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Bible de Jérusalem

Esther 9

Le grand jour des Purim.

9 Les ordres du décret royal entrant en vigueur le douzième mois, Adar, au treizième jour, ce jour où les ennemis des Juifs s’étaient flattés de les écraser vit la situation retournée : ce furent les Juifs qui écrasèrent leurs ennemis

2 Dans toutes les provinces du roi Assuérus ils se rassemblèrent dans les villes qu’ils habitaient afin de frapper ceux qui avaient comploté leur perte. Personne ne leur résista, car la peur des Juifs pesait sur toutes les populations.

3 Grands officiers des provinces, satrapes, gouverneurs, fonctionnaires royaux, tous soutinrent les Juifs par crainte de Mardochée. 4 Mardochée était en effet un personnage éminent au palais, sa renommée se répandait dans toutes les provinces : Mardochée était en train de devenir un grand homme.

5 Les Juifs frappèrent donc tous leurs ennemis à coups d’épée. Ce fut un massacre, une extermination, et ils firent ce qu’ils voulurent de leurs adversaires.m

m Pas plus qu’il ne correspond aux vraisemblances historiques (voir l’Introduction.), le récit de ces massacres ne doit être compris comme exaltant ou consacrant l’esprit de vengeance. L’outrance même des situations, les chiffres exagérés à plaisir et l’emphase du récit dénoncent l’intention de l’auteur il a voulu avant tout illustrer le thème (très biblique) du retournement des situations en faveur des opprimés, et il le fait selon la mentalité ancienne qui anime les récits des guerres d’Israël, et qui s’exprime par la loi du talion.

6 À la seule citadelle de Suse les Juifs mirent à mort et exterminèrent cinq cents hommes, 7 notamment Parshândata, Dalphôn, Aspata, 8 Porata, Adalya, Aridata, 9 Parmashta, Arisaï, Aridaï et Yezata, 10 les dix fils d’Aman, fils de Hamdata, le persécuteur des Juifs. Mais ils ne se livrèrent pas au pillage.

11 Le dénombrement des victimes égorgées à la citadelle de Suse parvint au roi le jour même. 12 Le roi dit à la reine Esther : « Dans la seule citadelle de Suse, les Juifs ont mis à mort et exterminé cinq cents hommes, ainsi que les dix fils d’Aman. Que n’auront-ils pas fait dans le reste des provinces royales ! Et maintenant, dis-moi ce que tu as à demander, c’est accordé d’avance ! Dis-moi ce que tu désires de plus, c’est chose faite ! » — 13 « Si tel est le bon plaisir du roi, répondit Esther, les Juifs de Suse ne pourraient-ils pas appliquer encore demain le décret porté pour aujourd’hui ? Quant aux dix fils d’Aman, qu’on suspende leurs cadavres au gibet ! » 14 Sur quoi, le roi en ayant donné l’ordre, le décret fut proclamé à Suse et les dix fils d’Aman pendus. 15 Ainsi, les Juifs de Suse se réunirent aussi le quatorzième jour d’Adar et ils égorgèrent trois cents hommes dans Suse, mais ils ne se livrèrent pas au pillage.

16 De leur côté, les Juifs des provinces royales se réunirent aussi pour mettre leur vie en sûreté. Ils se débarrassèrent de leurs ennemis en égorgeant soixante-quinze millen de leurs adversaires, sans se livrer au pillage.

n Grec « quinze mille ».

17 C’était le treizième jour du mois d’Adar. Le quatorzième ils se reposèrent et de ce jour ils firent un jour de festins et de liesse. 18 Pour les Juifs de Suse qui s’étaient réunis le treizième et le quatorzième jour, c’est le quinzième qu’ils se reposèrent, faisant pareillement de ce jour un jour de festins et de liesse.o

o Les banquets, qui tiennent une grande place dans le livre d’Esther, caractériseront le jour des Purim, fête plus populaire que religieuse.

19 Ce qui explique que ce soit le quatorzième jour d’Adar que les Juifs de la campagne, ceux qui habitent des villages non fortifiés, célèbrent dans l’allégresse et les banquets, par des festivités et l’échange mutuel de portions, 19a tandis que pour ceux des villes, le jour heureux qu’ils passent dans la joie en envoyant des portions à leurs voisins est le quinzième jour d’Adar.

V. La fête des Purim

Institution officielle de la fête des Purim.

20 Mardochée consigna par écrit ces événements. Puis il envoya des lettres à tous les Juifs qui se trouvaient dans les provinces du roi Assuérus, proches ou lointaines. 21 Il les y engageait à célébrer chaque année le quatorzième et le quinzième jour d’Adar, 22 parce que ces jours sont ceux où les Juifs se sont débarrassés de leurs ennemis, et ce mois celui où, pour eux, l’affliction fit place à l’allégresse et le deuil aux festivités. Il les conviait donc à faire de ces journées des jours de festins et de liesse, à y échanger mutuellement des portions et à y faire des largesses aux pauvres.

23 Les Juifs adoptèrent ces pratiques qu’ils avaient commencé d’observer et au sujet desquelles Mardochée leur avait écrit : 24 Aman, fils de Hamdata, l’Agagite, le persécuteur de tous les Juifs, avait machiné leur perte et il avait tiré le « Pûr », c’est-à-dire les sorts, pour leur confusion et leur ruine. 25 Mais quand il fut rentré chez le roip pour lui demander de faire pendre Mardochée, le mauvais dessein qu’il avait conçu contre les Juifs se retourna contre lui, et il fut pendu, ainsi que ses fils, à la potence.

p D’après grec. Hébr. « Mais quand elle (Esther) fut entrée chez le roi, il dit... » (le mot suivant est inintelligible).

26 C’est la raison pour laquelle ces jours furent appelés les Purim, du mot « Pûr ». C’est aussi pourquoi, d’après les termes de cette lettre de Mardochée, d’après ce qu’ils avaient eux-mêmes constaté ou d’après ce qui était parvenu jusqu’à eux, 27 les Juifs s’engagèrent de plein gré, eux, leur postérité, et tous ceux qui s’adjoindraient à eux,q à célébrer sans faute ces deux jours-là, d’après ce texte et à cette date, d’année en année.

q Le caractère nationaliste du livre n’exclut donc pas un certain universalisme par l’accueil des prosélytes.

28 Ainsi commémorés et célébrés de génération en génération, dans chaque famille, dans chaque province, chaque ville, ces jours des Purim ne disparaîtront pas de chez les Juifs, leur souvenir ne périra pas au sein de leur race.

29 La reine Esther, fille d’Abihayil,r écrivit avec toute autorité pour donner force de loi à cette seconde lettre,

r Traduction conjecturale. L’hébr. porte « Esther, fille d’Abihayil, et Mardochée le Juif », mais cf. v. 31, et Esther figure seule au v. 32.

30 et fit envoyer des lettres à tous les Juifs des cent vingt-sept provinces du royaume d’Assuérus, comme paroles de paix et consignes de fidélité, 31 pour leur enjoindre d’observer ces jours des Purim à leur date, comme le leur avait commandé le Juif Mardochée et de la façon dont on les y avait obligés, eux-mêmes et leur race, en y joignant des ordonnances de jeûne et de lamentations.s

s Ces dernières ordonnances, inattendues, se réfèrent sans doute à 4.16 le jeûne a mérité la délivrance. — Depuis 9.20, le texte paraît fort composite et porte la trace de documents d’origines diverses.

32 Ainsi l’ordonnance d’Esther fixa la loi des Purim et elle fut écrite dans un livre.