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Bible de Jérusalem

Exode 3.13-15

Révélation du Nom divin.

13 Moïse dit à Dieu : « Voici, je vais trouver les Israélites et je leur dis : « Le Dieu de vos pères m’a envoyé vers vous. » Mais s’ils me disent : « Quel est son nom ? », que leur dirai-je ? » 14 Dieu dit à Moïse : « Je suis celui qui est. » Et il dit : « Voici ce que tu diras aux Israélites : « Je suis » m’a envoyé vers vous. » 15 Dieu dit encore à Moïse : « Tu parleras ainsi aux Israélites : « Yahvé, le Dieu de vos pères, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob m’a envoyé vers vous. C’est mon nom pour toujours, c’est ainsi que l’on m’invoquera de génération en génération. »z

z La tradition yahviste fait remonter le culte de Yahvé aux origines de l’humanité, Gn 4.26, et utilise ce nom divin dans toute l’histoire patriarcale. D’après la tradition élohiste, à laquelle ce texte appartient, le nom de Yahvé n’a été révélé qu’à Moïse comme le nom du Dieu des Pères. La tradition sacerdotale, 6.2-3, s’accorde avec elle, précisant seulement que le nom du Dieu des Pères était El Shaddaï ; cf. Gn 17.1. Ce récit, l’un des sommets de l’AT, pose deux problèmes le premier, philologique, concerne l’étymologie du nom « Yahvé »; le second, exégétique et théologique, le sens général du récit et la portée de la révélation qu’il transmet. 1° On a cherché à expliquer le nom Yahweh par d’autres langues que l’hébreu ou par diverses racines hébraïques. Il faut certainement y voir le verbe « être » sous une forme archaïque. Certains reconnaissent ici une forme factitive de ce verbe « il fait être », « il amène à l’existence ». C’est beaucoup plus probablement une forme du thème simple, et le mot signifie « il est ». 2° Quant à l’interprétation, le mot est expliqué au v. 14, qui est une addition ancienne de la même tradition. On discute sur le sens de cette explication ’ehyeh ’asher ’ehyeh . Dieu, parlant de lui-même, ne peut employer que la première personne « Je suis ». L’hébreu peut se traduire littéralement « Je suis ce que je suis » (ou « je serai qui je serai »), ce qui signifierait que Dieu ne veut pas révéler son nom ; mais précisément, Dieu donne ici son nom qui, selon la conception sémitique, doit le définir d’une certaine manière. Mais l’hébreu peut aussi se traduire littéralement « Je suis celui qui suis », et, d’après les règles de la syntaxe hébraïque, cela correspond à « Je suis celui qui est », « Je suis l’existant »; c’est bien ainsi que l’ont compris les traducteurs de la Septante Ego eimi ho ôn . Dieu est le seul vraiment existant. Cela signifie qu’il est transcendant et reste un mystère pour l’homme, et aussi qu’il agit dans l’histoire de son peuple et dans l’histoire humaine qu’il dirige vers une fin. Ce passage contient en puissance les développements que lui donnera la suite de la Révélation, cf. Ap 1.8 « Il était, il est et il vient, le maître de tout. »