Écriture. Cf. 1 Co 12-14 :. — Les cinq prophètes et docteurs énumérés représentent le gouvernement de l’Église d’Antioche ; comp. la liste des Douze, 1.13, et celle des Sept, 6.5. Comme ces derniers, il semble que les Cinq d’Antioche soient des Juifs hellénistes.
x L’usage de ce terme assimile les prières communes des chrétiens au culte sacrificiel de l’ancienne Loi, cf. Rm 1.9.
y D’après 14.26 (cf. 15.40), ce geste de la communauté paraît recommander à la grâce de Dieu les nouveaux missionnaires, choisis, v. 2, et envoyés, v. 4, par l’Esprit Saint. Le rite n’a donc pas tout à fait la même portée que dans 6.6, où les Sept reçoivent des apôtres leur mandat. Cf. 1 Tm 4.14.
4 Eux donc, envoyés en mission par le Saint Esprit, descendirent à Séleucie, d’où ils firent voile pour Chypre.z
z Patrie de Barnabé, 4.36.
a La tactique constante de Paul, 17.2, est de s’adresser d’abord aux Juifs, cf. 13.14 ; 14.1 ; 16.13 ; 17.10, 17 ; 18.4, 19 ; 19.8 ; 28.17, 23. Elle correspond à un principe la priorité revient aux Juifs, voir 3.26 ; 13.46 ; Rm 1.16 ; 2.9-10 ; Mc 7.27. Ce n’est qu’après leur refus qu’on se tourne vers les païens, cf. 13.46 ; 18.6 ; 28.28.
6 Ayant traversé toute l’île jusqu’à Paphos, ils trouvèrent là un magicien, faux prophète juif, nommé Bar-Jésus,
b Les Juifs, et les Orientaux en général, prenaient ainsi un nom à l’usage du monde gréco-romain Jean portait le nom de Marc, 12.12, Joseph-Barsabbas celui de Justus, 1.23, Siméon celui de Niger, 13.1, Tabitha celui de Dorcas, 9.36, etc. Pour la première fois, Luc donne ici à Paul son nom romain, qui lui restera seul dans toute la suite. Il fait aussi passer Paul au premier plan non plus un second de Barnabé, mais le véritable chef de la mission, v. 13.
13 De Paphos, où ils s’embarquèrent, Paul et ses compagnons gagnèrent Pergé, en Pamphylie. Mais Jean les quitta pour retourner à Jérusalem.
c Il s’agit d’exhortations prenant leur point de départ dans l’Écriture, cf. Rm 15.4. L’usage des synagogues tel qu’il apparaît ici se retrouve dans les réunions liturgiques chrétiennes, où ces discours d’encouragement sont tenus par les « prophètes » ou docteurs cf. 1 Co 14.3, 31 ; 1 Tm 4.13 ; He 13.22 ; 11.23 ; 14.22 ; 15.32 ; 16.40 ; 20.1, 2.
16 Paul alors se leva, fit signe de la maind et dit :
« Hommes d’Israël, et vous qui craignez Dieu,e écoutez.
d Geste habituel de l’orateur antique, pour appeler l’attention des auditeurs il étendait la main droite, dont les deux petits doigts étaient repliés, les trois autres demeurant droits. Cf. 19.33 ; 21.40 ; 26.1.
e Le grand discours inaugural de saint Paul, où Luc veut donner le reflet de la prédication de l’Apôtre aux Juifs. Deux parties d’abord, vv. 16-25, un résumé d’histoire sainte (comp. le discours d’Étienne, 7), augmenté d’un rappel du témoignage de Jean-Baptiste ; ensuite, vv. 26-39 Jésus, mort et ressuscité, est bien le Messie attendu (prédication étroitement apparentée aux discours de Pierre, sauf la finale qui évoque la doctrine paulinienne de la justification par la foi). Le discours se termine, vv. 40-41, sur un grave avertissement tiré de l’Écriture, cf. 28.26-27.
f Cf. 10.2.
g Littéralement « le Dieu de ce peuple Israël ».
h Var. « soutint » (ou « supporta »).
i Texte occ. (et antiochien) « Pendant quatre cent cinquante ans environ, il leur donna des juges. » Le texte reste obscur.
j Dont Paul, lui aussi de la tribu de Benjamin, Rm 11.1 ; Ph 3.5, portait le nom.
25 Au moment de terminer sa course, Jean disait : « Celui quel vous croyez que je suis, je ne le suis pas ; mais voici venir après moi celui dont je ne suis pas digne de délier la sandale. »
k Ou « ressuscité ». Le verbe grec est amphibologique, et l’argumentation exploite cette amphibologie comme en 3.20-26 la « promesse » s’est réalisée par la résurrection de Jésus, vv. 32-33 ; voir aussi 26.6-8 ; c’est aussi par sa résurrection que Jésus a été constitué Sauveur, cf. 5.31 ; voir aussi 2.21 ; 4.12 ; Rm 5.9-10 ; Ph 3.20, etc. Ainsi le verbe, qui au v. 22 signifie « susciter », signifie indubitablement « ressusciter » à partir du v. 30. Au v. 23, il fait transition et est équivoque.
l Var. « Ce que ».
26 « Frères, vous les enfants de la race d’Abraham et vous ici présents qui craignez Dieu, c’est à vousm que ce message de salut a été envoyé.
m Var. « à nous ».
n Avec texte occ. Texte courant « En effet, les habitants de Jérusalem l’ont méconnu, lui, ainsi que les paroles des prophètes qu’on lit chaque sabbat ils les ont accomplies en le condamnant. »
o Un des thèmes de l’apologétique chrétienne Jésus innocent et condamné injustement, cf. 3.13-14 ; Lc 23.14, 22, 47 ; Mt 27.3-10, 19, 23-24.
p « ont demandé à Pilate de le faire périr », soit « que (lui) le fasse périr », soit que (eux puissent) le faire périr », selon les témoins. Var. « l’eut livré à Pilate pour qu’il périsse ».
q Texte occ. « ... écrit de lui, ils demandèrent à Pilate de pouvoir, après l’avoir crucifié, le descendre du gibet, et ayant obtenu l’autorisation, ils le descendirent et le mirent au tombeau. »
r Cet appel au témoignage des apôtres galiléens surprend un peu dans la bouche de Paul qui ne séparait pas son propre témoignage du leur, 1 Co 15.3-11.
32 « Et nous, nous vous annonçons la Bonne Nouvelle : la promesse faite à nos pères,
s Var. « en faveur de nos enfants ».
t « dans les psaumes »; var. « au psaume premier » leçon occ. (selon l’ancien usage d’unir les Ps 1 et 2) ; autre var. « au psaume deuxième » (suivant l’usage qui a fini par prévaloir).
u La résurrection du Christ a été son intronisation messianique ; son humanité est entrée alors dans la jouissance des privilèges du Fils de Dieu. Cf. Rm 1.4.
v Promesse de la sainteté comme d’un don réservé aux temps messianiques, qui découlera du nouveau David, le Christ ressuscité.
36 Or David, après avoir en son temps servi les desseins de Dieu, est mort, a été réuni à ses pères et a vu la corruption.
38 « Sachez-le donc, frères, c’est par lui que la rémission des péchés vous est annoncée. L’entière justification que vous n’avez pu obtenir par la Loi de Moïse,
39 c’est par lui que quiconque croit l’obtient.
40 « Prenez donc garde que n’arrive ce qui est dit dans les Prophètes :
41 Regardez, contempteurs,
soyez dans la stupeur et disparaissez !
Parce que de vos jours je vais accomplir une œuvre
que vous ne croiriez pas si on vous la racontait. »w
w L’incrédulité et le rejet des Juifs (cf. Mt 21.33 ; 22.1) sont un thème cher à Luc, cf. 13.5 ; il reviendra en conclusion du livre des Actes, 28.26-27.
42 Et, à leur sortie, on les invitait àx parler encore du même sujet le sabbat suivant.
x Var. « À leur sortie, ils jugeaient convenable de ».
y Add. « jugeant convenable de se faire baptiser ».
z Add. occ. « Et de la sorte la parole de Dieu se répandait dans toute la ville. »
44 Le sabbat suivant, presque toute la ville s’assembla pour entendre la parole de Dieu.a
a Var. « la parole du Seigneur », ou « Paul, qui discourut longuement au sujet du Seigneur ».
b Cette idée de « hardiesse », ou d’« assurance », déjà soulignée à propos des apôtres, 4.13, 29, 31, revient de façon insistante quand il s’agit de Paul, 9.27-28 ; 14.3 ; 19.8 ; 26.26 ; 28.31 ; même insistance chez Paul lui-même, 1 Th 2.2 ; 2 Co 3.12 ; 7.4 ; Ph 1.20 ; Ep 3.12 ; 6.19-20.
Je t’ai établi lumière des nations,
pour faire de toi le salut jusqu’aux extrémités de la terre. »c
c Citation libre d’après les LXX. Le texte peut s’entendre, soit de Paul lui-même (cf. 26.17-18), apôtre et docteur des païens (cf. Rm 11.13 ; 1 Tm 2.7 ; Ep 3.8, etc.), soit du Christ ressuscité (voir 26.23, qui paraît également dépendre d’Isa 49.6, et Lc 2.32, tributaire d’Isa 49.6, 9) il est la lumière des nations, mais ne les éclairera effectivement que grâce au témoignage des apôtres, cf. 1.8 ; aussi la prophétie est-elle un ordre pour l’Apôtre qui doit en assurer l’accomplissement.
48 Tout joyeux à ces mots, les païens se mirent à glorifier la parole du Seigneur,d et tous ceux-là embrassèrent la foi, qui étaient destinés à la vie éternelle.e
d Var. « la parole de Dieu ».
e « La vie éternelle », cf. v. 46, c’est-à-dire la vie du siècle futur, cf. 3.15 ; n’y parviendront que ceux dont les noms « sont écrits dans le ciel », Lc 10.20, dans « le livre de la vie », Ph 4.3 ; Ap 20.12. « Destinés à la vie du monde futur », expression courante chez les rabbins.
50 Mais les Juifs montèrent la tête aux dames de condition qui adoraient Dieu ainsi qu’aux notables de la ville ; ils suscitèrent de la sorte une persécution contre Paul et Barnabé et les chassèrent de leur territoire.
14 À Iconium, ils entrèrent de mêmef dans la synagogue des Juifs et parlèrent de telle façon qu’une grande foule de Juifs et de Grecs embrassèrent la foi.g
f Ou « entrèrent ensemble ».
g Le v. 1 se continue par le v. 3.
2 Mais les Juifs restés incrédules excitèrent les païens et les indisposèrent contre les frères.h
h Le refus de croire dégénère aussitôt en opposition violente, cf. 19.9 ; 28.24, et 9.23 ; 13.45, 50 ; 14.19 ; 17.5-8, 13 ; 18.6, 13.
3 Paul et Barnabé prolongèrent donc leur séjour assez longtemps, pleins d’assurance dans le Seigneur, qui rendait témoignage à la prédication de sa grâce en opérant signes et prodiges par leurs mains.
4 La population de la ville se partagea.i Les uns étaient pour les Juifs, les autres pour les apôtres.
i Suite du v. 2.
j Lystres, colonie romaine, patrie de Timothée, cf. 16.1-2. Les événements des vv. 8-19 se passent à Lystres ; Paul n’arrivera à Derbé qu’au v. 20.
8 À Lystres se tenait assis un homme perclus des pieds ; impotent de naissance, il n’avait jamais marché.
k Autre traduction « pour être sauvé ». La foi est la condition du miracle, cf. Mt 8.10.
11 À la vue de ce que Paul venait de faire, la foule s’écria, en lycaonien : « Les dieux, sous forme humaine, sont descendus parmi nous ! »
l Littéralement « qui était chef de la parole. » — Hermès (Mercure chez les Latins) était le dieu patron des orateurs. Plutôt que du Zeus et du Hermès des Grecs, il s’agit sans doute des dieux de la Lycaonie assimilés aux dieux olympiens.
m Suivant le texte occ. — Ce Zeus était le dieu protecteur de la ville.
14 Informés de la chose, les apôtres Barnabé et Paul déchirèrent leurs vêtementsn et se précipitèrent vers la foule en criant :
n En signe d’indignation, cf. Mt 26.65.
o Prédication monothéiste, où l’on oppose traditionnellement le Dieu véritable aux faux dieux, le Dieu vivant aux idoles inertes, avec appel à la conversion. Voir un résumé de la prédication de Paul aux païens dans 1 Th 1.9-10 et Ga 4.9 ; cf. 15.19 ; 26.18, 20.
p Le vrai Dieu s’est montré vivant en produisant l’univers formulation qu’on retrouve dans les confessions de foi du judaïsme. Cf. Ex 20.11 ; Ne 9.6 ; Ps 146.6 ; 4.24 ; 17.24 ; Ap 10.6 ; 14.7.
19 Survinrent alors d’Antioche et d’Iconium des Juifs qui gagnèrent les foules. On lapida Paul et on le traîna hors de la ville, le croyant mort.
21 Après avoir évangélisé cette ville et y avoir fait bon nombre de disciples, ils retournèrent à Lystres, Iconium et Antioche.
q Cf. Rm 1.11 ; 1 Th 3.2, 13 ; Lc 22.32.
r Selon le modèle des communautés juives de la Diaspora.
24 Traversant alors la Pisidie, ils gagnèrent la Pamphylie.
s Add. « du Seigneur » ou « de Dieu ».
27 À leur arrivée, ils réunirent l’Église et se mirent à rapporter tout ce que Dieu avait fait avec eux, et comment il avait ouvert aux païens la porte de la foi.t
t Métaphore analogue chez saint Paul, 1 Co 16.9 ; 2 Co 2.12 ; Col 4.3.
15 u Cependant certaines gens descendus de Judéev enseignaient aux frères : « Si vous ne vous faites pas circoncire suivant l’usage qui vient de Moïse, vous ne pouvez être sauvés. »
u Les événements de ce ch. soulèvent plusieurs difficultés : 1° les vv. 5-7 reprennent les vv. 1-2 comme si l’auteur rapportait deux origines différentes de la controverse, sans mettre de lien entre elles ; 2° au v. 6, on a l’impression d’une réunion séparée des dirigeants de la communauté, mais, aux vv. 12, 22, les débats se font devant l’assemblée chrétienne tout entière ; 3° l’assemblée porte et remet à Paul un décret sur les observances de pureté rituelle imposées aux chrétiens issus du paganisme, vv. 22s ; mais plus tard, Jacques semble notifier ce même décret à l’Apôtre, sans supposer qu’il le connaisse, 21.25. Paul lui-même ne parle de ce décret ni en Ga 2.6 (où il parle de l’assemblée de Jérusalem) ni en 1 Co 8-10 ; Rm 14 (où il traite de problèmes analogues) ; 4° le décret de 15.29 fut porté pour les Églises de Syrie et de Cilicie, 15.23 ; pourtant, Luc ne dit pas que Paul l’ait publié en traversant ces régions, 15.41, mais il en parle à propos des villes de Lycaonie, 16.4, et les termes de 15.19-21 ; 21.25 semblent en fait donner au décret une portée universelle. On expliquerait ces difficultés en admettant que Luc a bloqué deux controverses distinctes et les solutions différentes qui leur furent données (Paul a mieux distingué en Ga 2) une controverse à laquelle prirent part Pierre et Paul, sur l’obligation de la Loi juive pour les païens convertis, cf. Ga 2.1-10 ; une autre, postérieure, suscitée par l’incident d’Antioche, Ga 2.11-14, et où Jacques joua un rôle prépondérant en l’absence de Pierre et de Paul, sur les rapports entre chrétiens issus du judaïsme et du paganisme dans leurs relations sociales ; tout contact avec un païen entraînait pour le juif une impureté légale cf. 15.20.
v Ga 2.12 les désigne comme « certaines gens de l’entourage de Jacques ».
w Var. « Après beaucoup d’agitation et une discussion assez vive engagée avec eux par Paul et Barnabée — car Paul disait, en insistant, qu’ils devaient demeurer comme lorsqu’ils avaient cru — ceux qui étaient venus de Jérusalem leur commandèrent ainsi qu’à quelques autres de monter à Jérusalem auprès des apôtres et des anciens pour être jugés devant eux au sujet de ce litige. »
x Ga 2.1-3 nomme Tite, qui était originaire de la gentilité.
y Les apôtres, dont il n’est question ni en 11.30 ni en 21.18, sont mentionnés ici conjointement au collège des anciens ; cela s’accorde avec Ga 2.2-9, où Pierre et Jean sont cités comme autorités de l’Église de Jérusalem, à côté de Jacques, frère du Seigneur.
3 Eux donc, après avoir été escortész par l’Église, traversèrent la Phénicie et la Samarie, racontant la conversion des païens, et ils causaient une grande joie à tous les frères.
z Autre traduction « après avoir été pourvus du nécessaire pour le voyage », cf. 1 Co 16.11 ; Tt 3.13.
5 Mais certaines gens du parti des Pharisiens qui étaient devenus croyants intervinrenta pour déclarer qu’il fallait circoncire les païens et leur enjoindre d’observer la Loi de Moïse.b
a Dans le texte ordinaire, les Pharisiens ont l’air d’intervenir à Jérusalem indépendamment de ce qui s’est passé à Antioche. Le texte occ. s’applique à faire le raccord « Mais ceux qui leur avaient enjoint de monter vers les anciens se levèrent alors... »
b D’après Ga 2.3-5 ces exigences auraient visé plus directement Tite, qui avait accompagné Paul à Jérusalem.
c Add. occ. « et l’assemblée », cf. v. 12.
d Add. occ. « sous l’inspiration de l’Esprit ».
e Interprétation de la parole céleste entendue par Pierre, 10.15 ; 11.9, cf. 10.28 ; Si 38.10. L’intervention de Pierre reprend la justification qu’il a donnée de sa conduite à Césarée, 11.4-17.
f Tenter (cf. 1 Co 10.13) Dieu, c’est le mettre en demeure de faire ses preuves, en exigeant une intervention ou un signe, 5.9 ; Ex 17.2, 7 ; Nb 14.22 ; Dt 6.16 ; Jdt 8.12-17 ; Ps 95.9 ; Isa 7.11-12 ; Mt 4.7 ; 5.8-10 ; 1 Co 10.9.
g Réponse directe à l’affirmation du v. 1. La doctrine est celle de Ga 2.15-21 ; 3.22-26 ; Rm 11.32 ; Ep 2.1-10 ; etc. À ce point de vue, aucun avantage pour le Juif cf. 13.38 ; Ga 5.6 ; 6.15.
12 Alors toute l’assemblée fit silence.h On écoutait Barnabé et Paul exposer tout ce que Dieu avait accompli par eux de signes et prodiges parmi les païens.
h Texte occ. « Comme les anciens donnaient leur assentiment à ce que Pierre avait dit, toute l’assemblée... »
13 Quand ils eurent cessé de parler, Jacquesi prit la parole et dit : « Frères, écoutez-moi.
i Ga 2.9 atteste l’importance de son rôle en cette affaire, spécialement dans le débat concernant les problèmes locaux de relations sociales, cf. 15.1.
j Nom sémitique de Simon-Pierre, cf. 2 P 1.1.
k Le texte est cité d’après la LXX et l’argumentation repose sur des variantes propres à la version grecque. Elle provient sans doute des milieux « hellénistes », bien qu’elle soit mise ici sur les lèvres du chef du parti « hébreu ».
16 Après cela je reviendrai
et je relèverai la tente de David qui était tombée ;
je relèverai ses ruines
et je la redresserai,
17 afin que le reste des hommes cherchent le Seigneur,
ainsi que toutes les nations
qui ont été consacrées à mon Nom,l
dit le Seigneur qui fait
l Littéralement « sur lesquelles mon Nom a été invoqué (ou prononcé) ». Invoquer le nom de Yahvé sur un peuple, cf. 2 Ch 7.14, ou sur un lieu, cf. 2 Ch 6.34, c’est le consacrer à Yahvé.
18 connaître ces choses depuis des siècles.m
m Var. « dit le Seigneur qui fait ces choses. Depuis des siècles le Seigneur connaît son œuvre. »
19 « C’est pourquoi je juge, moi,n qu’il ne faut pas tracasser ceux des païens qui se convertissent à Dieu.
n Jacques dirime le débat, et la lettre apostolique ne fera que reprendre les termes de sa déclaration. Ga 2.9 donne la même impression dans l’Église de Jérusalem, à cette date, c’est Jacques qui occupe la première place, cf. 12.17. — Une var. diminue son importance « C’est pourquoi, pour ce qui est de moi... »
o La viande des animaux immolés dans les sacrifices païens, cf. v. 29 et 21.25. Voir 1 Co 8-10.
p Le mot paraît désigner toutes les unions irrégulières énumérées en Lv 18.
q Le texte occ. supprime « chairs étouffées » et ajoute à la fin « et ne pas faire aux autres ce qu’on ne voudrait pas être fait à soi-même » (de même au v. 29). Autre om. « l’impudicité ». — Les réserves de Jacques montrent la nature exacte du litige. Elles ont un caractère strictement rituel et répondent à la question posée en 11.3 et Ga 2.12-14 que faut-il exiger de la part des helléno-chrétiens pour que les judéo-chrétiens puissent les fréquenter sans souillure légale ? De toutes les lois de pureté, Jacques n’a voulu retenir que celles dont la signification religieuse paraît universelle la manducation des viandes offertes aux idoles comportait une certaine participation à un culte sacrilège, cf. 1 Co 8-10. Le sang concrétise la vie, qui appartient à Dieu seul, et l’interdit de la Loi qui le concernait, Lv 1.5, avait un tel caractère qu’on s’explique la répugnance du Juif à en dispenser les païens. Le cas des chairs étouffées est analogue à celui du sang. Les unions irrégulières figurent dans ce contexte non pas pour leur qualification morale, mais en tant que principe de souillure légale.
22 Alors les apôtres et les anciens, d’accord avec l’Église tout entière, décidèrent de choisir quelques-uns d’entre eux et de les envoyer à Antioche avec Paul et Barnabé. Ce furent Jude, surnommé Barsabbas,r et Silas,s hommes considérés parmi les frères.
r Inconnu par ailleurs ; cf. 1.23.
s Silas, compagnon de mission de Paul, 15.40—18.5, est identique au Silvain que mentionnent 1 Th 1.1 ; 2 Th 1.1 ; 2 Co 1.19 ; 1 P 5.12.
« Les apôtres et les anciens, vos frères, aux frères de la gentilité qui sont à Antioche, en Syrie et en Cilicie, salut !
t Add. occ. « sous la conduite du Saint Esprit ».
30 Prenant congé donc, les délégués descendirent à Antioche, où ils réunirent l’assemblée et remirent la lettre.
u Le texte occ. ajoute le v. 34 « Mais Silas décida de rester là. » Plusieurs mss ajoutent en outre « Jude partit seul. »
36 Quelque temps après, Paul dit à Barnabé : « Retournons donc visiter les frères dans toutes les villes où nous avons annoncé la parole du Seigneur, pour voir où ils en sont. »
v Il est possible que la cause profonde de la séparation de Paul avec Barnabé soit le différend qui se produisit entre eux à Antioche sur les repas communs, et donc la communion, entre chrétiens issus du judaïsme et du paganisme ; cf. Ga 2.11-13.
w Var. « la grâce du Seigneur ».
41 Il traversa la Syrie et la Cilicie, où il affermit les Églises.x
x Le texte occ. ajoute « transmettant les prescriptions des anciens », cf. 16.4.
16 Il gagna ensuite Derbé, puis Lystres. Il y avait là un disciple nommé Timothée,y fils d’une juive devenue croyante, mais d’un père grec.
y Timothée restera désormais attaché à Paul, cf. 17.14s ; 18.5 ; 19.22 ; 20.4 ; 1 Th 3.2, 6 ; 1 Co 4.17 ; 16.10 ; 2 Co 1.19 ; Rm 16.21, et demeurera jusqu’à la fin l’un de ses plus fidèles disciples (voir 1 Tm et 2 Tm qui lui sont adressées).
z Paul s’opposait à ce que des chrétiens issus de la gentilité se fissent circoncire, Ga 2.3 ; 5.1-12. Mais Timothée était fils d’une Juive, et donc, pour le droit juif, israélite.
4 Dans les villes où ils passaient, ils transmettaient, en recommandant de les observer, les décrets portés par les apôtres et les anciens de Jérusalem.a
a Cette notation rédactionnelle résulte logiquement de la présentation du concile de Jérusalem telle qu’elle est donnée au chap. 15, où le décret est supposé avoir été promulgué en présence de Pierre et de Paul ; mais cf. 15.1.
5 Ainsi les Églises s’affermissaient dans la foi et croissaient en nombre de jour en jour.
6 Ils parcoururent la Phrygie et la région galate,b le Saint Esprit les ayant empêchés d’annoncer la parole en Asie.
b La Galatie proprement dite, cf. l’Introd. aux épîtres de saint Paul. Ainsi, parti d’Iconium, Paul avait l’intention de se diriger à l’ouest, vers Éphèse. Empêché par l’Esprit, il monte vers le nord et arrive en Phrygie ; obliquant vers le nord-est, il atteint ensuite le « territoire galate », où il fut retenu par la maladie, Ga 4.13-15. Paul évangélisa ces contrées, où il revint plus tard visiter les disciples, 18.23.
c Om. « de Jésus ».
d Plutôt que « Ils longèrent ».
9 Or, pendant la nuit, Paul eut une vision : un Macédonien était là, debout, qui lui adressait cette prière : « Passe en Macédoine, viens à notre secours ! »
e La rédaction passe brusquement à la première personne du pluriel première « section-nous » des Actes, mais voir 11.27. Cf. l’Introduction.
11 De Troas, gagnant le large nous cinglâmes droit sur Samothrace, et le lendemain sur Néapolis,
f Var. « cité du premier district de Macédoine », description exacte, car la Macédoine se divisait en quatre districts, dont le premier comprenait la ville de Philippes ; colonie romaine, comme bien d’autres villes que Paul visita, son administration était calquée sur celle de Rome.
g Le même mot grec peut signifier « prière » ou « lieu de prière », et dans un contexte juif ce dernier sens équivaut à « synagogue »; cf. aussi 16.16.
h La conversion de Lydie entraîne celle de toute sa famille ; cf. 10.44 ; 16.31, 34 ; 18.8 ; 1 Co 1.16.
i Contre la ligne de conduite ordinaire de Paul cf. 20.33-35 ; 1 Th 2.9 ; 2 Th 3.8 ; 1 Co 9. Dans la suite encore, les Philippiens pourront lui faire accepter des secours qu’il n’aurait acceptés d’aucun autre, cf. Ph 4.10-18. Il n’y a pas de plus bel hommage à la charité de Lydie et des autres chrétiens de Philippes.
16 Un jour que nous nous rendions au lieu de prière, nous rencontrâmes une servante qui avait un esprit divinateur ;j elle faisait gagner beaucoup d’argent à ses maîtres en rendant des oracles.
j Littéralement « un esprit python », ainsi nommé en souvenir du serpent Python de l’oracle de Delphes.
19 Mais ses maîtres, voyant disparaître leurs espoirs de gain, se saisirent de Paul et de Silas, les traînèrent sur l’agora devant les magistrats
k Les « usages » en question sont les usages juifs, cf. 6.14 ; 15.1 ; 21.21 ; 26.3 ; 28.17 ; Jn 19.40 les accusateurs ne font pas de distinction entre chrétiens et Juifs. Le grief précis est celui de prosélytisme s’il était permis aux Juifs de pratiquer leur religion, ils n’avaient pas le droit d’y attirer les Romains. La propagande chrétienne serait donc illégale.
25 Vers minuit, Paul et Silas, en prière, chantaient les louanges de Dieu ; les prisonniers les écoutaient.
29 Le geôlier demanda de la lumière, accourut et, tout tremblant,l se jeta aux pieds de Paul et de Silas.
l Effrayé cette fois parce qu’il se rend compte qu’il a traité en malfaiteurs des envoyés du ciel.
m Var. « la parole de Dieu ».
35 Lorsqu’il fit jour, les stratèges envoyèrent les licteurs dire au geôlier : « Relâche ces gens-là. »n
n Var. « Lorsqu’il fit jour, les stratèges se réunirent ensemble sur l’agora ; ils se souvenaient avec effroi du tremblement de terre qui s’était produit, et ils envoyèrent les licteurs dire "Relâche ces gens-là que tu as reçus hier." »
o Add. « en paix ».
p La lex Porcia interdisait sous des peines sévères de soumettre un citoyen romain à la flagellation.
38 Les licteurs rapportèrent ces paroles aux stratèges. Effrayés en apprenant qu’ils étaient citoyens romains,
q Texte alex. (et antiochien) « ceux-ci vinrent leur faire des excuses et, après les avoir menés dehors, ils leur demandèrent de quitter la ville. » Texte occ. « Et s’étant rendus à la prison avec de nombreux amis, ils les prièrent de sortir, disant « Nous ignorions vos affaires et que vous êtes des hommes justes. » Et après les avoir menés dehors, ils les pressèrent par ces paroles « Sortez de cette ville, de peur que ceux qui ont crié après vous ne se rassemblent de nouveau contre vous ». »
40 Au sortir de la prison, Paul et Silas se rendirent chez Lydie, revirent les frères et les exhortèrent, puis ils partirent.
17 Après avoir traversé Amphipolis et Apollonie, ils arrivèrent à Thessalonique, où les Juifs avaient une synagogue.
r Dont sans doute Aristarque, un des plus fidèles compagnons de Paul, cf. 20.4 ; Col 4.10.
s Var. « de Grecs adorateurs de Dieu ». — La leçon adoptée suppose une distinction entre les « adorant Dieu », cf. 10.2, et les « Grecs » jusque-là non touchés par la propagande juive. La chrétienté de Thessalonique se composera principalement de païens convertis, cf. 1 Th 1.9-10, etc.
5 Mais les Juifs, pris de jalousie, ramassèrent sur la place quelques mauvais sujets, provoquèrent des attroupements et répandirent le tumulte dans la ville. Ils se présentèrent alors à la maison de Jason,t cherchant Paul et Silas pour les produire devant l’assemblée du peuple.
t Peut-être celui de Rm 16.21.
u En réalité, les chrétiens évitaient de donner au Christ le titre de basileus (« roi »), qui appartenait à l’empereur, et lui préféraient ceux de « Christ » (Messie) et de « Seigneur ».
10 Les frères firent aussitôt partir de nuit Paul et Silas pour Bérée.v Arrivés là, ils se rendirent à la synagogue des Juifs.
v Ce départ ne fit pas cesser la persécution à Thessalonique, cf. 1 Th 2.14.
13 Mais quand les Juifs de Thessalonique surent que Paul avait annoncé aussi à Bérée la parole de Dieu, ils vinrent là encore semer dans la foule l’agitation et le trouble.
w Luc abrège et simplifie. Timothée a dû accompagner Paul, puisque Paul le renverra d’Athènes à Thessalonique, 1 Th 3.1s.
16 Tandis que Paul les attendait à Athènes, son esprit s’échauffait en lui au spectacle de cette ville remplie d’idoles.x
x Centre spirituel de l’hellénisme païen, Athènes est aux yeux de Luc un symbole, comme le manifeste le discours de Paul, seul spécimen que les Actes nous aient conservé de sa prédication aux païens, et seul cas où nous le voyons user, pour combattre le paganisme, de la sagesse profane.
y Seule mention expresse dans les Actes d’une prédication de ce genre (cf. pourtant 14.7s).
z Les deux principales écoles philosophiques d’alors.
a Le terme (de l’argot athénien) signifie proprement « ramasseur de graines ». Il désignait un oiseau picoreur, le freux. On l’appliquait au gueux qui trouve sa nourriture où il peut, et au discoureur qui répète « comme un perroquet » des lieux communs.
b Les termes mêmes de l’accusation portée contre Socrate.
c Cf. v. 32. On prend le mot de « Résurrection » pour le nom d’une déesse (Anastasis) parèdre de Jésus.
19 Ils le prirent alors avec eux et le menèrent devant l’Aréopaged en disant : « Pourrions-nous savoir quelle est cette nouvelle doctrine que tu enseignes ?
d Le nom désigne une colline située au sud de l’agora. Il désigne aussi le haut conseil d’Athènes, qui tenait là autrefois ses séances. Le texte peut s’entendre de deux manières ou bien les philosophes ont conduit Paul « sur (la colline de) l’Aréopage », un peu à l’écart, pour l’entendre plus à l’aise ; ou bien, plutôt, ils l’ont conduit « devant (le conseil de) l’Aréopage ».
22 Debout au milieu de l’Aréopage, Paul dit alors :
« Athéniens, à tous égards vous êtes, je le vois, les plus religieux des hommes.
23 Parcourant en effet votre ville et considérant vos monuments sacrés, j’ai trouvé jusqu’à un autel avec l’inscription : « Au dieu inconnu ».f Eh bien ! ce que vous adorez sans le connaître, je viens, moi, vous l’annoncer.
e Après un exorde de circonstance, 22-23, Paul développe l’annonce du vrai Dieu en l’opposant aux conceptions païennes : 1° Dieu a créé l’univers ; on ne peut donc supposer qu’il habite dans un temple ou qu’il ait besoin du culte qu’on lui rend, 24-25 ; 2° Dieu a créé l’homme et l’a entouré de ses bienfaits ; il est absurde de l’assimiler à des objets matériels (les statues), 26-29. Le discours se termine par un appel à la repentance, dans la perspective du jugement, 30-31. Les deux parties du discours ont une pointe anti-idolâtrique. Paul s’inspire des schèmes habituels de la propagande monothéiste du judaïsme hellénistique. Cf. 14.15-17 ; Sg 13-14 ; Rm 1.19-25 ; Ep 4.17-19.
f Jusqu’ici on n’a pas d’autres exemples d’autels dédiés « Au dieu inconnu »; il est possible que Paul transforme pour son propre compte une dédicace — bien attestée à Athènes et ailleurs — « Aux dieux inconnus ». En tout cas Paul donne un autre sens à la dédicace le sens biblique de l’ignorance des païens qui ne connaissent pas Dieu, 1 Th 4.5 ; 2 Th 1.8 ; Ga 4.8 ; 1 Co 15.34 ; Ep 4.17-19 ; 1 P 1.14 ; Jr 10.25 ; Jb 18.21 ; Sg 13.1 ; 14.22. Il se disculpe ainsi du grief de prêcher une divinité étrangère.
24 « Le Dieu qui a fait le monde et tout ce qui s’y trouve, lui, le Seigneur du ciel et de la terre, n’habite pas dans des temples faits de main d’homme.
g Idée familière à la pensée grecque et au judaïsme hellénistique, correspondant d’ailleurs à un vieux thème biblique, cf. 1 Ch 29.10s ; 2 M 14.35 ; Ps 50.9-13 ; Am 5.21s, etc.
h Var. « d’un seul sang », « d’une seule nation », « d’une seule race ».
i Les « temps déterminés » évoquent surtout les saisons, dont le retour régulier assure aux hommes leur subsistance, 14.17 ; cf. Gn 1.14 ; Sg 7.18 ; Si 33.8 ; les « limites » de l’habitat des hommes sont probablement celles qui séparent la terre habitable des eaux de l’abîme, Gn 1.9-10 ; Ps 104.9 ; Jb 38.8-11 ; Pr 8.28-29 ; cf. Jr 5.22-24 ; Ps 74.17. Selon une autre explication, il s’agirait des temps et des frontières que Dieu a départis aux différents peuples, Gn 10 ; Dt 38.8s. De toute façon, il est question de l’ordre de l’univers, apte à conduire à la connaissance de Dieu.
j Var. « Dieu » ou « le Seigneur ».
k Var. « de vos poètes » ou « de vos sages ».
l Citation tirée des Phénomènes d’Aratus, poète originaire de Cilicie (IIIe siècle av. J.-C.). Cléanthe le Stoïcien (IIIe siècle) s’exprime à peu près dans les mêmes termes. La prédication monothéiste juive invoquait ici le fait que l’homme a été créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, Gn 1.26-27 ; Sg 2.23 ; Si 17.1-8, pour rendre manifeste l’absurdité du culte des idoles.
29 « Que si nous sommes de la race de Dieu, nous ne devons pas penser que la divinité soit semblable à de l’or, de l’argent ou de la pierre, travaillés par l’art et le génie de l’homme.m
m Paul s’inspire d’un vieux thème de propagande anti-idolâtrique, cf. Isa 40.20.
30 « Or voici que, fermant les yeux sur les temps de l’ignorance, Dieu fait maintenant savoir aux hommes d’avoir tous et partout à se repentir,
n Cf. Ps 9.9 ; 96.13 ; 98.9. C’est dans la perspective du jugement que les apôtres invitent au repentir, cf. surtout 10.42-43 ; 1 Th 1.10.
o La résurrection du Christ garantit la foi en sa mission de Juge et de Sauveur à la fin des temps, cf. Rm 14.9 ; 2 Tm 4.1 ; 1 P 4.5.
32 À ces mots de résurrection des morts, les uns se moquaient, les autres disaient : « Nous t’entendrons là-dessus une autre fois. »p
p Dans le monde grec, même chez les chrétiens, la doctrine de la résurrection a eu beaucoup de peine à vaincre les préventions cf. 1 Co 15.12s. Les Sanhédrites de Jérusalem condamnaient et persécutaient le message chrétien ; les Aréopagites d’Athènes se contentent d’en rire. L’échec de Paul à Athènes fut à peu près complet. Désormais, sa prédication rejettera les ornements de la sagesse grecque, 1 Co 2.1-5.
q Les lecteurs de Luc devaient le connaître. La légende s’est emparée de lui, surtout depuis qu’un auteur du Ve siècle (le « Pseudo-Denys ») a mis sous son nom ses écrits mystiques. On l’a aussi identifié avec saint Denys, premier évêque de Paris (IIIe siècle).
18 Après cela, Paul s’éloigna d’Athènes et gagna Corinthe.r
r Corinthe reconstruite par César était devenue la capitale de la province romaine d’Achaïe. L’élément romain et latin y était prédominant ; mais le commerce y attirait une population cosmopolite. La colonie juive y était importante. Corinthe était fâcheusement réputée pour la liberté de ses mœurs.
s Appelée aussi Prisca, Rm 16.3 ; 1 Co 16.19 ; 2 Tm 4.19.
t Cette mesure, connue de Suétone, date de 41. Elle ne visait pas littéralement « tous les juifs » de Rome, mais ceux qui s’agitaient « sous l’impulsion de Chrestus », c’est-à-dire du Messie (Christus). Ses effets furent très passagers, cf. Rm 16.3 ; 1 Co 16.19 ; 2 Tm 4.19.
u Bien qu’il reconnaisse le droit des missionnaires à leur subsistance, 1 Co 9.6-14 ; Ga 6.6 ; 2 Th 3.9 ; cf. Lc 10.7, Paul a toujours tenu à travailler de ses mains, 1 Co 4.12, pour n’être à charge à personne. 1 Th 2.9 ; 2 Th 3.8 ; 2 Co 12.13s, et prouver son désintéressement 20.33s ; 1 Co 9.15-18 ; 2 Co 11.7-12. Il n’a accepté de secours que des Philippiens, Ph 4.10-19 ; 2 Co 11.8s, cf. 16.15. À ses fidèles il recommande de même de travailler pour subvenir à leurs besoins, 1 Th 4.11s ; 2 Th 3.10-12, et à ceux des indigents, 20.35 ; Ep 4.28.
5 Quand Silas et Timothée furent arrivés de Macédoine,v Paul se consacra tout entier à la parole, attestant aux Juifs que Jésus est le Christ.w
v C’est après leur retour que Paul écrivit ses deux lettres aux fidèles de Thessalonique. Cf. 1 Th 1.1 ; 3.6 ; 2 Th 1.1. Arrivant de Macédoine avec des secours, 2 Co 11.8-9 ; Ph 4.15, ils ont assisté Paul dans l’évangélisation de Corinthe, 2 Co 1.19.
w La messianité de Jésus est l’objet spécifique de la prédication aux Juifs, cf. 2.36 ; 3.18, 20 ; 5.42 ; 8.5, 12 ; 9.22 ; 17.3 ; 18.28 ; 24.24 ; 26.23.
x Le geste marque une rupture. La parole qui suit est biblique, cf. Lv 20.9-16 ; 2 S 1.16, et signifie aux Juifs que toute la responsabilité de leur attitude et de ses suites pèse sur eux. Paul en est dégagé, « pur » du sang de leur châtiment ; cf. Ez 3.17-21.
y Var. « Titus Justus » ou « Titius Justus ».
z Add. occ. « croyant en Dieu par le nom de notre Seigneur Jésus Christ », cf. 8.37. Les convertis étaient donc des païens.
12 Alors que Gallion était proconsul d’Achaïe,a les Juifs se soulevèrent d’un commun accord contre Paul et l’amenèrent devant le tribunal
a Une inscription de Delphes situe le proconsulat de Gallion en 51-52. La comparution de Paul devant Gallion doit avoir eu lieu vers la fin (v. 18) de son séjour de dix-huit mois (v. 11) à Corinthe vraisemblablement en fin d’été 51.
b Terme équivoque qui désigne aussi bien la loi romaine, cf. 16.21 ; 17.7, que la Loi juive, elle-même protégée par la loi romaine. Gallion ne veut voir là, v. 15, qu’une question d’interprétation de la Loi juive, et il décline toute compétence.
c Peut-être celui de 1 Co 1.1.
18 Paul resta encore un certain temps à Corinthe, puis il prit congé des frères et s’embarqua pour la Syrie.d Priscille et Aquila l’accompagnaient. Il s’était fait tondre la tête à Cenchrées, à cause d’un vœu qu’il avait fait.e
d Vers Antioche, qui reste son point d’attache.
e Texte obscur. C’est Paul, semble-t-il, qui a fait le vœu, plutôt qu’Aquilas. Celui qui émettait un vœu devenait nazîr, cf. Nb 6.1, pendant tout le temps de son vœu (généralement 30 jours) il devait, entre autres observances, ne pas se faire couper les cheveux durant ce temps. On ne sait si Paul a émis son vœu à Cenchrées ou s’il l’y a achevé. Cf. 21.23-27 où Paul accomplit avec quatre autres Juifs les rites d’achèvement d’un vœu.
19 Ils arrivèrent à Éphèse, où il se sépara de ses compagnons. Il se rendit à la synagogue et s’y entretint avec les Juifs.
22 Débarqué à Césarée, il monta saluer l’Église,f puis descendit à Antioche ;
f C’est-à-dire l’Église de Jérusalem ; on peut situer à ce point l’assemblée de Jérusalem dont il s’agit en 15.5s (voir Ga 2.5).
23 après y avoir passé quelque temps, il repartit et parcourut successivement la région galate et la Phrygie en affermissant tous les disciples.
24 Un Juif nommé Apollos,g originaire d’Alexandrie, était arrivé à Éphèse. C’était un homme éloquent, versé dans les Écritures.
g Il est question de lui en 1 Co son passage à Corinthe avait suscité des enthousiasmes, bientôt dégénérés en coteries, cf. 1 Co 1.12 ; 3.4-11, 22 ; voir aussi Tt 3.13. — La notice sur Apollos a des traits communs avec celle qui suit, sur les disciples que Paul trouve à Éphèse le christianisme incomplet de l’un et des autres reflète peut-être celui de l’Église d’Alexandrie à cette époque.
h Add. « de Dieu ».
27 Comme il voulait partir pour l’Achaïe, les frères l’y encouragèrent et écrivirent aux disciples de lui faire bon accueil.i Arrivé là, il fut, par l’effet de la grâce, d’un grand secours aux croyants :
i Sur l’usage des lettres de recommandation dans les premières chrétientés, cf. Rm 16.1 ; 2 Co 3.1s ; Col 4.10 ; 3 Jn 9-10, 12.
19 Tandis qu’Apollos était à Corinthe,k Paul, après avoir traversé le haut-pays, arriva à Éphèse.l Il y trouva quelques disciples
j Il s’agit de « disciples » de Jésus qui n’avaient reçu que le baptême de Jean — sans doute des mains de Jésus cf. Jn 3.22 ; 4.1-2.
k Soudure rédactionnelle entre les deux notices intercalées dans le récit de voyage. — Le texte occ. porte « Alors qu’en exécution de ses projets, Paul voulait partir pour Jérusalem, l’Esprit lui dit de revenir en Asie. Après avoir donc traversé... »
l Éphèse passait pour être alors, avec Alexandrie, une des plus belles villes de l’empire centre religieux, politique et commercial, de population mélangée.
m Ils ignorent non pas son existence — s’ils ont la moindre connaissance de l’Ancien Testament —, mais son effusion, réalisation des promesses messianiques, cf. 2.17-18, 33.
6 et quand Paul leur eut imposé les mains, l’Esprit Saint vint sur eux, et ils se mirent à parler en langues et à prophétiser.
8 Paul se rendit à la synagogue et, pendant trois mois, y parla avec assurance. Il discourait et cherchait à persuader ses auditeurs au sujet du Royaume de Dieu.
n Le récit, interrompu par les notices sur Apollos et sur les disciples que Paul trouve à Éphèse reprend 19.8 fait suite à 18.23.19.1.
o Le texte occ. précise qu’il y enseignait entre 11 heures et 16 heures.
p 20.31 dit trois ans. C’est durant ce séjour que Paul écrivit la première lettre aux Corintiens, la lettre aux Galates et, avec quelque probabilité, la lettre aux Philippiens.
q Non pas toute l’Asie proconsulaire (partie occidentale de l’Asie Mineure), mais la région dont Éphèse est le centre avec les sept villes de Ap 1.11. Paul avait confié à Epaphras, un Colossien, le soin d’évangéliser Colosses ; Épaphras avait étendu son apostolat à Laodicée et à Hiérapolis, Col 1.7 ; 4.12-13. Paul était encore secondé par Timothée et Éraste. 19.22, Gaius et Aristarque, 19.29, Tite, dont les Actes ne parlent jamais, et d’autres, cf. 2 Co 12.18. Luc attribue à Paul le travail de toute l’équipe qu’il dirigeait ; cf. Col 4.10.
11 Dieu opérait par les mains de Paul des miracles peu banals,
13 Or quelques exorcistes juifsr ambulants s’essayèrent à prononcer, eux aussi, le nom du Seigneur Jésus sur ceux qui avaient des esprits mauvais. Ils disaient : « Je vous adjure par ce Jésus que Paul proclame. »
r Sur la pratique des exorcismes chez les Juifs, cf. Mt 12.27. Jésus lui-même, et les apôtres après lui, cf. 5.16 ; 16.18, ont fréquemment délivré des démoniaques, cf. Mt 8.29.
s Ou « tous ».
18 Beaucoup de ceux qui étaient devenus croyants venaient faire leurs aveux et dévoiler leurs pratiques.t
t Pratiques magiques, pour lesquelles Éphèse était réputée.
20 Ainsi la parole du Seigneur croissait et s’affermissait puissamment.u
u Texte alex. « Ainsi, par la puissance du Seigneur, la parole croissait et s’affermissait. »
21 Après ces événements, Paul forma le projet de traverser la Macédoine et l’Achaïe pour gagner Jérusalem. « Après avoir été là, disait-il, il me faut voir également Rome. »
23 Vers ce temps-là, un tumulte assez grave se produisit à propos de la Voie.
v Cet épisode, qui provient d’une source particulière et qui tranche sur le style habituel de Luc, a été rattaché artificiellement par lui à son récit de l’évangélisation d’Éphèse.
24 Un certain Démétrius, qui était orfèvre et fabriquait des temples d’Artémis en argent, procurait ainsi aux artisans beaucoup de travail.
27 Cela risque non seulement de jeter le discrédit sur notre profession, mais encore de faire compter pour rien le sanctuaire même de la grande déesse Artémis, pour finir par dépouiller de son prestige celle que révèrent toute l’Asie et le monde entier. »
w Add. occ. « en se précipitant dans la rue ».
x Aristarque, originaire de Thessalonique, 20.4, a été le compagnon de Paul durant sa captivité, 27.2 ; Col 4.10 ; Phm 24. Gaius est probablement celui de 20.4.
32 Les uns criaient une chose, les autres une autre. L’assemblée était en pleine confusion, et la plupart ne savaient même pas pourquoi on s’était réuni.
y Autre traduction « Alors on fit sortir de la foule ».
20 Après que le tumulte eut pris fin,z Paul convoqua les disciples, leur adressa une exhortation et, après avoir fait ses adieux, partit pour la Macédoine.
z Le récit reprend où il en était à 19.22.
a D’où il envoya sa deuxième lettre aux fidèles de Corinthe.
b Paul a donc pu réaliser enfin les projets de 1 Co 16.5-6. C’est durant ce séjour à Corinthe qu’il écrivit son épître aux Romains. — Texte occ. « Après qu’il y eut passé trois mois et à la suite d’un complot des Juifs contre lui, il voulut partir pour la Syrie, mais l’Esprit lui dit de s’en retourner par la Macédoine. »
c Pour porter à Jérusalem le produit de la collecte, cf. 19.21 et Rm 15.25.
d Add. « jusqu’en Asie ». — Sopatros est peut-être le Sosipatros de Rm 16.21, qui était juif. — « de Dobérès »; var. « de Derbé ».
e Trophime, un Éphésien, 21.29, cf. 2 Tm 4.20. Tychique est nommé plusieurs fois dans les épîtres, Ep 6.21 ; Col 4.7 ; 2 Tm 4.12 ; Tt 3.12.
f Récit à la première personne à Philippes, Paul a retrouvé l’auteur du Journal de voyage qui l’accompagnera désormais, cf. 16.10.
g Par le port de Néapolis, cf. 16.11 ;
h Les fêtes de la Pâque, cf. Ex 12.1.
i Sur le ministère antérieur de Paul dans cette ville (durant son voyage d’Éphèse à Corinthe vv. 1-2), cf. 2 Co 2.12.
7 Le premier jour de la semaine,j nous étions réunis pour rompre le pain ; Paul, qui devait partir le lendemain, s’entretenait avec eux. Il prolongea son discours jusqu’au milieu de la nuit.
j Le premier jour de la semaine juive, devenu le jour de réunion des chrétiens, cf. Mt 28.1 ; 1 Co 16.2, le « jour du Seigneur » (« dimanche »), Ap 1.10. La réunion dominicale avait lieu au début de ce jour, mais compté à la manière juive, donc le samedi soir.
13 Pour nous, prenant les devants par mer, nous gagnâmes le large vers Assos, où nous devions prendre Paul : ainsi en avait-il disposé. Lui-même viendrait par la route.
17 De Milet, il envoya chercher à Éphèse les anciens de cette Église.
« Vous savez vous-mêmes de quelle façon, depuis le premier jour où j’ai mis le pied en Asie, je n’ai cessé de me comporter avec vous,
k Le troisième grand discours de Paul dans les Actes. Le premier représentait sa prédication devant les Juifs, 13, le deuxième sa prédication devant les païens, 17 ; celui-ci constitue son testament pastoral. Paul l’adresse aux chefs de la principale des Églises fondées par lui. Les points de contact avec ses épîtres sont nombreux ; l’esprit est celui des épîtres pastorales. Après avoir rappelé son ministère en Asie, vv. 18-21, et fait prévoir une séparation définitive, peut-être celle de la mort, vv. 22-27, Paul fait ses suprêmes recommandations aux anciens d’Éphèse (et par leur intermédiaire à tous les pasteurs d’Églises) vigilance, vv. 28-32, désintéressement et charité, vv. 33-35. Ces paroles s’autorisent des propres exemples de Paul, dont ce discours nous donne ainsi un admirable portrait.
l Résumé de la prédication paulinienne, à comparer avec 17.30-31 ; 26.20 ; 1 Th 1.9-10 ; 1 Co 8.4-6. Foi et conversion doivent aller de pair, cf. Mc 1.15.
22 « Et maintenant voici qu’enchaîné par l’Espritm je me rends à Jérusalem, sans savoir ce qui m’y adviendra,
m En se laissant conduire par l’Esprit dans un voyage qui doit aboutir à sa captivité, Paul se considère comme un prisonnier de l’Esprit Saint. — Autre traduction « enchaîné en esprit », moralement prisonnier.
n Cf. 15.26 ; 21.13 ; 1 Th 2.8 ; Ph 1.21-23. — Autre traduction « Mais la vie à mes yeux ne vaut pas la peine qu’on en parle. »
25 « Et maintenant voici que, je le sais, vous ne reverrez plus mon visage,o vous tous au milieu de qui j’ai passé en proclamant le Royaume.
o Cf. v. 38. De Jérusalem, Paul comptait partir pour l’Espagne, Rm 15.24-28.
28 « Soyez attentifs à vous-mêmes, et à tout le troupeau dont l’Esprit Saint vous a établis gardiens pour paître l’Église de Dieu,p qu’il s’est acquise par le sang de son propre fils.q
p Var. « l’Église du Seigneur ». — 1 P 2.9-10 parle du Peuple que Dieu s’est acquis (d’après Isa 43.21 ; cf. 15.14) ; il est constitué en « Assemblée (=Église) de Dieu », 5.11, expression chère à Paul, cf. 1 Co 1.2 ; 10.32 ; 11.22, etc.
q Littéralement « qu’il s’est acquise par son propre sang ». Ceci ne pouvant être dit de Dieu, il faut admettre que « propre » est employé substantivement : « le sang de son propre (Fils) », ou bien que la pensée glisse de l’action du Père à celle du Fils, cf. Rm 8.31-39. Pour l’idée, cf. Ep 5.25-27 ; He 9.12-14 ; 13.12.
29 « Je sais, moi, qu’après mon départ il s’introduira parmi vous des loups redoutables qui n’épargneront pas le troupeau,
32 « Et à présent je vous confie à Dieu et à la parole de sa grâce, qui a le pouvoirr de bâtir l’édifice et de procurer l’héritage parmi tous les sanctifiés.
r « à Dieu »; var. « au Seigneur ». — « qui a le pouvoir » pourrait aussi se rapporter à Dieu, cf. Rm 16.25.
33 « Argent, or, vêtements, je n’en ai convoité de personne :
s Sentence que les évangiles n’ont pas conservée.
36 À ces mots, se mettant à genoux, avec eux tous il pria.
21 Lorsque, nous étant arrachés à eux, nous eûmes gagné le large, nous cinglâmes droit sur Cos ; le lendemain nous atteignîmes Rhodes, et de là Patara.t
t Add. « et Myre ».
u Ces prophètes ne transmettent pas à Paul un ordre de l’Esprit, mais, éclairés par l’Esprit sur le sort qui l’attend, ils voudraient, dans leur affection, lui faire éviter ce sort.
7 Et nous, achevant la traversée, nous nous rendîmes de Tyr à Ptolémaïs. Après avoir salué les frères et être restés un jour avec eux,
v Prophétie mimée, à la manière des anciens prophètes, cf. Jr 18.1.
w Cette annonce (cf. 28.17) ne correspond que d’une manière assez large au récit de l’arrestation (cf. 21.31-33), mais se rapproche de l’annonce de la passion de Jésus, Lc 18.31-34 ; cf. Col 1.24 ; Ph 3.10, etc.
15 Après ces quelques jours, ayant achevé nos préparatifs, nous montâmes à Jérusalem.
x Peut-être à mi-chemin de Jérusalem, comme l’indique le texte occ.
17 À notre arrivée à Jérusalem, les frères nous reçurent avec joie.
y Dernier « nous » avant 27.1 (départ pour Rome).
19 Après les avoir salués, il se mit à exposer par le détail ce que Dieu avait fait chez les païens par son ministère.
z Pour eux-mêmes et pour les autres, cf. 11.2 ; 15.1, 5 ; Ga 2.12 ; 5.1s.
a Les principes de Paul menaient à cette conclusion puisque la Loi mosaïque ne conférait plus au Juif aucun avantage sur le païen, la foi étant la source unique de la justification, cf. Rm 1.6 ; 3.22. Mais en développant cette doctrine, Paul songeait à assurer la liberté des convertis de la gentilité à l’égard des observances du judaïsme, cf. Ga 2.11s, plutôt qu’à en détourner les Juifs pieux.
b Cf. Rm 2.25-29 ; 4.9-12 ; 1 Co 7.17-20.
c Var. « Que faire donc ? De toute façon, on apprendra ton arrivée. »
d Les sacrifices imposés pour la clôture du naziréat, Nb 6.14-15, étaient très coûteux.
e Texte occ. « Au sujet des païens qui ont embrassé la foi, on n’a rien à te dire. Nous-mêmes, en effet, avons mandé nos décisions ils n’ont rien d’autre à observer que se garder des viandes immolées aux idoles, du sang et des unions illégitimes. »
26 Le jour suivant, Paul emmena donc ces hommes et, après s’être joint à eux pour la purification, il entra dans le Temple, où il annonça le délai dans lequel, les jours de purification terminés, on devrait présenter l’oblation pour chacun d’entre eux.f
f Texte obscur. Il semble supposer avant le sacrifice de relèvement du vœu un délai de sept jours consacrés à certains rites de purification ; pratique inconnue par ailleurs.
27 Les sept jours touchaient à leur fin, quand les Juifs d’Asie, l’ayant aperçu dans le Temple, ameutèrent la foule et mirent la main sur lui,
g Cf. les accusations contre Étienne, 6.11-14, et contre Jésus, Mt 26.61 ; 27.40.
30 La ville entière fut en effervescence, et le peuple accourut de toutes parts. On s’empara de Paul, on se mit à le traîner hors du Temple, dont les portes furent aussitôt fermées.
h Dans la forteresse Antonia, qui dominait, à l’angle nord-ouest, les parvis du Temple, était casernée une garnison romaine, formée d’une cohorte auxiliaire.
35 Quand il eut atteint les degrés, il dut être porté par les soldats, en raison de la violence de la foule.
37 Sur le point d’être introduit dans la forteresse, Paul dit au tribun : « Me serait-il permis de te dire un mot ? » — « Tu sais le grec ? demanda celui-ci.
i Ou « quatre mille sicaires », nom qui désigne proprement les nationalistes extrémistes. Ce soulèvement est mentionné par Josèphe.
j Probablement en araméen ; cf. 26.14.
22 « Frères et pères, écoutez ce que j’ai maintenant à vous dire pour ma défense. »
k Après les trois discours représentatifs de la prédication de Paul, 13, 17 et 20, les Actes donnent trois plaidoyers personnels devant la foule juive de Jérusalem, 22, devant le procurateur Félix, 24, et devant le roi Agrippa, 26, chacun d’eux habilement adapté à l’auditoire, cf. 9.1. Devant la foule, Paul présente sa conduite comme celle d’un Juif très pieux.
l L’Église, cf. 9.2. Sur Paul persécuteur, voir 7.58 ; 8.1, 3 ; 9.1-2, 21 ; 22.19-20 ; 26.10-11 ; 1 Co 15.9 ; Ga 1.13, 23 ; Ph 3.6 ; 1 Tm 1.13.
6 « Je faisais route et j’approchais de Damas, quand tout à coup, vers midi, une grande lumière venue du ciel m’enveloppa de son éclat.
8 Je répondis : « Qui es-tu, Seigneur ? » Il me dit alors : « Je suis Jésus le Nazôréen, que tu persécutes. »
12 « Il y avait là un certain Ananie, homme dévot selon la Loi et jouissant du bon témoignage de tous les Juifs de la ville ;m
m Paul ne présente Ananie que comme un bon Juif, sans préciser qu’il était chrétien, 9.10, ni mentionner sa vision, 9.10-16.
n Le Christ, cf. 3.14 ; 7.52.
15 car pour lui tu dois être témoin devant tous les hommes de ce que tu as vu et entendu.o
o Cf. 9.15. Ici Ananie parle au nom du « Dieu des pères », comme un prophète de l’AT. Paul doit être témoin « devant tous les hommes », sans préciser encore « devant les païens » (v. 21).
17 « De retour à Jérusalem,p il m’est arrivé, un jour que je priais dans le Temple, de tomber en extase.
p Raccourcissement des perspectives il s’est écoulé trois ans avant ce retour à Jérusalem, cf. 9.23. L’extase dont Paul parle ici n’est pas mentionnée ailleurs ; elle ne peut se confondre avec celle de 2 Co 12.1-4.
q Le grand thème de Luc dans son récit de l’apostolat de Paul, cf. 13.46-48 ; 18.6 ; 28.25-28.
20 et quand on répandait le sang d’Étienne, ton témoin,r j’étais là, moi aussi, d’accord avec ceux qui le tuaient, et je gardais leurs vêtements. »
r En grec « ton martyr ». Le mot n’a pas encore son sens précis, mais on s’en approche le témoignage suprême est celui du sang. Cf. Ap 2.13 ; 6.9 ; 17.6.
s « Apôtre » veut dire « envoyé ». Ces paroles du Christ équivalent donc à constituer Paul apôtre, cf. Ga 1.1 ; 1 Co 9.1 ; 2 Co 12.11-12, et spécialement apôtre des païens, Ga 1.16 ; 2.7-8 ; Rm 1.5 ; 11.13 ; 15.16, 18 ; Ep 3.6-8 ; Col 1.25-29 ; 1 Tm 2.7, bien que les Actes (sauf 14.4, 14) réservent habituellement ce titre aux Douze.
22 Jusque-là on l’écoutait. Mais à ces mots, on se mit à crier : « Ôtez de la terre un pareil individu ! Il ne convient pas qu’il vive. »
25 Quand on l’eut étendu avec les courroies, Paul dit au centurion de service : « Un citoyen romain, et qui n’a même pas été jugé, vous est-il permis de lui appliquer le fouet ? »
t En fait, Paul restera pourtant enchaîné v. 30 ; 23.18 ; 24.27 ; 26.29. Peut-être faut-il distinguer deux sortes de chaînes les unes plus lourdes et qui constituaient déjà une peine, on les aura ôtées à Paul ; et les chaînes plus légères nécessaires à la bonne garde des prisonniers.
30 Le lendemain, voulant savoir de quoi les Juifs l’accusaient au juste, il le fit détacher et ordonna aux grands prêtres ainsi qu’à tout le Sanhédrin de se réunir ; puis il amena Paul et le fit comparaître devant eux.
u Selon l’annonce de Jésus aux disciples, Mt 10.17-18 = Mc 13.9-10 ; Lc 21.12, Paul va comparaître devant « les sanhédrins », 22.30—23.10, « les gouverneurs » (Félix, 24), « les rois » (Agrippa, 25-26).
23 Fixant du regard le Sanhédrin, Paul dit : « Frères, c’est tout à fait en bonne consciencev que je me suis conduit devant Dieu jusqu’à ce jour. »
v La bonne conscience est caractéristique de la morale paulinienne : 1 Co 4.4 ; 2 Co 1.12 ; 1 Tm 1.5, 19 ; 3.9 ; 2 Tm 1.3, cf. He 13.18.
w Ananie, fils de Nébédée, nommé grand prêtre vers 47 ; arrêté, envoyé à Rome et probablement destitué en 51 ou 52, puis rentré en grâce ; assassiné en 66 au début de la guerre juive.
6 Paul savait qu’il y avait là d’un côté le parti des Sadducéens, de l’autre celui des Pharisiens. Il s’écria donc dans le Sanhédrin : « Frères, je suis, moi, Pharisien, fils de Pharisiens. C’est pour notre espérance, la résurrection des morts, que je suis mis en jugement. »
x Les Pharisiens croyaient que l’individu aurait part à la vie du monde futur moyennant ou bien un corps glorifié, comme un ange (cf. Mt 22.30 ; 12.15 ; 1 Co 15.42-44), ou bien une âme immortelle (« esprit »; cf. Lc 24.39). Au contraire les Sadducéens rejetaient l’une et l’autre croyance, donc toute forme de résurrection. Sur ce point-là, Paul va trouver dans les Pharisiens des alliés, cf. 4.1s.
y L’hypothèse paraît vouloir expliquer l’apparition sur le chemin de Damas Paul aurait pu voir une apparition de Jésus revenant des morts ; cf. 12.15 ; 23.8.
11 La nuit suivante, le Seigneur vint le trouver et lui dit : « Courage ! De même que tu as rendu témoignage de moi à Jérusalem, ainsi faut-il encore que tu témoignes à Rome. »
12 Lorsqu’il fit jour, les Juifs tinrent un conciliabule, où ils s’engagèrent par anathèmez à ne pas manger ni boire avant d’avoir tué Paul.
z En appelant sur eux la malédiction divine s’ils manquaient à leur engagement.
16 Mais le fils de la sœur de Paul eut connaissance du guet-apens. Il se rendit à la forteresse, entra et prévint Paul.
18 Le centurion le prit donc et l’amena au tribun. « Le prisonnier Paul, dit-il, m’a appelé et m’a prié de t’amener ce jeune homme, qui a quelque chose à te dire. »
23 Puis il appela deux des centurions et leur dit : « Tenez prêts à partir pour Césarée, dès la troisième heure de la nuit, deux cents soldats, soixante-dix cavaliers et deux cents hommes d’armes.
a Antonius Félix, un affranchi, frère de Pallas, le favori d’Agrippine, fut procurateur de Judée de 52 à 59 ou 60.
25 Et il écrivit une lettre ainsi conçue :
b Texte occ. « ... des points de la Loi de Moïse et un certain Jésus ».
c Luc relève ces déclarations qui proclament l’innocence de Paul, cf. v. 9 ; 25.18, 25 ; 26.31 ; 28.18, comme il l’avait fait pour Jésus, cf. 3.13 ; 13.28 ; Lc 23.14-15, 22.
d Add. « Adieu ».
31 Conformément aux ordres reçus, les soldats prirent Paul et le conduisirent de nuit à Antipatris.
35 « Je t’entendrai, dit-il, quand tes accusateurs seront arrivés, eux aussi. » Et il le fit garder dans le prétoire d’Hérode.e
e Palais construit par Hérode le Grand et devenu résidence officielle du procurateur romain.
24 Cinq jours plus tard, le grand prêtre Ananie descendit avec quelques anciens et un avocat, un certain Tertullus, et, devant le gouverneur, ils se constituèrent accusateurs de Paul.
f Les adversaires du christianisme n’y voient qu’un « parti », cf. 5.17, à l’intérieur du judaïsme, cf. v. 14 ; 28.22.
g Les Juifs revendiquent la compétence. Cf. 25.9 ; Jn 18.31. — De nombreux témoins ajoutent ici « Nous voulions le juger d’après notre Loi, 7 mais le tribun Lysias est intervenu, qui l’a arraché de nos mains avec beaucoup de violence 8 et a ordonné à ses accusateurs de venir devant toi. ».
h En interrogeant Paul, d’après le texte court adopté ici ; selon le texte long (voir note d), il peut s’agir d’interroger Lydias.
10 Alors, le gouverneur lui ayant fait signe de parler, Paul répondit :i
« Voilà, je le sais, de nombreuses années que tu assures la justice à cette nation ; aussi est-ce avec confiance que je plaiderai ma cause.
i Paul rejette l’accusation d’avoir provoqué des désordres (cf. v. 5), vv. 11-13. Il s’explique ensuite sur sa qualité de « Nazôréen » (cf. v. 5), qui ne l’empêche aucunement d’être fidèle à sa religion juive, vv. 14-16. Enfin, il se justifie du grief d’avoir profané le Temple, vv. 17-19. En conclusion, il rappelle que, lors de sa comparution devant le Sanhédrin, on n’a pu le convaincre d’aucun délit, vv. 20-21.
j Littéralement « pour adorer », cf. 8.27.
14 « Je t’avoue pourtant ceci : c’est suivant la Voie, qualifiée par eux de parti, que je sers le Dieu de mes pères, gardant ma foi à tout ce qu’il y a dans la Loi et à ce qui est écrit dans les Prophètes,k
k Le christianisme n’est pas une autre religion que le judaïsme, il est le judaïsme même entré en possession de son espérance séculaire. En repoussant le Christ, c’est leur propre tradition religieuse que les Juifs renient. Cf. le discours devant Agrippa, 26, l’argument traditionnel des prophéties, 2.23 ; 3.24, et les déclarations de Paul, Rm 1.2 ; 3.31 ; 10.4 ; 16.26 ; 1 Co 15.3-4 ; Ga 3, etc.
l Les Pharisiens, cf. 23.6.
16 C’est pourquoi, moi aussi, je m’applique à avoir sans cesse une conscience irréprochable devant Dieu et devant les hommes.
17 « Au bout de bien des années, je suis venu apporter des aumônes à ma nationm et présenter des offrandes :n
m Seule allusion des Actes au motif réel du voyage la collecte des Églises de la gentilité à porter à Jérusalem, cf. Rm 15.25.
n Des sacrifices offerts à Dieu, cf. 21.24, 26.
o Paul cherche habilement à rattacher la cause chrétienne à celle de la théologie pharisienne.
22 Félix, qui était fort exactement informé de ce qui concerne la Voie, les ajourna en disant : « Dès que le tribun Lysias sera descendu, je statuerai sur votre affaire. »
p Régime de détention assez semblable à celui dont Paul jouira à Rome.
24 Quelques jours plus tard, Félix vint avec sa femme Drusille, qui était juive.q Il envoya chercher Paul et l’écouta parler de la foi au Christ Jésus.
q Fille cadette d’Agrippa Ier (cf. 12). Elle avait abandonné son premier mari, le roi d’Émèse, pour épouser Félix.
r Félix était cupide, brutal, dissolu. — Comparer l’attitude de Jean-Baptiste devant Hérode.
27 Après deux années révolues, Félix reçut pour successeur Porcius Festus.s Voulant faire plaisir aux Juifs, Félix laissa Paul en captivité.t
s Nommé en 59 ou 60, mort en 62.
t « Voulant faire... »; var. occ. « Et il laissa Paul en prison à cause de Drusille ». Le droit romain frappait de sanctions les dénonciateurs qui ne soutenaient pas leurs accusations, mais dans un tel cas les accusés n’étaient pas nécessairement libérés.
25 Trois jours après son arrivée dans la province,u Festus monta de Césarée à Jérusalem.
u Ou « après son entrée en fonction ».
v Même démarche juridique que 24.1 ; cf. 25.15.
6 Après avoir passé chez eux huit à dix jours au plus, il descendit à Césarée et, siégeant au tribunal le lendemain, il fit amener Paul.
w Paul veut se soustraire à une juridiction locale qui a déjà pris parti contre lui, en réclamant une audience impartiale devant le tribunal impérial à Rome.
13 Quelques jours plus tard, le roi Agrippa et Bérénicex arrivèrent à Césarée et vinrent saluer Festus.
x Agrippa, Bérénice et Drusille (cf. 24.24) étaient trois enfants d’Agrippa Ier, cf. 12.1. Agrippa (II), l’aîné, était né en 27. Sa sœur Bérénice vivait alors auprès de lui, non sans faire jaser ; elle se trouvera, quelques années plus tard, aux côtés de Titus. Sur les territoires gouvernés par Agrippa II, voir le Tableau chronologique, à la fin du volume (à partir de l’an 48).
15 Pendant que j’étais à Jérusalem, les grands prêtres et les anciens des Juifs ont porté plainte à son sujet, demandant sa condamnation.
y Littéralement « au jugement d’Auguste », de même au v. 25. Comme « César », « Auguste » était un titre de l’empereur régnant (qui était alors Néron, 54-68).
z De même, son grand-oncle Antipas avait désiré voir Jésus, Lc 9.9 ; 23.8.
23 Le lendemain donc, Agrippa et Bérénice vinrent en grande pompe et se rendirent à la salle d’audience, entourés des tribuns et des notabilités de la ville. Sur l’ordre de Festus, on amena Paul.
a Désignation de l’empereur considéré comme le détenteur d’un pouvoir royal absolu et universel, jouissant donc d’une prérogative plus ou moins divine.
26 Agrippa dit à Paul : « Tu es autorisé à plaider ta cause. » Alors, étendant la main, Paul présenta sa défense :
2 « De tout ce dont me chargent les Juifs, je m’estime heureux, roi Agrippa, d’avoir aujourd’hui à me disculper devant toi,
b Après un exorde flatteur, vv. 2-3, cf. 24.2-3, 10, Paul proclame la parfaite conformité de sa foi chrétienne avec la croyance pharisienne en la résurrection, vv. 4-8, cf. 23.6 ; il raconte ensuite les circonstances de sa conversion, vv. 9-18, cf. 9.1-18 ; 22.3-16 ; il termine par un résumé de sa prédication, qui n’annonce le christianisme que comme l’accomplissement des Écritures, vv. 19-23, cf. 13.15-47. Derrière le différend actuel, on voit apparaître ici toute la question des rapports entre judaïsme et christianisme, cf. 24.14.
c Autre traduction « plus que personne ».
4 « Ce qu’a été ma vie depuis ma jeunesse, comment depuis le début j’ai vécu au sein de ma nation, à Jérusalem même, tous les Juifs le savent.
d L’espérance messianique se concrétise dans la croyance en la résurrection des justes, destinés à prendre part au Royaume de la fin des temps, cf. Dn 12.1-3 ; 2 M 7.9. Cette espérance a reçu un commencement de réalisation dans la résurrection du Christ, qui devient ainsi le fondement de l’espérance chrétienne, 1 Co 15.15-22 ; Col 1.18.
e Var. vv. 7-8 « cette promesse pour laquelle nos douze tribus rendent à Dieu, nuit et jour, un culte persévérant, dans l’espoir d’en atteindre l’accomplissement ; c’est pour elle que je suis mis maintenant en accusation par les Juifs à savoir que Dieu ressuscite les morts. »
9 « Pour moi donc, j’avais estimé devoir employer tous les moyens pour combattre le nom de Jésus le Nazôréen.
12 « C’est ainsi que je me rendis à Damas avec pleins pouvoirs et mission des grands prêtres.
f Expression proverbiale chez les Grecs pour caractériser une résistance inutile comme celle du bœuf qui, en donnant de la patte contre l’aiguillon, ne réussit qu’à se blesser.
g La mission de Paul est ici décrite à l’aide de traits bibliques relatifs aux grandes missions prophétiques Jérémie et le Serviteur de Yahvé.
h En 9.17-18, c’est Paul qui passe des ténèbres à la lumière en recouvrant la vue. En 22.16 (cf. 9.18), c’est Paul qui doit se purifier de ses péchés en recevant le baptême. Ainsi ce qu’il a éprouvé lui-même devient un symbole de sa mission à l’égard des autres.
19 « Dès lors, roi Agrippa, je n’ai pas été rebelle à la vision céleste.
24 Il en était là de sa défense, quand Festus dit à haute voix : « Tu es fou, Paul ; ton grand savoir te fait perdre la tête. »i
i Festus est abasourdi par l’érudition biblique de Paul et aussi, sans doute, par la manière juive d’argumenter. Agrippa, lui, se tait, visiblement ébranlé voir sa réponse évasive au v. 28.
26 Car il est instruit de ces choses, le roi, auquel je m’adresse en toute assurance, persuadé que rien ne lui en est étranger. Car ce n’est pas dans un coin que cela s’est passé !j
j Il s’agit des faits par lesquels s’accomplissent les Écritures (v. 23) la passion et la résurrection de Jésus, l’extension de la prédication apostolique. Tout cela est de notoriété publique.
k Le mot a encore sa valeur de sobriquet, cf. 11.26. — Var. « Encore un peu, et tu me persuades de devenir chrétien ! » ou « Encore un peu, et tu te persuades m’avoir fait chrétien ! »
l Jeu de mots sur le « encore un peu » d’Agrippa.
30 Là-dessus le roi se leva, ainsi que le gouverneur, Bérénice et ceux qui étaient assis avec eux.
27 Quand notrem embarquement pour l’Italie eut été décidé, on remit Paul et quelques autres prisonniers à un centurion de la cohorte Augusta, nommé Julius.
m La précision du récit donne l’impression d’un minutieux journal de voyage.
5 Traversant ensuite les mers de Cilicie et de Pamphylie, nous arrivâmes au bout de quinze joursn à Myre en Lycie.
n « au bout de quinze jours » texte occ.
7 Pendant plusieurs jours la navigation fut lente, et nous arrivâmes à grand-peine à la hauteur de Cnide. Le vent ne nous permit pas d’aborder, nous longeâmes alors la Crète vers le cap Salmoné,
9 Il s’était écoulé pas mal de temps, et la navigation était désormais périlleuse, car même le Jeûneo était déjà passé. Paul les en avertissait :
o Autre nom de la fête de l’Expiation, seul jour de jeûne prescrit par la Loi, Lv 16.29-31. Il se célébrait aux environs de l’équinoxe d’automne. La saison ouverte pour la navigation méditerranéenne durait de la fin du mois de mai, jusqu’à mi-septembre. De mi-septembre à mi-novembre la navigation restait possible mais périlleuse.
13 Un léger vent du sud s’étant levé, ils se crurent en mesure d’exécuter leur projet. Ils levèrent l’ancre et se mirent à côtoyer de près la Crète.
18 Le lendemain, comme nous étions furieusement battus de la tempête, on se mit à délester le navire
21 Il y avait longtemps qu’on n’avait plus mangé :p alors Paul, debout au milieu des autres, leur dit : « Il fallait m’écouter, mes amis, et ne pas quitter la Crète ; on se serait épargné ce péril et ce dommage.
p C’est la deuxième intervention de Paul (vv. 33s) qui fait suite à cette remarque. Le récit de la première (vv. 21-26) semble inséré assez maladroitement dans le contexte et doubler en partie la deuxième.
q Devant le tribunal impérial, non pas devant Néron lui-même.
27 C’était la quatorzième nuit et nous étions ballottés sur l’Adriatique,r quand, vers minuit, les matelots pressentirent l’approche d’une terre.
r On désignait par là toute la partie de la Méditerranée située entre la Grèce, l’Italie et l’Afrique.
33 En attendant que parût le jour, Paul engageait tout le monde à prendre de la nourriture. « Voici aujourd’hui quatorze jours, disait-il, que, dans l’attente, vous restez à jeun, sans rien prendre.
s Add. occ. « en nous en donnant à nous aussi ». — Tout Juif, au moment de prendre un repas, prononçait une bénédiction. Mais les termes choisis par Luc évoquent, semble-t-il, le rite eucharistique, cf. 2.42.
39 Quand le jour parut, les marins ne reconnurent pas la terre ; ils distinguaient seulement une baie avec une plage, et ils se proposaient, si possible, d’y pousser le navire.
42 Les soldats résolurent alors de tuer les prisonniers, de peur qu’il ne s’en échappât quelqu’un à la nage.
28 Une fois sauvés, nous apprîmes que l’île s’appelait Malte.
4 Quand les indigènes virent la bête suspendue à sa main, ils se dirent entre eux : « Pour sûr, c’est un assassin que cet homme : il vient d’échapper à la mer, et la vengeance divinet ne lui permet pas de vivre. »
t Dikè, la justice divine personnifiée.
7 Il y avait à proximité de cet endroit un domaine appartenant au Premier de l’île, nommé Publius. Celui-ci nous reçut et nous hébergea complaisamment pendant trois jours.
11 Au bout de trois mois, nous prîmes la mer sur un navire qui avait hiverné dans l’île ; c’était un bateau alexandrin, à l’enseigne des Dioscures.
u Pouzzoles, dans le golfe de Naples. Il y avait déjà, dans ce port important, une colonie chrétienne.
15 Les frères de cette ville, informés de notre arrivée, vinrent à notre rencontre jusqu’au Forum d’Appius et aux Trois-Tavernes. En les voyant, Paul rendit grâces à Dieu et reprit courage.
v Texte occ. (adopté par la recension antiochienne) « Quand nous fûmes entrés à Rome, le centurion remet les prisonniers au stratopédarque. On permit alors à Paul de prendre un logement en dehors du camp (prétorien). » Ces renseignements complémentaires correspondent à ce qui a dû se passer effectivement. C’est le régime de faveur de la « custodia militaris » le prisonnier prend un logement à lui, mais il doit toujours avoir le bras droit lié par une chaîne au bras gauche d’un soldat qui le garde.
17 Trois jours après, il convoqua les notables juifs. Lorsqu’ils furent réunis, il leur dit : « Frères, alors que je n’avais rien fait contre notre peuple ni contre les coutumes des pères, j’ai été arrêté à Jérusalem et livré aux mains des Romains.
w Paul a voulu régler aussi vite que possible sa situation à l’égard des Juifs de Rome. Il va résumer son procès et protester une dernière fois de sa fidélité au judaïsme.
18 Enquête faite, ceux-ci voulaient me relâcher, parce qu’il n’y avait rien en moi qui méritât la mort.
x Add. occ. « mais seulement dans le désir d’échapper à la mort ».
20 Voilà pourquoi j’ai demandé à vous voir et à vous parler ; car c’est à cause de l’espérance d’Israël que je porte les chaînes que voici. »
21 Ils lui répondirent :y « Pour notre compte, nous n’avons reçu à ton sujet aucune lettre de Judée, et aucun des frères arrivés ici ne nous a rien communiqué ni appris de fâcheux sur ton compte.
y Réponse prudemment circonspecte.
23 Ils prirent donc jour avec lui et vinrent en plus grand nombre le trouver en son logis. Dans l’exposé qu’il leur fit, il rendait témoignage du Royaume de Dieu et cherchait à les persuader au sujet de Jésus, en partant de la Loi de Moïse et des Prophètes. Cela dura depuis le matin jusqu’au soir.
z À Rome encore, Paul adresse le message évangélique aux Juifs d’abord, cf. 13.5. Le sommaire de sa prédication aux Juifs de Rome doit se comparer au discours inaugural d’Antioche de Pisidie, 13.15-41.
a Cette déclaration parallèle à celle qui suit le discours d’Antioche, 13.46-47, constitue la conclusion des Actes et en donne le fil conducteur, cf. 13.41. Elle évoque aussi les perspectives ouvertes à la fin du discours de Jésus à Nazareth, Lc 4.23-27, et par ses dernières paroles aux apôtres, Lc 24.47. Le texte d’Isa 6.9-10 (LXX) apparaît également en Mt 13.14-15 (cf. Mc 4.12) et, partiellement, en Jn 12.40. Le thème et le texte sont très familiers au christianisme primitif.
26 Va trouver ce peuple et dis-lui :
vous aurez beau écouter, vous ne comprendrez pas ;
vous aurez beau regarder, vous ne verrez pas.
27 C’est que le cœur de ce peuple s’est épaissi :
ils se sont bouché les oreilles, ils ont fermé les yeux,
de peur que leurs yeux ne voient,
que leurs oreilles n’entendent,
que leur cœur ne comprenne,
qu’ils ne se convertissent.
Et je les aurais guéris !
28 « Sachez-le donc : c’est aux païens qu’a été envoyé ce salut de Dieu. Eux du moins, ils écouteront. »
b Le texte occ. (suivi par la recension antiochienne) ajoute le v. 29 « Quand il eut dit cela, les Juifs s’en allèrent en discutant vivement entre eux. »
30 Paul demeura deux années entièresd dans le logis qu’il avait loué. Il recevait tous ceux qui venaient le trouver,
c Ainsi l’arrivée de Paul à Rome, qui achève un programme d’évangélisation, cf. Lc 24.47 ; 1.8, apparaît comme le point de départ d’une nouvelle expansion du christianisme. Luc avait terminé son évangile en l’ouvrant sur la perspective de la mission des apôtres ; il termine de même le livre des Actes en l’ouvrant sur l’avenir.
d Le NT n’indique pas de façon claire ce qui arriva après cette période. On suppose généralement que Paul fut libéré peut-être à la suite d’un acte de clémence de Néron. Dans ce cas, il peut avoir réalisé son ambition d’aller jusqu’en Espagne (cf. Rm 15.24). Une bonne tradition affirme qu’il mourut martyr à Rome sous Néron en 64 ou 67.
e Add. occ. « disant que c’est lui, Jésus, le Fils de Dieu, par qui le monde entier doit être jugé », cf. 17.31.