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Bible de Jérusalem

Éphésiens 1.9-

9 Il nous a fait connaître le mystère de sa volonté,i
ce dessein bienveillant
qu’Il avait formé en lui par avance,

i Quatrième bénédiction la révélation du « Mystère », Rm 16.25.

10 pour le réaliser quand les temps seraient accomplis :j
ramener toutes choses sous un seul Chef, le Christ, les êtres célestes comme les terrestres.k

j Littéralement « pour la dispensation de la plénitude des temps », cf. Ga 4.4.

k L’épître tout entière développera cette idée du Christ régénérant et regroupant sous son autorité, pour le ramener à Dieu, le monde créé que le péché avait corrompu et dissocié le monde des hommes, où Juifs et païens sont rassemblés dans un même salut, et même le monde des Anges, cf. 4.10.

11 C’est en luil encore que nous avons été mis à part,m désignés d’avance,
selon le plan préétabli de Celui qui mène toutes choses
au gré de sa volonté,

l Dans le Christ.

m Cinquième bénédiction l’élection d’Israël, « part » de Dieu, comme témoin dans le monde de l’attente messianique. Paul est de ce peuple ; c’est pourquoi il dit « nous ».

12 pour être,
à la louange de sa gloire,
ceux qui ont par avance espéré dans le Christ.
13 C’est en lui que vous aussi,n
après avoir entendu la Parole de vérité, l’Évangile de votre salut,
et y avoir cru,
vous avez été marqués d’un sceau par l’Esprit de la Promesse,
cet Esprit Sainto

n Sixième bénédiction l’appel des païens à partager le salut jadis réservé à Israël. Ils en ont la certitude en recevant l’Esprit promis.

o Le don de l’Esprit couronne l’exécution du plan divin et son exposé de forme trinitaire. Commencé dès maintenant de façon mystérieuse tandis que le monde ancien dure encore, il sera plénier quand le Règne de Dieu s’établira de façon glorieuse et définitive, à la Parousie du Christ. Cf. Lc 24.49 ; Jn 1.33 ; 14.26.

14 qui constitue les arrhes de notre héritage,
et prépare la rédemption du Peuple que Dieu s’est acquis,p
pour la louange de sa gloire.

p Littéralement « du Peuple de la possession », que Dieu s’est assurée au prix du sang de son Fils le Peuple des Élus. Paul reprend ici, après les termes de « bénédiction », « saints », « élection », « adoption », « rédemption », « part », « promesse », une autre notion de l’Ancien Testament, qu’il élargit et parfait en l’appliquant à l’Israël nouveau, communauté des sauvés, l’Église.

Triomphe et suprématie du Christ.

15 C’est pourquoi moi-même, ayant appris votre foi dans le Seigneur Jésus et votre charitéq à l’égard de tous les saints,

q Om. « votre charité ».

16 je ne cesse de rendre grâces à votre sujet et de faire mémoire de vous dans mes prières. 17 Daigne le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ, le Père de la gloire, vous donner un espritr de sagesse et de révélation, qui vous le fasse vraiment connaître !

r Cet « esprit » désigne ce que nous entendons aujourd’hui par « grâce » (actuelle).

18 Puisse-t-il illuminer les yeux de votre cœurs pour vous faire voir quelle espérance vous ouvre son appel, quels trésors de gloire renferme son héritage parmi les saints,

s Les acceptions morales et spirituelles du « cœur » dans l’AT, Gn 8.21, restent vivantes dans le NT. Dieu connaît le cœur, Lc 16.15 ; Ac 1.24 ; Rm 8.27. L’homme aimera Dieu de tout son cœur, Mc 12.29-30. Dieu a déposé dans le cœur de l’homme le don de son Esprit, Rm 5.5 ; 2 Co 1.22 ; Ga 4.6. Le Christ, lui aussi, y demeure, 3.17. Les cœurs simples, Ac 2.46 ; 2 Co 11.3 ; 6.5 ; Col 3.22, droits, Ac 8.21, purs, Mt 5.8 ; Jc 4.8, sont ouverts sans réticence à la présence et à l’action de Dieu. Et les croyants n’ont qu’un cœur et qu’une âme, Ac 4.32.

19 et quelle extraordinaire grandeur sa puissance revêt pour nous, les croyants, selon la vigueur de sa force, 20 qu’il a déployée en la personne du Christ, le ressuscitant d’entre les morts et le faisant siéger à sa droite, dans les cieux, 21 bien au-dessus de toute Principauté, Puissance, Vertu, Seigneurie,t et de tout autre nom qui se pourra nommer, non seulement dans ce siècle-ci, mais encore dans le siècle à venir.

t Noms de puissances cosmiques, attestés dans la littérature juive apocryphe. Sans discuter l’existence de ces créatures célestes, Paul tient à les ranger sous la domination du Christ, Col 1.16 ; 2.10. En les associant aux anges de la tradition biblique et au don de la Loi, Ga 3.19, il les intègre à l’histoire du salut, avec une qualification morale de plus en plus péjorative, Ga 4.3 ; Col 2.15, qui aboutit à en faire des puissances démoniaques, 2.2 ; 6.12 ; cf. 1 Co 15.24.

22 Il a tout mis sous ses pieds, et l’a constitué, au sommet de tout, Tête pour l’Église, 23 laquelle est son Corps, la Plénitude de Celui qui est rempli, tout en tout.u

u L’Église, Corps du Christ, 1 Co 12.12, peut être dite la Plénitude, cf. encore 3.19 ; 4.13, dans la mesure où elle embrasse tout le monde nouveau qui participe, comme cadre de l’humanité, à la régénération universelle sous l’autorité du Christ Seigneur et Chef, cf. Col 1.15-20. L’expression adverbiale « tout en tout » vise à suggérer une ampleur sans limites, cf. 1 Co 12.6 ; 15.28 ; Col 3.11.

Éphésiens 3.3-

3 m’accordant par révélationp la connaissance du Mystère, tel que je viens de l’exposer en peu de mots :

p Cf. 2 Co 12.1, 7. Il faut songer ici surtout à la révélation du chemin de Damas, cf. Ga 1.16 ; Ac 9.15 ; 22.21 ; 26.16-18.

4 à me lire, vous pouvez vous rendre compte de l’intelligence que j’ai du Mystère du Christ. 5 Ce Mystère n’avait pas été communiqué aux hommes des temps passés comme il vient d’être révélé maintenant à ses saints apôtres et prophètes,q dans l’Esprit :

q Les prophètes du NT, cf. 2.20. Ceux de l’AT n’avaient eu qu’une perception encore obscure et imparfaite du Mystère du Christ, cf. 1 P 1.10-12 ; Mt 13.17.

6 les païens sont admis au même héritage,r membres du même Corps, bénéficiaires de la même Promesse, dans le Christ Jésus, par le moyen de l’Évangile.

r Que les Judéo-chrétiens, cf. 2.19.

7 Et de cet Évangile je suis devenu ministre par le don de la grâce que Dieu m’a confiée en y déployant sa puissance : 8 à moi, le moindre de tous les saints, a été confiée cette grâce-là, d’annoncer aux païens l’insondable richesse du Christ 9 et de mettre en pleine lumières la dispensation du Mystère : il a été tenu caché depuis les siècles en Dieu, le Créateur de toutes choses,

s Var. (Vulg.) « montrer clairement à tous ».

10 pour que les Principautés et les Puissances célestes aient maintenant connaissance,t par le moyen de l’Église, de la sagesse infinie en ressources déployée par Dieu

t Les Esprits célestes eux-mêmes ont ignoré le plan de salut de Dieu ; c’est pourquoi ils ont poussé les hommes à crucifier le Christ, 1 Co 2.8 ; aujourd’hui ils le comprennent en contemplant l’Église, cf. 1 P 1.12.

11 en ce dessein éternel qu’il a conçu dans le Christ Jésus notre Seigneur, 12 et qui nous donne d’oser nous approcher en toute confiance par le chemin de la foi au Christ. 13 Ainsi, je vous en prie, ne vous laissez pas abattreu par les épreuves que j’endure pour vous ; elles sont votre gloire !v

u Autre traduction possible, moins probable « je prie, afin de ne pas me laisser abattre ».

v Var. « notre gloire ».

Prière de Paul.

14 C’est pourquoi je fléchis les genoux en présence du Pèrew

w Add. (Vulg.) « de notre Seigneur Jésus Christ ».

15 de qui toute paternité, au ciel et sur la terre, tire son nom.x

x Le terme grec traduit ici par « paternité » est plus concret et désigne tout groupe social qui doit son existence et son unité à un même ancêtre. Or, l’origine de tout groupement humain, ou même angélique, remonte à Dieu, Père suprême.

16 Qu’Il daigne, selon la richesse de sa gloire, vous armer de puissance par son Esprit pour que se fortifie en vous l’homme intérieur, 17 que le Christ habite en vos cœurs par la foi, et que vous soyez enracinés, fondés dans l’amour. 18 Ainsi vous recevrez la force de comprendre, avec tous les saints, ce qu’est la Largeur, la Longueur, la Hauteur et la Profondeur,y

y Paul use de cette énumération, qui désignait dans la philosophie stoïcienne la totalité de l’univers, pour évoquer le rôle universel du Christ dans la régénération du Monde. Voir aussi les dimensions eschatologiques du Temple et de la Terre Promise en Ez 40-45 ; Ap 21.9s. Si l’on veut préciser, les dimensions peuvent être celles du « Mystère » du salut, ou mieux encore celles de l’« Amour » du Christ, qui en est la source, v. suivant. Comme pour la Sagesse, ces dimensions dépassent toute mesure humaine, Jb 11.8-9. Comparer 1.17-19, 23 ; 2.7 ; 3.8 ; Col 2.2s.

19 vous connaîtrez l’amour du Christz qui surpasse toute connaissance,a et vous entrerez par votre plénitude dans toute la Plénitude de Dieu.b

z L’amour que le Christ nous a témoigné en se livrant, 5.2, 25 ; Ga 2.20, amour identique à celui du Père, 2.4, 7 ; 2 Co 5.14 et 18-19 ; Rm 8.35, 37, 39. Cf. 1 Co 13.1.

a Plutôt que de « comprendre » (v. 18 ; terme grec d’origine philosophique), il s’agit de « connaître » d’une connaissance religieuse, mystique, pénétrée d’amour, cf. 1.17s ; 3.3s ; voir Os 2.22 ; Jn 10.14, et qui va plus loin que toute connaissance intellectuelle, cf. 1 Co 13. Bien plus, il s’agit moins de connaître que d’être aimé et de le savoir, cf. Ga 4.9, encore qu’il soit impossible de pénétrer la profondeur de cet amour.

b Littéralement « afin que vous soyez remplis dans toute la Plénitude de Dieu » (var. « afin que soit remplie toute la Plénitude de Dieu »). — Par la plénitude de vie divine qu’il reçoit du Christ en qui elle habite, Col 2.9s, le chrétien entre en retour dans la Plénitude du Christ total l’Église et ultérieurement l’Univers nouveau, qu’il contribue à construire, 1.23 ; 2.22 ; 4.12-13 ; Col 2.10.

20 À Celui dont la puissance agissant en nous est capable de faire bien au-delà,c infiniment au-delà de tout ce que nous pouvons demander ou concevoir,

c Var. (Vulg.) « tout faire ».

21 à Lui la gloire, dans l’Église et le Christ Jésus, pour tous les âges et tous les siècles ! Amen.