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Bible de Jérusalem

Colossiens 1.15-

I. Partie dogmatique

Primauté du Christ.e

15 Il est l’Image du Dieu invisible,
Premier-Né de toute créature,

e Paul cite ici une hymne chrétienne primitive, 3.16, composée de deux strophes, vv. 15, 16a, e et vv. 18c, 19-20a, qui célébrait le rôle du Christ dans la première création et dans la nouvelle création, 2 Co 5.17. Il explique la signification de « toutes choses », vv. 16, c, d. 20b, en réaction contre le rôle prééminent que les Colossiens attribuaient aux anges, 2.18.

16 car c’est en lui qu’ont été créées toutes choses,
dans les cieux et sur la terre,
les visibles et les invisibles,
Trônes, Seigneuries, Principautés, Puissances ;
tout a été créé par lui et pour lui.
17 Il est avant toutes choses et tout subsiste en lui.
18 Et il est aussi la Tête du Corps, c’est-à-dire de l’Église :f
Il est le Principe,
Premier-Né d’entre les morts,
il fallait qu’il obtînt en tout la primauté,

f Sur l’Église Corps du Christ, cf. 1 Co 12.12. Le Christ en est la Tête, par sa priorité dans le temps (v. 18 ; il est le premier ressuscité) comme par son rôle de « Principe » dans l’ordre du salut (v. 20).

19 car Dieu s’est plu à faire habiter en lui toute la Plénitudeg

g Terme d’interprétation difficile où beaucoup voient la plénitude de la Divinité comme en 2.9. Mais ici on peut songer plutôt à l’idée très biblique de l’univers « rempli » par la présence créatrice de Dieu, cf. Isa 6.3 ; Jr 23.24 ; Ps 24.1 ; 50.12 ; 72.19 ; Sg 1.7 ; Si 43.27 ; etc., idée fort répandue d’ailleurs dans le monde gréco-romain par le panthéisme stoïcien. Pour Paul, l’Incarnation, couronnée par la Résurrection, a placé la nature humaine du Christ à la tête, non seulement de toute la race humaine, mais encore de tout l’univers créé, intéressé au salut comme il l’a été à la faute, cf. Rm 8.19-22 ; 1 Co 3.22s ; 15.20-28 ; Ep 1.10 ; 4.10 ; Ph 2.10s ; 3.21 ; He 2.5-8. Cf. 2.9.

20 et par lui à réconcilier tous les êtres pour lui,h
aussi bien sur la terre que dans les cieux,i
en faisant la paix par le sang de sa croix.

h Par le Christ et pour le Christ, en parallélisme avec la fin du v. 16. Une autre interprétation rapporte le deuxième « lui » au Père et traduit « pour se réconcilier », cf. Rm 5.10 ; 2 Co 5.18s.

i Cette réconciliation universelle englobe tous les esprits célestes aussi bien que tous les hommes. Elle ne signifie pas le salut individuel de tous, mais bien le salut collectif du monde par son retour à l’ordre et à la paix dans la soumission parfaite à Dieu. Les individus qui ne seront pas entrés par la grâce dans cet ordre nouveau y entreront par force, cf. 2.15 ; 1 Co 15.24-25 (les esprits célestes), et 2 Th 1.8-9 ; 1 Co 6.9-10 ; Ga 5.21 ; Rm 2.8 ; Ep 5.5 (les hommes).

Participation des Colossiens au salut.

21 Vous-mêmes, qui étiez devenus jadis des étrangers et des ennemis,j par vos pensées et vos œuvres mauvaises,

j Étrangers à Dieu et ses ennemis, comme le suggèrent le contexte et le parallèle Ep 4.18s, plutôt qu’étrangers à Israël comme le précisera Ep 2.12.

22 voici qu’à présent il vous a réconciliés dans son corps de chair,k le livrant à la mort, pour vous faire paraître devant lui saints, sans tache et sans reproche.

k « son », c’est-à-dire de son Fils. Le corps individuel (de chair) du Christ est le lieu où s’opère la réconciliation, parce qu’il rassemble virtuellement en lui tout le genre humain, cf. Ep 2.14-16, dont il a pris sur lui le péché, 2 Co 5.21 la « chair » est l’état du corps soumis au péché, cf. Rm 8.3 ; 7.5 ; He 4.15.

23 Il faut seulement que vous persévériez dans la foi, affermis sur des bases solides, sans vous laisser détourner de l’espérance promise par l’Évangile que vous avez entendu, qui a été prêché à toute créature sous le ciel,l et dont moi, Paul, je suis devenu le ministre.

l C’est-à-dire à tous les hommes.

Labeurs de Paul au service des païens.

24 En ce moment je trouve ma joie dans les souffrances que j’endure pour vous, et je complète ce qui manque aux tribulations du Christ en ma chairm pour son Corps, qui est l’Église.

m ne dit pas davantage que Christ n’a pas accompli tout ce qu’il avait à accomplir (1.19-20, 22 ; 2.9-10, 13-14 ; 3.1) ni qu’il n’a pas assez souffert, pour que l’Apôtre doive porter à leur achèvement les souffrances rédemptrices pour l’Église car alors, la médiation du Christ ne serait pas parfaite, et l’épître ne cesse de dire le contraire. Ce que Paul doit mener à terme, c’est son propre itinéraire apostolique, qu’il nomme « tribulations du Christ en ma chair », et qui reproduit celui du Christ, dans sa manière de vivre et de souffrir par et pour l’annonce de l’Évangile et pour l’Église.

25 Car je suis devenu ministre de l’Église, en vertu de la charge que Dieu m’a confiée, de réaliser chez vous l’avènement de la Parole de Dieu, 26 ce mystère resté caché depuis les siècles et les générations et qui maintenant vient d’être manifesté à ses saints : 27 Dieu a bien voulu leur faire connaître de quelle gloire est riche ce mystère chez les païens : c’est le Christ parmi vous ! l’espérance de la gloire !n

n Auparavant les païens étaient comme bannis du salut, alors réservé à Israël ils étaient « sans Christ » et « sans espérance », Ep 2.12. Le dessein enfin révélé du plan divin, son « mystère », est de les appeler, eux aussi, au salut et à la gloire céleste par l’union au Christ. Cf. Ep 2.13-22 ; 3.3-6.

28 Ce Christ, nous l’annonçons, avertissant tout homme et instruisant tout homme en toute sagesse, afin de rendre tout homme parfait dans le Christ. 29 Et c’est bien pour cette cause que je me fatigue à lutter, avec son énergie qui agit en moi avec puissance.